Jean de Salisbury et la renaissance médiévale du scepticisme
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Résumé éditeur
Le Moyen Âge est souvent perçu comme une époque dogmatique, soumise à l'autorité, étranger par nature à toute forme de doute, et par là de scepticisme. Le présent ouvrage cherche à repenser la question de la tradition sceptique, bien documentée à la fois pour l’antiquité et l’âge classique, mais beaucoup moins pour le Moyen Âge. Il y a eu, pourtant, tout au long du Moyen Âge une réflexion sur le problème sceptique entendu comme défi lancé à la capacité qu’a l’homme de connaître avec certitude la réalité. En s’attachant plus spécifiquement à la figure de Jean de Salisbury(1120-1180) acteur important de ce qui fut parfois qualifié de Renaissance du XIIe siècle, et qui s’est explicitement présenté comme un partisan des Académiciens, le présent ouvrage, à travers une étude de cas, cherche à comprendre ce que signifie être sceptique au Moyen Âge. Il s’agit de faire ressortir comment l’héritage patristique (Lactance, S. Augustin) couplé à un ensemble de traditions philosophiques antiques permet de mettre en place une philosophie originale, fondée sur la nécessaire modestie de toute démarche scientifique. Cette démarche cherche à identifier précisément la place qui revient à la foi et à la raison dans la recherche de la vérité, et s’accompagne d’une certaine pratique stylistique qui met le lecteur en position de chercher par lui-même, sans a priori théorique. Enfin, elle est solidaire d’une éthique non normative et fondée sur la multiplication des points de vue. Jean de Salisbury apparaît ainsi comme le chaînon manquant qui permet de mieux appréhender une tradition humaniste et sceptique qui va de Cicéron à Pétrarque et Montaigne.Jean de Salisbury (1115-1180) : Haut fonctionnaire ecclésiastique à la curie pontificale puis secrétaire de l’archevêque de Cantorbéry, Théobald, Jean de Salisbury devient l’ami de Thomas Becket. Après s’être un temps réfugié à Reims, il termine sa carrière comme évêque de Chartres de 1176 à sa mort. Il est l’un des hommes les plus cultivés de son temps, il lance de nombreux thèmes politiques appelés à se développer largement aux siècles suivants, notamment le thème du tyrannicide et l’analyse critique du phénomène de la Cour et de la futilité des courtisans. On lui doit la célèbre formule : « Un roi illettré n’est qu’un âne couronné. »Christophe Grellard est maître de conférences en histoire de la philosophie médiévale à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et membre junior de l’Institut universitaire de France.
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