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Paul et Virginie - La chaumière indienne
Résumé éditeur
Imprimé sur demande
l’avis des lecteurs
Deux cabanes au bord de l’eau, sur le rivage de l’île de France, aujourd’hui l’île Maurice…
C’est là qu’ont grandi Paul et Virginie. Leurs mères, rejetées par la société, ont jadis trouvé refuge en ce paradis. Depuis ce jour, ils vivent ici le plus simplement du monde, en parfaite harmonie avec la nature qui les entoure.
Ils se nourissent de mangues, de papayes, de goyaves, s’offrent des bouquets exotiques et se reposent à l’ombre du lilas de Perse… Ils n’ont qu’à tendre les mains pour cueillir le bonheur. Pourquoi conquérir ailleurs ce qui leur est ici offert ?
Mais l’horizon s’assombrit… Leur amour est menacé. L’hypocrisie, la jalousie, la cupidité du monde civilisé les rattrapent. Tels de nouveaux Adam et Eve, les voilà chassés de ce merveilleux Eden. Arrachés l’un à l’autre… Séparés à jamais par les flots d’un océan déchaîné…
Ma lecture
Je ne suis pas une habituée des challenges mais de plus en plus fan des classiques et comme j’ai beaucoup de mal à faire baisser ma PAL car elle se remplit plus vite qu’elle ne se vide, j’ai franchi le pas et ai suivi Moka et Fanny (et bien d’autres) dans la deuxième édition des Classiques c’est fantastique, un livre par mois sur un thème donné et on commence par L’invitation au voyage.
Voyage…… Un livre me saute tout de suite aux yeux et entre les mains : Paul et Virginie car je sais qu’il se déroule sur l’Ile Maurice, une histoire d’amour entre deux jeunes enfants, élevés ensemble mais je n’en connais pas beaucoup plus ni sur l’auteur, Bernardin de Saint-Pierre ni sur les détails, le style etc…
Allez on y va et on embarque pour l’Ile de France dans l’Océan Indien, fin du XVIIIème siècle : Deux femmes, Madame de la Tour et Marguerite, se retrouvent, pour des motifs différents, seules et enceintes : La première va donner naissance à une fille Virginie et la seconde à un fils Paul. Elles vont les élever conjointement, comme frère et sœur, faisant de leur amitié une communion maternelle, élevant et éduquant leurs enfants dans un paradis sauvage, menant une vie simple, loin de toute civilisation, simplement aidées par un couple de couleur, Domingue et Marie.
Chaque jour était pour eux un jour de fête, et tout ce qui les environnait un temple divin, où ils admiraient sans cesse une Intelligence infinie, toute-puissante, et amie des hommes. (p161)
En grandissant commence à naître un sentiment amoureux chez Virginie qui ne voit plus Paul comme un frère mais comme celui qui fait battre son cœur, encouragé par les projets que forment les deux mères d’unir leurs enfants. Mais des nouvelles arrivent de France où la tante de Mme de la Tour, qui l’avait répudiée, suite à sa mésalliance lors de son mariage, se sentant mourir et voulant léguer sa fortune à sa seule héritière, Virginie, « exige » qu’elle vienne auprès d’elle afin de la connaître et de parfaire son éducation, vœu soutenu par Monsieur de la Bourdonnais, gouverneur de l’île.
Les deux adolescents vont se trouver séparer pendant plusieurs années, Virginie recevra une proposition de mariage sur le continent, Paul profitera de son absence pour apprendre à lire et écrire afin de partager avec celle qu’il aime les connaissances qu’elle aura acquises mais passera par des moments de désespoir et de craintes de ne pas revoir Virginie. Vont-ils se retrouver, pourront-ils s’aimer et vivre libres ? Suspense !!!!
Et bien ce fut bien loin de ce que je pensais trouver. Certes il s’agit d’un roman d’amour et pour ceux qui me connaissent, vous savez que ce n’est pas un domaine où je m’aventure car je trouve cela toujours un peu « gnangnan » mais j’ai découvert que l’histoire aborde bien d’autres thèmes.
De son vrai nom, Henri Bernardin de Saint-Pierre, botaniste s’installe, après une carrière militaire, sur l’Ile de France (ancien nom de l’Ile Maurice), lieu dont il va s’inspirer pour situer son roman. Grâce à cela et à sa formation de botaniste, les descriptions des plantes, des paysages, du contexte de l’époque et en particulier de l’esclavage, de la présence des familles françaises toutes puissantes sur l’île sont largement évoqués. L’auteur se fait le narrateur de l’histoire, histoire qui lui est racontée par un vieillard à qui il demande à qui appartenait les deux cabanes désormais en ruines où vécurent les deux femmes, leurs enfants et leurs domestiques.
A la fois roman d’amour certes, mais également d’apprentissage, d’éveil à la nature, aux sens mais également avec un fond de philosophie reprenant les préceptes de Jean-Jacques Rousseau et Voltaire voire Sénèque sur les bienfaits du stoïcisme, d’une vie simple, de la pureté des sentiments quand ils ne sont pas envenimés par les règles, la cour et les classes sociales, regard sur l’esclavagisme et le sort réservé à ceux qui tentent de s’enfuir, la condition féminine à travers les deux mères répudiées, issues de milieux différents mais également par la confrontation entre mariage d’amour et mariage de raison sans oublier également le sens que l’on donne à la richesse.
Un mal au milieu des plaisirs est pour les riches une épine au milieu des fleurs. Pour les pauvres, au contraire, un plaisir au milieu des maux est une fleur au milieu des épines ; ils en goûtent vivement la jouissance.(p226)
D’autres idées s’affrontent également et en particulier durant un dialogue entre le vieillard, témoin de l’histoire, et Paul sur l’éducation et les bienfaits de la lecture :
Lisez donc, mon fils. Les sages qui ont écrit avant nous, sont des voyageurs qui nous ont précédés dans les sentiers de l’infortune, qui nous tendent la main, et nous invitent à nous joindre à leur compagnie lorsque tout nous abandonne. Un bon livre est un bon ami. (p230)
Certes l’écriture peut nous sembler un peu ampoulée, parfois excessive que ce soit dans la formulation mais également dans les événements relatés avec une alternance entre les scènes de bonheur au milieu d’une végétation luxuriante, abondante et celles qui s’apparentent à un récit d’aventures et de drames offrant une fin dans le plus pur style mélodramatique.
S’il avait fallu que je vous donne mon impression au milieu du récit j’aurai écrit que oui ce sont deux enfants dont on se doute qu’ils vont s’aimer mais arriver à la moitié du récit j’y ai trouvé plus de matière, plus de réflexions qui donnaient une profondeur aux pensées et aux messages de l’auteur, un récit pas si léger que cela finalement et j’y ai pris un certain plaisir, mais peut-être parce qu’elles rejoignaient des convictions personnelles.
Certes l’écriture peut nous paraître un peu chargée, grandiloquente, reflets d’une époque mais la construction avec plusieurs intervenants : l’auteur, le vieillard mais également l’introduction du dialogue que j’ai trouvé particulièrement savoureux et philosophique entre le vieillard et Paul durant l’absence de Virginie, permettent de donner des points de vue différents : le témoin direct et l’écrivain-chroniqueur.
Mon fils, les talents sont encore plus rares que la naissance et que les richesses ; et sans doute ils sont de plus grands bien, puisque rien ne peut les ôter, t que partout ils nous concilient l’estime publique : mais ils coûtent cher. On ne les acquiert que par des privations en tout genre, par une sensibilité exquise, qi nous rend malheureux au-dedans et au-dehors, par les persécutions de nos contemporains. (p220)
C’est finalement un roman en forme de « leçon » de vie : vie naturelle, sauvage contre vie maîtrisée et entrant dans les codes de la « bonne éducation » et le dénouement laisse à penser que Bernardin de Saint-Pierre penchait plus pour la première, y trouvant plus de bienfaits et de bonheur que dans la deuxième. L’auteur était un précurseur à la manière de Thoreau, à un retour à la nature et à une sorte d’autosuffisance qu’elle soit nourricière, sociale mais également philosophique.
J’ai aimé le voyage et cela me confirme que nous avons parfois une fausse idée des romans classiques, qu’il faut franchir le pas, lire et ensuite savoir de quoi on parle et non pas tenir un discours sur ce que l’on pense être. Lisons avant de porter un jugement et ensuite parlons-en.
Mon édition était agrémentée d’illustrations dont je vous ai mis quelques exemples et qui reflètent les moments décisifs de l’histoire.
J’ai aimé.
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