
Les maîtres des dragons
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l’avis des lecteurs
Je m’étais dit qu’après l’année écoulée et le bilan que j’en ai tiré, la lecture et la chronique des Maîtres des Dragons de Jack Vance, ouvrage gracieusement offert sans préavis par mes très chers amis du Bélial’, étaient de mise. Comme un joli ruban symbolique autour de cet étrange cadeau que fut l’année 2021, comme un résumé assez impeccable de mes envies, mes ambitions et mes chances. Une novella qu’on m’a offerte après une taquinerie de mauvais esprit, d’un auteur avec lequel j’aimerais apprendre à me réconcilier depuis l’immense déception du cycle de Lyonesse et le coup de mieux du premier tome de Tschaï ; autant pour moi que pour pouvoir mieux partager avec mes relations à qui cet auteur singulier a su mieux parler qu’à moi, et donc de fait une occasion de continuer à essayer d’explorer les terres dangereuses hors de ma zone de confort.
Je ne regrette surtout pas. Mais cette Chronique-Lumière ne va pas être simple à écrire, je crois.
Sur Aerlith, la vie est partagée entre l’élevage des Dragons, les affrontements entre la Vallée Heureuse et le Val Banbeck, les interrogations sur les étranges Sacerdotes et leurs non moins étranges manières, et les visites régulières et terribles des Basiques, venus des étoiles pour apporter mort et destruction sans le moindre scrupule. Et alors que le retour de ces derniers s’annonce inéluctable, avec son cortège de catastrophes, Joaz Banbeck doit composer entre toutes ces inconnues, empirées par la stupidité obtuse d’Ervis Carcolo de la Vallée Heureuse et le mysticisme forcené des Sacerdotes, résolus à garder leurs secrets pour eux.
Rien que ce résumé qui en dit beaucoup trop de cette singulière novella constitue à mes yeux un bon résumé aussi de mon sentiment à son égard. Quel bordel, engoncé dans un volume textuel si ramassé. Alors que ce soit clair : c’est plutôt un bon bordel. Si je dois logiquement concéder une certaine frustration à la conclusion de ma lecture, je dois aussi et surtout concéder un certain respect pour Jack Vance, dont je pense pouvoir affirmer commencer à discerner la démarche littéraire, ce qui faciliterait mon appréhension de cette dernière. Ce qui expliquerait autant mon manque d’appréciation pour Lyonesse à l’époque de sa première lecture que ma relative appréciation du Chasch il y a quelques mois. Jack Vance n’est pas un écrivain avec lequel je pense pouvoir trouver une relation aussi privilégiée qu’avec d’autres auteurices, car Jack Vance n’est pas un écrivain à personnages ou à intrigue, ce que je préfère en littérature ; Jack Vance est un écrivain à mondes et à concepts. Et si j’aime aussi beaucoup ces deux aspects de l’écriture fictionnelle, je pense qu’il me faut les lier aux deux premiers aspects pour leur faire exprimer tout leur potentiel d’une façon qui me sied.
Mon problème avec Les Maîtres des Dragons, c’est sans doute qu’il ne prend pas assez son temps ou juste trop, se situant de fait dans la terrible catégorie des ouvrages en disant trop ou pas assez. En quelques 170 pages, on a tellement de choses et d’idées que je m’y suis un peu perdu, sans trop savoir à quoi je devais prêter attention en priorité. Si j’ai absolument adoré le concept des Sacerdotes et des Basiques, leur rapport aussi mystique que jusqu’au-boutiste à une vision loyale de l’existence dans son entierêté, et leurs oppositions frontales à une vision plus humaine des choses ; j’ai clairement été frustré de ne pas en avoir eu plus dans des proportions qui auraient permises à leur auteur de fouiller l’idée à fond. De la même manière, les personnages de Joaz et Ervis auraient pu avoir un certain potentiel au travers de leurs échanges ou de leurs personnalités ; mais leur manque de développement les rendent aussi caricaturaux qu’inintéressants. Sans parler du traitement terriblement daté du seul personnage féminin de la novella, qui m’a salement fait grincer des dents.
Il faut aussi évoquer des choix de cadrage un peu étranges à mes yeux de la part de Vance qui au début m’a complètement paumé à coup d’analepses balancées dans le récit sans préambules ni jalons remarquables me faisant douter de mes capacités de compréhension ou même d’attention, surtout quand il fallait associer ces dernières avec des descriptions ou situations qui semblaient parfois contradictoires entre elles. À cet égard, il faut sans doute saluer le travail éditorial du Bélial’ qui est allé chercher Nicolas Fructus pour de superbes illustrations d’intérieur qui apportent de la substance aux descriptions de Vance, notamment de ses dragons, mais aussi un peu de clarté, leurs anatomies et fonctions jurant un peu avec l’image canonique qu’on peut en avoir, qui ajoute aussi un peu à la confusion, il est vrai.
Mais le fait est que dans ce bain de légère confusion et de construction un peu trop datée de l’ensemble, surnage quand même, il faut bien l’admettre, de sacrées bonnes idées. D’où ma frustration suscitée, précisément ; parce qu’avec un meilleur emballage global, les dialogues contenant à mes yeux les plus excellents concepts de Jack Vance auraient brillé avec d’autant plus d’intensité. L’obstination criminelle et stupide d’Ervis Corcolo comme le génie tactique de Joaz ou l’absurdité de la prétendue neutralité des Sacerdotes ; tout ça aurait eu plus de poids, de souffle, de consistance, et donc d’impact, avec un plus grand soin apporté aux éléments qui m’ont manqués. Si je salue la qualité d’imagination de Jack Vance, je dois quand même constater une disparité entre ses ambitions et ce que j’estime être les moyens potentiels mis à leur disposition. Sans doute dois-je simplement constater et regretter, tout simplement, une distance temporelle trop élevée ou une incompatibilité d’humeurs entre nous.
Mais peut-être – sans doute – cette légère déception était pour le mieux ; parce que je crois que ce texte était nécessaire à une meilleure compréhension de ma part des qualités et des défauts de Jack Vance dans mon prisme de lecture. Je serai donc sans doute mieux à même de juger les prochaines œuvres que je lirai dans sa bibliographie. Et par ricochet, peut-être pourrais-je appliquer cette même lecture à d’autres œuvres d’autres auteurices.
J’avais donc raison, Les Maîtres des Dragons était bien l’œuvre idéale pour conclure mon année de façon cohérente.
Encore un toast, donc, aux découvertes qui continuent, et au cuir qui se tanne.
Bonne année à vous, avec un peu d’avance.
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