Terra Ignota Tome 1 Trop semblable à l'éclair
Résumé éditeur
livré en 4 jours
l’avis des lecteurs
Avant de commencer, il me faut préciser que j’ai une histoire particulière avec Le Bélial’. Une maison d’édition que j’ai découvert sur le tard, par faute aux circonstances, mais qui désormais, trône fièrement dans ce que j’appelle ma « Sainte-Trinité », aux côtés de CRITIC et L’Atalante, à la fois pour leurs exigences respectives en terme de travail éditorial ou des textes qu’ils choisissent de publier. Il n’est pas question de déprécier les travaux d’autres maisons, tout aussi respectables, mais voilà, mes plus grandes émotions, mes auteurs et autrices préferé.e.s, mes plus grosses baffes, elles viennent de chez eux.
Et Le Bélial’ sont les premiers à m’avoir proposé un SP, via Twitter, alors que j’étais encore un tout jeune libraire, alors que je ne voulais que dire du bien de leur travail, sans arrière-pensée. Ce genre de choses, ça crée des liens, un attachement, une confiance, quelque chose de rare. Je sais qu’avec eux, je peux me saisir d’un texte dont je ne sais rien d’autre que sa couverture en me disant que dans le pire des cas, j’y trouverais quelque chose qui me nourrira, dont je pourrais tirer un enseignement, même si sa lecture n’aura pas été un pur coup de cœur.
Et comme vous le savez maintenant, je ne lis plus ou presque les résumés au dos des ouvrages auxquels je consacre mon temps de lecture, à la fois pour ne pas me spoiler le moindre détail, mais aussi et surtout pour ne me forger aucun a priori, être dans la découverte totale. Pour Trop Semblable à l’Éclair, force est de reconnaître que la situation était un peu plus compliquée qu’à l’accoutumée. Avant qu’on ne me l’offre et que je m’y plonge, je n’ai pas pu échapper aux nombreuses réactions de lecteurs et lectrices de mon réseau de veille. Je les salue ici, en particulier Marc Ang-Cho dont j’ai rapidement parcouru la chronique, me confortant dans l’idée que ce livre serait un jour dans ma PàL, motivant la personne qui me l’a donc offert par la suite, au vu de mon enthousiasme naissant.
Et alors, qu’en est il de cet enthousiasme maintenant ? Vaste question.
Au boulot, voulez vous.
Le récit se déroule en 2454, dans un monde entièrement redéfini par rapport au notre, où ont quasiment disparu les notions de pays et de frontières à la suite de l’invention et la généralisation d’un moyen de transport permettant de faire le tour de notre Terre en un tout petit peu plus de 4 heures. Toutes les cartes politiques ont été rebattues et le gouvernement global est géré par un système complexe de dynasties spécialisées, faisant la part belle à une nouvelle cellule familiale basée sur les affinités sociologiques et politiques plutôt que biologiques, le bash. La stabilité de ce système est assurée en grande partie par une interdiction de la Religion en tant que structure organisée et une mesure annuelle de l’influence de chacun des leaders de ces différentes factions par leurs différentes structures de presse. Chacun est le gardien de son gardien, et vice-versa, d’autant que tout le monde est équipé d’un traceur, équipement permettant une communication instantanée, un partage des informations et même de la vue et de l’ouïe de son porteur, pour peu que vous possédiez les bonnes autorisations.
Tout nous est quasi-intégralement narré par Mycroft Canner, personnage nébuleux s’il en fût, central au récit, dans tous les sens du terme. Central, de par sa position vis-à-vis de tous les autres personnages du roman, mais aussi car ce que nous lisons est un rapport qu’il a été chargé de rédiger sur les événements dont nous allons être témoins à travers ses yeux. Très vite, nous comprenons que Mycroft est spécial, très spécial. Il semble pouvoir aller où bon lui semble, est connu de tous et connaît tout le monde, semble disposer de toutes les autorisations ou presque sans pour autant compter parmi les leaders de ce monde, et se permet même de nous adresser la parole, à nous lecteur.
Nous sommes donc dans un récit mis en abyme dans lequel le quatrième mur est très vite détruit, raconté au passé par un personnage dont nous ne savons pas grand chose si ce n’est son emprise particulière sur le cours des événements, se situant dans le futur.
Et je ne vous ai pas raconté le quart de la moitié du tiers du début du roman. Boom.
Premier constat, le plus important de tous. Ce roman est dense, incroyablement riche, complexe dans le meilleur sens du terme. L’univers que crée Ada Palmer est terriblement bien construit ; à partir des quelques données simples et accessibles, elle bâtit, brique par brique un monde dont tous les éléments font sens. Une sorte de toile d’araignée géante qui, subtilement, se dessinerait autour de ses plus petits motifs, gagnant au fur et à mesure en complexité, dont on sent une architecte à l’intelligence supérieure, dont on hésiterait à décider si elle est créative ou retorse.
Avant de développer, il me parait indispensable d’ouvrir une courte parenthèse afin de saluer l’immense et hallucinant travail de traduction de Michelle Charrier, sans qui ce roman aurait très facilement pu basculer du côté du calvaire. Tant de détails constituant autant de pièges dans lesquels elle ne tombe absolument jamais. Or, malgré l’ambition du travail originel d’Ada Palmer et la difficulté qui s’est sans aucun doute imposée à elle, elle s’en sort avec une classe et une élégance folle.
Mais développons donc. Le premier élément, le plus frappant, celui justifiant cette admiration, et avec lequel il faut très vite composer, est celui du langage. À notre époque où font débat l’écriture inclusive et les pronoms neutres, où le patriarcat laisse une trace encore criminellement indélébile sur notre façon de nous exprimer, à l’oral comme à l’écrit ; lire s’exprimer la plupart des personnages d’une façon asexuée et non genrée à l’attention de leurs interlocuteurs et interlocutrices est pour le moins déroutant. L’usage du « on » à la place des « il » et « elle », « ons » au pluriel est un premier choc dont il faut s’accommoder, tout comme l’idée que certains personnages soient décrits de façon masculine et désignés comme des femmes, et inversement, non pas par pudibonderie, mais simplement par manque d’habitude.
Ajoutons à cela un vocable adapté à l’époque qui nous est décrite, des technologies dont la teneur n’est pas évidente à nos yeux, et nous tenons là un texte qui nous demande un effort d’adaptation et de réflexion constant dans les premiers chapitres, servant d’introduction à la fois dans le domaine de la science-fiction, du vocabulaire et de la grammaire.
A la densité du langage s’ajoute la densité de thèmes abordés. J’ai déjà évoqué l’importance de la qualité de « miroir déformant » de l’Imaginaire à mes yeux, sa capacité à dire plus que ce qui nous est raconté, à nous renvoyer à notre contexte propre et mieux l’interroger. Autant le dire tout de suite, Trop Semblable à l’Éclair est un labyrinthe de miroirs. Durant tout le temps de la mise en place de son intrigue et de son univers, il ne se passe pas 5 pages sans qu’une idée ou une trouvaille de l’autrice vienne perturber nos repères et nous amener à l’introspection ou la réflexion. La société de cette Terre de 2454 est composée d’une infinité de changements sociaux, découlant directement d’une Histoire que nous ignorons pour la majeure partie, que Mycroft se fait une joie de nous raconter et de nous expliciter au fur et à mesure que le besoin s’en fait sentir, ou que les différents personnages que nous sommes amenés à côtoyer à ses côtés nous y contraignent. Certains concepts sont plus prégnants que d’autres, dont nous pouvons donc voir les effets et les causes plus profondément, dans un équilibre qui peut sembler précaire mais qui se prête très bien à l’avancée des différentes intrigues parallèles qui se tissent et s’entremêlent sous nos yeux. Nous en savons assez pour comprendre, juste assez pour tenter d’anticiper.
Si tant est que vous arriviez à suivre. Il n’est pas question ici de faire un quelconque reproche à Ada Palmer, mais de constater une ambition qui pourrait en laisser plus d’un.e sur le carreau. On sent très vite que l’autrice est érudite, douée d’une connaissance incroyable des lettres et de leur histoire, tout comme de l’Histoire. De cette richesse, de cette densité, découlent logiquement un nombre croissant de personnages, qui ont tous une importance dans ce récit et qui bénéficient donc d’une apparence, d’une personnalité propres, d’enjeux à défendre, chacun dans leurs domaines respectifs. Entretenant une pléthore de relations de pouvoir, d’affection ou d’intérêt les uns avec les autres, des noms, des surnoms s’enchaînent au fil des pages, chaque personnage pouvant connaître jusqu’à cinq dénominations différentes, que Mycroft lui même peine parfois à nous expliciter, ces noms pouvant eux même constituer une énigme au sein du récit, pour les personnages ou pour nous.
Et on arrive ici à ce qui constitue à mes yeux le cœur du roman, ce qui séparera les lecteurs qui refermeront l’ouvrage satisfaits de ceux qui le jetteront à travers la pièce avec dédain. Je ne sais pas si ma comparaison résonnera chez beaucoup de mes lecteurs, mais elle m’apparaît trop pertinente pour passer à côté. Ada Palmer, d’une certaine façon, m’évoque le catcheur Roddy « Rowdy » Piper, dont l’une des catchprases fétiches, traduite en français, donnerait ceci : » Quand vous pensez avoir toutes les réponses, je change la question. »
Dans ce monde où règnent le calcul, la manipulation, les faux semblants et l’hypocrisie, il ne se passe pas un chapitre sans une nouvelle révélation, un changement dans le rapport de force ou une évolution dans notre perception de ce qui nous est raconté ou de ce qui existe. Une sorte d’hydre terrible, où chaque intrigue qui semble se résoudre en fait naître deux autres, que nous ne verrez émerger que quelques pages plus loin, si vous avez de la chance, ou plus tôt si vous êtes doué de clairvoyance.
Sans compter sur Mycroft. Il constitue sans aucun doute l’intérêt principal du récit, tant par sa position privilégiée en son sein que par sa profondeur abyssale. Je crois pouvoir affirmer que de ma vie de lecteur je n’ai jamais croisé un personnage écrit à la première personne aussi riche et complexe que celui là. Ada Palmer fait de lui une sorte de surprise perpétuelle, donnant autant qu’il nous cache, jouant avec nos attentes, nos nerfs, nos émotions ou nos sentiments. Tout passe à travers lui. Et comme l’autrice, férue des philosophes français des Lumières en fait des piliers de sa mythologie et de la culture de ce monde étrange, le parallèle avec Jean-Jacques Rousseau et ses Confessions est inévitable.
Nous sommes condamnés à faire confiance à Mycroft, tout en sachant que, bien que son rapport soit contrôlé par les instances du pouvoir en place, il est tout à fait capable de se moquer de nous, de ne pas tout nous dire, ou d’en dire trop, ou même d’inventer, de son propre aveu. Il se permet même parfois le luxe de changer son type de narration, ou retranscrit différemment les dialogues d’une page à l’autre, ou bien encore se permet de parler à notre place, singeant nos reproches éventuels pour mieux les devancer ou les éviter. Sa plume est inventive, agile, érudite, brillante. Mycroft est une délicieuse torture à lire, nous faisant parfois souhaiter qu’il nous en dise plus pour le maudire l’instant d’après de n’avoir pas su se taire. Et vice-versa.
Il est vrai que je suis un lecteur enthousiaste. De mon propre aveu, j’aurais tendance à dire que ce que j’ai perdu en capacité d’émerveillement dans la vie réelle, je l’ai transféré dans ma capacité de fascination pour la littérature et ce qu’elle peut nous amener. Un ouvrage comme Trop Semblable à l’Éclair est le genre d’ouvrage qui nous démontre pourquoi cet art a si longtemps été et demeure un compagnon de route indispensable pour l’Humanité toute entière. Pendant la majeure partie de ma lecture, j’ai été happé par ce qui m’était proposé, et je n’ai que peu de souvenirs de romans qui aient pu à ce niveau me faire oublier tout ce que je pouvais faire d’autre. Et bien qu’il m’ait fallu régulièrement faire des pauses afin d’assimiler tout ce que j’avais encaissé dans les minutes ou heures précédentes, pendant les trois jours de cette lecture, mon esprit, sans cesse, m’y ramenait.
A cause d’une phrase, d’une idée, d’une fulgurance, d’une citation, de quelque chose qui avait saisi, accroché une part de mon cerveau, l’idée de renoncer, même temporairement, m’était rendue impossible. Il fallait que je sache ce qui allait bien pouvoir se passer dans ce monde de dingue, quelle trouvaille, quelle brillante invention allait bien pouvoir me souffler cette fois-ci. Et je n’évoque ici que le monde dans lequel l’autrice fait évoluer ses personnages. Leurs interactions seules et le fonctionnement de cette société constituent déjà un tour de force.
Et si sur la fin, il faut bien admettre que je fus moins passionné, un peu las, peut être, de tous ces éléments avec lesquels faire jongler ma pauvre tête, je n’ai jamais cessé d’apprécier ma lecture et d’être impressionné par l’ampleur du travail d’Ada Palmer. Un bête cas d’indigestion à cause d’un enthousiasme incontrôlé pour un plat trop bon, trop riche, qu’on essaie d’engloutir trop vite.
Et voilà. Comment conclure ?
En vous disant, déjà, que je n’ai pas couvert tout ce qu’il pourrait y avoir à dire sur ce roman, alors même que cette chronique est probablement la plus longue que j’écrirais sur ce blog avant un bon bout de temps. Seulement voilà, quand on conseille un voyage à quelqu’un, on lui laisse un maximum de découvertes à faire par soi-même, et je vous souhaite un jour de pouvoir faire ce voyage par vous-même. Soyez prévenu.e.s, il n’est pas évident, et je remercie la chance et la génétique de m’avoir donné une mémoire insolente et une certaine résilience à l’idée de pouvoir avancer dans un roman sans tout en comprendre immédiatement ; j’aime faire confiance au guide, à tort ou à raison.
Ce roman est une oeuvre unique, une des premières depuis longtemps dont je peux affirmer sans crainte qu’elle est originale, avec le risque de transgression et de rejet que cela suggère lors d’une première lecture. Vous ne serez peut être pas sensible au charme tout particulier de Mycroft, peut être ne verrez vous pas dans ce roman la même chose que moi. De mon côté, j’attends avec une impatience croissante la sortie prochaine du deuxième tome, tout comme j’attends déjà l’opportunité que j’aurais, un jour, de pouvoir relire les deux pour y redécouvrir des surprises que j’aurais ratées la première fois.
Si jamais vous aviez un doute, oui, j’ai adoré ce roman, j’aimerais qu’il fasse date. Si vous aimez la SF ambitieuse, celle qui vous retourne la tête, il serait dommage de ne pas lui laisser sa chance.
Ada Rules.
Un premier tome brillant dans un univers riche et complexe. J’ai adoré, c’est facilement ma meilleure lecture de l’année à cette date.
Pour résumer sans trop vous donner de détails je dirais que ce livre raconte, via de nombreux chemins différents, comment un système utopique qui semble limite parfait sur le papier peut être totalement déstabilisé par le plus petit élément insignifiant qui va le faire s’écrouler.
Ce premier tome est en fait une façon de nous représenter ce qui était, le monde utopique dans lequel commence l’histoire et de nous introduire l’élément perturbateur.
C’est un récit qui se passe dans les 25ième siècle et dont la trame principale commence par une enquête sur un vol. Il se révèle politique, philosophique et très intellectuel certaines fois mais dans le bon sens du terme. On peut ressortir un amour pour le Siècle des Lumières et les références historiques sur l’époque sont très nombreuses, mélangé à un futur très visuel ce qui donne un mélange détonant et mais vraiment fantastique.
Ce n’est pas la seule période historique qui est présente bien sur car il semble que nos descendants dans le futur sont fascinés par le passé et reproduisent – en les améliorant – les faits historiques. Ainsi on retrouve par exemple l’équivalent de l’empire romain antique, les Masons qui appellent leur dirigeant désigné à vie Caesar et qui ont réintégré un latin simplifié (sans déclinaisons) comme langue officielle.
*****
Le monde :
Pour l’instant vous ne devez pas trop comprendre grand chose à ce monde mais c’est un des éléments les plus marquants du livre et donc je vais y revenir plus en détail. Ce sont des informations très générales sur le background, je me suis limitée dans mes explications pour vous laisser le plaisir de la découverte du reste.
La première information importante est de savoir qu’on est dans un monde utopique ou plus personne ne meurt de faim, tout est abondant, régulé technologiquement parlant. On en a terminé avec les pollutions, les injustices, les gens ne sont même plus obligés de travailler si ils ne le souhaitent pas (bien que ça reste théorique, une personne sans apport ne sera pas accepté dans une Hive et donc devra travailler pour vivre).
En fait dans ce monde les Pays physiques en tant que Nations ont disparu. Il n’existent plus que théoriquement parce qu’on ne peux pas non plus totalement effacer ce qui a été la règle pendant des millénaires et le sentiment patriotique d’appartenance à une région que peuvent avoir certaines personnes. Du coup les gens portent des brassards ou des pins (et autres décorations) pour montrer d’où ils viennent.
A leur place sont apparu ce qu’on appelle des Hives (ou Ruches en français) qui sont des rassemblements de personnes sur un point commun. Les gens se groupent donc de par leurs convictions, leurs envies (et peuvent en changer quand ils le souhaitent, sur le papier), ou simplement par tradition familiale.
Il existe 7 Hives différentes, dont par exemple les Cousins qui sont ceux qui veulent aider leur prochain – à la base le groupe était un groupe de soutien solidaire dans lequel chacun des membres était considéré comme le « cousin » des autres, un espèce de grande famille, et le concept c’est répandu dans le monde entier, finissant par en faire une des plus grandes Hives.
Ce n’est pas un concept uniforme, les Hives se sont créées au fur et à mesure et on trouve vraiment de tout dedans. Certaines sont des noms qui nous disent des choses par exemple Greenpeace a existé en tant que Hive avant d’être absorbée par la Hive asiatique Mitsubishi, d’autres ont un passé qui se situe dans note futur et qui est expliqué au fur et à mesure durant le livre.
Du coup on retrouve aussi bien des lieux comme l’Europe qui a été la première Hive internationale créée, que les Utopians qui sont ceux qui voient dans le futur ou les Mason et les Cousins dont j’ai parlé plus haut …
Himself: “If you wrote a poem titled ‘The Source,’ what would be its subject?”
Of the Directors, Andō is least afraid to answer His strange questions. “Nature,” he ventured, “the interconnectedness of life, forests, the ocean, maybe rural life, a farm, a spring of water.”
Himself: “Do all agree?”
Shanghai: “Mine would be about Spring. New growth.”
Beijing: “Spring, yes.”
Dongbei: “Land, perhaps. Land changing, the parting of the snow.”
[…]
“Then you are alone.” The dead softness of His voice felt cautious now, as when you comfort a wounded animal, and you know your syllables are meaningless, but, seeing it in pain, you must do something.
“Faced with that question, a Cousin might answer ‘the heart’, a European ‘the past’, a Humanist themself, a Brillist ‘the psyche’, a Utopian ‘imagination’. All are pieces of the Masonic answer: ‘humanity’. Only the Mitsubishi place the Source outside humanity, in Nature.”
Et dans tout ça ce qui prévaut dans ce monde est la liberté d’être ce qu’on souhaite, d’habiter ou on souhaite, avec qui on souhaite. Les genres ont été abolis aussi, désormais on ne devra désigner une personne que par le neutre. En fait le narrateur n’est pas très bon pour ça du coup il nous donne sa propre interprétation du sexe de la personne qu’il rencontre, même si souvent on fini par comprendre que ce n’est pas forcement la vérité.
Bref, je savais que cette chronique serait difficile à écrire, j’ai déjà écrit un pavé alors que je n’ai fait qu’esquisser le monde. Je vais arrêter la niveau explications sur le monde pour laisser la découverte du reste à ceux qui ne souhaitent pas trop en savoir.
Je dirais juste que c’était totalement fascinant de découvrir tout ça. J’ai trouvé cet univers mélange de technologie, de futur « parfait » et d’une grosse dose de passé vraiment très visuel, ça donne totalement un effet « waou » très fort durant toute la lecture.
*****Les personnages :
Ce que j’ai aussi vraiment apprécié dans ce livre se sont les personnages. Mais en fait je dirais même qu’ils sont plus des Personnages. On voyage vraiment au cœur du pouvoir de ce monde pour cette enquête et donc tous les personnages qu’on croise sont très importants et ont de fortes personnalités.La narrateur est Mycroft Canner, un condamné au service public à perpétué, car il a commis un crime et n’a plus le droit de posséder de biens physiques. La règle pour ce genre de personnes est qu’une demi journée de travail équivaut à un repas gratuit et c’est la seule chose qu’on a le droit de leur donner.
Il raconte donc l’histoire car il a été en son centre. On suis donc ses propres rencontres ainsi que celles qu’il a pu reconstituer via des témoignages ou des enregistrements.
C’est vraiment un sacré personnage ce Mycroft. Au début on a du mal à le cerner mais il semble si doux, si effacé et en même temps si brillant. On se demande bien comment il a pu être condamné et pourquoi. Il a beau n’être personne, il a des liens et la confiance de toutes les Hives et même au plus haut niveau. Du coup durant tout le livre il est un peu l’homme derrière le pouvoir, il rend des comptes à tous les dirigeants au fur et à mesure que son enquête avance.
Mais il n’est pas le seul à enquêter. La personne chargée officiellement de résoudre l’affaire est en fait J.E.D.D. Mason, le fils adoptif du caesar. Cela peut sembler contradictoire que ça soit lui le tampon dans cette affaire qui touche toutes les Hives, mais en fait c’est la seule personne de tout l’empire Mason à ne pas pouvoir devenir caesar lui même un jour (car le pouvoir ne peux pas être héréditaire), et du coup il sert tout le monde.
C’est le génie bizarre de l’histoire, le personnage qui ne sait pas comment aborder les gens et qui pourtant trouve toujours la bonne phrase pour faire avancer une situation donnée. C’est un personnage totalement fascinant, et le pire la dedans c’est qu’on ne le rencontre que de très rares fois et pourtant comme Mycroft le vénère on sent vraiment son influence pour faire de ce personnage un personnage fort.
C’est vraiment difficile, j’ai envie de vous parler de tellement d’autres choses mais je me retiens pour ne pas trop vous spoiler. Je vous laisse donc découvrir les autres Personnages par vous même.
*****
Structure, Rythme, style :
Le livre est en fait un récit des événements après coup, racontés par une personne chargée de compiler tous les éléments comme une mémoire pour le futur.
Cette structure donne aussi un élément de narration qu’on n’a pas trop l’habitude de voir à savoir que le narrateur est souvent interrompu dans son récit par un être appelé lecteur qui demande des précisions ou qui le remet sur les rails quand ils s’égare un peu. Comme si le récit était raconté en direct à un témoin au moment ou il le compile. Mais du coup le narrateur ne se gêne pas pour souvent s’adresser à tout ses lecteurs, à nous poser des questions, à nous interpeller sur des points, etc …
Pour ce qui est du rythme, ne vous attendez pas à une histoire rapide. Il faut du temps pour commencer à voir la situation dans son ensemble, à faire en sorte qu’on comprenne le monde dans toute sa profondeur. Il y a plein de passages dont on ne comprend l’utilité que bien plus tard ou des phrases dites en passant qui des chapitres après nous reviennent en tête et on se dit « haa j’ai enfin compris ! ». En plus arrivé à la fin de ce tome on n’a encore pas tous les éléments et on commence à peine à voir ce qui va pouvoir arriver et pourquoi. Le voile n’est pas levé, loin de la.
Je pense que c’est un livre qui méritera une seconde lecture car j’ai du louper pas mal de détails lors de la première.
Surtout c’est un livre que j’ai mis très longtemps à terminer. Pour moi qui ai tendance à dévorer mes livres, surtout quand ils me fascinent, ici je n’ai pas pu le faire.
Le style met un peu de temps avant de vraiment devenir familier, le narrateur explique au début qu’il écrira son livre comme si l’histoire il écrivait un mémoire du 18ième siècle. Il y a donc de nombreuses tournures qui au début m’ont un peu déstabilisé.
Mais finalement on s’y fait et je n’ai pas trouvé le style d’écriture particulièrement difficile en soi.
C’est surtout le fait de combiner ça au coté totalement différent et à l’imagination qu’il faut pour se représenter et comprendre ce monde qui est difficile et qui rend la lecture particulièrement exigeante.
Surtout parce que le narrateur écrit le texte pour des personnes de son futur, et donc il n’explique pas vraiment la situation initiale car la personne est censé déjà la connaitre, il nous plonge donc en plein dedans et c’est à nous de faire notre propre conclusion et de lier les éléments entre eux. On est très loin d’être pris par la main ici, ça c’est sur.
*****Arrivé la vous me direz : « mais je croyais qu’il y avait un élément fantasy dans le livre? Tu n’en a pas parlé. »
En effet, il y en a bien un, qui arrive dés le tout premier chapitre et qui m’a obligé à relire celui ci car lors de ma toute première lecture je n’avais rien compris parce que je n’imaginais pas que ça puisse être possible (je partait sur de la SF pure et dure).
Mais en fait ce fait est à la fois central et peu important dans ce tome. C’est la raison d’être du livre mais finalement on revient très peu dessus sauf à des moments clés.Au final le coté Science-fiction est bien plus important que ce coté ci, c’est limite plus un fait non expliqué qui est pris tel quel qu’un vrai élément fantastique.
*****Conclusion :
Finalement je dirais que c’est une lecture formidablement marquante.C’est un livre ou chaque chapitre est différent et nous apporte une nouvelle couche à l’intrigue ou au monde. (il y a même un chapitre entièrement en latin ! – avec la traduction). On trouve de tout dedans et c’est limite jouissif à certains moments, bizarre et fascinant en même temps.
Ce patchwork pourra plaire à un grand nombre de personnes de l’amateur de romans historiques ou philosophiques, celui qui aime les romans de type enquête, à celui qui recherche une intrigue et un monde complexe et différent de science fiction.
C’est une lecture exigeante sur plein de points mais elle en vaut vraiment le coup !
Je ne dirais qu’une seule chose : ce livre sort normalement en 2019 en français (Le Belial’ à acheté les droits), jetez vous dessus.
18/20
Pour Noël je me suis fait offrir le début de la saga de Ada Palmer, Trop semblable à l’éclair, Terra Ignota, Livre Premier. J’avoue que je ne suis pas complètement convaincu.
Nous sommes en 2454. L’humanité a dépassé le stade des nations et les religions, causes de guerre particulièrement sanglante au 3° millénaire, sont interdites. Sept Ruches structurent la planète et se partagent les 10 milliards d’habitants, selon leurs philosophies, leurs envies ou les valeurs qu’ils partagent. La Paix règne. Une paix qui pourrait se révéler fragile.
Mycroft Canner, coupable de crimes abominables est un Servant, condamné à servir tout le monde en échange du gite et du couvert. Mais étrangement il est aussi le confident des puissants des sept ruches. Et il a découvert par hasard l’existence d’un gamin aux pouvoirs quasi divins, une véritable bombe dans un monde qui a très peur des religions.
C’est à ce moment-là qu’un vol en apparence anodin menace de faire tout voler en éclats.
Alors. Ce bouquin m’a été chaudement recommandé par une libraire de confiance, et les critiques que j’avais lues ici et là étaient toutes absolument éblouies par autant d’imagination, de culture de bouillonnement.
Certes c’est très imaginatif, la projection philosophique et sociale est assez géniale, la liberté décrite est enthousiasmante avec un concept de bash, famille que chacun se choisit, de ruche, que là aussi on se choisit, le tout s’appuyant sur un grosse, très grosse érudition sur les philosophes des lumières. Enorme boulot de construction d’un futur possible. Le mélange de futur moyennement lointain et de XVII ° siècle est original, bien fichu et donne lieu à pas mal de choses très intéressantes.
Mais. Et comme disait l’autre « everything before but is bullshit ».
Le côté scientifique et technologique est complètement survolé. Il y a des voitures qui permettent de faire de tour de la Terre en quelques heures. Elles volent à … A quoi tient ? On est 10 milliards, mais il n’y a plus de problème écologique, les ressources semblent infinies, et personne n’est exploité, tout le monde choisit son sexe, sa famille, sa ruche. Ouais …
Mais surtout il n’y a pas d’histoire. On a un petit Dieu, une liste volée qui semble très importante, même si je n’ai absolument pas compris pourquoi, et au bout de sept cent pages, on a toujours un petit Dieu et on ne sait toujours pas qui a volé la liste.
On a un personnage central, qui dialogue avec le lecteur qui lui répond, ce qui peut être soit rigolo, soit lourdingue à la longue, moi j’ai trouvé lourd. Un personnage qui semble très mignon mais dont on va découvrir les atrocités, sans savoir pourquoi il a agi ainsi, et encore moins comment il est devenu génial et confident de tous les puissants. On a un twist dans le dernier paragraphe qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Et on se perd dans les personnages, je n’ai pas compris grand-chose, pour ne pas dire rien, aux raisons et aux mécanismes des luttes d’influences entre les différentes ruches.
Mais le plus grave, c’est que c’est très bavard et que les personnages n’ont aucune épaisseur. Ils sont là pour émettre des idées, défendre des philosophies, mais ils ne sont pas incarnés. Ils sont censés être très charismatiques ou violents ou inquiétants ou émouvants, et en fait ce ne sont que des véhicules de paroles.
Tout cela va sembler très sévère, trop peut-être, je ne me suis pas uniquement ennuyé, certaines idées sont géniales, mais j’ai eu l’impression de lire le livre d’une philosophe qui veut faire partager des réflexions et beaucoup d’intelligence à des lecteurs en passant par la SF qu’elle aime sans doute beaucoup (je ne doute pas de l’authenticité de son amour pour les philosophes des lumières et pour la SF), mais qui a oublié qu’écrire un roman, ça passe quand même par une bonne histoire et de bons personnages, et qu’un minimum d’effort de clarté ne peut nuire à l’exercice. Bref, dans quelques temps, j’essaierai sans doute le 2 pour voir si tout cela avance un peu, mais il faudra que ce soit rapidement plus clair pour que j’aille au bout.
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