Le voyant d'Étampes
  • Date de parution 24/08/2022
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 242 gr
  • ISBN-13 9782290364086
  • Editeur J'AI LU
  • Format 177 x 112 mm
  • Edition Livre de poche
Romans français Biographies, Mémoires

Le voyant d'Étampes

3.94 / 5 (1192 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Universitaire fraîchement retraité, alcoolique et divorcé, Jean Roscoff ne comprend plus son époque - et elle le lui rend bien. À 65 ans, celui qui se décrit comme un " vieux soiffard guignolesque " est revenu de toutes ses illusions, sauf peut-être celle d'avoir été des bons combats, dans les années 1980, lorsqu'il battait le pavé aux côtés de SOS Racisme.Pour se remettre en selle, Roscoff se lance dans l'écriture du Voyant d'Étampes, un essai sur un poète américain méconnu, mort accidentellement au début des années 1960. A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ?À travers la chute d'un intellectuel devenu la cible d'une chasse aux sorcières, Abel Quentin livre une satire jubilatoire de notre époque et de son goût immodéré pour les bûchers médiatiques.

livré en 5 jours

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  • Date de parution 24/08/2022
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 242 gr
  • ISBN-13 9782290364086
  • Editeur J'AI LU
  • Format 177 x 112 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

« J’allais conjurer le sort, le mauvais oeil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d’Étampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J’allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux. » Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l’écriture d’un livre pour se remettre en selle : Le voyant d’Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l’Essonne, au début des années 60. A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ? Abel Quentin raconte la chute d’un anti-héros romantique et cynique, à l’ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d’une génération.

Ma lecture

Jean Roscoff, professeur à la retraite au mi-temps de la soixantaine, divorcé mais pas remis de sa séparation avec Agnès, son ex, père de Léonie qui vit désormais avec sa compagne Jeanne, veut se lancer dans l’écriture d’un essai sur Robert Willow, poète américain trop méconnu à son goût, mort au volant de sa voiture au début des années 60 comme Albert Camus, cette écriture lui permettant d’avoir un autre but que celui de boire et peut-être se donner une seconde chance comme écrivain.

En effet il espère ainsi se réhabiliter auprès du monde littéraire car son premier essai sur l’affaire des époux Rosenberg, accusés d’espionnage à la solde des russes et exécutés, se voulait déjà une réhabilitation de ceux-ci mais le hasard voulu que l’ouvrage paraisse juste avant une révélation qui mettait à mal son travail le poussant à revenir à l’anonymat même si ce ratage reste collé à son nom. Mais les temps ont changé et le monde de la critique et des jugements aussi. Cette fois-ci, c’est l’absence de ce qui, pour lui, semble un détail, qui plus est injustifié, va le confronter à la fulgurance du monde des années 2000, de la rapidité avec laquelle un livre ou tout autre publication, peut se trouver au cœur d’une polémique. Les réseaux sociaux mais également les médias vont se lancer dans une campagne de dénigrement de l’ouvrage, accusant Jean Roscoff d’idées dans lesquelles il n’a jamais navigué, bien au contraire, puisque, comme il ne cesse de le clamer, il a fait partie de ceux qui depuis longtemps se sont engagés dans la lutte contre l’exclusion et la différence.

Tout cela était grotesque, c’était Robert Willow qu’on réhabiliterait et non pas ma propre personne, et alors je réalisais que Robert Willow, était un prétexte que j’utilisais pour obtenir ma propre réhabilitation, pour me faire mousser, moi. (p116)

Avec cet essai s’adressant, pensait-il, à un public restreint, celui de la poésie, il va se retrouver sous le feu des attaques devant faire face, seul car, c’est bien connu, ceux qu’il croyait ses soutiens vont quitter un par un le navire en plein naufrage, à un monde qui lui est inconnu et étranger, celui des réseaux sociaux mais également des commentaires masqués, sans fondement parfois mais ineffaçables, des attaques venues de toutes parts, relayées par la grâce des écrans et claviers.

Jean n’est pas armé pour lutter car il n’a pas les outils pour, ne comprend pas ce déchaînement et voit peu à peu tous ses arguments, ses justifications se retourner contre lui. Derrière des pseudos, ses détracteurs se répandent, accusent, l’insultent et vont le pousser à se cacher, à se terrer dans le Brionnais, coupé du monde pour tenter de reprendre pied et envisager une contre-attaque.

Abel Quentin décortique à la fois les processus engagés par les anonymes qui répandent et s’évertuent à démolir, sous le couvert de l’anonymat qu’offrent internet et réseaux sociaux, une œuvre (et par extension une personne), la vitesse à laquelle la toile d’araignée nocive s’étend, s’alimente et comment face au fléau son héros dépassé et sincère, va sombrer, s’enliser face à une marée incontrôlable qui ne fera que s’auto-alimenter lui fournissant même, par naïveté, matière à polémiquer.

Richement documenté, Abel Quentin se lance dans la dénonciation du fléau de notre époque, le harcèlement reprenant des campagnes de purge anciennes comme celle du maccarthysme aux Etats-Unis d’un côté et des luttes qui s’engagèrent dans le monde littéraire, entre autres, à l’annonce de la réalité de ce qui ce cachait derrière les grandes idées du communisme, confrontant les débats d’hier, les affrontements d’alors avec ceux qui se jouent désormais à coups de messages lapidaires et destructeurs.

Une construction menée entre le parcours d’un écrivain déboussolé, les références littéraires, politiques, culturelles et sociales aux Etats-Unis et en France, un ton savamment dosé entre mécanismes, rouages de la machine médiatique mais également entre la vie privée du héros et son regard à la fois réaliste, désabusé et ironique sur lui-même et sur ce qu’il découvre du monde auquel il est confronté, sans en comprendre toujours les règles et le fonctionnement, font de l’ensemble un témoignage édifiant de ce qui résulte de la moindre erreur, absence ou prise de position. Jean est à la fois touchant dans son désarroi mais également naïf, ne voyant pas son entourage peu à peu se désolidariser, l’abandonner à son sort quand les intérêts ne sont plus là ou que les éclaboussures du scandale risquent de les atteindre.

J’ai aimé mais j’ai eu du mal à rester totalement concentrée je l’avoue, sur le récit par moment, peut-être parce que l’axe de celui-ci et sa densité ne trouvaient pas toujours écho en moi, même si je lui reconnais un énorme travail de contextualisation dans les différentes époques, sujets, reprenant pour tous à la fois les tenants et les aboutissants.

Une lecture qui est le reflet de notre époque, de ses dangers pas toujours visibles à première vue, où chaque mot compte, où tout doit être pesé, justifié car risquant d’être déformé, interprété et où personne, je pense, n’est armé pour lutter face à un ennemi invisible au pouvoir dévastateur.

J’ai aimé.

Tout dépend du point de vue depuis lequel on se place : on pourrait dire de Jean Roscoff qu’à 65 ans, il est un jeune retraité ou un vieil aigri. Son attitude aurait tendance à faire pencher la balance vers la deuxième option.

Divorcé -et malheureux de l’être-, Jean Roscoff vit seul. Devenu ventripotent, il boit beaucoup trop, et subit une vessie capricieuse. Ex universitaire talentueux mais raté, il est, en somme, une promesse non tenue. Il est par ailleurs englué dans une nostalgie qui l’incite à l’auto-apitoiement et aux ressassements de ses échecs, dont il tente de se réconforter en évoquant à l’envi ses années de militantisme actif auprès de SOS Racisme, brandissant avec une fierté devenue pathétique le slogan scandé lors des manifestations pour l’égalité -"nous sommes tous des enfants d’immigrés"-.

En deux mots, Jean est dépassé. 

Jeanne, la petite amie de sa fille Léonie, ne loupe pas une occasion de le lui faire sentir. Forte de ses idées bien nettes et d’une volonté de fer, elle est sans pitié, crispée sur la défense des minorités et le rejet du mâle blanc dominant. Face à l'intransigeance de la jeune femme, Jean s'efforce d'être conciliant : il veut absolument éviter toute peine à la douce et joyeuse Léonie, et de briser son rêve d'harmonie entre les êtres. 

Il décide de reprendre un vieux projet, celui de la biographie de Robert Willow, obscur poète américain et communiste engagé qui s’exila à Paris pour fuir le Maccarthysme. Il y fréquenta les cercles germanopratins avant de délaisser l’agitation parisienne pour s’isoler à Etampes, où il écrivit de la poésie médiévale. Il ne fut publié qu’après sa mort brutale, en 1960, dans un accident de voiture, avant de tomber dans l’oubli le plus total.

Paru dans une petite maison d’éditions spécialisée, la biographie de Robert Willow aurait dû rester un ouvrage méconnu, pour initiés. Or, elle est bientôt à l’origine d’une polémique enflammée, qui met son auteur sur le devant de la scène. Car selon ses détracteurs, Jean a commis une impardonnable erreur en occultant un élément crucial de la personnalité de Robert Willow : sa couleur de peau. Le voilà accusé d’appropriation culturelle, et en butte à un véritable déchainement de haine sur les réseaux sociaux. Rapidement, la situation devient incontrôlable.

En évoquant la fracture générationnelle qui oppose son personnage à ses adversaires, Abel Quentin met en évidence l’évolution des mécanismes à l’œuvre dans l’engagement idéologique.

Celui de Jean est effectivement d’une autre époque et d’un certain milieu -favorisé- où, pour être dans la marche du progrès, il était de bon ton de se démarquer de son héritage bourgeois. Ses idéaux, sans doute sincères, étaient aussi le moyen d’assouvir un besoin d’appartenance et de s’assurer, au sein d’un microcosme plaisamment homogène, un certain confort intellectuel. Il vient d’un temps où l’on croyait qu’affirmer l’égalité entre les hommes suffisait en partie à résoudre le problème de la discrimination. Les adeptes du wokisme qui l’affrontent analysent la société sous le prisme des processus de hiérarchisation et d’oppression qui déterminent les identités, ainsi essentialisées à la seule caractéristique qui leur vaut leur positionnement sur l’échelle sociale. Le dominé est sommé de se victimiser et les dominants, systématiquement renvoyés à leur avantageuse situation, n’ont plus qu’à se taire et à culpabiliser. C’est ainsi que Jean Roscoff devient le symbole d’un patriarcat blanc qu’il faut immoler. 

Si Abel Quentin souligne les excès des différentes parties en jeu, il ne tombe jamais dans la simplification et accorde à leurs arguments respectifs une légitimité qui donne à son analyse acuité et consistance, tout en lui permettant de mettre en évidence les dangers de la dictature du politiquement correct, du refus de la nuance et de l’hystérisation qui préside aux débats sur les réseaux sociaux.

Pour autant, "Le voyant d’Etampes" n’est pas un récit qui se prend au sérieux. L’humour y est même omniprésent, porté par un ton tantôt enjoué, tantôt sarcastique voire cinglant.

Un roman aussi drôle qu’intelligent, qui fait un bien fou !


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