Stoner

Né pauvre dans une ferme du Missouri en 1891, le jeune William Stoner est envoyé à l’université par son père, et au prix de quels sacrifices, pour y étudier l’agronomie. Délaissant peu à peu ses cours de traitement des sols, ce garçon solitaire découvre les auteurs, la poésie et le monde de l’esprit. Il déçoit les siens, devient professeur, se voue corps et âme à la littérature, sert ses étudiants, assiste impuissant aux ravages causés par une terrible crise économique et deux guerres mondiales, se trompe d’histoire d’amour et finit par renoncer au bonheur. Tout cela l’entame, mais rien ne le diminue : il lit.

  Avec un résumé tel que celui-ci, je ne pouvais que me précipiter sur ce roman enfin sorti en poche chez J’ai Lu. Écrit en 1965, ce roman n’avait pas trouvé de traducteur en France avant Anna Gavalda. Elle a bien fait de se battre pour faire sortir ce roman de l’oubli et pour nous l’offrir à nous, lecteurs francophones.

  Car Stoner est une pépite. Si vous aimez les histoires qui parlent de livres, de littérature, alors ce roman est fait pour vous. J’ai laissé traîner ma lecture pour rester un peu plus longtemps auprès des personnages et m’imprégner de l’atmosphère si particulière du milieu du 20ème siècle.

  Rien ne prédestinait William Stoner à faire de grandes études. Aussi quand son père l’envoie faire des études d’agronomie à Columbia, le garçon est ravi de sortir de son dur et morne quotidien. Stoner commence ses études avec beaucoup d’application. Une de ses matières obligatoires est une introduction à la littérature anglaise. Le jeune Stoner n’y comprend d’abord pas grand chose. Et puis, c’est la révélation. Il change de voie pour faire des études de lettres et se consacre corps et âme à la littérature au point de renoncer à devenir agriculteur. Il sera professeur.

  A travers ce récit de vie, l’auteur dresse un portrait touchant d’un personnage qui échappe à sa condition sociale et à l’atavisme grâce à l’art et à la lecture. Si William Stoner ne sera jamais un professeur brillant, il aura au moins touché du doigt son rêve. Je me suis attachée au personnage instinctivement. J’ai aimé l’histoire de cet homme qui débarque de son Missouri profond et qui va découvrir que la littérature offre un univers riche et merveilleux.

  Avec ses gros doigts abîmés par le travail, son unique costume et sa chemise râpée, William est un étudiant qui détonne parmi les autres. Et pourtant, il va réussir là où beaucoup d’autres ont échoué parce qu’il a l’amour des livres et la volonté de faire autre chose de sa vie. Ainsi, il va étudier et lire comme si sa vie en dépendait.

  En arrière-fond du récit, l’auteur dresse le portrait d’une société américaine prise dans la tourmente des guerres mondiales, minée par le poids des traditions. Si William excelle dans sa vie professionnelle, il en sera autrement dans sa vie personnelle. Il fera de mauvais choix et apprendra de ses erreurs.

  Je recommande Stoner à tous les amoureux des livres et de la littérature. John Williams dresse le portrait d’un homme qui prend son destin en mains grâce à la littérature: un bel hommage!