Mamie Luger
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l’avis des lecteurs
Gros coup de coeur pour ce polar désopilant et très profond. Beaucoup de rires, mais aussi d’émotions en découvrant la vie de Berthe, née en 1914 et devenue Mamie Luger par la force des choses. Elle a cent deux ans et toute sa tête, elle a hébergé deux fugitifs Roy et Guillemette qui ont essayé de lui voler sa 4L. Ils ont sympathisé et Berthe a tiré sur les fesses de son voisin pendant que les malfrats volaient son Audi, avant de s’en prendre aux policiers venus les arrêter. Ainsi la vieille dame se retrouve en garde à vue, l’inspecteur André Ventura, vite surnommé Lino ou Columbo, n’est pas au bout de ses surprises. La perquisition révèle une photo des fugitifs, incriminant Berthe pour son aide et surtout un Luger qui date de la guerre. Elle va devoir s’expliquer et la journée sera longue. Elle raconte sa vie qui n’a pas été rose, loin de là.
Le langage est savoureux, les dialogues entre Berthe et l’inspecteur ne sont pas piqués des vers, on se marre à chaque page devant sa confession de tueuse en série. J’ai fortement pensé à Mémé Cornemuse de Nadine Monfils, mais ici il s’agit de bien plus que d’un polar rigolo. A travers ces péripéties, Berthe est un personnage profond, une féministe qui a toujours su se défendre, même si ce n’est pas de la meilleure façon. Elle s’est toujours battue contre la violence des hommes et n’a pas accepté de leur être soumise. Sa vie conjugale est une longue suite de déboires, depuis Lucien le droguiste, épousé en 1933. Berthe est alors jeune, naïve et très délurée, ce qui attire l’homme dans un premier temps avant qu’il ne se révèle violent dès la nuit de noces. Berthe vivait pauvrement avec sa grand-mère Nana, elle a pensé se mettre à l’abri du besoin avec Lucien, mais elle finira par se révolter et son mari inaugurera la série des cadavres dans la cave.
Il y a de nombreuses invraisemblances, on se demande pourquoi Berthe se marie à de multiples reprises, mais il faut lire ce roman au second degré. J’y ai vu avant tout un plaidoyer pour la liberté et le respect des femmes, le refus de toutes les formes de violences à leur égard. Berthe est une femme libre qui a épousé les luttes de son époque à sa manière. J’ai trouvé que Fabienne Loriaux, la narratrice de ce livre audio, est parfaite pour donner vie à cette truculente mamie et à l’inspecteur Ventura.
Ce roman est vraiment formidable autant dans sa forme jubilatoire que dans son fond qui panache avec brio humour et gravité. Heureusement Berthe connaîtra aussi un grand amour après tous ses déboires. Un polar vraiment génial à ne manquer sous aucun prétexte. Un grand merci à Netgalley et Audiolib pour ce merveilleux moment.
Je n’avais pas été complètement convaincu par Cabossé de Benoît Philippon, du coup j’ai beaucoup hésité à me lancer dans Mamie Luger. Qui s’est révélé une plutôt bonne surprise.
Ceux qui ont lu Cabossé se souviennent de la mamie de choc qui prépare une soupe à Roy et Guillemette. C’est à elle qu’est consacré ce roman. Suite à leur fuite et aux dégâts causés, les flics viennent arrêter la mamie. Elle se retrouve donc en garde à vue face à un flic nommé Ventura (oui, les clins d’œil sont parfois appuyés) et, pour donner du temps aux deux fuyards, et aussi parce qu’à 102 ans elle commence à fatiguer, elle va raconter sa vie au flicard. Et révéler la présence d’un certain nombre de cadavres dans sa cave en même temps qu’elle trace le portrait peu reluisant de la vie d’une petite ville de province française, tout au long du XX° siècle.
Je ne vais pas vous dire que c’est mon polar de l’année, mais je trouve que cette Mamie Luger est très fréquentable. Moi qui avait été un peu fatigué par la volonté de faire un bon mot par ligne, et une réplique à la Audiard par paragraphe, je trouve qu’ici l’auteur s’est un peu assagi, et a réussi à faire moins systématique tout en gardant sa verve. Qui n’en est que plus efficace.
Comme dans le dernier, ça manque un peu de tension dans l’intrigue et on reste sur une succession de tableaux, mais ils sont tous réussis. Comme en prime la langue acérée de la mamie fait mouche et sait mettre en lumière les travers de notre société dominée par les hommes, ainsi que les contradictions de ses contemporains, on passe un très bon moment de lecture, avec une émotion plus présente car moins noyée sous les bons mots que dans le premier roman.
Une bonne lecture plaisir qui ne nous prend pas pour des imbéciles.
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