Le dernier des nôtres
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l’avis des lecteurs
Résumé
«La première chose que je vis d’elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu’enserrait la bride d’une sandale bleue…»
Manhattan, 1969 : un homme rencontre une femme.
Dresde, 1945 : sous un déluge de bombes, une mère agonise en accouchant d’un petit garçon.
Avec puissance et émotion, Adélaïde de Clermont-Tonnerre nous fait traverser ces continents et ces époques que tout oppose : des montagnes autrichiennes au désert de Los Alamos, des plaines glacées de Pologne aux fêtes new-yorkaises, de la tragédie d’un monde finissant à l’énergie d’un monde naissant… Deux frères ennemis, deux femmes liées par une amitié indéfectible, deux jeunes gens emportés par un amour impossible sont les héros de ce roman tendu comme une tragédie, haletant comme une saga.
Vous ne dormirez plus avant de découvrir qui est vraiment «le dernier des nôtres ».
L’auteur
Adélaïde de Clermont-Tonnerre est une journaliste et romancière française née le 20/03/1976 à Neuilly sur Seine.
À partir de 2008, elle est membre du jury du Prix de la Closerie des Lilas qui récompense un roman de femme paru entre janvier et mars de chaque année. Elle est également membre du jury du prix Françoise-Sagan, dont elle a été lauréate et membre du prix Fitzgerald.
Son premier roman, « Fourrure », publié en 2010, dans la collection bleue des éditions Stock, a reçu le prix Maison de la presse, le Prix Françoise-Sagan, le prix Bel Ami, le Prix du Premier Roman de Femme et l’un des Prix littéraires Les Lauriers Verts 2010, en catégorie révélation.
Ce roman a également été finaliste du Prix Goncourt du premier roman et sur la liste d’été du prix Renaudot.
Elle reçoit le Grand Prix du roman de l’Académie française, le prix du roman à la Forêt des Livres et le prix des librairies Filigranes en Belgique pour son second roman, « Le Dernier des nôtres » (2016).
Mon avis
Oui je passe par un moment de littérature qui se déroule en partie cette fois-ci pendant la deuxième guerre mondiale (après Par Amour) ce n’est qu’une coïncidence….
Pour ce roman on suit parallèlement deux récits qui finiront par se rejoindre. L’un pendant la deuxième guerre mondiale avec la naissance de Werner dans des conditions particulièrement dramatiques, mais ce même Werner pendant les années 70 à Mannathan lorsqu’il rencontre LFDSV (La Femme De Sa Vie) Rebecca. Mais rien ne sera simple, leurs destins sont liés et peut être qu’il sera impossible pour eux d’unir leurs vies.
Alors oui j’ai aimé : l’histoire même si certaines scènes sont particulièrement « trash », on rentre très vite dans le récit : on suit les différents parcours, les énigmes se posent les unes après les autres et jusqu’à la fin, même si on se doute plus ou moins du dénouement, il y a un suspens. Il est question d’amour, de vengeance, de filiation, de recherches de parenté, de violence, de guerre, d’intérêts des pays et des petits arrangements négociés à la fin du conflit.
Les différents personnages sont excessifs : Werner, play boy, beau et à qui tout réussi, Rebecca, belle, intelligente, riche, Marcus, meilleur ami de Werner, homme de principe à la bonne éducation, Lauren, soeur de Werner et puis il y a les malfaisants mais de ceux-là je ne vous parlerai pas car ils font partie de la recherche du héros.
Ce roman a remporté le Prix du Roman de l’Académie Française et je suis assez méfiante mais j’en avais entendu parler lors d’un comité de lecture, je me suis lancée et je ne le regrette pas. L’histoire se dévore : celle qui se déroule pendant la guerre, qui pour moi est la plus intéressante et la plus passionnante,mais aussi celle des années 1970 pendant lesquelles se rencontre le couple : on comprend très vite, bien sûr que les deux sont liées, mais pourquoi, comment et la fin offre un rebondissement intéressant.
Où?
Le roman se déroule en parallèle en Allemagne, à Berlin, à Peenemünde, à Nordhausen, Reutte, Oberammergau, à Oranienburg-Sachsenhausen, Nassenheide, Sommerfeld, Herzberg, Alt Ruppin, Neuruppin, Herzsprung et Auschwitz et aux Etats-Unis, à New York, à Berkeley, Novato et San Francisco ainsi qu’à Hawthorne dans le New Jersey, à Fort Bliss et à El Paso au Texas, à La Nouvelle-Orléans et dans une localité proche de Bâton-rouge en Louisiane, à Wainscott. La ville de Rouen y est également évoquée.
Quand?
Le roman se déroule en parallèle sur deux époques : en 1969 et les années suivantes d’une part, en 1945 et les années suivantes d’autre part. Bien entendu, les deux récits vont finir par se rejoindre.
Ce que j’en pense
****
Dans un entretien avec la journaliste Karine Vilder, Véronique Ovaldé exliquait que «Ce qui nous est imposé, le milieu où l’on naît, est une des plus grandes injustices, car on doit ensuite faire avec, modeler notre existence à partir de cette donnée qu’on ne maîtrise pas. Il y a donc des gens qui restent et des gens qui partent.» Une analyse qui s’applique parfaitement à ce magnifique roman d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre et rapproche «Le dernier des nôtres» de «Soyez imprudents les enfants».
L’auteur y fait alterner les chapitres, nous racontant en parallèle l’ascension professionnelle et la passion amoureuse de Werner dans le New York des années soixante et d’autre part le drame vécu par la famille Zilch à la fin de la Seconde guerre mondiale, alors que Dresde s’écroulait sous le poids des bombes.
Le contraste entre ces deux histoires confère au récit une intensité dramatique qui culminera au moment où le lien se fera, où l’on comprendra que l’enfant que Luisa met au monde dans un décor apocalyptique avant de mourir n’est autre que l’ambitieux patron de la société de transactions immobilières Z & H. Dans les premières pages du roman, son regard découvre la cheville d’une jeune femme dont il décide qu’elle sera la femme de sa vie. Pour avoir ses coordonnées, il ne va pas hésiter à emboutir sa voiture tout en laissant un message d’excuse. S’il avait davantage suivi la presse People, il aurait pu éviter cette collision. Car l’élue de son cœur n’est autre que Rebecca Lynch, fille de l’une des plus grosses fortunes de la ville. Werner, sous les yeux effarés de son ami et associé Marcus, va déployer une énergie et une créativité folle pour conquérir la jeune fille. Qui va finir par succomber à son charme. Toute l’habileté d’Adelaïde de Clermont-Tonnerre consiste alors à nous entraîner dans un maelstrom d’émotions. La belle romance ne va pas durer…
C’est dans une Allemagne à feu et à sang que Marthe Engerer, la belle-sœur de Luisa, se voit confier le nouveau-né qui a déjà failli mourir à plusieurs reprises. Pour tenter de le sauver, elle va traverser l’Allemagne et tenter de rejoindre l’équipe de chercheurs et de scientifiques qui travaille à l’élaboration des V2 et dont faisait partie Johann, le mari de Luisa. Un voyage périlleux à l’issue incertaine. Et si elle va parvenir à rejoindre Werner von Braun, à échapper à l’armée soviétique puis à rejoindre les Etats-Unis, c’est au prix de quelques arrangements avec la réalité. Elle se fait passer pour Luisa, l’épouse de Johann et retrouve dans le camp où l’équipe est recluse son mari Kasper. Les deux frères Zilch sont aussi dissemblables que possible, même si physiquement ils se ressemblent comme s’ils étaient jumeaux.
Marthe va alors prendre peur et tenter de protéger son neveu. Avant de fuir, elle prend le soin de laisser un message dans la doublure de ses habits : « Il s’appelle Werner. Werner Zilch. Ne changez pas son nom. Il est le dernier des nôtres. »
La belle Rebecca, qui file le parfait amour avec Werner, présente ses parents au jeune homme. Mais le dîner est dramatique et provoque leur séparation.
« Je traînais ma rage et ma mélancolie. Rien n’avait de saveur depuis que Rebecca m’avait quitté. J’étais ulcéré par la manière dont elle m’avait traité. Une année de mots tendres et de projets s’étaient évaporés en une soirée. »
Au fil des pages, on comprendra que la mère de Rebecca, rescapée des camps de la mort, à cru voir un fantôme lorsque Werner lui a été présenté. Werner comprendra aussi que se histoire ne s’arrête pas à ses parents adoptifs Andrew et Armande Goodman et que, contrairement à ce qu’il affirme haut et fort, il a bien quelque chose « à voir avec ce fou qui découpait des pauvres femmes en enfer » avant qu’il ne naisse.
Les derniers chapitres, au cours desquels les révélations et les coups de théâtre vont se succéder, au cours desquels nos sentiments vont jouer aux montagnes russes, au cours desquels on craint d’être confronté au pire alors que l’on espère que le meilleur sont écrits par une plume virtuose. Les jurés du Grand-Prix de l’Académie française ne s’y sont pas trompés. On les félicitera pour leur choix et, plus encore, on conseillera à tous la lecture de ce roman qui réussit le tour de force de rallier les amateurs de belles histoires d’amour aux passionnés de récits historiques, sans qu’à aucun moment le récit ne soir manichéen. Je me répète : l’exercice est d’une virtuosité rare !
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