L'échiquier du mal  Tome L'échiquier du mal - Intégrale

Ils ont le talent. Ils ont la capacité de pénétrer mentalement dans notre esprit pour nous transformer en marionnettes au service de leurs perversions et de leur appétit de pouvoir. Ils tirent les ficelles de l’Histoire. Sans eux le nazisme n’aurait peut-être pas été cette monstruosité dont nous avons du mal à nous remettre, Lee Harvey Osvarald n’aurait peut-être pas été abattu par jack Ruby, John Lennon n’aurait pas été assassiné devant chez lui, les fanatismes de tous ordres ne se réveilleraient pas de façon aussi systématique et nombre de flambées de violence, tueries, accidents inexpliqués, n’auraient peut-être pas ensanglanté notre époque. Car ils se livrent aussi entre eux, par » pions » interposés, à une guerre sans merci. A qui appartiendra l’omnipotence ? Sans doute à celui qui aura le plus soif de pouvoir.

1942, Chelmno en Pologne. Saul Laski attend la mort dans ce camp d’extermination. Celui qu’il va appeler l’Oberst le choisit pour faire partie d’un échiquier géant. Les juifs remplacent les pions. A chaque coup, un pion est abattu par un SS. Saul en réchappe. Il a vu l’horreur et il sait: il connaît le pouvoir psychique de certains humains. 1980, Charleston. Trois personnes se réunissent. Elles ont en elles le Talent qui permet de gouverner et d’Utiliser comme bon leur semble des êtres humains. Un horrible massacre suit cette petite réunion. Le père de Natalie fait partie des victimes. Saul, devenu psychiatre, reconnaît dans cette tuerie la signature de son ancien bourreau. Avec Natalie et Rob, un flic qui croit à leur histoire complètement folle, ils vont traquer ces vampires psychiques…

Quelle claque! Ce roman est d’une puissance et d’un rythme incroyable. J’ai osé m’attaquer à cette intégrale et je vous avoue que les 1200 pages me faisaient très peur. Il s’agit en fait de 3 romans (j’avais découpé ma lecture). La première partie du livre est une présentation des personnages. Saul, Natalie, Rob seront réunis parce qu’ils croient en l’existence de ces vampires psychiques qui s’emparent de votre esprit, vous forçant à exécuter leurs ordres. La mise en place est peut-être lente mais nécessaire pour la suite. La deuxième partie du roman laisse la part belle à la stratégie, l’observation. Comment vaincre ces êtres surhumains? La troisième partie se concentre sur l’action et le plan mis au point pour s’en débarrasser.

Je ne me suis ennuyée à aucun moment. Dan Simmons sait parfaitement doser son action. Il n’épargne jamais ses personnages. Attendez-vous à des scènes plutôt violentes. Il retrace avec minutie toute l’enquête menée par nos trois personnages principaux. Ces cerniers sont d’une telle densité qu’il nous semble les connaître intimement. Qu’il soit du côté des « méchants » ou des « gentils », ils sont d’un réalisme incroyable, d’une humanité ou inhumanité qui fait qu’on les déteste ou qu’on s’attache à eux du début à la fin.

Mais au-delà de cette narration menée à un train d’enfer, c’est l’occasion pour Dan Simmons de se plonger dans la noirceur de l’âme la plus totale. Que feriez-vous de ce pouvoir ultime permettant de gouverner les Autres? D’où naît le mal? Comment le combattre? Saul incarne un personnage qui a été confronté au Mal absolu, à la monstruosité nazie. Il se retrouve à nouveau confronté à ses démons, ses bourreaux. Le point fort de l’auteur c’est de lier cette histoire fantastique de vampires à notre Histoire bien réelle et ça fait froid dans le dos.

« L’échiquier du mal » est un coup de cœur, une œuvre incroyable qu’il vous faut découvrir. Dan Simmons a l’art de mêler les genres: thriller, fantastique, SF. Il possède un rythme de narration qui vous laissera sur le carreau. Et cette fin?? Bref, je ne m’en suis toujours pas remise!