Un peu tard dans la saison
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l’avis des lecteurs
Ceux qui ne connaissent pas encore Jérôme Leroy vont avoir plusieurs occasions de le découvrir en ce début d’année. Deux rééditions : un roman La minute prescrite pour l’assaut et un recueil de nouvelles : Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine ; et une nouveauté Un peu tard dans la saison, tout cela aux éditions de La table ronde.
La fin du monde a bien eu lieu. Ou au moins, la fin d’un monde. Depuis sa campagne gersoise, où elle vit avec sa fille Ada, Agnès Delvaux, ancienne capitaine des services secrets se souvient des derniers jours.
C’était en 2015, la France allait sombrer dans un chaos permanent et organisé, attentats, contestation sociale, grèves, état d’urgence, répression policière … Au point qu’un nouveau phénomène passe dans un premier temps inaperçu : l’Eclipse. Des gens qui arrêtent tout et partent, du jour au lendemain, sans qu’il y ait de signes avant-coureurs évidents. Des ouvriers, des profs, des politiques, des médecins …Ils arrêtent pour disparaitre et lire, pêcher ou servir des bières dans un bistrot paumé.
Pourtant Agnès aurait dû le voir venir, elle qui, pour des raisons personnelles, surveille Guillaume Trimbert, écrivain qui vivote, ancien prof fatigué, qui semble peu à peu lâcher prise.
Un peu tard dans la saison devrait vous permettre de dire si vous aimez, ou pas, l’univers et l’écriture de Jérôme Leroy, parce qu’il est 100% représentatif de bon nombre de ses romans et nouvelles. Scénario de fin du monde, l’auteur lui-même pris comme personnage (avec un portrait impitoyable sur ses propres « défauts » ou incohérences), des références littéraires, un retour permanent sur la douceur d’un monde terminé, une élégance d’écriture, un ton nostalgique, les plages du nord, le Portugal … Bref tout son imaginaire, j’allais presque dire tout son bestiaire.
Hasard des lectures et de la saison, je l’ai lu dans un état cotonneux, terrassé par une saloperie hivernale, entre deux grogs, la tête un peu cotonneuse … J’ai trouvé que ce Leroy là, tout en saudade, va très bien avec le grog et un état grippal ! N’allez quand même pas attraper la crève juste pour être dans de bonnes conditions pour le lire, mais je me sentais dans le même état de faiblesse et de mélancolie que son écrivain.
Ensuite, au plaisir de retrouver ce monde sepia, s’ajoute celui de découvrir, pour une fois, une apocalypse plutôt sympathique, une fin du monde en douceur, sans trop de tripes et de boyaux répandus (même si Jérôme sacrifie un de ses potes dans l’histoire), sans curée, sans grands discours ni violence, juste un renoncement.
C’est peut-être pour ça aussi que mon état vaseux m’a aidé à la lecture, en général je suis plutôt adepte des histoires plus … abruptes et de personnages plus revendicatifs et plus réactifs. Mais là un peu de douceur mélancolique m’allait très bien.
Le spleen de Un peu tard dans la saison comme compagnon idéal des fatigues hivernales en quelque sorte. Un peu de mélancolie, de culture et de douceur dans un monde brutal et souvent terrifiant de bêtise.
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