Blonde
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Une énième biographie de l’une des plus célèbres stars du XXème siècle ? Ce serait mal connaître Joyce Carol Oates, qui avertit d’emblée le lecteur qui serait, en lisant cet ouvrage, en quête de vérité. Du moins de vérité historique. Car sa quête à elle, ainsi qu’elle le précise, est celle d’une vérité poétique. Bien sûr, elle s’appuie sur des éléments biographiques, qu’il n’est sans doute pas nécessaire de développer précisément ici, tant ils sont déjà connus du grand public. Ce qui est intéressant, ce sont ceux sur lesquels s’attarde l’auteure.
Une importante première partie est dédiée à l’enfance ballotée de Norma Jeane Baker, aux côtés d’une mère célibataire fantasque et mentalement perturbée. Vivre avec Gladys Mortensen est parfois un enchantement mais plus souvent un cauchemar, une succession de moments urgents et intenses sous la menace permanente de la rupture du précaire équilibre maternel. Le père à l’identité mystérieuse est absent, il serait un célèbre acteur d’Hollywood selon Gladys qui lui en a montré une photo, autour de laquelle la fillette construit un mythe qui la hantera toute sa vie.
Enfant illégitime, portant arbitrairement le nom de l’amant que sa mère haïssait le moins, son identité est ainsi déjà fluctuante, incertaine.
Lorsque sa mère est internée pour schizophrénie, elle vit en orphelinat puis chez des familles d’accueil parfois désireuses de l’adopter, mais qui en seront empêchées par l’opposition systématique de Gladys. Cette instabilité fait naître la conviction désespérée que personne ne veut d’elle, à l'origine d'une rage qui se manifestera par des transports de folie et l’ambition dévorante à la fois de se faire aimer et de se venger du monde.
Passons sur son premier mariage, alors qu’elle vient d’avoir seize ans, et son premier divorce, peu de temps après.
Elle est repérée par un photographe militaire alors qu’elle travaille dans une usine de matériel aéronautique. Officiellement chargé d’illustrer l'implication des femmes dans l'effort de guerre, il a pour mission officieuse de trouver "des culs, des seins et des jambes" pour distraire les soldats partis sur le front. C’est le premier pas vers la célébrité et le monde du cinéma. C’est lorsqu’elle pénètre dans ce dernier, d’abord par une toute petite porte, que nait Marilyn Monroe. L’époque est aux blondes peroxydées et aux formes généreuses, et Norma Jeane a un corps à tomber par terre. Quelques remaniements (elle a notamment les dents de travers et une implantation de cheveux trop basse) font de la fraîche jeune fille encore naïve un produit prêt à être mis sur le marché, un morceau de viande appétissante à commercialiser : nom sucré, cheveux décolorés, vêtements de poupée et manières affectées (et ne pas oublier de frétiller des seins…). Si elle a contribué à créer ce personnage, elle va rapidement réaliser en être prisonnière. Et plus le temps passe, plus devenir Marilyn nécessite de longs préparatifs (jusqu’à parfois six heures de maquillage, de décoloration de cheveux, d’épilation…) et des concessions matériellement douloureuses : robes "camisoles" cousues à même le corps, gants "garrots" coupant la circulation des avant-bras...
L’entreprise de Joyce Carol Oates consiste à rendre corps et âme à ce produit.
Elle redonne d’abord littéralement chair à Norma Jeane, en insistant avec ce qui pourrait passer pour de la délectation sur une dimension prosaïquement organique que l’image du corps de Marilyn a vocation à oblitérer. Ses règles douloureuses au point d’en être incapacitantes sont ainsi abondamment évoquées, les odeurs (sang, sueur) ainsi que les sensations corporelles omniprésentes.
Dès la première partie de son récit, qui sonde les événements fondateurs mais néfastes de l’enfance, elle fait par ailleurs de son héroïne un personnage complexe et torturé, ayant hérité de ses jeunes années un besoin dévastateur d’être aimée et d’exister à tout prix, qu’elle pense assouvir à travers le désir du regard masculin. Elle s’inscrit ainsi dans le schéma d’une soumission à l’homme qui exhausse sa vulnérabilité. C’est une obsessionnelle compulsive, hantée par la terreur de l’échec, qui souvent bégaie, perd ses moyens. Mais elle est loin d’être la ravissante idiote à laquelle renvoie son personnage de "blonde". Son étrange sens de l’humour, caustique et dissonant, surprend, et elle a une inextinguible soif de connaissance (c’est une lectrice assidue de Darwin, Schopenhauer ou Pascal…).
On dit de son jeu qu’il est à fleur de peau, presque primitif, qu’elle n’a pas de technique, qu’elle s’investit des émotions plutôt que de les jouer, et que c’en est même parfois effrayant. Or, le récit démontre qu’elle a vraiment à cœur, en tant qu’actrice, de donner le meilleur d’elle-même, et une volonté féroce de progresser. Elle prend des cours de théâtre, étudie Tchekhov… Joyce Carol Oates redresse ainsi une autre des injustices faites à celle qui n’a jamais eu le respect qu’on lui devait pour son travail acharné.
Pour, en transperçant l’icône, atteindre la femme, l’auteure effeuille sa psychologie, nous fait toucher du doigts ses émotions, ses pensées les plus intimes. Plus on avance dans le texte, et plus l’oralité de la voix de Norma Jeane/Marilyn se fait entendre, s’insère dans la narration omnisciente. La forme se fait ainsi fluctuante, transcrit la lancinance d’un traumatisme qui se fait de plus en plus prégnant et de moins en moins contrôlable, et perd sa linéarité en même temps que le délitement psychologique -accentué par les médicaments, la drogue, l’alcool- de l’héroïne s’accélère.
Mais on voit bien qu’au-delà de sa quête "poétique", c’est aussi une autre vérité qu’a voulu mettre en évidence l’auteure. Celle d’un certain idéalisme américain symbolisé par Hollywood, prônant le mythe sexiste et aliénant d’une beauté débarrassée des émois secrets du corps abhorrés par une culture puritaine. Une beauté considérée comme un génie, livrée en offrande au désir dominant des hommes. Et que ce qui intéresse Joyce Carol Oates, en traquant la réalité de Marilyn, c’est aussi de révéler celle des autres jeunes filles américaines immolées au nom de cet idéal sur l’autel de la célébrité.
L'ampleur, la puissance et la précision de son texte font que l'on adhère sans réserve à ce que Joyce Carol Oates qualifie elle-même de "biographie fictive".
C'est très fort. A lire !
« Blonde » est une autobiographie romancée que je redoutais de lire à cause de sa taille d’abord (la brique de 1110 pages) mais aussi de son style. Toutes mes craintes ont été levées et je peux affirmer, après lecture, que j’ai adoré découvrir cet ouvrage.
De manière chronologique, l’autrice nous raconte la vie de Marylin Monroe alias Norma Jeane Baker, de son enfance misérable à sa mort toute aussi misérable en 1962. Sex-symbol, icône glamour, Marylin aura défrayé la chronique. On la connaît aguicheuse, sexualisée, belle à se damner. On lui prête une vie dissolue, des amants par centaines, des liaisons torrides. Avec ce livre, l’autrice remet les pendules à l’heure et offre au lecteur une autre vision de l’actrice.
On la suit d’abord gamine, allant d’orphelinat en foyer. Sa mère, schizophrène, est incapable de l’élever. Norma Jeane se retrouve rapidement seule, sans repère. Son innocence ne durera pas bien longtemps. Très belle, elle est rapidement convoitée par de nombreux hommes. C’est sa candeur, sa naïveté qui ressort de son enfance miséreuse. Et c’est complètement par hasard qu’elle va faire des photos et se faire repérer par le Studio.
L’autrice n’est pas tendre avec Hollywood et en brosse un portrait violent. Le monde du cinéma est fait par des hommes pour des hommes et Marylin n’est qu’une poupée, une morceau de viande qui rapporte de l’argent. Il est intéressant de constater qu’elle na jamais été riche et qu’elle est morte dans la pauvreté.
Alors certes, certains passages sont parfois denses et difficiles d’accès mais Joyce Carol Oates a l’art de faire vivre son personnage et de nous l’attacher à jamais. Son écriture est sensible et ne peut laisser personne indifférent. C’est dur et cruel d’un bout à l’autre mais d’un réalisme saisissant! Marylin a finalement subi toute sa vie la dictature des hommes puissants sans jamais pouvoir lutter à armes égales.
« Blonde » est le roman de référence pour qui veut découvrir le personnage de Marylin Monroe.
« Blonde » est une autobiographie romancée que je redoutais de lire à cause de sa taille d’abord (la brique de 1110 pages) mais aussi de son style. Toutes mes craintes ont été levées et je peux affirmer, après lecture, que j’ai adoré découvrir cet ouvrage.
De manière chronologique, l’autrice nous raconte la vie de Marylin Monroe alias Norma Jeane Baker, de son enfance misérable à sa mort toute aussi misérable en 1962. Sex-symbol, icône glamour, Marylin aura défrayé la chronique. On la connaît aguicheuse, sexualisée, belle à se damner. On lui prête une vie dissolue, des amants par centaines, des liaisons torrides. Avec ce livre, l’autrice remet les pendules à l’heure et offre au lecteur une autre vision de l’actrice.
On la suit d’abord gamine, allant d’orphelinat en foyer. Sa mère, schizophrène, est incapable de l’élever. Norma Jeane se retrouve rapidement seule, sans repère. Son innocence ne durera pas bien longtemps. Très belle, elle est rapidement convoitée par de nombreux hommes. C’est sa candeur, sa naïveté qui ressort de son enfance miséreuse. Et c’est complètement par hasard qu’elle va faire des photos et se faire repérer par le Studio.
L’autrice n’est pas tendre avec Hollywood et en brosse un portrait violent. Le monde du cinéma est fait par des hommes pour des hommes et Marylin n’est qu’une poupée, une morceau de viande qui rapporte de l’argent. Il est intéressant de constater qu’elle na jamais été riche et qu’elle est morte dans la pauvreté.
Alors certes, certains passages sont parfois denses et difficiles d’accès mais Joyce Carol Oates a l’art de faire vivre son personnage et de nous l’attacher à jamais. Son écriture est sensible et ne peut laisser personne indifférent. C’est dur et cruel d’un bout à l’autre mais d’un réalisme saisissant! Marylin a finalement subi toute sa vie la dictature des hommes puissants sans jamais pouvoir lutter à armes égales.
« Blonde » est le roman de référence pour qui veut découvrir le personnage de Marylin Monroe.
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