Kang Han

Kang Han

biographie

Han Kang ou Han Gang, née le 27 novembre 1970 à Gwangju, est une romancière sud-coréenne. Elle est la lauréate du prix Nobel de littérature 2024 « pour la profondeur de sa prose poétique qui s'oppose aux traumatismes de l'histoire et révèle la fragilité de la vie humaine ».

Ses romans mettent souvent en scène un personnage féminin dont la confrontation avec son entourage ou avec la société révèle la vulnérabilité mais aussi la révolte, comme dans La Végétarienne (2007) et Pars, le vent se lève (2010). Son usage du silence apporte un rythme à ses romans mais établit aussi une connexion entre différents éléments opposés. La tonalité de son œuvre mêlant fréquemment mélancolie et ressentiment est souvent présentée par la critique comme une illustration du concept coréen de han.

Sa production prend souvent pour toile de fond l'histoire contemporaine de la Corée du Sud, notamment la période dictatoriale. Celui qui revient (2014) est évocateur du soulèvement de Gwangju de 1980, et Impossibles adieux (2021) du soulèvement de Jeju de 1948. Ses engagements lui valent d'avoir été mise, au milieu des années 2010, sur la liste noire de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, fille de l'ancien dictateur Park Chung-hee.

 

Née à Gwangju, Han Kang est la fille de l'écrivain Han Sung-won. Alors qu'elle vient d'avoir dix ans, sa famille s'installe dans le quartier Suyu de Séoul (elle évoque cet épisode dans Leçons de grec / Hirabeo shigan). Elle grandit dans un environnement parental modeste, entourée des livres que son père accumule. Elle indique avoir découvert tôt dans sa jeunesse des auteurs coréens comme Kang So-cheon (ko) (Le Studio qui photographie les rêves) et Ma Hae-song (ko) , ou étrangers comme Astrid Lindgren (Les Frères Cœur-de-lion), avant de se plonger dans la littérature russe plus tard lors de son adolescence en lisant Dostoïevski et Pasternak. Elle cite Lim Chul-woo comme l'un des auteurs qui l'ont profondément marquée à cette période de sa vie.

Elle étudie la littérature coréenne à l'université Yonsei d'où elle sort diplômée en 1993. Elle commence une carrière littéraire quand l'un de ses poèmes est publié dans le numéro d'hiver de la revue Littérature et Société (Munhakgwa sahoe). Sa carrière prend un tour plus officiel lorsque sa nouvelle L'Ancre rouge (Bulgeun dat) remporte le concours printanier du quotidien Seoul Shinmun (en). Depuis lors, elle a remporté le prix Yi Sang en 2005, le prix de l'artiste d'aujourd'hui et le prix de littérature coréenne. Elle enseigne l'écriture créative à l'Institut des arts de Séoul de 2007 à 20182, puis gère une librairie à partir de cette date dans le quartier de Jongno-gu à Séoul. Elle épouse Hong Yong-hee, enseignant à la Kyung Hee Cyber University (en) et critique littéraire, avec qui elle a un fils, et dont elle divorce par la suite.
Pendant la présidence de Park Geun-hye (2013-2017), elle est placée sur une liste noire, comportant près de 10 000 noms et censée permettre aux autorités de surveiller les artistes hostiles au gouvernement et de les priver de subventions. Han Kang reste cependant discrète sur ses opinions politiques, et ne fait que de rares interventions en public.

 

Han Kang se démarque de la littérature coréenne contemporaine à la mode dans le pays. Alors que les romans les plus populaires dans la péninsule versent souvent dans le registre très positif et bienveillant, elle s'en démarque en proposant des romans qui explorent les douleurs de sa société et de ses individus. C'est d'abord dans les cercles littéraires du pays que la qualité de son travail est reconnu, et ne elle bénéficie que tardivement d'une certaine notoriété dans le grand public.

Dans La Végétarienne qu'elle publie en 2007, Han Kang explore le sujet de la violence corporelle, psychique et sexuelle au travers de la thématique de la conversion au véganisme de la narratrice de l'œuvre, Yeong-hye, et de la pression sociale exercée contre ce choix par son entourage. Inspiré d'une autre nouvelle publiée plus tôt, le roman est adapté au cinéma dès 2009. L'auteure y développe le sujet de la distanciation avec la société, allant jusqu'à des épisodes proches de la psychose. Premier succès populaire, le livre se vend à plus d'un million d'exemplaires en Corée du sud2.

Pars, le vent se lève publié en 2010 opte pour la forme d'une enquête qui voit sa narratrice Jeong-hee faire des recherches sur la mort de l'une de ses amies. Dans un Séoul hivernal, les thème de l'isolement et de la solitude contemporaine et urbaine sont explorés. Han Kang explore des thématiques similaires dans Blanc publié en 2016. Une narratrice s'y interroge au sujet de sa sœur ainée, morte deux avant sa propre naissance, alors qu'elle évolue isolée dans une grande ville européenne. Son roman Leçons de grec publié en 2011 continue d'explorer le thème de la perte et de la solitude, alors qu'un début de romance entre deux narrateurs met en lumière leurs manques respectifs : l'un est un professeur de grec ancien qui devient progressivement aveugle, et l'autre, récemment divorcée et ayant perdu la garde de son fils, doit faire face à un problème de mutisme et espère retrouver la maitrise du langage par l'apprentissage de cette langue.

Elle publie en 2014 Celui qui revient qui prend pour toile de fond le soulèvement de Gwangju de 1980 et sa répression brutale par le régime militaire. Elle découvre le sujet en trouvant par hasard à l'âge de douze ans dans un livre de famille des photos de corps mutilés à la baïonnette, prises dans sa ville natale. Elle poursuit son exploration des violences politiques qui émaillent l'histoire contemporaine de la Corée du Sud en publiant en 2021 Impossibles Adieux qui évoque les souvenirs laissés par le soulèvement de Jeju de 1948, où elle a elle-même passé quatre mois en 1996 et où elle a rencontré des témoins de la répression

 

Han Kang bénéficie de la première traduction de l'une de ses œuvres en français en 2011 avec la publication de sa nouvelle Les Chiens au soleil couchant, puis de la publication de Pars, le vent se lève en 2014 (publié en Corée en 2010). Han Kang fait partie de la dizaine d'auteures sud-coréennes participant à l'anthologie de nouvelles Nocturne d'un chauffeur de taxi publiée en 2014. Le lauréat du prix Nobel de littérature 2008 Jean-Marie Le Clézio et résidant régulier dans le pays en fait l'éloge : il souligne notamment que les nouvelles sélectionnées « témoignent de la vitalité de la littérature sud-coréenne contemporaine ». La nouvelle de Han Kang en particulier fait preuve selon lui d'une grande attention aux détails et d'une intrication narrative très soignée.

La première traduction de l'un de ses romans en anglais, La Végétarienne en 2016 (publié initialement en coréen 2007), lui vaut l'essor de sa reconnaissance internationale. Cette traduction lui permet de décrocher l'International Booker Prize en 2016 et d'être retenue la même année par le New York Times dans sa liste des dix meilleurs romans de l'année. Le journal Le Monde mentionne son nom en 2023 parmi les auteurs de Corée du Sud à « retenir sans plus attendre », aux côtés de Hwang Sok-yong et de Ko Un16. Elle reçoit en France le prix Médicis étranger en novembre de la même année pour Impossibles Adieux.

Le jeudi 10 octobre 2024, elle reçoit le prix Nobel de littérature 2024 « pour la profondeur de sa prose poétique qui s'oppose aux traumas de l'Histoire et révèle la fragilité de la vie humaine ». C'est la première personnalité sud-coréenne (et coréenne) et, par conséquent, la première personne à écrire en hangeul à recevoir ce prix ; elle est également la cinquième personnalité asiatique et la première femme asiatique à être récipiendaire du prix Nobel de littérature.

Source : Wikipedia

Les livres de Kang Han