L'art de perdre
  • Date de parution 30/01/2019
  • Nombre de pages 608
  • Poids de l’article 320 gr
  • ISBN-13 9782290155158
  • Editeur J'AI LU
  • Format 179 x 112 mm
  • Edition Livre de poche

L'art de perdre

4.37 / 5 (5206 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

L'Algérie dont est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma qu'une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ? Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu'elle ait pu lui demander pourquoi l'Histoire avait fait de lui un "harki". Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l'été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l'Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?

livré en 5 jours

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  • Date de parution 30/01/2019
  • Nombre de pages 608
  • Poids de l’article 320 gr
  • ISBN-13 9782290155158
  • Editeur J'AI LU
  • Format 179 x 112 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Quatrième de couverture


L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ? Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ».


Mon avis


C’est une voix extérieure qui nous raconte l’histoire de Naïma et de sa famille. On découvre les recherches et découvertes de cette jeune femme, d’origine algérienne, qui veut mieux comprendre sa famille. Pourquoi vit-elle en France, qu’est ce qui a poussé les siens à fuir leur pays ?

La première partie nous présente une « peinture » de la vie « là-bas ». Les traditions, les mariages arrangés, la répartition des terres, la vie quotidienne, la place de chacun, les relations parfois difficiles, voire chaotiques,  entre les uns et les autres. Et puis arrivent les événements, la guerre, l’heure des choix… qu’est-ce qui fait basculer un homme d’un côté ou d’un autre ?  que faut-il faire, préserver son identité, se fondre dans la masse et se faire oublier, s’opposer ou tenter de créer des liens ?


La deuxième partie parlera de la vie en France, la terre qui a hébergé les réfugiés. Cela a été une découverte pour moi lorsque j’ai lu les conditions d’accueil, les réactions de ceux qui étaient là pour « aider » (appelez votre enfant Claude, ce sera plus facile et moins « connoté »…. ), le fait de découvrir la lecture dans un livre de bébé alors qu’on est grand…..


Dans la troisième partie, c’est Naïma, ici et maintenant. La jeune femme doit s’approprier le passé, le présent et l’avenir. Elle veut remonter à ses racines et en même temps, elle a peur de ce qu’elle va apprendre, comprendre….. Obtenir un visa et se sentir ni de là-bas, ni d’ici…. Elle travaille dans une galerie exposant des artistes et l’auteur nous donne à réfléchir sur le rôle de l’art et la légitimité des artistes….


C’est avec une écriture d’une infinie délicatesse qu’Alice Zeniter tisse à points comptés son récit.  Elle ne juge pas, ne prend pas partir, elle offre, avec tendresse et doigté, une fresque de plusieurs générations qui ont vécu, souffert, aimé et toujours avancé ….


Cette lecture a été pour moi une merveilleuse parenthèse.

L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?

Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?

Le prix Goncourt des lycéens est toujours une valeur sûre. Je suis étonnée une fois de plus de la qualité du roman qui a remporté les suffrages d’autant plus que L’Art de perdre est un sacré pavé et que le sujet abordé n’est pas évident.

Je vais tenter (je dis bien « tenter ») de vous donner mon avis sur ce roman dense et foisonnant. Alice Zeniter choisit de raconter trois vies qui se succèdent mais qui en même temps prolongent celle des autres: sur trois générations, le lecteur suit donc Ali, Hamid et Naïma.

Ali est Kabyle. C’est un paysan qui a réussit puisqu’il regarde les autres travailler la terre et les oliviers pour lui. Patriarche d’une vaste famille, il assiste impuissant à la longue descente aux enfers de son pays. Pris entre le FLN et l’armée française, Ali devient un harki malgré lui. En 1962, il fuit son pays avec Yema et ses enfants dont l’aîné s’appelle Hamid.

La deuxième partie du livre est donc consacré à Hamid, le fils aîné de la famille. Il arrive en France alors qu’il a une dizaine d’années. Il a tout à y apprendre et il fait le constat amer de son anormalité. Il n’a pas de pays, pas de racines: ni vraiment Algérien, ni vraiment français, Hamid tente de se construire dans une France des années 70 qui se libère peu à peu.

La dernière partie du roman est consacrée à Naïma, la fille d’immigré, issue d’un mariage mixte. Elle va chercher ses racines, complètement perdue sous le poids du silence et des non-dits.

A partir de cette trame, Alice Zeniter tisse une histoire générationnelle intense et dense. En toile de fond, la guerre d’Algérie: une guerre  fratricide, violente, qui laisse des traces profondes et douloureuses. Hamid incarne une génération qui a tenté d’oublier, de se fondre dans la masse pour faire corps avec une France qui bien souvent ne veut pas de ces enfants d’immigrés trop bronzés tandis qu’Ali a courbé l’échine toute sa vie, honteux d’être ouvrier, honteux de s’incliner devant le patron qui lui donne du « bicot » à tout va. Naïma paraît affranchie de ce poids. Jeune, belle, ambitieuse et libre, elle jouit d’une double culture mais fait le constat d’un manque, d’une perte qu’elle n’aura de cesse de combler.

L’écriture d’Alice Zeniter explore des pistes délicates et soulève des questions multiples: l’identité, la dignité, la culpabilité, le poids des traditions et de l’héritage. Elle éclaire des problèmes encore actuels qui rongent la société française et met en évidence qu’un individu ne peut pas se construire sans racines solides.

Avec cette fresque familiale foisonnante, Alice Zeniter livre un roman fort et passionnant.

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