Rivière Tremblante
  • Date de parution 08/01/2020
  • Nombre de pages 416
  • Poids de l’article 216 gr
  • ISBN-13 9782743649425
  • Editeur RIVAGES
  • Format 170 x 111 mm
  • Edition Livre de poche
Thriller Romans noirs Canada

Rivière Tremblante

3.62 / 5 (150 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

À 30 ans d'intervalle, deux enfants disparaissent dans des circonstances nébuleuses. Rien ne lie apparemment ces drames, sinon l'horreur qui les entoure et la douleur de leurs survivants... Par l'auteur de «Bondrée», récompensé par le Prix des Lecteurs Quais du polar 2017 et le Prix SNCF du polar 2019.

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  • Date de parution 08/01/2020
  • Nombre de pages 416
  • Poids de l’article 216 gr
  • ISBN-13 9782743649425
  • Editeur RIVAGES
  • Format 170 x 111 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Ne vous aventurez pas dans "Rivière tremblante" si vous comptez lire un polar, ou une enquête policière… 

Car s’il y est bien question de disparitions, ce n’est pas la traque du coupable ou la résolution de l’énigme qu’elles constituent qui intéresse Andrée A. Michaud. Ce sont les conséquences de ces disparitions sur ceux qui restent.

Août 1979. Michael, douze ans, disparaît dans les bois de Rivière-aux-trembles alors qu’il est avec son inséparable amie Marnie Duchamp. L’épisode, coïncidant avec l’arrivée de l’orage, est marqué par la confusion, Michael est pris d’un étrange comportement, lance à Marnie quelques paroles insensées puis s’enfuit en courant. On ne retrouvera qu’une de ses chaussures à plusieurs kilomètres de là, ce qui fait douter du témoignage de l’adolescente, et déchaîne à son encontre une véritable campagne de harcèlement. Au point que son père doit l’emmener vivre ailleurs pour échapper aux médisances et aux regards malveillants.

Trente ans plus tard, à la mort de ce dernier, elle quitte New-York et son commerce de fleurs pour revenir s’installer à Rivière-aux-Trembles. Elle pense avoir su, à force de temps, cesser de vivre dans l’oppression et la culpabilité. Mais son retour dans sa ville natale met un terme à cette insouciance fabriquée de toutes pièces, ravive le traumatisme. Elle a en réalité mené une vie de solitude autour d’une blessure qui ne s’est jamais refermée. Elle réalise que sa fuite a été un leurre, et que c’est bel et bien sur les lieux du drame que doit se résoudre, définitivement, l’affaire. 

Le doute et la culpabilité refont surface. Marnie cherche des réponses, des traces d’elle et de Michael dans les bois, tente de reconstituer les derniers instants. Elle est à deux doigts de basculer dans une forme de démence, s’aventure dans la forêt à la recherche de ce qui a avalé Michael, y voit des signes et des figures totémiques, y pratique d’étranges rituels, se met à parler aux objets...

Bill Richard a quant à lui perdu Billie, sa petite fille de huit ans, disparue alors qu’elle rentrait de son cours de danse, trois ans auparavant. Après l’avoir inlassablement cherchée dans les rues de sa ville, après avoir subi la suspicion des agents en charge de l’enquête et les reproches de sa compagne, après avoir vu son couple voler en éclats, après avoir réalisé qu’à force de se vautrer dans l’obsession de la disparition, il en devenait cinglé… il décide qu’il a besoin de changer d’air, et part vivre à Rivière-aux-trembles, s’exilant dans une maison à l’orée de la forêt, où il pourra tenter de reprendre son activité d’écrivain pour enfants. 

Il fuit lui aussi, mais la bête qu’il tente de semer est dans ses entrailles, héberge des souvenirs qui autodétruisent, empoisonnent, et il ne peut rien contre sa mémoire ni contre la culpabilité de n’avoir ni sauvé, ni retrouvé Billie. Pourtant, dans une moindre mesure, il trouve peu à peu une forme d’oubli, grâce au dépaysement que lui procure ce pays où le silence est si intense qu’il emmure et laisse croire que l’on est seul au monde. Et ce qui surtout le sauve, de l’alcoolisme ou d’une autodestruction définitive, c’est l’amour et le respect qu’il doit à sa fille, qui même disparue, ne mérite pas un père ayant perdu toute dignité. 

Andrée A. Michaud tient la lente chronique, presque jour après jour, de la douleur des vivants, de la culpabilité des rescapés, ceux qui n’ont droit ni la compassion ni à la main tendue, qui servent de bouc-émissaire, car faute de coupable, il faut bien un responsable. Elle décortique les effets de la perte associée à l’insupportable doute, celui de ne pas savoir ce qu’il est advenu de l’être aimé.

Elle écrit la sidération que provoque l’éclatement de la certitude que cela n’arrive qu’aux autres, l’obsession qui fait voir le disparu partout, en d’autres petits garçons ou d’autres petites filles, et se raccrocher à l’irrationnel, imaginant capter des signaux qu’il envoie. Elle exprime l’espoir, comme une idée fixe que l’on sait pourtant vaine, les scénarios qu’on s’invente, fantasmant une autre bifurcation du destin, imaginant l’existence qu’aurait eu l’absent, les rapports qu’on aurait entretenus avec lui dans un futur à jamais détruit. Elle dépeint la solitude inhérente à la douleur, qui ne permet avec le reste du monde qu’une cohabitation souvent empreinte d’incompréhension. 

Les deux histoires, les deux parcours de ces êtres mutilés sont menés en parallèle, ponctués seulement de quelques brèves rencontres, le temps de reconnaître en l’autre les échos d’une détresse semblable à la sienne.

Roman hanté par l’intensité d’un chagrin qu’Andrée A. Michaud parvient à rendre palpable, "Rivière tremblante" est aussi le récit du long chemin vers la reconstruction et la réappropriation de sa vie, pour faire en sorte qu’elle ne soit plus seulement l’exhalaison d’une malédiction que la disparition a ancrée au cœur de ceux qui restent.


J’avais découvert Andrée Michaud il y a deux ans avec Bondrée. Rivages a l’excellente idée de poursuivre la publication de ses romans avec Rivière tremblante.


Un jour d’été 1979, en plein orage, Michael Saint-Pierre, douze ans, disparait dans la forêt, au bord de la rivière, sous les yeux de son amie inséparable Marnie Duchamp. Marnie, gamine, n’a pas compris pourquoi son ami est parti en courant dans la forêt pour ne jamais revenir. Les habitants de la petite ville de Rivières-au-Tremble et les gendarmes, ont toujours cru qu’elle mentait. C’est pourquoi, dévastée, elle a quitté les lieux avec son père.

Trente ans plus tard, à la mort de ce père revenu habiter dans son village, elle décide de s’installer à Rivières-au-Tremble. Elle va y croiser Bill Richard, auteur de livres jeunesse, venu s’enterrer là par hasard, lui qui ne peut plus vivre en ville depuis que, trois ans auparavant, sa fille Billie a disparu à jamais entre l’école et son cours de danse.

Deux deuils impossibles, qui vont se télescoper quand le Michael, onze ans, ne rentre pas d’une balade à vélo. Pour les habitants du village et pour des flics pressés, Marnie et Bill ne sont pas des victimes mais de potentiels bourreaux.

Autant avertir le lecteur tout de suite : Lecteur, si les seuls polars qui t’attirent sont ceux qui proposent une enquête trépidante, des investigations poussées, de l’action, du suspense et des coups de théâtre, passe ton chemin, Rivière tremblante n’est pas pour toi. Si par contre la plongée dans une âme humaine au bord du gouffre te tente, si tu aimes les ambiances brumeuses, les personnages hantés par leurs fantômes, tu peux te précipiter.

Oui ce roman est très lent, oui il restera des mystères. Mais que cette lecture vous prend aux tripes ! Plus de 350 pages à tenter de sortir du deuil, à essayer de trouver une raison de vivre, à s’enfoncer dans une tristesse insondable, à se débattre avec une culpabilité d’autant plus difficile à surpasser qu’elle ne s’appuie sur rien de tangible. Et tout à la fin, dans les toutes dernières lignes, Andrée Michaud arrive encore à vous émouvoir.

Je ne vous dirai pas que c’est une lecture aimable. Au-delà d’une nature envoutante et parfois terrifiante, le portrait qu’elle brosse de cette petite ville et de la police québécoise n’est guère flatteur. Mais surtout l’écriture toute en finesse, mais d’une grande force prend le lecteur à la gorge dès les premières pages pour ne plus le lâcher. Préparez vos mouchoirs, et plongez dans Rivière tremblante.

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