Mikado d'enfance
  • Date de parution 22/08/2019
  • Nombre de pages 192
  • Poids de l’article 210 gr
  • ISBN-13 9791095360964
  • Editeur L ANTILOPE
  • Format 185 x 131 mm
  • Edition Grand format
enfance Romans français Biographies, Mémoires

Mikado d'enfance

3.63 / 5 (39 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Cher Gilles,Je viens d'apprendre qu'en 1975 vous avez dû quitter votre collège pour une affaire d'antisémitisme concernant un « vieux Juif ». Quelle surprise !Jacques''Quarante ans après les faits, le narrateur revient sur un épisode de son enfance : l'exclusion de son collège pour avoir adressé, avec deux camarades, une lettre antisémite à leur professeur d'anglais. Quelques années plus tard, il deviendra spécialiste de culture juive. Que s'est-il passé entre ces deux moments de son histoire ?Dans Mikado d'enfance, Gilles Rozier convoque les souvenirs refoulés d'un garçon aux yeux bleus en quête d'identité, soucieux de plaire et d'être aimé. Pour réparer l'enfant abîmé, il décortique malaises familiaux et conflits politiques des années 1970.

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  • Date de parution 22/08/2019
  • Nombre de pages 192
  • Poids de l’article 210 gr
  • ISBN-13 9791095360964
  • Editeur L ANTILOPE
  • Format 185 x 131 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Quarante ans après les faits, le narrateur revient sur un épisode traumatisant de son enfance : l’exclusion de son collège, pour avoir adressé, avec deux camarades, une lettre antisémite à son professeur d’anglais.

Quelques années plus tard, le narrateur, fils d’une mère juive et d’un père catholique, deviendra spécialiste de culture juive. Que s’est-il passé entre ces deux moments de son histoire ?

Le narrateur tente de décortiquer l’imbrication des conflits politiques des années 1970 et des malaises familiaux. Il retrouve cette question tragique que sa mère a posée devant le conseil de discipline : « Comment voulez-vous que mon fils soit antisémite alors que mon père est mort à Auschwitz ? »

Ma lecture

La mémoire est parfois sélective….. Certains événements sombrent et se rappellent à vous alors que vous les aviez intégrés, digérés, presque oubliés. En revenant dessus, vous comprenez que sous des abords anodins, ils sont fondateurs de ce que vous êtes devenu, de l’homme (ou la femme) que vous êtes, de vos choix de vie, d’orientation.

Lorsque un événement de son enfance remonte à la surface suite à un message électronique reçu interrogeant sur la véracité d’une participation à un acte antisémite de sa part, Gilles, l’auteur, se plonge dans ses souvenirs de collégien en classe de 5ème pour retracer l’impact de ce fait sur toute sa vie d’homme mais aussi sur son identité juive dont il n’avait peut-être pas totalement conscience à l’époque, lui qui est devenu par la suite professeur de yiddish et d’hébreu.

A travers cette narration, l’auteur se livre à un devoir de mémoire sur sa propre enfance, ce garçon surnommé « filliste » en raison de sa délicatesse, de ses goûts, de sa douceur et qui, pour s’associer à deux garçons de son âge dont il souhaite devenir l’ami, Vincent et Pierre, va fournir l’adresse d’un professeur Monsieur Guez à qui sera adressé une lettre antisémite.

Cette complicité va lui devoir une exclusion temporaire, une convocation de ses parents et une réaction de sa mère qui va le marquer à jamais et devenir finalement fondatrice de sa vie d’adulte :

Comment vous-vous que mon fils soit antisémite alors que mon père est mort à Auschwitz ? (p101)

L’auteur revient sur cet épisode en partant d’une photo de classe de l’année 1974-1975 pour resituer dans son contexte les événements. Peu à peu il tire sur le fil des souvenirs pour arriver à « lévénement » qui va lui permettre de découvrir un pan de son identité qu’il ignorait, le destin de sa famille maternelle, dont on parlait pas ou peu.

C’est avec simplicité, bienveillance et douceur que Gilles Rozier revient sur cette année finalement décisive, sur un acte provoqué par le désir de ne plus être le fils du directeur de « lusine » mais un enfant comme les autres, faire un coup d’éclat dont il ne connaissait pas la vraie teneur mais qui va lui révéler que sa famille a un passé douloureux intimement lié à l’antisémitisme.

C’est une lecture agréable, parsemée de références de l’époque, qui revient à la fois sur l’enfance de l’auteur mais aussi sur la deuxième guerre mondiale, les camps de concentration, l’identité juive à travers les décennies, dans un habile mélange d’humour, de tendresse mais aussi de gravité.

Nous sommes ce que nous sommes parfois par des événements de notre enfance, anodins ou pas, des non-dits parfois, des silences qui se révèlent comme des moments charnières et par leur émergence bien des années plus tard, nous réalisons qu’ils ont été finalement annonciateurs de ce que nous deviendrons et c’est ce que Gilles Rozier réussit parfaitement dans ce roman dans lequel il étale les pièces du jeu et en tire une ligne de vie.

Tous ces souvenirs et les sensations s’y rapportant forment un tas compact, un enchevêtrement d’aiguilles de mikado qui piquent quand on les touche, mais elles ont fini par provoquer la même douleur, quelle que soit leur couleur et le nombre de bagues censées introduire entre elles une hiérarchie. (p53)



«Vieux Juif, tu seras puni par le IIIe Reich»

Gilles aurait bien aimé dire qu’il n’y était pour rien, mais aujourd’hui, quarante ans après les faits, il revient sur ce courrier antisémite et nous livre un roman sensible et, sans doute, la clé de sa vocation.

Quatre enfants au milieu des années soixante-dix. De Gaulle est mort, la parenthèse Pompidou vient de s’achever et le nouveau président Valery Giscard d’Estaing entend moderniser sa fonction et la France «qui n’a pas de pétrole, mais des idées».

Nous sommes à Vizille, dans la «grise vallée de la Romanche», où la moitié de la population travaille à l’usine de Jarrie, propriété d’Ugine-Kuhlmann. C’est aussi le cas du père de Gilles, le narrateur, qui est ingénieur dans cette entreprise qui fabrique de la soude et du chlore, dont les émanations empestent l’atmosphère.

La famille s’est installée à sept kilomètres, à Champ-sur-Drac, dans la cité ouvrière. Sur la photo de classe de la cinquième 2 de l’année scolaire 1975-1975 du collège de Vizille, il est au premier rang. Derrière lui, Vincent et Pierre sont les deux seuls garçons «parmi une série de filles longues comme des tiges de marguerites». Il aimerait se rapprocher de ses camarades de classe, parce que son statut social, mais aussi le fait qu’il ait un an d’avance le marginalisent quelque peu. Sans oublier le fait qu’il préfère les poupées au rugby et faire de la pâtisserie avec son amie Pascale. Aussi quand l’occasion se présente d’aider Vincent et Pierre, il ne va pas hésiter. Ayant retrouvé les adresses des professeurs dans l’annuaire, il va transmettre celle de son prof d’anglais auxquels ils destinent ce message: «Vieux Juif, tu seras puni par le IIIe Reich». Bien que Gilles ne l’ait pas vu, il va se retrouver quelques jours plus tard en conseil de discipline et sera exclu du collège. Sanction traumatisante, notamment pour sa mère qui aura ce cri du cœur: «Comment voulez-vous que mon fils soit antisémite alors que mon père est mort à Auschwitz ?»

Gilles ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. Et quarante ans plus tard, il continue à s’interroger: «J’avais cheminé dans la vie, presque toujours avec la sensation que je n’étais pas maître de mon destin, comme si j’avais pris place à l’avant d’une locomotive et qu’à l’approche d’un aiguillage, j’ignorais si la machine emprunterait les rails de droite ou ceux de gauche. Et le chemin de fer n’avait cessé de proposer de nouveaux aiguillages, de sorte que quarante ans plus tard j’étais incapable de reconstituer le trajet, la suite de hasards, de rencontres, de fuites, d’injonctions, de tentatives d’échappement et de décisions qui m’avaient amené à vouer ma vie au yiddish, à l’hébreu, aux langues juives. Etait-ce vraiment lévénement qui avait tout déclenché, comme le coup de sifflet d’un chef de gare, me lançant dans cette course folle, cette vie étourdie?»

On serait tenté de répondre par l’affirmative et d’absoudre le garçon. Mais au-delà de «l’anecdote», ce qui donne la force à ce roman, c’est bien ce questionnement qui n’a jamais cessé et l’idée sous-jacente que celui qui trouve n’a pas vraiment cherché. Gilles Rozier continue donc de chercher et nous avec lui les fondements de cette culture juive et ceux de son identité. C’est à la fois pudique et profond. C’est une belle découverte de cette rentrée.

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