Les loups
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l’avis des lecteurs
Uchronie ?
Le pitch
2012, à Kiev et dans une petite ville du sud-est de l’Ukraine, quelques mois avant la révolution de Maïdan. Olena Hopka, la présidente tout juste élue sur un programme de réformes ambitieux, dispose de 30 jours, jusqu’à son investiture, pour sauver sa peau et s’extraire du marécage politique ukrainien où elle s’est fourrée. La chienne (comme on la surnomme) sort ses crocs et ne compte pas se laisser dévorer. Car les loups rôdent. Les Russes autant que ses propres pairs, les oligarques locaux avides de pouvoir. Car elle aussi fait partie de la meute. Une réalité politique qui fait froid dans le dos. D’une actualité brûlante. Car « Ce sont des loups, ils aiment l’odeur du sang plus encore que le goût de la chair arrachée. »
Contexte pour rappel : À l’hiver 2013-2014, les Ukrainiens chassaient du pouvoir des dirigeants corrompus lors de manifestations émaillées de violences, réclamant un rapprochement avec l’UE et une meilleure adhésion aux règles de bonne gouvernance. Les manifestants occupent le Maïdan, la place de l’indépendance de Kiev, en novembre 2013 et finissent par renverser le président Victor Ianoukovitch en février 2014, après 3 mois de forte mobilisation. Avec une joie teintée de deuil avec plus d’une centaine de personnes tuées.
Pourquoi je vous le conseille ?
Car après Donbass qui évoquait la routine d’une guerre fratricide vécue à hauteur d’homme, Les Loups offre une autre dimension aux tensions actuelles autour de l’Ukraine. Car on y comprend l’Ukraine rêvée de Poutine, celle des oligarques corrompus et manipulables. Parce qu’avec ce retour en 2012, on envisage mieux l’héritage d’un pays ravagé par la corruption, gangréné à tous les étages de la société. Car ce thriller de politique-fiction est ancré dans une réalité qui nous a rattrapés. Passionnant et impossible à lâcher.
UN VOISINAGE DIFFICILE. Correspondant du « Monde » à Moscou, auréolé du prestigieux Prix Albert Londres en 2019 pour sa couverture de la guerre en Ukraine, Benoît Vitkine nous offre avec Les Loups une lecture éclairante sur le marigot politique ukrainien et sur la détermination des Russes qui n’entendent pas laisser quiconque prendre les rênes d’un pays qu’ils considèrent comme leur arrière-cour. On s’agite en sous-main, on menace, on tente d’exhumer le passé. Tous les moyens sont permis pour garder dans les rangs toutes les troupes. Autant dire qu’en un mois, bien des choses peuvent se passer.
LA CHIENNE. Singulier personnage romanesque, cette Olena Hapko, dont on se méfie. Dont on questionne sans cesse les intentions. La femme d’affaires la plus riche d’Ukraine, la « reine de l’acier ». Formidablement ambiguë et complexe. Après une ascension fondée sur la violence, la voilà potentiellement maître des ressources du pays, de leur distribution, et parle de modernisation. Info ou intox ? Peut-on lui faire confiance pour gouverner ? Car elle fait partie du sérail, de cette meute de « loups » constituée des oligarques qui ont profité des opportunités de la fin de l’empire soviétique. Des prédateurs qui aiment l’argent, mais aussi se battre, dominer, montrer leur force. Elle affirme vouloir lutter contre la corruption, rétablir l’État de droit pour répondre aux revendications de liberté qui commencent à se faire entendre dans la société. Souhaite-t-elle sincèrement faire bouger les choses ? Son histoire personnelle la plombe dans tous les cas. Et jamais au grand jamais elle n’oublie ses intérêts. Une femme de fer pas vraiment sympathique mais qui force le respect par son courage et sa détermination. Malgré les manigances, les flatteries. Les meurtres ?
TOUS POURRIS ? Ce roman noir et politique nous ancre dans l’actualité ukrainienne, dans un pays coincé entre l’Europe et la Russie où se jouent des coudes ambitions personnelles, enjeux politiques, butins économiques. Sans jugement ni manichéisme, mais avec la volonté de donner son éclairage sur la situation inextricable de l’Ukraine d’aujourd’hui, l’auteur partage sa connaissance intime du pays, nourrie de son expérience de terrain. Les personnages sont ainsi construits avec certaines nuances car on comprend qu’ils obéissent à des motivations et ressorts complexes qui nous échappent de ce côté-ci de l’Occident. Des prédateurs qu’on arrive même à trouver humains, au-delà de la question du Bien et du Mal. Car « Les oligarques qui gravitent autour de cette femme sont des gens glamour mais qui sont pour autant des ordures », précise Benoît Vitkine. Une Ukraine de 2012 où la Russie joue son rôle. L’auteur de continuer : « On est encore dans une Ukraine rêvée de Poutine, à qui on peut pardonner son indépendance, à partir du moment où elle joue selon ses règles. La corruption et la manipulation ». Selon lui, l’Ukraine essaye peu à peu d’évoluer, mais la Russie s’y oppose : « Il n’y a pas de gentil et pas de méchant. Mais dans l’actualité il y a bien un agresseur et un agressé ».
Uchronie ?
Le pitch
2012, à Kiev et dans une petite ville du sud-est de l’Ukraine, quelques mois avant la révolution de Maïdan. Olena Hopka, la présidente tout juste élue sur un programme de réformes ambitieux, dispose de 30 jours, jusqu’à son investiture, pour sauver sa peau et s’extraire du marécage politique ukrainien où elle s’est fourrée. La chienne (comme on la surnomme) sort ses crocs et ne compte pas se laisser dévorer. Car les loups rôdent. Les Russes autant que ses propres pairs, les oligarques locaux avides de pouvoir. Car elle aussi fait partie de la meute. Une réalité politique qui fait froid dans le dos. D’une actualité brûlante. Car « Ce sont des loups, ils aiment l’odeur du sang plus encore que le goût de la chair arrachée. »
Contexte pour rappel : À l’hiver 2013-2014, les Ukrainiens chassaient du pouvoir des dirigeants corrompus lors de manifestations émaillées de violences, réclamant un rapprochement avec l’UE et une meilleure adhésion aux règles de bonne gouvernance. Les manifestants occupent le Maïdan, la place de l’indépendance de Kiev, en novembre 2013 et finissent par renverser le président Victor Ianoukovitch en février 2014, après 3 mois de forte mobilisation. Avec une joie teintée de deuil avec plus d’une centaine de personnes tuées.
Pourquoi je vous le conseille ?
Car après Donbass qui évoquait la routine d’une guerre fratricide vécue à hauteur d’homme, Les Loups offre une autre dimension aux tensions actuelles autour de l’Ukraine. Car on y comprend l’Ukraine rêvée de Poutine, celle des oligarques corrompus et manipulables. Parce qu’avec ce retour en 2012, on envisage mieux l’héritage d’un pays ravagé par la corruption, gangréné à tous les étages de la société. Car ce thriller de politique-fiction est ancré dans une réalité qui nous a rattrapés. Passionnant et impossible à lâcher.
UN VOISINAGE DIFFICILE. Correspondant du « Monde » à Moscou, auréolé du prestigieux Prix Albert Londres en 2019 pour sa couverture de la guerre en Ukraine, Benoît Vitkine nous offre avec Les Loups une lecture éclairante sur le marigot politique ukrainien et sur la détermination des Russes qui n’entendent pas laisser quiconque prendre les rênes d’un pays qu’ils considèrent comme leur arrière-cour. On s’agite en sous-main, on menace, on tente d’exhumer le passé. Tous les moyens sont permis pour garder dans les rangs toutes les troupes. Autant dire qu’en un mois, bien des choses peuvent se passer.
LA CHIENNE. Singulier personnage romanesque, cette Olena Hapko, dont on se méfie. Dont on questionne sans cesse les intentions. La femme d’affaires la plus riche d’Ukraine, la « reine de l’acier ». Formidablement ambiguë et complexe. Après une ascension fondée sur la violence, la voilà potentiellement maître des ressources du pays, de leur distribution, et parle de modernisation. Info ou intox ? Peut-on lui faire confiance pour gouverner ? Car elle fait partie du sérail, de cette meute de « loups » constituée des oligarques qui ont profité des opportunités de la fin de l’empire soviétique. Des prédateurs qui aiment l’argent, mais aussi se battre, dominer, montrer leur force. Elle affirme vouloir lutter contre la corruption, rétablir l’État de droit pour répondre aux revendications de liberté qui commencent à se faire entendre dans la société. Souhaite-t-elle sincèrement faire bouger les choses ? Son histoire personnelle la plombe dans tous les cas. Et jamais au grand jamais elle n’oublie ses intérêts. Une femme de fer pas vraiment sympathique mais qui force le respect par son courage et sa détermination. Malgré les manigances, les flatteries. Les meurtres ?
TOUS POURRIS ? Ce roman noir et politique nous ancre dans l’actualité ukrainienne, dans un pays coincé entre l’Europe et la Russie où se jouent des coudes ambitions personnelles, enjeux politiques, butins économiques. Sans jugement ni manichéisme, mais avec la volonté de donner son éclairage sur la situation inextricable de l’Ukraine d’aujourd’hui, l’auteur partage sa connaissance intime du pays, nourrie de son expérience de terrain. Les personnages sont ainsi construits avec certaines nuances car on comprend qu’ils obéissent à des motivations et ressorts complexes qui nous échappent de ce côté-ci de l’Occident. Des prédateurs qu’on arrive même à trouver humains, au-delà de la question du Bien et du Mal. Car « Les oligarques qui gravitent autour de cette femme sont des gens glamour mais qui sont pour autant des ordures », précise Benoît Vitkine. Une Ukraine de 2012 où la Russie joue son rôle. L’auteur de continuer : « On est encore dans une Ukraine rêvée de Poutine, à qui on peut pardonner son indépendance, à partir du moment où elle joue selon ses règles. La corruption et la manipulation ». Selon lui, l’Ukraine essaye peu à peu d’évoluer, mais la Russie s’y oppose : « Il n’y a pas de gentil et pas de méchant. Mais dans l’actualité il y a bien un agresseur et un agressé ».
J’avais beaucoup aimé Donbass le premier roman de Benoît Vitkine. Il confirme son talent avec le suivant : Les loups.
2012. Olena Hapko, la Chienne ou la Princesse de l’acier, selon qui en parle vient d’être élue Présidente de l’Ukraine. Dans 30 jours à Kiev ce sera son investiture. D’ici là il va falloir résister à la pression des loups, les autres oligarques, ses concurrents ou ses alliés selon les circonstances. Elle a promis d’assainir le pays, de supprimer les passe-droits et la corruption … Autant de promesses auxquelles elle ne croit pas complètement et qui font bien rire ses collègues. Et puis il y a Moscou, jamais très loin à la manœuvre en Ukraine.
Alors résister certes, mais peut-être simplement survivre.
Un roman noir sur l’Ukraine, difficile d’être davantage d’actualité … Et quand en plus c’est un excellent roman noir sur l’Ukraine, il ne reste plus qu’à se précipiter.
Le roman précédent décrivait la réalité du Donbass en se situant au ras de la boue, dans le quotidien de ceux qui subissent. S’il ne les oublie pas dans ce nouvel ouvrage Benoît Vitkine diversifie et alterne les points de vue. On passe des luttes entre oligarques à l’aperçu de la vie d’une ancienne institutrice, des manœuvres de Poutine et de ses services secrets aux difficultés dans une petite ville de province.
On pourrait craindre que ce récit de luttes d’influence et de pouvoir soit désincarné, il n’en est rien. L’auteur soigne toujours autant la construction de ses personnages, et c’est à travers leurs histories qu’il « fait passer » tout ce qu’il sait en tant que journaliste en poste à Moscou. Jamais le côté reportage ne prend le pas sur le romanesque, il est là pour lui donner une consistance, une vraisemblance, et pour rendre encore plus passionnante une histoire déjà prenante en elle-même.
Comme avec Donbass, on se régale à la lecture et on referme le livre un peu moins ignare, à défaut d’être moins bête.
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