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Anno Draculla Tome Anno Dracula
Résumé éditeur
livré en 5 jours
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l’avis des lecteurs
J’avais beaucoup aimé Sombres cités souterraines de Lisa Goldstein paru début 2017 chez Les moutons électriques même si le roman original date de 1999. L’éditeur Les moutons électriques continue sa publication des romans de l’auteure américaine avec L’ordre du labyrinthe, roman datant de 1996 et pas encore traduit dans la langue de Molière. C’est maintenant chose faite avec Patrick Marcel à la traduction, un habitué du genre imaginaire déjà traducteur de George R. Martin ou de Neil Gaiman. Il nous offre d’ailleurs une traduction de très bonne qualité, fluide et très agréable à lire.
Le roman se situe aux États-Unis dans les années 90, Molly Travers est une jeune femme moderne vivant de boulots intérimaires et entretenant une relation épisodique avec un écrivain. Elle a été élevée par sa grande tante et n’a à priori pas d’autre famille qu’elle. Un détective privé du nom de John Stow (qui n’a rien à voir avec John Snow mais rien du tout, comme quoi une lettre peut changer beaucoup de choses!) la sollicite pour obtenir des renseignements sur sa famille par rapport à un héritage. La curiosité de Molly est alors titillée et elle se met à se poser des questions sur sa généalogie et sur le passé de sa grande tante.
Une fois ce début un peu poussif pour mettre en place le récit, l’histoire nous plonge dans une enquête sur un passé mystérieux, véritable cœur de l’histoire. Molly suit sans trop se poser de questions John Stow dans son enquête et se retrouve à voyager sans trop de souci entre les États-Unis et l’Angleterre. Le récit prend alors un nouveau tournant avec la découverte d’un journal d’une aïeule de Molly. Elle va alors découvrir l’existence de toute une partie de sa famille dont elle ne soupçonnait pas l’existence et le fait que sa grande tante avait une sœur. Les passages du journal de l’ancêtre de Molly se déroulent à la fin du XIXe siècle et sont vraiment palpitants, beaucoup plus que l’histoire de Molly, et on est déçu quand la lecture de ce livre s’arrête. L’aïeule de Molly a eu une vie très mouvementée due à ses capacités exceptionnelles et elle a été à l’origine de l’intérêt de sa famille pour la prestidigitation, la magie, l’illusion et surtout pour l’énigmatique société de l’ordre du labyrinthe.
L’auteure a recours à deux reprises à des retours en arrière dans l’histoire par le biais de journaux intimes de membres de la famille de Molly et à chaque fois ces passages prennent le dessus par rapport à l’intrigue principale. Les moments se passant à l’époque du cabaret sont très immersifs et on aimerait assister à un des spectacles de la famille Allalie. Il y a ainsi un déséquilibre dans le récit entre l’enquête de Molly et la vie beaucoup plus captivante de ses ancêtres. La trame secondaire sur la vie amoureuse de Molly ou celle de John ou sur les liens familiaux est moins intéressante. Les personnages du passé sont plus développés et intrigants que ceux du présent. John Stow manque cruellement de profondeur, on ne sait pas grand chose sur lui et c’est un peu dommage.
En plus de ce déséquilibre entre les 2 époques, un autre aspect du roman m’a un peu gênée: certains moments sonnent un peu faux et donnent un côté un peu brouillon au roman. Certaines scènes se déroulent un peu trop facilement : la rencontre entre Molly et John, leur arrivée en Angleterre dans la maison où se situe le labyrinthe, la rencontre de Molly avec Andrew Dodd puis celle de Peter avec ce même personnage. À chaque fois, tout a un peu tendance à arriver facilement sans que personne ne se méfie ou au petit bonheur la chance parfois.
Malgré cela, le roman a plusieurs points positifs: tout ce qui a trait au passé, à l’illusion, aux spectacles de magie est très bien rendu. La dernière partie du roman avec l’arrivée de Molly dans sa famille est aussi plus prenante que le début. L’utilisation des mythes avec le parallèle entre le labyrinthe et la construction du roman est très intéressante. On a peu l’impression de parcourir le labyrinthe en apprenant toutes les informations sur les Allalie, en suivant les méandres du passé.
L’ordre du labyrinthe est donc un roman assez inégal. Plusieurs points sont très intéressants et l’intrigue liée au passé de la famille de l’héroïne ainsi qu’au mystérieux ordre prend vite le dessus sur le reste. On aurait aimé rester à cette époque, partager le quotidien de cette famille hors du commun, assister à leurs spectacles, plutôt que lire ce qui advient de l’enquête de Molly où je m’attendais à un peu plus de péripéties. La lecture de ce roman a été agréable mais il est dommage que tout ne soit pas du même niveau.
J’avais acheté ce roman lors de l’opération spéciale de Bragelonne à 1 euro mais ne m’étais pas encore décidée à le lire. En peaufinant ma liste pour le challenge ABC littérature de l’imaginaire 2018, je me suis dit que c’était l’occasion de le sortir de ma PAL.
Les livres et films sur les vampires sont légions et le personnage de Dracula a beaucoup inspiré l’imaginaire, si bien qu’il est difficile de trouver un roman qui sorte un peu de l’ordinaire sur ce thème. Anno Dracula a réussi à sortir lu lot en partant d’une idée simple: changer la fin de Dracula et lui donner la victoire sur Van Helsing. À partir de cette idée, Kim Newman développe un univers où les vampires font partie de notre monde et ne vivent pas cachés. Anno Dracula prend appui sur le roman de Bram Stocker paru en 1897 mais s’en démarque sur bien des points.
Dracula est un roman épistolaire, le procédé narratif utilisé par Kim Newman est tout à fait différent. On a un récit avec un narrateur omniscient et quelques chapitres à la première personne. Le thème du vampirisme est traité de manière plus approfondi par Kim Newman qui a fait des vampires des personnes presque communes que l’on peut croiser dans toutes les strates de la société, du noble aux prostituées. Si l’auteur a gardé certains aspects du vampirisme commun comme l’absence de reflet, il a développé le fait que les vampires peuvent créer des lignées (cela m’a un peu fait penser au jeu de rôle Vampire). En transformant un humain en vampire, le vampire lui transmet aussi ses caractéristiques et des pouvoirs particuliers: pour ceux de la lignée de Vlad Tepes, le pouvoir particulier est lié à la transformation animale. Pour d’autres lignées, il s’agira de pouvoirs liés à la prescience. Les vampires sont également fragiles au soleil, même si les vampires les plus anciens le craignent moins que les « nouveaux nés ». Bien entendu, plus un vampire est âgé, plus il a acquis de puissance.
Imaginer une fin différente au roman culte de Bram Stoker entraine aussi une Angleterre différente. Dracula avait voyagé de sa Transylvanie natale vers l’Angleterre afin d’acheter une maison à Londres. N’ayant pas été tué par Van Helsing, Dracula fait le choix de rester en Angleterre et gravit facilement les échelons de la noblesse en épousant la reine Victoria, devenue une vampire elle aussi, faisant de lui le prince Consort. Le premier ministre du pays est Lord Ruthven, personnage connu de la littérature puisqu’il vient d’une nouvelle de John William Polidori intitulée Le Vampire et publiée en 1819. Cette nouvelle a popularisé le thème du vampire et Kim Newman lui rend ainsi hommage. Lord Ruthven dans Anno Dracula est un vampire comme beaucoup de proches de Dracula. On a ainsi un des pays les plus puissants du monde à la fin du XIX ème siècle dirigé par des vampires, ce qui ne plait pas à tout le monde. En effet, un mouvement révolutionnaire apparait et désire contrer la puissance de Dracula. Il faut dire que le prince consort agit comme bon lui semble et rend une justice à la Vlad Tepes, donc des plus expéditives, empalant à tour de bras.
J’ai parlé du vampirisme vu par l’auteur, de son univers mais pas encore de l’intrigue qui est la seule chose qui est à mon avis en dessous du reste. L’idée de départ du roman et l’univers mis en place par l’auteur sont de grandes réussites mais l’intrigue est moins convaincante, sans être mauvaise pour autant. Kim Newman explique d’ailleurs dans la postface du roman qu’il a pensé à l’intrigue en dernier dans la construction de son roman qui est surtout fondé sur le fait que Dracula ait vaincu Abraham Van Helsing. L’intrigue du roman repose sur une enquête concernant les meurtres de Jack l’éventreur en 1888. Bram Stoker a d’ailleurs écrit Dracula à cette période même s’il n’a été publié que quelques années après. On retrouvait aussi cette idée de mêler les crimes de Jack l’éventreur et Dracula dans l’excellent Je suis le sang de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait.
Les meurtres de Jack mettent à mal un pays déjà marqué par la division entre son dirigeant et le peuple, surtout que Jack ne s’en prend qu’à des prostituées vampires dans le quartier de Withechapel, le plus pauvre de la ville. L’auteur a construit son roman en dévoilant dès le départ l’identité de Jack, on comprend ses motivations peu à peu dans les chapitres racontés directement par le meurtrier. L’enquête est menée par un humain Charles Beauregard, agent secret au service de la reine et il va être amené à faire équipe avec Geneviève Dieudonné (dommage pour le nom), une vampire d’origine française et d’une lignée très ancienne, elle a été transformée en vampire avant Dracula. Le roman contient de nombreux personnages mais les plus intéressants sont le duo d’enquêteurs. Geneviève est une vampire mais elle ne commet pas d’exactions, elle travaille dans un cabinet médical dans le quartier de Withechapel et aide les vampires « nouveaux nés ». Beauregard est marqué par son passé, son devoir. Ces deux personnages ne viennent pas de la littérature ni du roman d’origine.
Parmi les autres personnages, on retrouve beaucoup de références historiques et littéraires : on croise Oscar Wilde ou encore Florence, la femme de Bram Stoker, Carmilla la vampire du roman de Sheridan Le Fanu, mais aussi l’inspecteur Lestrade, le docteur Moreau et le docteur Jekyll. Kim Newman a également utilisé des personnages du roman de Bram Stocker, on croise Mina Harker, femme de Johnathan Harker. Surtout, deux autres personnages ont beaucoup plus d’importance dans le récit, il s’agit de Art Holmwood alias Lord Godalming qui était fiancé à Lucy Westenra, amie de Mina et une des premières victimes de Dracula à son arrivée à Londres, et aussi du Docteur John « Jack » Seward qui dirigeait un hôpital psychiatrique et qui était amoureux de Lucy. Kim Newman utilise à très bon escient ces personnages dans son récit et les intègre parfaitement à son intrigue. Il fait preuve d’une excellente connaissance du roman de Bram Stoker et d’une grande maîtrise dans la construction de ses personnages.
L’ambiance du roman est également très réussie en mélangeant habilement uchronie, fantastique et époque victorienne. On ressent bien le climat pesant de l’époque et du lieu avec cette brume londonienne omniprésente. L’auteur a également très bien utilisé les codes des récits du XIX ème siècle sans trop en faire. Les multiples références littéraires et historiques sont très bien intégrées aux récits et contribuent à cette ambiance oppressante de la ville.
Kim Newman signe un grand roman avec Anno Dracula en partant d’une idée excellente: changer la fin d’un classique de la littérature fantastique. Il arrive à développer à partir de cette idée un univers qui lui est propre où les vampires vivent au milieu des humains et non dans l’ombre, même si la cohabitation n’est pas rose tous les jours. Son roman rend un bel hommage au Dracula de Bram Stoker et à la littérature fantastique de la même époque.
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