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Avant que les souvenirs ne disparaissent
Hélène Gaudy raconte la quête qu’elle a menée pour retrouver la vie de son père. En déambulant dans son atelier de peintre, en faisant parler les objets, en allant à la chasse aux souvenirs. Un hommage émouvant, une leçon d’écriture.
L’image est parlante. La mémoire du père de la narratrice est comme l’île qui porte son nom, au sud de la Louisiane. Elle s’enfonce doucement, jour après jour, et va bientôt disparaître. Comme on a renoncé « à construire les digues qui auraient pu la protéger », l’Isle de Jean-Charles est en train de sombrer. Alors, il y a urgence à sauver tout ce qui peut encore l’être.
« Mon père m’a toujours dit qu’il n’avait pas de souvenirs d’enfance. On n’a pas de souvenir de ce qui dure en soi, de ce qu’aucune digue n’arrête. De ses premières années, et même de sa jeunesse, ne lui restent que des images flottantes, comme s’il s’était construit sur du sable, sur un sol inondé et spongieux, et je le vois – son corps compact, petit mais tellement dense, et le poids de sa main comme du plomb dans la mienne – planté droit dans un sol qui sans cesse se dérobe ».
Pour sa fille, il va falloir partir comme une exploratrice vers ce père artiste peintre amnésique. Tenter de rassembler les souvenirs, les lieux – « lui qui aime tant les paysages ne m’a rien dit ou presque de ceux qu’il a habités » –, les impressions et la « multitude de branches singulières » qui le constituent. Un voyage fait d’incertitudes et de doutes, un voyage incertain.
« Je me demande si mon père et moi nous sommes vraiment découverts. Si nous ne nous sommes pas reposés sur la certitude tranquille que nos vies finiraient par se rencontrer. »
C’est dans l’atelier de l’artiste, aujourd’hui déserté, que sont rassemblés œuvres et objets qui ont accompagné, façonné, construit sa vie. Et qu’il a précieusement gardé.
C’est aussi là que les documents et les photos témoignent d’une existence commencée en 1938 – mon père est tout petit au début de la guerre. La guerre est le commencement de sa vie – et qui défile entourée de ses parents, eux aussi acteurs de cette chronique, car ce sont eux qui l’éduquent, lui inculquent des valeurs.
L’homme qui se construit au fil des ans va toutefois conserver quelque chose de son âme d’enfant. Il restera volontiers joueur, inventant le nom de la petite ville où il habite, Muzainville, afin de pouvoir en écrire l’histoire avant de s’en émanciper. Puis viendront les premières amours et l’épisode traumatique de la Guerre d’Algérie qui va laisser des traces que n’effaceront pas tous les voyages qui suivront, ni l’œuvre picturale. Impossible dès lors de faire le tri entre la sentinelle et l’anarchiste, l’archiviste et l’activiste. « Que reste-t-il aux enfants de ces histoires à peine vécues par leurs parents, de cette électricité qui le parcourt, le soir, quand il est seul, et ne trouve au matin aucun corps conducteur. »
Hélène Gaudy s’interroge et nous interroge. Mais elle sait aussi combien le fait de rassembler les faits et les histoires permet de donner un sens à cette vie qui s’en va. Un hommage magnifié par une plume étincelante et de superbes images. Alors le travail de l’auteure prend tout son sens.
« Écrire c’est prendre la main sur ce travail de tri, choisir de quoi notre mémoire sera faite, Je veux mon père dedans. Je veux tout garder. Mais lui, il écrit ailleurs, à côté. »
« Il ne dit pas grand-chose mais il sait dire : Regarde. »
C’est avec une plume délicate et tendre, voire poétique qu’Hélène Gaudy évoque son père, sa mère et ceux qui ont vécu avant eux. En voulant mieux connaître son papa, elle a, par ricochet, porté son attention sur d’autres membres de la famille, dénouant quelques secrets, s’imprégnant d’éléments mal connus du passé.
Quand ceux que nous avons aimés nous quittent ou commencent à perdre pied, on ressent souvent le besoin de retrouver nos racines, de les « consolider » en comprenant tout ce qui a « construit » le noyau familial.
Alors, nous accompagnons cette femme dans sa quête. Des poèmes (limpides où chaque mot a sa juste place mais dont le cœur reste insaisissable), des carnets (lui faire lire les mots écrits et voir s’ils changent de couleur au contact de sa mémoire), des collections, des photographies, des souvenirs de vacances, de paysages, de moments particuliers ou pas, des conversations …. Tout ceci est entassé, exploré, dans le désordre, ce qui fait que sa pensée va et vient, se répète parfois. Elle cherche, fait des hypothèses ou des déductions, revient à un premier ressenti, en partage un autre. On est vraiment au cœur de son esprit, absorbant chaque émotion pour qu’elle résonne ou pas en nous.
Parfois, elle s’arrête, elle hésite….
« Je n’ai pas réussi à lire toutes leurs lettres. L’écriture, l’attention, avaient dénoué l’écheveau, rapproché ce qui pouvait l’être, mais là, c’est comme s’il retournait à sa place, réintégrait son rôle. »
Finalement, est-on obligé de tout savoir ? Ceux qui nous ont précédés n’ont-ils pas droit à une part de mystère, de silence ? Hélène Gaudy nous rappelle que le processus de mémoire n’est pas le même pour tous, que décide-t-on de garder gravé en nous ? En choisissant de lancer ces investigations, elle va à la rencontre des siens mais également d’elle-même.
On adhère ou pas à ce style de livre car le contenu relève de l’intime. En ce qui me concerne, j’ai été conquise par le phrasé. L’écriture de l’auteur tisse les mots comme une dentelle, c’est léger, fin, agréable à lire.
"Dans ce voyage intime, la narratrice part sur les traces de son père. À l’arrivée un magnifique et passionnant jeu de pistes.
Si les paysages traversés peuvent définir un itinéraire personnel, alors celui de son père serait une île, repérable mais isolée et secrète. De ses voyages lointains, il ne confie rien, et depuis qu’il y a renoncé, il erre entre souvenirs et refus : enseignant dans une école d’art, désormais à la retraite, à la fois « sentinelle », « anarchiste », « archiviste » ou « activiste », il n’a pas de portable ni de carte Bleue, mais dans son atelier d’artiste, où parfois elle entre à pas de louve, des cathédrales de papiers, des tableaux qu’il a peints mais n’a pas cherché à vendre, d’innombrables bocaux remplis de sables de toutes provenances.
Des piles de tout et de rien, masques africains, coquillages, poèmes mystérieux, éditions originales… formant des falaises entre lesquelles il faut avancer prudemment."
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