
Cycle Tokyo Tome 1 Tokyo année zéro
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Ceci n'est pas un livre, mais une litanie qui se déroule à l'ombre d'une cité à l'agonie. Après avoir déversé sa plume malsaine dans la région de son Yorkshire natal, David Peace a quitté la Grande Bretagne pour trouver refuge au Japon où il a désormais entamé une trilogie décrivant les affres d'un pays alors à l'aube de sa renaissance. Tokyo Année Zéro débute au moment où l'Empereur annonce à la radio, la capitulation de son pays. Année Zéro où les bourreaux d'hier deviennent les victimes des Vainqueurs. Année zéro où un peuple déshonoré tente de survivre dans une cité dévastée. Les marchés sont en main des mafias locales. La police fonctionne au ralenti, victime des remaniements et des purges imposées par les Vainqueurs et les femmes vendent leurs charmes dans les parcs en friche. Deux d'entre elles sont découvertes dans les jardins désolés d'un temple de Tokyo. Même modus operandi, l'inspecteur Minami va donc enquêter sur un tueur en série qui sévit depuis plusieurs années. Basé sur un fait divers réel, David Peace ne s'attarde pas vraiment sur ces crimes en série mais s'attache à nous décrire une société en pleine décomposition où personne n'est ce qu'il prétend être. L'humiliation de la défaite, la folie d'une guerre sanglante, nous suivons les traces d'un policier possédé par les images d'un passé dont il ne peut se défaire. Nous suivons ses errances dans une ville faite de décombres et de charniers où la population tente de survivre comme elle le peut.
Dans ce roman nous découvrons plusieurs voix d'un seul et même personnage ce qui donne au récit un côté schizophrénique en lien avec le contexte chaotique des décors dans lequel il se déroule. Comme dans la quadrilogie du Yorkshire, les phrases sont courtes, répétitives comme s'il s'agissait d'une espèce de procès verbal dévoyé. Une lecture peu aisée, qui se mérite, voici comment l'on peut décrire le premier opus de cette trilogie japonaise. Le style de David Peace à cette particularité du radicalisme le plus absolu pour les lecteurs : On aime ou on déteste avec le mérite de ne laisser personne indifférent. Comme pour ses romans précédents, l'histoire se base sur un tueur en série ayant réellement existé pour mettre en relief, l'horreur d'une société laminée par la défaite qui peine à se relever et va entamer un long chemin de résilience.
Avec ce premier opus, David Peace a su se dégager de son univers sordide du Yorkshire pour nous entrainer dans un voyage au cœur de la folie d'un pays meurtri par la défaite. Un texte rythmé fait d'onomatopées pour nous faire ressentir la crasse, les démangeaisons, la chaleur et la vermine qui ont envahi une cité à l'agonie. Serez-vous du voyage ?
Ce n'est pas un nouveau départ qu'évoque David Peace en se référant à "l'année zéro". Le zéro est ici davantage synonyme d'anéantissement, de néant, d'absence totale d'espoir. Ce qui n'est pas vraiment étonnant, me direz-vous : l'auteur de la tétralogie du Yorkshire n'a pas habitué ses lecteurs à faire dans l'optimisme.
Et "Tokyo année zéro" porte bien son empreinte : on y plonge dans un gouffre de noirceur, maintenu en apnée par un rythme saccadé, obsédant, en compagnie d'un narrateur tourmenté par ses démons, dont les zones d'ombre font que l'on a le sentiment de ne jamais vraiment le connaître, et suscitent une sorte d'aversion qui nous retient de vouloir le comprendre.
L'inspecteur Minami, flic véreux et drogué, enquête sur des meurtres de jeunes femmes qui comportent de troublantes similitudes. A sa suite, nous errons dans un décor post apocalyptique, ravagé par les bombardements, accablé par la chaleur moite et torride du mois d'août 1946, où la mort semble omniprésente. Les odeurs d'excréments humains prédominent, les corps sont rongés par la saleté et la vermine, tenaillés par la faim. Le style elliptique, lancinant de l'auteur, les leitmotiv exprimant les pensées torturées du héros, nous imprègnent de cet environnement cauchemardesque.
Le peuple japonais n'est plus qu'un peuple vaincu, plombé par l'humiliation d'une défaite qui hante les esprits, et que rappelle sans cesse la présence d'un occupant américain triomphant et malotru. Les gangs ont la mainmise sur la ville, rivalités et coups bas règnent au sein d'une police gangrénée par la corruption.
Comme souvent dans les romans de David Peace, l'intrigue policière semble être un prétexte pour alimenter le caractère glauque de son récit, et démontrer l'étendue de la barbarie humaine, qui s'exprime aussi bien au travers de démonstrations de violence collective que d'actes individuels.
Un texte âpre, éprouvant (mais que voulez-vous, j'aime ça !), auquel je ferai tout de même un reproche... j'ai trouvé en effet que l'auteur versait parfois dans la caricature, notamment dans sa manière de rendre compte de la culture japonaise. Il utilise pour ce faire des coutumes anecdotiques, des sortes d'images d’Épinal, qu'il place ici et là dans son récit, avec pour résultat un manque de profondeur et de subtilité.
Mais cela ne m'empêchera pas de poursuivre ma découverte de sa trilogie tokyoïte (d'autant plus que le second volet en est, paraît-il, excellent) !
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