Le sang des Belasko
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
Après la mort de leur père, cinq frères et sœurs se réunissent dans la maison de leur enfance. Les portes se referment sur eux. Avec une terrible révélation... Leur père, un vigneron taiseux, vient de mourir. Il n'a laissé qu'une lettre à ses enfants, et ce qu'il leur révèle les sidère : leur mère ne se serait pas suicidée – comme l'avaient affirmé les médecins six mois plus tôt. Elle aurait été assassinée...
Mon avis
Elle a tout vu, elle sait tout mais elle ne dira rien. Pourtant, elle est comme un membre de la famille mais elle ne peut rien dire. C’est la Casa des Belasko, la maison qui abrite les drames tus, les joies partagées, les secrets non diffusés. Ils sont cinq enfants à se retrouver dans cette demeure qui a abrité leur enfance, trois garçons, deux filles qui en six mois ont perdu leur mère puis, plus récemment leur père. C’est d’ailleurs ce dernier qui a demandé qu’ils se réunissent dans la maison pour lire ses dernières volontés et découvrir ce qu’il a laissé comme témoignage. La fratrie ne s’entend pas et les retrouvailles sont tendues. Cette soirée n’augure rien de bon surtout lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ils n’auront pas d’autres choix que de la passer ensemble jusqu’au bout.
Décliné en cinq actes, constitués eux-mêmes de chapitres mettant en exergue l’un ou l’autre des enfants, ce huis clos ne souffre d’aucun temps mort et surprend le lecteur jusqu’à l’épilogue. Chrystel Duchamp a habilement mêlé des scènes du passé à celles du présent. Pas besoin de dates tant les situations sont claires, on sait tout de suite de quelle époque il s’agit. Ces petits retours en arrière permettent de cerner le caractère de chacun des enfants, de constater quels liens ils ont construit entre eux. On s’aperçoit très vite que la rancœur, la jalousie, la colère les habitent. Il n’y a pas de véritable unité entre eux, ils se surveillent, s’observent, même à distance puisqu’ils sont tous adultes et vivent leur vie. Et surtout, ils n’ont rien oublié de ce qui a pu les diviser par le passé. Alors il arrive que les langues se délient et ça fait très mal.
Avec son écriture vive, qui fait tilt, l’auteur nous laisse à peine respirer. Entre ce qui se passe dans la maison et les révélations qui arrivent petit à petit, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer. Pas de fioritures, de l’action et des rebondissements. J’ai trouvé astucieux que le roman ne soit pas plus long. Il aurait pu être allongé avec d’autres anecdotes du passé familial mais il aurait beaucoup perdu en suspense et en tension. Parce que, soyons honnête, ce qui fait son intérêt, c’est le rythme soutenu qui le constitue. En une nuit, une soirée, la vie du clan Belasko va être modifiée de façon irréversible.
Les Belasko ne savent pas communiquer. Le père était un taiseux et il ne se racontait pas, ses enfants ignorent beaucoup d’éléments de son passé. Les révélations vont blesser les uns, surprendre ou déstabiliser les autres mais quoi qu’il en soit, personne ne sortira intact de cette douloureuse réunion de famille. Quels seront les dégâts collatéraux, les conséquences de cette soirée tumultueuse ?
Après un premier roman coup de poing, l’auteur a su trouver une nouvelle thématique et a réussi la passe de deux. Son texte est captivant, plein d’énergie, les ressentis des uns et des autres sont finement analysés. Elle montre l’influence de l’éducation, le rôle des parents mais aussi le poids de la société bien-pensante. Un auteur à suivre de près ….
J’avais déjà beaucoup aimé le premier roman de Chrystel Duchamp, L’art du meurtre, paru l’an dernier et c’est à nouveau un coup de coeur avec ce thriller très noir et original. Elle réussit un sans faute avec ce roman très addictif qu’on ne peut lâcher, sans aucun temps mort.
André Belasko vient de mourir d’un cancer, ses cinq enfants se réunissent dans la maison de leur enfance, la Casa Belasko pour la lecture du testament et les obsèques. Dès le début, les tensions apparaissent, les deux ainés Philippe et Matthieu se détestent et le second affirme que c’est la dernière fois de sa vie qu’ils se rencontrent, le cadet David essaie de calmer le jeu en vain. Quant à Garance et Solène, même si elles ont fait le chemin ensemble depuis Lyon, elles se disputent car Solène conduit distraitement comme d’habitude et percute une biche.
Lors du souper, le vin coule à flot, on ouvre les grands crûs du domaine pour faire honneur au travail de leur père, un vigneron très renommé. Avant l’ouverture du testament, André a laissé une lettre à ses enfants, dans laquelle il affirme que leur mère décédée six mois avant lui ne s’est pas suicidée comme l’affirme le médecin légiste mais qu’elle a été assassinée. La lettre contient aussi des accusations voilées et malveillantes envers chacun, elle mettra le feu aux poudres. Les ainés cherchent qui aurait pu assassiner leur mère, s’agit-il d’un domestique qui aurait empoisonné sa nourriture ? Ou ne s’agit-il que d’un délire d’André qui était complètement shooté à la morphine ces derniers mois ? Au fil des discussions passionnées, les secrets des uns et des autres se révèlent, les tensions explosent. André était paranoïaque depuis un cambriolage survenu des années plus tôt et avait peu à peu transformé la demeure en une forteresse sous surveillance vidéo, mais tous les codes ont été changés au lendemain du décès par l’intendant. Les cinq héritiers se retrouvent ainsi enfermés dans la maison, le téléphone est également coupé. Les rancunes et les non-dits accumulés depuis l’enfance explosent, tout est prêt pour que le pire se produise. De ce huis-clos, une seule personne sortira vivante.
Ce thriller flirte avec le fantastique, une malédiction plane sur la maison et la famille qui n’en est visiblement pas à son premier drame. Le lecteur se trouve embarqué dans un tourbillon de rebondissements, pas forcément tous vraisemblables, mais ce n’est pas dérangeant, on ne sait pas toujours ce qui est réel et ce qui relève du ressenti des personnages. La folie plane et les cadavres s’accumulent. Les personnages parlent à tour de rôle dans ce roman choral, ils sont très fouillés et convaincants. Je n’ai pas vu venir le dénouement, d’une noirceur absolue. La maison est un personnage à part entière de l’intrigue, elle nous explique même son ressenti. La thématique des secrets de famille délétères est exploitée à la perfection.
Ce thriller est gros coup de coeur que je recommande chaleureusement. Un tout grand merci à Mylène de L’Archipel pour cette agréable découverte.
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