L'Accroissement mathématique du plaisir
  • Date de parution 25/09/2008
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 535 gr
  • ISBN-13 9782843440830
  • Editeur BELIAL
  • Format 205 x 140 mm
  • Edition Grand format
Science Fiction Fantasy parodique

L'Accroissement mathématique du plaisir

3.96 / 5 (83 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

C'était il y a longtemps, très longtemps, quand les hommes affrontaient la terre à mains nues, luttant pied à pied contre les fauves des forêts, les démons de leurs rêves et la faim. Une femme avait eu un fils. Ils vivaient tous deux à la lisière d'un bois, non loin du gué d'une rivière. Mais en ces temps déjà, les hommes ne se contentaient plus des gués et rêvaient de ponts arqués comme des épaules, forts comme des boeufs, éternels comme des chênes, bâtis dans le lit enragé des fleuves à grands frais de pierres et de vies humaines. En ces temps, les hommes n'avaient pas peur de mourir." À l'aise aussi bien dans la science-fiction ou le fantastique que dans la fantasy, Catherine Dufour est une nouvelliste de grand talent. Pour preuve, ce recueil de vingt et un textes, dont "L'immaculée conception", lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire 2008.

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  • Date de parution 25/09/2008
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 535 gr
  • ISBN-13 9782843440830
  • Editeur BELIAL
  • Format 205 x 140 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

L’accroissement mathématique du plaisir est un recueil de 20 nouvelles de Catherine Dufour. Il est édité par les éditions Le Bélial en 2008 puis en poche chez Folio SF en 2011. Ayant reçu le second recueil de nouvelles de l’autrice publié par Le Bélial, L’Arithmétique terrible de la misère, je voulais auparavant lire ce premier livre. Le livre explore tous les genres de l’imaginaire avec brio. On trouve également des préfaces signées Richard Comballot et Brian Stableford, une postface de Catherine Dufour, ainsi qu’un entretien avec l’autrice. La nouvelle « L’immaculée conception » a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire dans la catégorie nouvelle.

Une des choses les plus marquantes dans ce recueil est sa grande richesse, sa variété de genres et de styles. Toutes les histoires regorgent d’idées originales, de trouvailles géniales, ou d’univers étonnants. Catherine Dufour passe avec brio d’un univers à un autre, d’un genre à l’autre, surprenant sans cesse son lecteur.

Dans le registre de la fantasy comique, on trouve par exemple La perruque du juge qui évoque le procès de Peter Pan avec second degré et un final parfait. Le poème au carré s’intéresse à Alice une fois son voyage au Pays des Merveilles achevé et Alice devenue trop grande. J’ai beaucoup aimé également Une troll d’histoire (le contraire aurait été étonnant) où une bande de trolls a été défaite par un pougnard. L’humour est très présent avec beaucoup de jeux de mots et une histoire très trolle!

Dans le domaine de la science-fiction, on retiendra surtout Mémoires mortes le dernier texte du livre mettant en scène un monde très Hi-Tech proche du cyberpunk. L’éducation des enfants est à la charge de robots, l’héroïne est une jeune fille venant de perdre son petit frère. L’histoire et l’univers sont vraiment excellents et on suit avec intérêt ce texte. Un soleil fauve sur l’oreiller m’ a fait penser à un épisode de Black Mirror. Les adolescents y ont une puce implantée dans le corps permettant de savoir toujours où ils sont, du moins quand ils ne trouvent pas le moyen de la pirater. L’amour au temps de l’hormonothérapie génique parle de modification du comportement par les hormones induisant les sentiments. L’accroissement mathématique du plaisir se déroule dans un monde futuriste et parle d’un homme ayant créé une statue parfaite. Un ami va s’éprendre de la statue au point d’en perdre la raison. La nouvelle m’a fait penser à la Vénus d’Ille de Prosper Mérimée mais dans une vision plus moderne empreinte de science fiction. La liste des souffrances autorisées met en scène un monde futuriste où plus rien ou presque n’a de réalité palpable.

Dans le registre plus délirant, on trouve aussi quelques textes comme Je ne suis pas une légende qui fait bien entendu référence au livre de Richard Matheson où Malo est le seul survivant dans une épidémie de vampirisme mais comme héro, on a largement vu mieux! Rien qu’au titre de Kurt Cobain contre Dr No, on devine le registre de ce texte qui parle bien entendu de Krt Cobain qui se retrouve dans un drôle d’endroit après le 5 avril 1994, une plage de sable blanc non loin d’un bar où sert No.

Cependant, c’est dans le genre du fantastique que Catherine Dufour s’en tire le mieux à mon sens. Même si les autres textes sont bons ou très bons, j’ai été particulièrement charmée par tous ceux de ce genre. Le jardin de Charlith est un texte nostalgique qui raconte la fascination de plusieurs garçons pour l’une des filles de leur groupe surnommée Charlith. Un récit court mais émouvant et énigmatique. Dans Vergiss mein nicht un institut proche d’un canal très pollué offre le cadre idéal à une histoire de fantômes. Une très belle nouvelle tout à fait dans l’ambiance fantastique du XIX ème siècle. Rhume des foins a également une atmosphère proche et empreinte de nostalgie dans un jardin des délices. Mater Clamorosum raconte la tragique histoire d’une mère et son fils victimes de la folie des hommes. Une histoire terrible, émouvante et glaçante à la fois. Confession d’un mort est un hommage à Edgard Allan Poe magnifiquement rendu par une histoire où l’ambiance fantastique et les références à Poe font merveille.

Il me reste à parler d’un des textes phares du recueil, L’immaculée conception, nouvelle la plus longue de l’ouvrage et qui permet de retrouver le personnage de Claude croisée dans Des millénaires de silence nous attendent dans le n°100 de la revue Bifrost et plus récemment dans le roman Au bal des absents . Claude a 30 ans et mène une vie très tranquille entre son boulot et son petit studio en banlieue parisienne où elle vit seule. Seule est le mot qui définit Claude, pourtant elle va partager son corps avec un passager clandestin arrivé là on ne sait comment. Cette grossesse se révèle vite un calvaire pour Claude qui ne sait plus ou elle en est. Devient-elle folle ou est ce un miracle? Le texte est admirablement écrit, on suit le parcours de Claude tout en se demandant ce qui lui arrive et sans arriver à vraiment comprendre. La référence à Stephen King est bien trouvé, on s’attache à Claude qui décidément aura subi bien des épreuves.

L’accroissement mathématique du plaisir est ainsi un excellent ouvrage qui marque par son éclectisme et sa grande richesse. Les nouvelles sont extraordinairement variées, très bien écrites chacune avec son style propre. Dans ce recueil, Catherine Dufour nous offre tout son talent dans la forme courte.

J’ai découvert Catherine Dufour il y a très longtemps. Je faisais alors mes premières armes en Imaginaire, et, sans doute à la recherche de quelque chose pour lire autre chose que Terry Pratchett mais-pas-trop-différent quand même, je mis la main sur Blanche-Neige et les Lance-Missiles. Si aujourd’hui, rétrospectivement, je doute fortement d’en avoir tout compris, le coup de foudre fut tout de même immédiat, et surtout irrévocable ; je garde de ce roman et de sa suite/préquelle un souvenir global de kiff total, dont il faudra que je m’assure de nouveau, à l’occasion. Mais, ayant eu l’adolescence têtue et un peu bête, je m’arrêtais là, par manque de curiosité, et surtout par envie de rester bloqué dans ma zone de confort. Mes maigres investigations sur le travail de l’autrice m’indiquèrent alors que le reste de son travail était globalement plus sombre, ce dont je n’avais pas envie à l’époque. Et puis les années passèrent, sans que je ne m’intéresse plus à son travail ; mais ma curiosité générale grandissait, elle.

Et puis, mes horizons s’élargissant, je me rendis compte, il y a quelques temps, au hasard de discussions et rencontres numériques, que quand même, j’avais été un peu con, pendant tout ce temps, de ne pas lui redonner sa chance, surtout que j’en voyais passer, de ses bouquins. Je me promettais donc de combler cette lacune, ne serait-ce que pour rendre hommage à une autrice qui avait été, mine de rien, une de mes portes d’entrée dans le monde de l’Imaginaire français. Et puis franchement, je n’avais pas grand chose à y perdre ; je prévoyais donc de combler mon retard lors de mon retour en ville. Et puis confinement. J’avais pas l’air fin tiens. Mais, l’Opération Bol d’Air – pour laquelle mes remerciements ne seront jamais suffisants – passant par là, je me retrouvai heureux propriétaire numérique de L’Accroissement Mathématique du Plaisir. L’occasion fit le larron, et me voilà.

Alors, est-ce que j’ai bien fait de me replonger dans le travail de Catherine Dufour ?

Absolument.

Il m’est toujours assez délicat d’introduire mes sentiments sur un recueil de nouvelles, surtout quand ce dernier n’a pas réellement de dénominateur commun. Et le moins qu’on puisse dire, à propos de celui-là en particulier, c’est qu’il n’en a pas du tout, en dehors du talent de son autrice [ EDIT : ou, comme le dirait L’épaule d’Orion : « Ma plume dans la gueule de vos happy ends ! ». C’est une optique acceptable.]. On pourrait sans doute catégoriser les différentes nouvelles selon une taxonomie endémique à l’ouvrage, entre celles qui prennent la forme d’un hommage à des figures passées, celles relevant plus volontiers du fantastique, ou encore celles empruntant au cyberpunk ou à une science-fiction plus générale. Premier constat donc, ce recueil est riche. Très riche. Ce qui est une très bonne chose, bien sûr, mais qui suggère d’avoir l’esprit préparé à faire des sauts conceptuels réguliers qui couvrent pas mal de distance. Moi qui aie tendance à plutôt apprécier une certaine cohérence globale dans un recueil, il faut bien admettre que finalement, ce côté hétérogène a sans doute au contraire participé à mon plaisir de lecteur. Le fait de changer d’air à quasiment chaque étape m’aurait plutôt amené à une gymnastique mentale extrêmement rafraîchissante, pour adapter mon œil et mon esprit à chaque atmosphère développée au fil des pages, avec à chaque fois un style à l’avenant.

Ce qui me fournit l’occasion de saluer le très gros point fort du recueil à mes yeux, à savoir sa qualité stylistique. Car au delà d’adapter les atmosphères de ses récits aux genres auxquels elle les rattache, Catherine Dufour travaille à chaque fois sa plume pour adapter le discours à ce qu’elle raconte. Et c’est un plaisir sans bornes. D’une part parce que j’ai eu, ponctuellement, le sentiment de retrouver les qualités de plumes de deux de mes auteurs favoris, à savoir Pratchett et Wagner, sans jamais perdre de vue que c’était bien Catherine Dufour, avec son propre style, qui écrivait ; et d’autre part parce que j’ai adoré la lire, tout simplement. Je suis admiratif de cette capacité à oraliser le discours, à le rendre plus concret, sans pour autant perdre en lyrisme ou en élégance, à caser des métaphores et figures de style à la fois absurdes et profondément évocatrices sans jamais sacrifier au rythme globale ni à la compréhension. Le plaisir de lecture est donc décuplé ; par le plaisir simple de lire quelque chose de bien écrit, mais aussi et surtout par l’impression que jamais ce que j’avais sous les yeux n’était vain, bien au contraire.

Malgré ce que Catherine Dufour elle-même peut en dire dans son interview à la fin du recueil, je crois qu’on peut beaucoup apprendre dans les livres. Il faut effectivement savoir tempérer son admiration, sa fascination pour ce qui ne demeure qu’une suite de mots et les informations qu’ils transmettent, mais il ne faut jamais repousser les réflexions qui peuvent naître des concepts rencontrés au fil des pages. Si, en effet, la fiction n’est que le reflet d’un regard ou d’une connaissance limitée par l’expérience de cielle qui nous raconte, c’est tout de même précisément l’occasion de se nourrir de cette expérience qu’on n’aura peut-être pas l’occasion de croiser ailleurs. De l’abstraction de la fiction, nous pouvons saisir des vérités sur le monde si désespérément réel qui nous entoure, même si elles ne nous correspondent qu’un temps limité, le temps de les modérer.

En lisant ce recueil, j’ai été saisi de la certitude que l’ironie lucide de Catherine Dufour était bien une preuve supplémentaire que j’avais beaucoup de choses à apprendre d’elle et de ses expériences, et donc de ses récits, comme j’ai pu en saisir ailleurs. Quelques réflexions, quelques formulations, lui appartenant en propre ou non, qui frappent le cerveau comme un coup de batte astral et posent enfin des mots sur une réalité dont on avait conscience qu’à moitié, lui donnant soudain un souffle très concret. Encore une fois, une sensation rare en tant que lecteur, que je chéris comme aucune autre, confirmant bien que j’ai pris beaucoup trop de temps à me ré-attaquer à l’oeuvre de celle qui avait su, il y si longtemps, me faire comprendre qu’en littérature, on avait le droit de dire et faire à peu près ce qu’on veut.

Mais il faut bien rentrer un tant soit peu dans le détail, à un moment, puisque des constats généraux sur un recueil de nouvelles, c’est bien gentil, mais ça ne dit pas grand chose sur les nouvelles en elles-mêmes. Je me bornerai à une modeste recension, ceci étant dit ; les volumes et les genres variant, il serait dommage de trop en dire, la surprise demeurant un facteur déterminant.

Sans conteste possible, ma nouvelle favorite est L’Immaculée Conception, dont le thème est assez évident, mais le traitement, beaucoup moins. J’ai aimé comment à partir d’une idée si éthérée, Catherine Dufour ramène les choses à la réalité la plus concrète possible, sans aucune fausse pudeur mais avec un pouvoir évocateur et visuel rare ; abordant tout à la fois la maternité et la condition féminine moderne. On a beau croire qu’on sait, finalement, tant qu’on est à l’extérieur, on ne sait jamais vraiment. C’est magnifiquement laid, si je puis me permettre cet oxymore osé ; en tout cas, je l’ai pris comme une grosse tarte dans la gueule. Simplement parce que je n’avais jamais rien lu de tel, tant dans le ton que sur le fond.

Juste derrière, on doit trouver Mémoires Mortes, qui touche bien plus clairement au cyberpunk, avec une touche d’intrigue policière. Je ne saurais exactement dire ce qui m’a le plus séduit entre l’univers et ses sous-entendus ou ses personnages, mais toujours est il que cette nouvelle m’a parlé et a su me heurter comme me toucher, aux moments précis où elle devait le faire, dénotant d’une superbe maîtrise.

À égalité ou peu s’en faut, je citerais également Kurt Cobain contre Dr. No, jouant sur la figure torturée du rockeur et son histoire personnelle. Un exercice de style très original et créatif autour de certaines de ses déclarations et prises de position, dont je ne peux pas trop en dire, mais dont je peux vous assurer de la qualité, amenant notamment à de belles réflexions.

Pour conclure sur mes coups de cœur, on peut sans doute évoquer La Perruque du juge, retravaillant au corps l’histoire de Peter Pan avec un angle d’attaque bien différent et très malin, qui n’a pu que me faire songer au travail de déconstruction auquel s’est également livré Michael Roch dans Moi, Peter Pan, mais d’une toute autre façon, plus terre-à-terre, dirais-je. Avoir cette autre oeuvre à l’esprit à sans doute joué dans mon appréciation, mais c’est le jeu, et je ne vois aucune raison de bouder ce petit avantage personnel.

Dans le registre des nouvelles que j’ai moins appréciées, il faut sans doute blâmer mon manque d’intérêt pour le genre, mais j’y rangerais sans doute celles participant d’un fantastique plus « classique », avec par exemple les travaux d’hommage à Lewis Carroll et Edgar Allan Poe. Bien qu’elle ne manquent certainement pas des qualités que j’ai déjà pu évoquer, elles ne m’ont pas parlé, ou pas plus que ça, avant tout parce que je manque sans doute des connaissances nécessaires pour apprécier les clins d’œil et le travail d’évocation opérés au sein de ces récits. J’y ai préféré les nouvelles plus modernes, aux assertions plus évocatrices pour moi, jouant sur des principes plus familiers.

Mais ce qu’il faut bien retenir, c’est que l’ensemble est terriblement solide. Aucune nouvelle n’est mauvaise à mes yeux ; si mon appréciation a pu être plus mitigée par moments, c’était je pense avant tout à cause d’un manque d’affinités ou de connaissances. Je ne me suis jamais ennuyé, bien au contraire, ce qui demeure le meilleur signe pour moi, d’autant plus en considérant mon appréciation profonde des efforts stylistiques déployés, toujours en complète adéquation avec l’ambiance du texte correspondant, jouant donc sur les deux tableaux du fond et de la forme pour toujours atteindre un réel équilibre.

On traite pèle-mêle de notre rapport à la mort, à la technologie, à l’amour, à la vie en général dans une société horriblement complexe qui n’a pas l’air de vouloir faire des efforts pour nous aider ; nous enfermant dans nos esprits autant que dans nos corps, qui rajoutent à la confusion. Beaucoup de très bonnes questions sont posées, beaucoup de thématiques abordées, toujours avec intelligence, souvent avec une certaine ironie, qui offre une distance salutaire mais ne se voile pas la face pour autant. Il y a beaucoup de choses à retirer de toutes ces nouvelles, en dehors du constat évident du talent de son autrice. C’est riche dans le meilleur des sens, puisque je me dis qu’avec un peu moins d’expérience je n’aurais sans doute pas tout compris comme je l’ai compris aujourd’hui, et qu’avec encore plus d’expérience, j’aurai, à terme, sans doute l’occasion de pouvoir me confronter de nouveau à cette oeuvre pour mieux en comprendre ce qui m’en a échappé aujourd’hui. Plutôt une bonne perspective, sans compter tout ce que je n’ai pas lu, ou relu.

Autant dire que je m’en veux d’avoir laissé traîner mon travail de rattrapage de l’oeuvre de Catherine Dufour pendant tout ce temps. Attendez-vous à en recroiser sur le blog à l’occasion ; ma vengeance envers moi-même sera terrible.


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