
Les quatre vents du desir
Résumé éditeur
livré en 4 jours
l’avis des lecteurs
Les quatre vents du désir est un recueil de nouvelles d’Ursula Le Guin publié dans la Collection « Kvasar » des éditions Le Bélial’. Cet ouvrage avait auparavant été édité en France en 1988 chez Pocket. Pour cette nouvelle mouture, les éditions Le Bélial’ ont harmonisé les traductions, ont ajouté une préface de David Meulemans ainsi qu’une longue interview de l’autrice par Hélène Escudié datant de 2002,ainsi qu’une bibliographie de l’autrice. La très belle illustration de couverture est d’Aurélien Police. Le titre original du livre est «The Compass Rose », il avait obtenu le prix Locus du meilleur recueil de nouvelles 1983.
Le livre contient 20 textes, répartis en six parties liées aux orientations d’une rose de vents, auxquelles s’ajoute Nadir (le bas) et Zénith (le haut). Les nouvelles ont des thématiques communes, des ambiances semblables pour certaines ou totalement différentes selon la partie ou elles se trouvent.
Nadir:
L’Auteur des graines d’acacia : cette nouvelle s’intéresse à la « Thérolinguistique », discipline inventée par Ursula Le Guin qui permet de traduire et comprendre le langage des animaux. On retrouve des thèmes chers à l’autrice: le langage, l’Art, la manière d’interpréter les choses. Une belle entrée en matière.
La nouvelle Atlantide : Comme son titre l’indique, ce texte fait référence à l’atlantique, avec 2 histoires qui s’imbriquent: l’émergence d’un monde enfoui et un plus sombre avec la description d’une société dystopique où l’État est omniprésent.
Le chat de Schrödinger : Un titre connu pour un texte court et pas très clair qui propose avec humour une variation autour de la célèbre expérience de pensée.
Nord:
Deux retards sur la ligne du Nord : un texte poétique sur le deuil, avec l’histoire de deux hommes qui doivent faire face à des retards de train et de leurs conséquences sur leur vie. Il y est question de voyage, de souvenirs. Un beau texte.
Le test : une nouvelle marquante et qui reste en mémoire, sur un test de stabilité mentale qui permet de savoir si le patient est toujours sain d’esprit ou non. L’histoire est racontée par l’assistante du professeur qui a inventé ce test ayant un succès fulgurant. Celle-ci est totalement convaincue du bien fondé de ce test et de la grandeur de son patron, ce qui instille une dose de second degré dans la narration alors que le fond est plutôt glaçant.
Une pièce d’un sou : un texte sur le deuil avec une jeune fille qui perd sa tante. Le texte fait référence au passeur et à l’obole nécessaire pour le dernier voyage.
Est :
Premier rapport du naufragé étranger au Kadanh de Derb : cette nouvelle a des aspects d’un conte, où le narrateur doit décrire la Terre. Cette tâche se révèle fort ardue et l’autrice y fait preuve de beaucoup de poésie.
Le journal de la rose : Rose est psychothérapeute et tient un journal sur les expérimentations d’une technologie de pointe qui va lui permettre de connaitre les pensées des patients.
L’âne blanc : à nouveau ce texte rappelle un conte où une jeune femme est lié à un âne blanc. Le texte est très court, sans doute trop.
Le Phœnix : un texte assez sombre où une une femme recueille un homme blessé. Celui-ci est bibliothécaire et a du faire face à un conflit armé dans une ville en proie à la guerre civile. On y parle de l’importance des livres, de la culture, de l’espoir malgré la guerre.
Zénith:
Intraphone : une nouvelle du registre absurde et humour avec une pièce de théâtre dans un vaisseau spatial. Pas le plus marquant.
L’Œil transfiguré : une très belle nouvelle de type planet opera qui se déroule sur la nouvelle Sion, où les humains ont beaucoup de mal à s’adapter. Les enfants de la colonie naissent avec des problèmes de santé nécessitant un lourd traitement permanent. L’art est à nouveau au centre de ce récit tout en finesse.
Labyrinthes : ce texte aborde le thème de l’altérité, avec un narrateur emprisonné et obligé de sortir de labyrinthes sous la surveillance de son geôlier.
Les sentiers du désir: on retrouve le thème de l’ethnologie cher à l’autrice avec l’histoire de trois humains envoyés sur une planète lointaine. Une société s’est développée sur cette planète.
Ouest :
La harpe de Gwilan: cette nouvelle suit l’histoire d’une harpiste d’exception et de son instrument. Un beau texte sur la musique et l’art.
Malheur county : le thème du deuil est à nouveau au centre de ce texte où une femme et son beau-fils vivent ensemble après le décès de sa fille. Le titre du texte fait référence à l’endroit où ils habitent. Il y est aussi question de reconstruction après un drame, un beau texte rempli d’émotions.
L’eau est vaste : une histoire trouble sur un homme interné en hôpital psychiatrique et le lien qu’il entretient avec sa sœur. Un texte pas toujours clair mais aux thématiques fortes.
Sud:
Le récit de sa femme : un texte très court où une femme raconte la transformation de son mari. C’est une nouvelle à chute qui joue sur les certitudes.
Quelques approches au problème du manque de temps : un monde où le temps est devenu une denrée très rare. On parle de l’état de la recherche pour essayer de régler ce problème. On reconnait nos sociétés modernes où tout le monde cherche à gagner du temps.
Sur : une très belle nouvelle pour terminer le livre avec une variation sur la conquête du Pôle Sud qui aurait eu lieu par un groupe de femmes quelques mois avant l’exploit officiel d’Amundsen en 1911. Le texte est très documenté et décrit un récit mettant le courage et le dépassement de soi en avant.
Après ces nouvelles, le livre contient un long entretien entre Hélène Escudié et l’autrice datant de 2002. C’est très intéressant et permet d’apprendre pas mal de choses sur les influences et thématiques d’Ursula Le Guin. Une bibliographie de ses œuvres par Alain Sprauel complète le livre. Les éditions Le Bélial’ ont vraiment fait un très beau travail avec ce recueil qui ravira tous les connaisseurs d’Ursula K. Le Guin et qui peut également être une très bonne entrée en matière pour découvrir cette grande autrice.
Vient un moment dans son parcours de lecteurice, je pense, où tout le monde accepte enfin que tout ne peut pas être lu, qu’il faut consentir à des sacrifices. Pas assez de temps pour trop de volume et trop de choses qui ne sont pas pour nous. Mais autant on consent fatalement à ces sacrifices, autant, surtout, on fait des choix. Si je suis prêt à renoncer à beaucoup d’aspects de la littérature pour me forger un bagage qui me correspond et m’épanouit, je ne veux pas pour autant fermer la porte aux découvertes. Parce que malgré mes goûts désormais assez bien définis à mes yeux pour savoir ce que j’aime vraiment et ce qui me fait plus douter, il s’avère quand même que la prise de risque fait partie de ces goûts. Et que ces découvertes parfois amères agissent aussi comme force de contraste pour d’autant plus apprécier ce que j’aime vraiment.
Et donc, Ursula K. Le Guin. En dépit de la relative déception de La Main Gauche de la Nuit, la dame demeure un nom trop important de l’Imaginaire mondial, il me semble, pour que je fasse l’impasse sur son travail. Alors je continue d’explorer, au fil de mes opportunités. En attendant de pouvoir un jour lire Les Dépossedés dont j’ai cru comprendre qu’il était son ouvrage le plus important aux yeux de pas mal de ses fans, j’ai décidé de profiter d’un nouveau généreux SP des éditions du Bélial’ avec ces Quatre Vents du Désir.
Après tout, un recueil de nouvelles peut donner autant de choses à explorer qu’un roman ; je savais que j’aurais des choses nouvelles à apprendre sur Ursula Le Guin avec une plus grande variété que ce que j’avais lu jusque là.
Ah pour sûr, j’ai appris. Et je fais pas le malin.
Pour être tout à fait clair, je n’ai – dans l’ensemble – pas passé un bon moment. Je suis, de fait, terriblement frustré, et pour plusieurs raisons distinctes qui s’alimentent mutuellement et me font grincer des dents plus fort encore. Le fait est que j’ai refermé cet ouvrage en me disant que mon prochain essai avec cette autrice serait sans doute le dernier si je devais de nouveau y expérimenter ce sentiment profond de gâchis et d’incompréhension incrédule. Pour être même encore un peu plus honnête et transparent, je dois même admettre que trop régulièrement dans ce recueil, je n’ai pas compris. Alors attention, pas le contenu en lui même ; je ne peux que reconnaître à l’autrice un talent de conteuse indubitable, jouant souvent et assez habilement de la forme pour aller avec son fond, dans un effort constant d’expression et de cohérence absolument respectable. Non, ce que je n’ai pas assez souvent compris, c’est l’intention, le pourquoi de certains textes. J’arrivais au bout d’un morceau de fiction avec le sentiment qu’il en manquait des morceaux, et très souvent la fin. Une chute, des éléments pour contextualiser, un semblant de morale, un message, quelque chose, n’importe quoi. Non, rien. Juste moi face au livre, secouant la tête, haussant les épaules et laissant échapper un « …oui, et ? » agacé. Je n’ai pas compris pourquoi Ursula Le Guin avait, dans ce recueil au découpage abscons, lié tous ces textes ensemble. Si j’ai d’habitude tendance à saluer la variation générique et la richesse thématique dans les recueils que je lis, c’est plutôt par goût de l’éclectisme et grâce à un certain sentiment d’universalité qui traverserait l’ensemble, résumant en filigrane la personnalité de l’auteurice, y trouvant des gimmicks ou des distinctions me donnant l’impression d’un enrobage global ; une signature.
Dans ce recueil, à vrai dire, j’ai eu le sentiment de plutôt lire une collection de textes inaboutis, avortés, manquant de chair, d’envie d’approfondissement ou simplement d’idées pour être vraiment menés à bien. De personnalités, oserais-je même, pour certains. À l’exception de certains, quand même, il faut le dire. Et ceux que j’ai aimés, je les ai pour la plupart adorés, accentuant encore ma frustration à chaque fois. Parce que dans ces occurrence de réelle brillance conceptuelle accompagnée de personnages attachants ou d’un talent de vulgarisation assez impressionnant, je voyais, enfin, le talent qu’on me vante tant depuis des années. Pour basculer la nouvelle d’après dans un sentiment de basse médiocrité ou de flemme créatrice terrible, avec des histoires qui me semblaient soit vides de sens ou simplement d’enjeux ou qui se terminaient en queue de poisson avant même d’avoir la chance de devenir intéressantes. Une alternance terrible dans un recueil qui se veut aussi riche, du coup. Parce que j’y ai avancé avec enthousiasme et curiosité au départ, puis au fil des déceptions, j’étais trop littérairement fatigué et confus pour réussir à vraiment profiter de ce que j’y trouvais bon, m’attendant à tout instant à lire ces textes basculer dans une regrettable austérité ou pire, se terminer de façon frustrante.
Encore plus que d’habitude, je trouve que ce recueil est extrêmement difficile à résumer, et mon sentiment avec lui. Quelques pépites pour beaucoup trop de sable, et surtout un terrible et profond sentiment d’incompréhension. J’ai lu des choses mauvaises dans ma vie, mais même elles me paraissaient poursuivre un but, des objectifs clairs. Ici, en dépit d’une réelle qualité d’expression et les preuves qu’Ursula Le Guin, conceptuellement parlant, pouvait aller très loin et très fort sans me perdre, est parvenue à me laisser sur le bord du chemin beaucoup trop souvent, et avec des textes pourtant basiques. Je n’arrive pas à m’expliquer un tel écart qualitatif et surtout d’ambitions, et surtout je n’arrive pas à m’expliquer ce que voulait vraiment Ursula Le Guin en écrivant la majorité de ces textes. Et alors autant pour une partie je peux facilement accepter que la dame volait bien trop haut pour moi, parce qu’il y a un moment où il faut regarder les choses en face ; autant, quand même, j’ai suffisamment d’orgueil pour croire qu’aussi, pour une partie de ces textes elle s’est plantée. Que ce soit par manque d’ambition, manque de travail ou simplement manque d’efforts pour rendre sa volonté plus claire aux yeux de son lectorat, certains de ces textes ne sont juste pas au niveau. En tout cas, le standard de ce recueil à l’aune de certains des textes qu’il contient n’est absolument pas assez élevé, ou alors pas assez lissé pour me permettre d’y trouver la clé de compréhension nécessaire à mon plaisir de lecture. Voilà, si je devais poser un diagnostic abrupt sur ce recueil, je dirais peut-être qu’il est trop égoïste. J’ai eu le sentiment que l’autrice l’avait fait pour elle et elle uniquement, oubliant qu’une relation littéraire se fait forcément à deux au moment de la lecture ; j’ai eu le sentiment d’être ce petit garçon invité chez une amie pour la voir jouer avec ses jouets devant moi sans avoir le droit de seulement les toucher.
Donc voilà. Encore une fois, frustré plus qu’autre chose. Il y a quelques perles merveilleuses à dénicher dans ce recueil, mais elles constituent des exceptions au sein d’un ensemble que je trouve malheureusement médiocre, ne pouvant en tout cas pas me faire exprimer le même regret chronologique qu’exprimé à l’égard de La Main Gauche de la Nuit. Il n’est pas seulement question ici d’avoir découvert une excellente autrice trop tard, il est simplement question de ne clairement pas avoir découvert le meilleur travail de ladite auteurice, toute périodes de mon parcours de lecteur confondues. J’ai pu, avec certains occurrences de ce livre, toucher du doigt la brillance d’une conteuse et d’une conceptualiste d’exception, mais ces occurrences – aussi puissantes pouvaient-elles être – étaient trop rares pour me rendre aussi admiratif·ve que d’autres peuvent l’être.
On verra bien ce que les Dépossédés me feront comme effet lorsque ce jour viendra. En attendant, je reste circonspect. Curieux, toujours, titillé par une pointe d’excitation, mais circonspect.
Livraison soignée
Nos colis sont emballés avec soin pour des livres en excellent état
Conseil de libraires
et des sélections personnalisées pour les lecteurs du monde entier
1 millions de livres
romans, livres pour enfants, essais, BD, mangas, guides de voyages...
Paiement sécurisé
Les paiements sur notre site sont 100% sécurisés