Une place à prendre

Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante : ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché pittoresque… et son lourd fardeau de secrets. Car derrière cette façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de la mort soudaine de son plus éminent notable.

Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu’alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l’occasion d’une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie.

J’attendais de lire avec impatience le dernier opus de J.K Rowling. Le suspens était à son comble. Une fois en main, je me suis dépêchée d’expédier (!) ma lecture en cours pour découvrir ce nouveau roman. J’avoue ne pas avoir été déçue. Il a été à la hauteur de mes espérances. J’ai adoré lire ce roman et je n’ai pas pu décrocher de ma lecture. J’ai tout de même mis une petite semaine à lire ce gros pavé (682 pages en tout!).

Ce que j’ai adoré retrouver par dessus tout, c’est l’ambiance créée par J.K Rowling. On croit réellement à l’existence de cette petite bourgade anglaise Pagford. J’ai vraiment pris du plaisir à lire les descriptions qu’elle fait de cette ville charmante: sa petite place fleurie, son salon de thé, ses maisons cossues mais aussi, de l’autre côté de la rivière, Yarville, la cité mal fréquentée où s’entassent junkies et chômeurs.

L’auteur nous offre une galerie de portraits incroyables. Elle aime gratter le beau vernis de ces petites familles anglaises qui d’apparence sont toutes des modèles d’excellence. Sous la plume de J.K Rowling, les masques tombent et la vérité éclate. Violences familiales et conjugales, peurs maladives, jalousies et rancœurs: à y regarder de plus près, les personnages ont tous quelques chose à cacher. L’auteur a le chic pour débusquer les failles de ses personnages et faire voler les familles en éclats. Bons ou méchants, les personnages ne sont jamais lisses et je me suis prise d’empathie pour certains qu’on pourrait qualifier de « beaux salauds » dans la vie de tous les jours!

Le prétexte de son roman vient de la mort d’un personnage, Barry Fairbrother, qui laisse sa place vacante au conseil paroissial de Pagford. Le lecteur pénètre alors dans l’intimité des familles car chacun veut occuper ce siège vacant qui déchaîne toutes les passions! Sous couvert de nous raconter les histoires personnelles de tel ou tel personnage, le lecteur assiste à de véritables querelles de clocher! L’auteur critique ainsi la société actuelle et égratigne au passage les familles anglaises bien nées. Tout l’enjeu du débat va se concentrer en effet sur Yarville, bourgade limitrophe de Pagford, à la très mauvaises réputation. Les habitants de Pagford souhaitent presque tous se débarrasser de cette plaie qui leur empoisonne la vie en leur rappelant chaque jour que la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour tout le monde en témoigne Krystal, une ado paumée dont la mère se drogue. J.K Rowling ne tombe jamais dans la caricature ou dans la larme facile. Ses personnages présentent tous des aspérités et rien que pour ça, ça vaut le coup de la lire!

J.K Rowling peint à merveille la déliquescence de cette petite société anglaise. Certaines scènes de violences, notamment entre un père et sa famille, sont à la limite du soutenable et m’ont vraiment remuée tant les insultes et les coups échangés sont nombreux. L’auteur va jusqu’au bout de ses idées et on ressort de ce roman vidé, anesthésié (la fin y est pour quelques chose).

C’est pour moi un examen de passage réussi pour J.K Rowling qui prouve qu’elle est véritablement une grande auteure. Une grande plume confirmée par ce roman audacieux et prenant.