À ce point de folie
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Je me suis d'abord demandé dans quoi je m'étais engagée... j'évite généralement les services de presse et autres propositions éditoriales (je ne suis d'ailleurs quasiment jamais sollicitée), par paresse et par principe (celui de rester entièrement maître du choix de ses lectures), mais la suggestion de Babelio, après une rapide recherche sur internet concernant l'auteur, m'a pour une fois tentée.
Et j'étais curieuse, oui, d'en savoir plus sur ce fameux radeau immortalisé par Géricault, et dont l'auteur s'est inspiré pour écrire son récit.
Le colis m'attendait à mon retour de vacances et en bonne élève, je m'y suis immédiatement attaquée... et au bout de quelques pages, rebutée par son ton, j'ai douté de parvenir au bout de ce roman. Comment vous dire... je trouvais que le récit manquait de naturel, et donc de crédibilité, en raison du positionnement qu'adopte l'auteur, consistant à se placer en narrateur des faits, qu'il commente en faisant appel à des références contemporaines qui me paraissaient déplacées dans ce contexte du début du XVIIIème siècle. Ainsi, tel personnage y est comparé à Schwarzenegger, tel autre à Lino Ventura, "L'été indien" de Joe Dassin évoqué pour décrire les conditions météorologiques... Par ailleurs, ces premières pages pâtissent d'une dimension démonstrative qui amoindrissent encore leur véracité. Les héros sont dépeints de manière caricaturale, l'auteur les affublant de caractéristiques qu'il répète à l'envi... pour résumer, j'avais le sentiment de voir le romancier et ses ficelles à travers l'intrigue et les protagonistes, qui en perdaient tout intérêt. Un peu comme si je suivais une visite guidée avec un accompagnateur que je n'arrivais pas à prendre au sérieux...
Et puis... je ne sais pas à quel moment la bascule a opéré, mais j'ai réalisé ne plus pouvoir lâcher ce satané ouvrage ! Est-ce au moment où j'ai réalisé que les "défauts" énumérés ci-dessus étaient en réalité un parti pris assumé de l'auteur, une volonté de sa part de créer une sorte de texte hybride, en instillant un humour décalé à un propos sérieux, et "vrai" ? Est-ce quand je me suis finalement dit que oui, ça fonctionnait, et que cela ne m'empêchait pas de me passionner pour cette sordide histoire ?
Après ma lecture, j'ai consulté sur internet les détails de cet épisode, et j'ai constaté que Franzobel avait été fidèle aux faits. Son apport, en tant qu'écrivain, est de donner corps à ses protagonistes -puisque finalement, en les dotant de sa vision d'homme d'aujourd'hui, il nous les rend plus proches-, mais aussi d'instiller avec habileté une tension croissante à son récit... certes, les événements s'y prêtent, mais dépeindre l'horreur ne suffit pas : son interprétation de la manière dont les individus les vivent, leur basculement dans la folie et dans la barbarie, le reniement de ce qui faisait d'eux des êtres civilisés, est exprimé avec force et justesse.
Et pour le coup, on ne s'interroge guère alors sur la crédibilité de la mesquinerie, la lâcheté, la brutalité qu'il met en exergue. Car ce drame à l'occasion duquel se rejouent les antagonismes politiques et les injustices sociales marquant la France de cette Seconde Restauration, révèle surtout la propension de l'individu à occulter toute solidarité, tout respect d'autrui et de soi-même, dès lors qu'il s'agit de sauver sa peau.
Sur la Méduse, repris de justice et mercenaires composant le petit équipage côtoient le futur gouverneur de Port-Louis (l'expédition a pour but de reprendre ce comptoir aux anglais) et sa magnifique fille, les passagers comptant par ailleurs, entre autres, un missionnaire pas si catholique, une poignée de scientifiques, un juif paranoïaque -peut-être à raison-, un perroquet prénommé William Shakespeare, un capitaine incompétent et sous la coupe d'un escroc dont la mauvaise foi n'a d'égal que l'optimisme, quelques officiers droits dans leurs bottes... Et l'auteur anime cette picaresque galerie de personnages qui prend parfois des allures de Cour des Miracles en forçant volontairement le trait sur la paillardise des uns, la cruauté des autres, à renfort d'images et d'anecdotes souvent terribles qu'il parvient pourtant à rendre truculentes. Il en résulte un récit très vivant, avec, à travers cette capacité qu'a Franzobel à s'approprier ce fait divers historique pour lui imprimer la singularité de son ton outrancier, un je ne sais quoi d'irrévérencieux, et de profondément réjouissant.
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