
La vache
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Ambrosio débarque à Innerwald, bourg suisse débordant de bucolisme nourricier et d'opulence laitière, peuplé d'hommes et de femmes aux physiques charnus, aux bouches lippues, d'enfants aux joues roses et rebondies. C'est d'ailleurs pour travailler chez un éleveur bovin, Knuchel, qu'il a quitté sa famille et son Espagne natales. Son patron est de ces paysans, de plus en plus rares, qui restent férocement attachés aux pratiques ancestrales et refusent la pression croissante d'un progrès mis au seul service du rendement, aboutissant à une uniformisation croissante des exploitations et à leur rattachement à des groupes agro-alimentaires dont elles deviennent financièrement dépendantes. Knuchel lui, ne veut ni de machine à traire ni d'insémination artificielle, encore moins d'engrais synthétique. Il trait à la main, mène ses vaches au taureau et produit son propre fumier. Malgré sa frêle constitution, Ambrosio apporte rapidement satisfaction à son employeur, qui bientôt ne jure plus que par la vaillance et la dextérité de "son petit espagnol". Mais sa promptitude à vanter les qualités de son employé n'empêche pas ses concitoyens de voir d'un mauvais œil la présence de cet étranger qui ne leur ressemble pas...
Nous retrouvons ensuite, par un bond de sept ans en avant, Ambrosio aux abattoirs, le récit alternant entre son existence auprès du troupeau et celle où il participe au massacre des bêtes dont il a trait, nourri, soigné les semblables. Le même parcours -triste et macabre épopée- sera suivi par Blösch, la reine de l'étable Knuchelienne, qu'Ambrosio aura connu altière, puissante, et qu'il voit, quelques années plus tard, réduite à l'état de squelette pitoyable et sans force.
C'est donc l'histoire d'une dichotomie... L'auteur oppose en permanence ces deux mondes, l'un d'une rusticité rutilante où la vache trône comme un symbole de plénitude généreuse, l'autre sanglant et macabre, s'apparentant à un cauchemar éveillé... la vie et la mort... le champ dans lequel paissent des bêtes que l'on caresse et appelle par leur prénom, et le lieu de la tuerie où, anonymes, elles tolèrent, dans une pacifique soumission, les coups... ce qu'elles nous donnent et ce qu'on leur fait...
Sa langue s'adapte au rythme, à l'atmosphère de ces deux univers.
Les épisodes en milieu rural se déroulent en un flux tranquille coloré d'un langage gouailleur et campagnard, dont les apparences bon enfant sont toutefois trompeuses, comme le démontrent les conversations captées au bistro ou à la coopérative, révélant la haine de l'étranger et du différent, mais aussi toutes les mesquineries, les jugements, les jalousies.
Côté abattoirs, des séries de phrases brèves et percutantes alternent avec des logorrhées au cadencement frénétique, créant un effet lancinant, suggérant l'aliénation provoquée par un travail répétitif, soumis à un rendement dont le respect impose d'occulter la nature vivante des animaux à "traiter". Le lecteur est immergé dans un monde de grouillements, de bruits et d'odeurs salines, chaudes, écœurantes. Recouverts des sécrétions -mucus, bile, matières fécales- que répand l'abattage, les employés de cette usine de mort semblent s'amalgamer à la profusion de tripes, de carcasses, de peaux et de muqueuses qu'ils brassent à longueur de journée comme en une danse macabre et profondément intime, puisqu'il est question de mettre l'animal à nu, au sens viscéral du terme, et de créer ainsi avec lui la proximité physique la plus totale.
Ce qui se passe dans ces murs suscite chez ceux de l'extérieur fantasmes et dégoût, à la hauteur du déni qui leur permettra de planter leur couteau dans un steak bien saignant...
A lire.
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