Le Noeud de vipères
  • Date de parution 16/01/1973
  • Nombre de pages 192
  • Poids de l’article 144 gr
  • ISBN-13 9782253002871
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Ouvrage de référence de l'auteur famille Romans français

Le Noeud de vipères

3.98 / 5 (1628 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Non, ce n'était pas l'argent que cet avare chérissait, ce n'était pas de vengeance que ce furieux avait faim. L'objet véritable de son amour, vous le connaîtrez si vous avez la force et le courage d'entendre cet homme jusqu'au dernier aveu que la mort interrompt...

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  • Date de parution 16/01/1973
  • Nombre de pages 192
  • Poids de l’article 144 gr
  • ISBN-13 9782253002871
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Reclus dans une chambre de son domaine girondin de Calèse, Louis, malade, attendant la mort, écrit une lettre à l’attention de son épouse Isa. Son ton sarcastique et méprisant témoigne d’un ressentiment longuement ruminé. Il prétend pourtant avoir survécu à la haine que lui inspiraient sa femme et ses enfants, qu’il n’a finalement pas dépouillés de tout, comme il en avait initialement le projet, car sa hargne s’étend aussi à sa descendance -enfants, gendres, brus et petits-enfants-, dont il fustige la stupidité et la vénalité. Seulement il éprouve un pressant besoin de s’exprimer sans être interrompu, pour enfin dire qui il est, lui qui s’est toujours senti seul et incompris face aux membres d’un clan familial qui le déteste tout en le ménageant parce que "c'est lui qui détient la bourse". Il les sent d’ailleurs rôder, attendant sa fin, avides de récupérer sa fortune.

La lettre devient journal. Louis revient sur quarante-cinq ans de vie commune - "ère du grand silence"- avec lucidité, prétend-il, évoquant les sentiments et les réactions de sa femme comme s’il la connaissait par cœur. Il exprime surtout beaucoup de rancœur, notamment lorsqu’il évoque les étapes qui ont généré puis nourri sa détestation, à partir de cet aveu, alors que le jeune couple n’était pas encore marié, d’un amour contrarié qu’avait connu Isa avant lui, et dont il s’est persuadé qu’elle n’avait cessé de le regretter. Il y eut ensuite la transformation de sa femme par la maternité en une mère entièrement dévouée à ses enfants. L’existence se cala alors sur le rythme des gestations et des accouchements, autant de prétextes pour Louis, jaloux de la passion suscitée chez Isa par sa progéniture, à s’éloigner de son épouse pour mener sur Bordeaux, où il menait sa carrière d’avocat, une vie secrète de débauche.

Il n’est guère plus tendre avec lui-même. Revenant sur ses jeunes années, il se décrit comme un adolescent morne et susceptible, dépourvu d’élégance et de fraîcheur, glaçant les gens par son seul aspect, que son manque d’assurance rendait odieux et maladroit. En se retrouvant du côté des possédants, ce petit-fils de berger a gardé rancune aux fils de bonne famille élevés chez les jésuites d’une aisance et de bonnes manières dont il était dépourvu, le faisant crever d’envie. Sa revanche s’est exprimée dans une passion compensatrice pour la terre et l’argent, et dans son mariage, quasi inimaginable, avec une demoiselle de la bourgeoisie bordelaise. Les complexes nourris par son extraction modeste l’ont par ailleurs rendu maître dans l’art de détruire tout sentiment, d’étouffer tout désir du cœur, tant il était persuadé qu’ils ne sauraient être comblés. Au crépuscule de sa vie, persuadé de n’avoir suscité aucun amour si ce n’est chez des proches prématurément disparus, il ne voit derrière les marques d’attention des autres que l’intérêt et la cupidité, n’imagine aucune sincérité possible, s’enfermant ainsi dans un cercle vicieux, sa méfiance et sa sécheresse incitant les siens à le redouter et le fuir.

Il dresse ainsi le bilan d’une vie marquée par la solitude et le ressentiment, par la perte des seuls êtres pour lesquels il éprouva quelque sincère affection, ainsi que par une farouche haine antireligieuse, qui fut la source des plus grandes batailles l’opposant à sa femme, très pieuse, qu’il mettait dès que possible face à ses contradictions. Ce qui ne l’a pas empêché de céder bien souvent, face à Isa, dans ce domaine -leurs enfants ayant fréquenté des écoles catholiques. Des concessions motivées par son appât du gain : Louis ne voulait pas risquer de perdre les titres détenus par Isa. Il s’inclut ainsi dans le portrait qu’il dresse d’une petite bourgeoisie dont il a adopté l’hypocrisie et la cupidité en affichant face au monde l’illusoire façade de son couple.

Est-ce le fait de coucher sur le papier cette amère et triste confession ? Toujours- est-il qu’arrive un moment ou l’implacable dureté de Louis semble s’infléchir, où le venin distillé dans ce "nœud de vipères" qu’est son cœur semble se diluer. Il évoque alors le fantasme d’une possible réconciliation, s’attendrit face au spectacle d’une Isa fatiguée par la pression qu’exerce sur elle l’avidité de leurs enfants… Se serait-il fourvoyé, passant à côté des plaisirs de la vie au nom d’une haine vaine, bâtie sur des certitudes erronées, niant la complexité des autres tout en leur reprochant de ne pas reconnaître la sienne, n’interprétant leurs gestes et leurs paroles que dans le but inconscient d’alimenter ses griefs et ses rancunes ?

C’est alors que survient un événement inattendu, qui vient bouleverser tous les plans de Louis…

J’ai lu une première fois "Le nœud de vipères" il y a trente ans, et n’en avais gardé que le vague souvenir d’une longue et féroce harangue. Cette relecture fut un plaisir, celui de redécouvrir l’habileté avec laquelle François Mauriac nuance, très progressivement, le propos de son narrateur, et de renouer avec une prose sans doute un peu désuète, mais qui cadre parfaitement avec le contexte du récit. Et puis, ayant visité à l'occasion des dernières Journées du Patrimoine le Domaine de Malagar que possédait François Mauriac dans la région bordelaise, et dont il s'est inspiré comme décor de son intrigue, j'ai énormément apprécié de retrouver dans le roman les descriptions subtilement lyriques et du coup familières des vignobles plombés par la chaude torpeur d'août ou des silences nocturnes d'une plaine éclairée par la lune (j'ai aussi assisté à la nuit de la lecture organisée sur le Domaine, au cours de laquelle des célébrités -en 2022 les comédiens Charles Berling et Dominique Reymond- viennent lire des textes)...


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