Dans la toile du temps
  • Date de parution 03/10/2019
  • Nombre de pages 704
  • Poids de l’article 366 gr
  • ISBN-13 9782072853296
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 108 mm
  • Edition Livre de poche
Space Opéra et Planet Opéra Post Apocalyptique Avec Extraterrestres Ouvrage de référence de l'auteur

Dans la toile du temps

4.14 / 5 (529 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

La Terre est au plus mal... Ses derniers habitants n'ont plus qu'un seul espoir : coloniser le "Monde de Kern", une planète lointaine, spécialement terraformée pour l'espèce humaine. Mais sur ce "monde vert" paradisiaque, tout ne s'est pas déroulé comme les scientifiques s'y attendaient. Une autre espèce que celle qui était prévue, aidée par un nanovirus, s'est parfaitement adaptée à ce nouvel environnement et elle n'a pas du tout l'intention de laisser sa place. Le choc de deux civilisations aussi différentes que possible semble inévitable. Qui seront donc les héritiers de l'ancienne Terre ? Qui sortira vainqueur du piège tendu par la toile du temps ? Premier roman de l'auteur paru en France, Dans la toile du temps s'inscrit dans la lignée du cycle Élévation de David Brin. Il nous fait découvrir l'évolution d'une civilisation radicalement autre et sa confrontation inévitable avec l'espèce humaine. Le roman a reçu le prix Arthur C. Clarke en 2016.

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  • Date de parution 03/10/2019
  • Nombre de pages 704
  • Poids de l’article 366 gr
  • ISBN-13 9782072853296
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 108 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Dans la toile du temps est un roman d’Adrian Tchaikovsky, romancier anglais assez prolifique. C’est pourtant son premier roman paru en France. La parution originale date de 2015 sous le titre Children of Time. La traduction française est de Henry-Luc Planchat pour une publication par Denoël dans la collection Lunes d’encre en 2018. Le roman a reçu le prix Arthur C. Clarke du meilleur livre de science-fiction de l’année en août 2016.

Voici un roman que j’ai mis très longtemps à me décider à lire, du fait de la présence de vilaines bêtes poilues avec plein de pattes. Et puis, la suite est sortie, je l’ai reçu et j’ai passé outre mon dégoût pour les araignées en entamant ce roman. Et j’ai bien fait! Je n’aime toujours pas ces bestioles mais l’auteur a su me les faire voir sous un nouveau jour, et pour ça je lui tire mon chapeau.

Dans un futur lointain, les humains ont commencé à terraformer des planètes dans le but d’aller s’y établir. Sur une de ces planètes, appelée Le Monde de Kern, une expérience doit être menée afin de tester un nanovirus sur des singes afin de les faire évoluer rapidement. Mais un attentat fait échouer l’expérience. Contre toute attente, le nanovirus va néanmoins servir et se rabattre sur des araignées présentes sur la planète. On découvre ainsi l’évolution de cette espèce au fil du temps avec la formation de leur civilisation radicalement différente de la notre.

Parallèlement, le récit suit aussi un groupe d’humains à bord du vaisseau Gilgamesh, une des arches stellaires qui a quitté la terre avec des milliers de colons. Le Gilgamesh arrive en approche de la planète verte en se disant qu’il ferait bon y vivre après des années passées en sommeil forcé. Mais les araignées ne le voient pas de cet œil, pas plus que Kern. Cette dernière était la scientifique à la base du projet expérimental du nanovirus. Suite à l’attentat, elle s’est retrouvée piégée en hibernation autour de la planète tout en étant dépendante d’une intelligence artificielle. Les araignées voient en Kern une déesse qu’ils vénèrent.

Les évolutions des deux peuples sont racontées en parallèle et sur une très longue période de temps. Le roman met ainsi en scène le contraste profond entre les 2, avec le développement de la société fondée par les araignées, qui progressent énormément, et l’équipage du vaisseau qui au contraire décline vers la barbarie. On assiste même à une révolte des mâles araignées qui veulent plus d’égalité et ne plus être sous la domination des araignées femelles. Il faut bien avouer qu’elles sont très intéressantes à suivre, ces araignées, on les découvre aventurières, scientifiques, curieuses. Elles ont la capacité de pouvoir se transférer leurs expériences de manière biologique. L’auteur choisit d’ailleurs de les nommer par le même nom au fil des générations pour souligner ce fait.

Du côté des humains, l’accent est mis sur l’importance de la communication et de l’histoire mais aussi sur tout ce qui a trait à l’ingénierie pour survivre au fil des siècles. Cependant, le comportement de la majorité des humains n’incite pas trop à les apprécier, ils apparaissent froids et calculateurs. Adrian Tchaikovsky aborde de nombreuses thématiques: l’évolution de 2 peuples différents, l’importance de la communication, la divinité, l’intelligence artificielle. Il le fait en changeant le postulat anthropocentré, avec des araignées très intelligentes.

Les deux histoires finissent par se croiser, mais on a longtemps l’impression de lire deux récits séparés. On attend la rencontre qui une fois arrivée comble le lecteur et apporte des scènes assez vertigineuses. Quelques longueurs se font parfois sentir sans vraiment déranger la lecture.

Dans la toile du temps est ainsi une fresque passionnante à suivre, un beau mélange de conquête spatiale et d’évolution sur des millénaires. Le développement de la civilisation des araignées est passionnant au point qu’elles volent la vedette aux humains.

La scientifique Avranka Kern projette d’installer sur une planète terraformée des milliers de singes et un nanovirus qui accélérera leur évolution. Mais la futaille transportant les singes est détruite, tandis que le nanovirus trouve un hôte inattendu dans les araignées et dans une moindre mesure les fourmis. Les millénaires passent, les araignées grossissent et enjambent à grands pas l’évolution. Devenues intelligentes et communautaires, elles créent au fil des générations une société, une culture et une technologie adaptée à leur physiologie.


Mais voilà : la Terre mourante a envoyé dans l’espace les derniers humains, qui espèrent bien s’installer sur cette planète accueillante… La planète est protégée par le module d’Avranka, qui s’est cryogénisée avant de donner des instructions à son IA, et les premiers membres d’équipages qui descendent malgré tout au sol sont attaqués par de très gros insectes.


Le roman exploite l’idée d’une espèce très différente de la nôtre qui crée sa propre civilisation, et on sent que l’auteur s’est longuement renseigné sur les araignées, tout en ajoutant la dimension sociale qu’elles n’ont pas chez nous. Curieusement, au fil du roman, on se prend à s’attacher à ces grosses bêtes, leurs espoirs et leurs ignorances, leur chemin vers la civilisation et l’évolution de leur mentalité. Elles restent très différentes des humains et plus collectives. Cependant, les conflits entre nids ne manquent pas. Les araignées ne sont pas décrites comme idéales ou bienveillantes, loin de là (cf. le traitement de leurs mâles), ce qui ajoute à la crédibilité de la société imaginée.


Quant aux humains, le récit est moins surprenant et reste l’histoire d’une lente décrépitude dans un huis clos. La thématique de l’humanité qui détruit son environnement et se détruit elle-même est un des fils conducteurs. On pourra peut-être reprocher à l’auteur la facilité scénaristique d’avoir un linguiste dans le vaisseau, déjà vu dans d’autres romans pour arriver à comprendre une espèce étrangère (quelle est la probabilité qu’il y ait un linguiste expert sur un vaisseau de quelques centaines de milliers de naufragés de l’espace ?). Holstein est ici la figure du héros malgré lui, du vieux sage mesuré seul à même de comprendre l’IA puis la nouvelle planète.


Évidemment, l’un des enjeux est l’impossibilité de communication et de cohabitation entre deux espèces sapientes qui veulent vivre dans le même espace. Les araignées étaient là en premier, et les humains n’ont pas la capacité de repartir car leur vaisseau n’est plus qu’une épave.


Principal défaut du roman : le début prétend que le nanovirus est lâché pour transformer les singes en serviteurs des derniers humains. Pourquoi donc ne pas avoir aussi installé les humains dès l’origine, alors que la Terre se meurt déjà ? On a l’impression d’une manœuvre pour justifier l’idée de départ.


Il n’en reste pas moins que l’histoire est une bonne surprise, et je la lisais davantage pour connaître l’évolution des araignées que celle des humains. L’auteur a écrit une suite avec des poulpes sur une autre planète, et je suis curieuse de savoir ce qu’il a imaginé.

Avant d’attaquer l’année, j’ai fini 2019 avec un peu de SF, toujours conseillé par Kti de Bédéciné : Dans la toile du temps de Adrian Tchaikovsky, qui est anglais comme son nom ne l’indique pas.


Dans un futur lointain, la Terre se meurt. Ce qu’il reste de l’humanité a été embarqué dans un vaisseau immense, mis en hibernation à destination des étoiles vers des mondes qui ont été, dans un passé lointain quand les hommes maîtrisaient un savoir qu’ils ont perdu, terraformés pour servir de refuge en cas de catastrophe.

Au bout d’un voyage long, très long, ils arrivent à proximité d’une planète verte, autour de laquelle tourne un satellite de conception humaine. Le « Monde de Kern », où l’ancienne humanité avait tenté une expérience pour faire émerger l’intelligence chez des singes importés de la Terre. Mais si l’esprit de la docteur Kern est toujours présent dans l’IA du satellite et défend sa création envers et contre tous, même de lointains descendants, sur la planète les choses n’ont pas évolué comme prévu. Entre deux types d’intelligences totalement différents, le choc semble inévitable.

Malgré des défauts, ce roman doit bien avoir quelque chose qui m’a convaincu de lire ses presque 700 pages.

Pour les défauts, on peut commencer par des prétextes scientifiques qui expliquent la folie de Kern et l’apparition de l’intelligence dans le peuple de son monde (à savoir les araignées) assez tirés par les cheveux. Autre défaut, l’auteur veut en faire un peu trop, c’est vraiment très copieux, entre les ravages du temps sur une intelligence humaine restée au contact exclusif avec un ordinateur de nombreux siècles, l’évolution des araignées, celle d’une humanité en déclin dans son vaisseau, une réflexion sur le temps … Presque trop.

Mais il a aussi les qualités de ce défaut. C’est très copieux parce que les trois situations sont vraiment creusées et très bien décrites. On suit avec intérêt l’évolution à bord d’un vaisseau qui connaît les luttes de pouvoir et de savoir inévitables dans une communauté humaine. Et on suit avec au moins autant d’intérêt, sinon plus, la façon dont l’auteur imagine l’évolution de sociétés d’araignées et d’insectes. C’est là que l’auteur a fait preuve d’une grande imagination et en même temps d’une grande cohérence, au point de nous passionner pour leurs progrès aussi bien scientifiques que sociaux.

Et au bout du voyage, le moins qu’on puisse dire est que la conclusion est étonnante et le conflit réglé de façon très surprenante.

A lire donc, si on a du temps et qu’on n’est pas trop fatigué.

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