La Petite Fadette
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l’avis des lecteurs
Dans le pays, on l’appelait la petite Fadette, car elle avait la taille d’un farfadet et les pouvoirs d’une fée. Comme sa grand-mère, elle guérissait les hommes et les animaux. Landry, l’un des jumeaux de la ferme voisine, tombe amoureux d’elle. Mais l’amour d’une sorcière est mal vu dans cette famille, et il rend malade de jalousie Sylvinet, l’autre « besson. »
Après La mare au diable, et François le Champi, c’est le troisième roman champêtre de George Sand. Elle y exprime tout ce que la vie lui a appris. L’apparence des êtres ne compte pas, il faut percer l’écorce. La richesse des filles ne fait pas leur bonheur et l’amour est difficile à construire. Son désir inassouvi est là, aussi, d’un amour qui durerait toujours.
« La petite Fadette » illustre le grand dessein de George Sand : enseigner le respect de Dieu, de la nature, de la sagesse, de l’amour.
Je résume
1848 – Le couple Barbeau, parents de trois enfants ne manque de rien aussi pensent-ils (enfin surtout Madame) qu’un de plus ne serait pas de trop, car l’âge avance et les biens sont suffisants. Mais il n’en arrivera pas un mais deux : Landry et Sylvinet. Ici les jumeaux on les appelle des « bessons » et même s’ils sont identiques, l’un est légèrement plus grand, plus beau et fort que l’autre se révélant plus fragile physiquement et psychologiquement.
Lorsque Landry croisera à 14 ans la route du grelet, surnom donné à Fanchon, la petite Fadette, élevée avec son petit frère par sa grand-mère, une femme possédant des pouvoirs de guérison mais vivant dans une grande misère, son destin et sa relation à son jumeau vont être bouleversés. Celle qu’il prenait pour une diablesse sale et laide va prendre au fil des années un tout autre visage, devenir une jolie fille, intelligente et dotée d’une belle âme dont il va tomber éperdument amoureux au grand désarroi de son frère qui va se révéler jaloux de l’amour que porte Landry à celle-ci jusqu’à en tomber malade. Mais la Petite Fadette va faire preuve de patience, de volonté et se révéler non seulement guérisseuse mais également soigneuse d’âme.
Ma lecture
Presque toujours, il faut que l’un des deux périsse pour que l’autre se porte bien.
On connaît le goût de la Dame de Nohant pour la campagne et la vie champêtre mais également les histoires et légendes qui parcourent les lieux. Dès l’introduction l’auteure s’adresse à un ami en Septembre 1848 et déçue par la politique, préfère se replonger dans ses contes champêtres pour retrouver la foi en l’humain.
Mais les hommes ont empiré, et nous comme les autres. Les bons sont devenus faibles, les faibles poltrons, les poltrons lâches, les généraux téméraires, les septiques pervers, les égoïstes féroces (p5).
C’est dans ce contexte que George Sand écrit ce court roman, pour soigner ses blessures morales dans lequel elle met en scène une famille aisée où l’arrivée des bessons (qui par extension donneront leur nom à leur demeure : la Bessonnière) va apporter bonheur mais également tourments quand ceux-ci, élevés à l’identique, partageant tout jusqu’à leur lit, vont devenir des jeunes gens dont les caractéristiques quelles soient physiques ou morales, vont différer. L’un, Landry, est fort, aimable, calme et raisonnable, l’autre se révèlera plus tourmenté, jaloux, ne voulant être que l’être unique et aimé de son frère.
Il a une surabondance d’amitié dans le cœur, et, pour l’avoir toujours portée sur son besson, il a oublié quasiment son sexe, et en cela, il a manqué à la loi du bon Dieu, qui veut que l’homme chérisse une femme plus que père et mère, plus que frères et sœurs. (p129)
George Sand fait de son héroïne, la petite Fadette, celle qui va provoquer la scission entre les jumeaux, révélant leurs véritables personnalités, les accentuer et apporter le trouble dans la famille de ceux-ci. Mais sous les haillons et la crasse (ne jamais se fier aux apparences) une « belle personne » apparaît, aussi belle et parfaite que Landry peut l’être. Ils étaient faits pour se rencontrer et s’aimer. Mais c’est sans compter sur les rumeurs du village et les symptômes que développe Sylvinet quand il comprend que la jeune fille risque de lui ôter ce qu’il avait de plus cher : l’amour de son besson…..
Mais le don de nature n’est point une fable, puisque la petite Fadette l’avait, et qu’avec si peu de leçons raisonnables que sa grand’mère lui avait données, elle découvrait et devinait, comme qui invente, les vertus que le bon Dieu a mises dans certaines herbes et dans certaines manières de les employer. Elle n’était point sorcière pour cela, elle avait raison de s’en défendre ; mais elle avait l’esprit qui observe, qui fait des comparaisons, des remarques, des essais, et cela c’est un don de la nature, on ne peut pas le nier. (p109)
Installez-vous au coin du feu et écoutez George Sand évoquer à travers cette histoire non seulement un conte d’amour mais également l’histoire d’une famille, les Barbeau, qui n’a pas voulu écouter les mises en garde de la sage-femme, ayant une longue expérience et le bon sens, recommandations que la mère, sûre de son amour maternel, s’est empressée de passer outre :
Enfin, par tous les moyens que vous pourrez imaginer, empêchez-les de se confondre l’un avec l’autre et de s’accoutumer à ne pas se passer l’un de l’autre. Ce je vous dis là, j’ai grand’peur que vous le mettiez dans l’oreille du chat ; mais si vous ne le faites pas, vous vous en repentirez grandement un jour. (p16)
C’est un roman sur les sentiments : amour, jalousie mais également les différentes catégories sociales d’un village avec ceux qui ont réussi et ont du bien, les arrangements entre eux pour des mariages prospères (l’intérêt n’est jamais bien loin) et la mise à l’écart de ceux qui ne possèdent rien, dont on fait pourtant usage pour leurs capacités à soigner, mais qu’une réputation de sorcellerie colle à la peau.
Ici la Fadette est finalement le plus beau personnage : c’est celui de l’intelligence, de la patience et de l’amour inconditionnel. Elle offre presque un visage de sainte, priant pour le repos des âmes disparues, se dévouant à Dieu et non au Diable, n’hésitant pas à aider son prochain sans rien en attendre en retour. George Sand en fait une héroïne dotée de toutes les qualités : patience, abnégation, bon sens etc….
Sylvinet est l’élément perturbateur, celui qui empêche l’amour d’exister car seul l’amour attendu de son frère lui importe, tombant dans les fièvres dès que le rapprochement entre les amoureux devient évident, sa mère cédant à tous ses agissements de crainte de le perdre.
On retrouve le parler et les traditions rurales, les croyances et superstitions dans ce joli roman fort agréable à lire et offrant un déroulé avec quelques rebondissements et révélations qui permettent de tenir l’attention et une sorte d’attente du dénouement. George Sand y glisse quelques références et ressentiments sur l’époque révolutionnaire et les événements qui se déroulent à Paris ainsi que son regard sur la souffrance d’un peuple qui perd espoir.
Certes il y a de la morale, la femme est, à travers la petite Fadette, reconnue comme la plus sensée et celle qui trouve les remèdes au mal dont souffre Sylvinet (merci Madame), fait preuve plus de psychologie que de remèdes d’ailleurs, pour y parvenir. Il y a un petit côté désuet par le langage mais également l’omniprésence de la religion mais j’ai eu plaisir à passer quelques moments au coin du feu à écouter une de nos grandes dames de la littérature française mettre dans les plateaux de la balance un amour filial dangereux et un sentiment amoureux pur et loyal. J’y ai retrouvé le même plaisir que lors de la lecture du roman d’Alain Fournier, Le grand Meaulnes, mais sans le côté mystérieux régnant dans ce dernier.
J’ai beaucoup aimé parce que c’était la lecture idéale pour la saison et par rapport à mon lieu de lecture, au milieu de la nature, avec la nostalgie de ces histoires que l’on se transmettait dans les familles de génération en génération et qui comportait malgré tout une idée, un message….
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