Marche en plein ciel
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
En arpentant le chemin emprunté par Robert L. Stevenson il y a plus d’un siècle, Gwenaëlle Abolivier harmonise deux passions : l’écriture et la marche. Chaque pas qui l’éloigne de l’immobilité du quotidien, l’ouvre davantage à la littérature ; elle fait corps avec le paysage cévenol qui accueille son évasion.
Mon avis
Lâchez tout, partez sur les routes !
« [….] je sais que prendre la route c’est échapper aux lignes droites et à la circularité des idées. »
Journaliste et productrice sur France Inter, Gwenaëlle Abolivier est partie sur le chemin de Robert Louis Stevenson, dans les Cévennes. Elle n’avait pas, comme lui, un âne, mais un carnet pour écrire afin de regrouper deux passions : la marche et l’écriture.
Dans ce livre, elle raconte cette période de sa vie qui s’apparente à une (re) découverte. Parce que c’en est une, lorsqu’on se retrouve seule avec pour unique but d’être en harmonie avec la nature et dans son corps, en toute conscience. Gwenaëlle a fait quelques rencontres dont Marvejols et son ânesse. Ils ont parfois cheminé tous les trois, l’homme était curieux du parcours de vie de Stevenson, Gwenaëlle lui expliquait.
Son récit de voyage n’est pas un journal de bord jour après jour. Ce sont des réflexions, des partages, des anecdotes. Cette expérience a été enrichissante. La marche apaise, on revient à l’essentiel, et on le sent dans son texte avec la place de la nature, des animaux, qui s’intensifie au fil des pages. Plus on marche, plus on s’allège, les pensées négatives s’estompent, les mots, les phrases qui viennent à l’esprit rythment les pas, les cadencent. C’est une méditation contemplative parfois à l’arrêt, parfois en mouvement. L’auteur sent qu’elle se recentre sur l’instant présent, sur ce qu’elle ressent au plus profond, pour le vivre à fond.
Elle a commencé la randonnée quand elle était enfant. Marcher est devenue une drogue, une addiction. Les courbatures sont vite oubliées, le corps réclame sa « dose » de kilomètres, on se sent heureux lorsqu’on a atteint le but qu’on s’est fixés. On se retrouve à sa juste place, là où on doit être, simplement bien sans chercher à analyser. C’est un équilibre tout naturel qui s’installe. On profite avec une acuité affinée de chaque moment, un vol de papillon, un chant d’oiseau, une fleur sauvage, un arbre…. Le plaisir de réussir et d’atteindre le lieu où on voulait aller est immense, le goût de l’effort et la satisfaction d’être arrivé sont des récompenses.
Gwenaëlle Abolivier profite de son recueil pour nous parler de Stevenson mais également de Johan Muir, un homme peut-être moins connu mais à découvrir. Il est né en Ecosse en 1838, il n’était pas très courageux et passait plus de temps dehors qu’à se préoccuper de ses études. En 1849, avec sa famille, il est parti aux Etats-Unis et sa vie a été transformée. Il a été un des premiers naturalistes modernes et n’a cessé de militer pour la protection de la nature. Gwenaëlle en parle si bien qu’elle m’a donné envie de découvrir ce qu’il a écrit.
Cette lecture est agréable, elle repose. On visualise les paysages, les scènes, on entend les bruits de la nature et une fois la dernière page tournée, on se sent reposé, revigoré, prêt à se saisir de son sac à dos et de ses bâtons pour parcourir les chemins et vivre à son tour une belle aventure.
Sur les pas de Stevenson dans les Cévennes
Gwenaëlle Abolivier a choisi le voyage à pied, de Clermont en Provence, pour se ressourcer et (re)découvrir l’œuvre de Stevenson qui l’a précédé sur ces chemins. Un cheminement érudit et revigorant!
Qui n’a pas ressenti ce besoin, après le confinement, de prendre l’air, de sortir de son quotidien, de s’ouvrir au monde. La narratrice de ce court mais savoureux roman ne tergiverse pas. Nourrie des écrits de bon nombre de glorieux prédécesseurs, de Stevenson à Bouvier, elle prend le train pour Clermont-Ferrand. Depuis le cœur de l’Auvergne, elle entend marcher jusqu’en Provence en essayant d’éviter les routes asphaltées et les grands centres urbains.
À peine les premiers kilomètres parcourus, elle trouve la confirmation de son intuition: «La marche nous augmente intérieurement d’un espace qui fait que nous devenons plus grands que nous-mêmes. Quelque chose en nous s’ouvre et s’étire, en même temps que notre conscience se déploie. On s’enrichit d’une présence au monde, d’un regard plus large et plus précis, d’une empathie envers les autres. Tout autour de nous se met à exister.»
Au détour du chemin, elle va faire la connaissance d’un voyageur qui partage son état d’esprit. Marvejols a choisi de faire la route avec Luce, une ânesse. Comme le faisait Robert Louis Stevenson. L’occasion de lui raconter les circonstances qui ont mené le futur auteur de L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde et de L’île au trésor à parcourir les Cévennes. Ce qui va s’avérer un voyage initiatique a commencé par un besoin de fuir le carcan familial et de tenter d’oublier un chagrin d’amour. Avec son âne, qu’il maltraite tout au long de la route, il va cheminer dans une contrée inconnue pour lui et apprendre à observer et à noter, qualités qui lui seront très utiles quand il explorera la Californie et parcourra les mers du sud. Et si les voyageurs d’aujourd’hui se rendent très vite compte que la route prise par l’auteur écossais n’existe plus ou très partiellement et que RLS est d’abord un outil de marketing, ils ne peuvent s’empêcher de faire le parallèle avec leur voyage. À chaque fois qu’ils se retrouvent au détour du chemin Marvejols en redemande, avide de connaître toute l’histoire. Alors l’érudition de notre narratrice fait merveille, ajoutant bientôt un autre voyageur à son récit, John Muir. Car «tous deux furent contemporains et originaires de la côte est de l’Écosse. Ils ont reçu la même éducation presbytérienne: rigide, brutale, où l’instruction et la religion étaient centrales. (…) Ils auront, tous deux, la chance de découvrir des forêts et des grands espaces naturels non encore défoliés.»
Tout à la fois ode au voyage à pied et bréviaire de la lenteur, ce roman est aussi un guide pour observer la nature et la respecter. Au-delà de la performance, ces pas sur les chemins d’une autre France sont aussi un appel à s’émerveiller, à échanger Un rendez-vous avec le meilleur de ce sentiment à redécouvrir sans cesse, l’humanité.
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