L'effroi du beau
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Résumé éditeur
La rencontre du beau nous laisse-t-elle indemnes ? Sa joie neuve peut-elle s'ouvrir sans briser d'abord en nous ce qui était trop vieux pour elle, de cette blessure que seul sait donner l'invulnérable ? Son excès sur tous nos possibles apporte dans la proximité même l'offrande du lointain. Ce qui nous saisit reste insaisissable et, comme autrui, l'est d'autant plus qu'il s'approche. Ainsi Platon fait de l'effroi le premier présent de la beauté, et pour Dostoïevski et Rilke elle n'est que le commencement du terrible. Cette joie douloureuse, démesurée comme tout amour, est la dimension oubliée par l'esthétique, qui la relègue dans le sublime, distingué du beau. Il faut surmonter l'esthétique pour penser la beauté, si elle est le visage même de l'Être. Les questions qu'elle fait surgir ne sont pas régionales, elles mettent en cause l'être entier de l'homme et les voies selon lesquelles il peut se perdre ou se trouver. La beauté nous éprouve, et cette épreuve décide de tout. Tel est le sens du mythe du " Phèdre " de Platon, dont Heidegger médita ce qu'il nous donne toujours à penser. La beauté qui se suffit pourtant nous appelle, et nous impose, sans esquive possible, la charge de lui répondre et de lui correspondre. Cette réponse ne saurait résider dans le jugement esthétique, elle peut seulement être l'acte de louer. Elle ne répond à la beauté qu'en la communiquant, et de la blessure qu'elle reçut ne veut pas guérir, mais accroître le chœur de ceux qui souffrent d'elle. L'insupportable du beau ne peut être porté que par le chant, un chant qui devienne existence.
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