Le temps des loups

TTTT - Bravo "Les femmes, « figures mythiques de l’après-guerre », qui, en chaînes humaines, dégagent les gravats, un marché noir incontrôlable, notamment durant les deux années de famine, en 1946 et 1947, et une criminalité inévitable composent une gigantesque fourmilière humaine. Pourtant, après la fin des bombardements, Jähner explique qu’avec la réouverture des bars, des cinémas, des nouveaux journaux et la réforme monétaire qui substitue le deutsche mark au reichsmark, une « énergie phénoménale » prend vie. BD et films américains participent de la guerre psychologique menée par les Américains, la CIA en coulisse : autant de nouveautés qui attisent les accusations d’« ensauvagement des mœurs » et de « déchéance morale » formulées par les nationaux-conservateurs allemands. Quant au sentiment de culpabilité, refoulé, il s’effaçait devant « l’instinct de survie ». Se sentant les vraies victimes de la guerre, beaucoup d’Allemands, selon l’auteur, évacuaient les horreurs commises sous le régime nazi. De l’extermination des Juifs, il n’était pas fait mention, et la politique de dénazification vit son terme, en 1951, avec la réintégration dans les services publics d’anciens nazis (1). Les intellectuels – Hannah Arendt, Alfred Döblin, Karl Jaspers, Theodor Adorno – analysèrent à chaud la mentalité allemande et posèrent des questions qui resteront actuelles bien des années plus tard sur les conditions auxquelles doit consentir une démocratie."