L'inconnu de la poste
  • Date de parution 04/03/2022
  • Nombre de pages 240
  • Poids de l’article 139 gr
  • ISBN-13 9782757876237
  • Editeur POINTS
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
France Romans policiers Biographies, Mémoires Faits de société

L'inconnu de la poste

3.83 / 5 (1745 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Ce livre est l'histoire d'un crime. Celui de Catherine Burgod, tuée de vingt-huit coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait à Montréal-la-Cluse, un village de montagne.Il a fallu sept ans à Florence Aubenas pour en reconstituer tous les épisodes – tous, sauf un. Le résultat est saisissant. Au-delà du fait divers et de l'enquête policière, L'Inconnu de la poste est le portrait d'une France que l'on aurait tort de dire ordinaire. Car si le hasard semble gouverner la vie des protagonistes de ce récit, Florence Aubenas offre à chacun d'entre eux la dignité d'un destin.Édition adaptée facile à lire : malvoyance ; fatigue visuelle ; troubles de l’apprentissage ; troubles cognitifs ; troubles DYS ; dyslexie ; dysgraphie ; TDA/H ; alphabétisation, FLE."

livré en 5 jours

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  • Date de parution 04/03/2022
  • Nombre de pages 240
  • Poids de l’article 139 gr
  • ISBN-13 9782757876237
  • Editeur POINTS
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

J’ai englouti "L’inconnu de la poste" en deux jours en prévision de la rencontre avec Florence Aubenas, marraine de l’édition 2022 du salon LIRENPOCHE, à laquelle j’avais la ferme intention d’assister (même s’il m’a pour cela fallu réserver ma place en subissant le précédent entretien dont les invitées étaient Mélissa Da Costa et Virginie Grimaldi, ce qui vous donne une idée des sacrifices que j’étais prête à faire). Est-ce le fait de l’avoir ainsi lu trop vite, qui m’a laissé le sentiment d’un léger manque de consistance ? Est-ce parce qu’inconsciemment, au vu de la démarche, je n’ai pu m’empêcher de comparer -à son désavantage- "L’inconnu de la poste" à ce qu’un Philippe Jaenada peut construire à partir d’un fait divers ?

Florence Aubenas s’y intéresse à Gérald Thomassin et à son triste destin, qu’on aurait eu du mal à trouver crédible s’il avait été un personnage de fiction. Enfant de la DDASS, il est repéré par le réalisateur Jacques Doillon pour jouer dans le film "Le petit criminel", qui lui vaudra en 1991 le César du meilleur espoir masculin. Le début d’une nouvelle vie de faste et de confort pour ce jeune voué à une exigence de galères et d’instabilité ? Pas vraiment. Car si Thomassin continue de travailler pour le cinéma ou la télévision (il compte une quinzaine de films et cinq téléfilms à son actif), il ne modifie en rien son mode de vie et son comportement. Il a la réputation de se volatiliser dès qu’un tournage est terminé, devenant alors impossible à joindre. Il a toujours gardé un pied dans la rue, il ne sait pas vivre autrement. A la fois acteur et SDF, c’est un garçon aussi charismatique qu’inconséquent, bruyant et emporté, mais pas violent, selon les témoignages de ceux qui l’ont côtoyé. C’est surtout quelqu’un qui a un grand besoin d’affection, et qui pompe beaucoup d’énergie à ceux qui l’entourent.

En 2008, il vit depuis deux ans à Montréal-la-Cluse, bourgade du haut-Bugey (dans l’Ain), dans un appartement en sous-sol qu’il appelle "la Grotte". C’est alors "un beau gars un peu défait" qui a récemment fait plusieurs séjours en psychiatrie, notamment suite à des tentatives de suicide. Il se dit toutefois content de vivre au calme, et dans un confort relatif par rapport à ce qu’il a connu. Il traine souvent avec ses copains Tintin et Rambouille (ils se surnomment eux-mêmes les Dalton), à boire des bières et se défoncer, Thomassin abreuvant par ailleurs ses camarades d’anecdotes du monde du cinéma qui suscitent autant leur admiration que leur jalousie.

Cette année-là, Catherine Burgod est assassinée dans la petite poste -dont elle était la seule employée- située juste en face de l’immeuble où vit Thomassin. La scène de crime traduit autant de déchaînement que de sang-froid : on compte sur le corps de la victime vingt-huit coups de couteau, mais une quasi-absence de traces de violence autour du cadavre. La première conclusion qui s’impose est que l’assassin est forcément du coin, informé des horaires de la petite poste, et du fait que Catherine y travaillait seule. Elle était enceinte de son nouveau compagnon, et en cours de séparation d’avec son mari, avec lequel elle avait deux petites filles. C’est d’abord sur son ex-époux que se portent les soupçons. Ce premier suspect disculpé, Gérald Thomassin fait figure de coupable idéal. Thomassin, c’est celui qui n’est pas d’ici, qui gêne et inquiète avec sa "tchatche de parisien" et sa manie d’écouter de la musique forte, sa façon de se promener dans la rue avec une canette à la main. Et puis c’est un acteur, alors forcément, il sait mentir… 

C’est une Florence Aubenas intriguée qui enquête sur les lieux du crime : que vient faire Thomassin dans cette affaire ? Son intérêt dépasse toutefois très vite l’implication de l’acteur dans ce drame. Elle qui porte une attention naturelle à l’autre, qui s’intéresse, comme elle dit, "à la vraie vie", porte son regard au-delà du crime, sur son environnement, ses acteurs, et en ausculte les répercussions. Le bourg de Montréal-la-Cluse en devient presque lui-même un personnage de l’histoire, symbole de ces petites villes tranquilles où tout le monde se connaît, qui survivent cahin-caha à leur déclin économique, mais que l’on quitte difficilement. Le crime survient au moment de la crise de 2008. Ancienne commune rurale (elle a d’ailleurs en partie gardé son "jus de campagne") devenue bourg ouvrier grâce à l’industrie du plastique, Montréal-la-Cluse la subit de plein fouet : pour beaucoup de familles, les fêtes de Noël seront assombries par le chômage technique. Même la "grande ville" voisine, Nantua, de l’autre côté du lac qui porte son nom, n’est plus qu’une sous-préfecture sans sous-préfet, dont les services publics ont été compressés ou délocalisés. Sa gendarmerie (dont l’auteure aura l’occasion de côtoyer régulièrement les agents, se prenant d’une sympathie particulière pour l’un d’eux) n’est pas de celles auxquelles on postule : on y est nommé.

Florence Aubenas replace les protagonistes de l’affaire dans ce cadre : la victime, belle femme coquette, choyée par son notable de père, dont l’élégance et le caractère avenant dissimulaient un mal-être révélé par plusieurs tentatives de suicide ; le père donc, dévasté par la perte de sa fille unique ; les copains de Thomassin, tristes vies auxquelles la drogue a mis un coup d’arrêt (Montréal-la-Cluse est sur la route Lyon – Suisse d’un du trafic dont Montréal-la-Cluse récolte des miettes, comptant davantage de toxicos que de dealers). Elle sonde, observe, questionne, reconstitue la vie du village à coups d’anecdotes et de digressions, rapporte la déflagration qu’a représenté le crime pour la bourgade. C’est "notre 11 Septembre à nous", disent ses habitants ; chacun se souvient de ce qu’il faisait quand il a appris la nouvelle. Elle traduit ainsi le "climat obsédant du crime", mais aussi la dévastation qu’induit une instruction judiciaire dans la vie, mise à nu, des suspects et de leurs proches. 

J’ai trouvé tout cet aspect du récit plutôt réussi : la façon dont l’auteure décrit les lieux, les existences et les interactions de ceux qui y vivent, a souvent nourri mon imagination. Et pourtant, comme évoqué au début de ce billet, il m’a manqué un je-ne-sais-quoi, plus de "chair" je crois, pour que j’en garde une réelle empreinte. Je pense que cela tient à l’approche quasi-clinique avec laquelle elle traite le point a priori central de son histoire : Gérald Thomassin. Le probable souci d’objectivité qui préside à cette approche a pour résultat de le désincarner, et de l’occulter, presque, au profit du contexte, ne laissant de lui qu’une image insaisissable. 

Sinon, assister à la rencontre avec Florence Aubenas, qui a répondu aux questions de la médiatrice avec simplicité, humour et précision, a été un immense plaisir !


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