Le monde de Julia
  • Date de parution 12/04/2023
  • Nombre de pages 224
  • Poids de l’article 274 gr
  • ISBN-13 9782382670507
  • Editeur MNEMOS
  • Format 200 x 140 mm
  • Edition Grand format
Dystopie et Uchronie Ouvrage de référence de l'auteur

Le monde de Julia

3.11 / 5 (63 notes des lecteurs Babelio)

Rupture éditeur

  • Date de parution 12/04/2023
  • Nombre de pages 224
  • Poids de l’article 274 gr
  • ISBN-13 9782382670507
  • Editeur MNEMOS
  • Format 200 x 140 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Le monde de Julia est un conte juridique du futur. Ecrit à quatre mains, celles de Ugo Bellagamba, historien du droit et Jean Barret, docteur d’Etat en droit et avocat. C’est la chronique du Nocher des livres qui m’a donné envie de mettre mon nez dans ce petit roman un peu particulier, surtout après l’exquis Le livre de NathanLe monde de Julia est ainsi ma 2e très bonne lecture du label Mu chez Mnemos. Jamais deux sans trois, dit-on, il va alors falloir que je me dégote ma prochaine lecture !

4e de couverture

C’est le chaos. Partout. Depuis des années, l’humanité exsangue, à la suite de bouleversements climatiques et sociaux, est réduite à une population congrue. Réunie en tribus aux règles tirées de romans, de séries ou de films, elle tente de refaire société au prix de conflits sanglants entre les clans.

Protégée des affres du monde, Julia vit loin, perdue dans la montagne. Sa vie n’est faite que de dessins et d’enseignements prodigués par Roland-17, son tuteur. Quand ce dernier, au bout de ses réserves énergétiques, s’éteint, Julia se retrouve seule et décide de partir à la recherche de ses parents.

Commence alors un voyage philosophique pour Julia et un faucon mystérieux qui l’accompagnera et l’initiera à l’esprit des lois pendant qu’un groupe de chercheurs tente des expériences pour comprendre et dessiner ce qui constituera la première pierre d’une société parfaite.

Julia apprentie philosophe et son maître

Un roman didactique rasoir ?

Le monde de Julia est un petit roman assez didactique. Le roman comporte deux trames, je parlerai d’abord ici de la première avec Julia.

Julia est comme ces personnages de romans d’apprentissage du XVIIIe. A un moment, elle m’a un peu fait penser à Jacques le fataliste, accompagnée de son maître Roland-17. Puis un autre maître dont je vous laisse le plaisir de découvrir l’identité. Mais on est bien dans cette idée : un dialogue-promenade philosophique, gorgé des idées des Anciens et des Lumières, forgeant la croissance intellectuelle de Julia. Je pense que le roman fait aussi un gros clin d’œil au roman Le monde de Sophie de Jostein Gaarder dans le concept (et son titre).

Son histoire est principalement émaillée de ces dialogues qui pourraient paraître parfois saugrenus tant leur rattachement au récit pourrait sembler factice. On pourrait aussi juger ces leçons philosophiques sur le droit très artificielles. Ca m’a fait un peu penser à ces méchants dans les films qui, sur le point de gagner face aux gentils, perdent un temps fou à blablater, suspendant ainsi le temps et le compte à rebours qui ralentit inexorablement. Là, c’est un peu pareil, ce qui peut donner une impression d’artificialité importante.

Enfin, le ton didactique pourrait agacer pas mal de monde, je pense. Ajoutons à cela des confrontations d’idées piochées dans des thèses d’auteurs un peu oubliés (en ce qui me concerne bien sûr – ouh la la, j’espère que les auteurs ne passeront pas par ici), et la leçon peut vite devenir aride. Oui, le débat d’idées entre Hobbes, Locke, Platon etc. ressemble aux joutes rhétoriques grecques, qui peuvent passionner les uns et profondément assommer les autres.

Plutôt malin, en fait

Vous aurez remarqué que j’ai volontairement commencé cette chronique par tous les reproches que j’ai pu glaner ici et là. Mais il y a un « mais ». En effet, je ne partage pas ce point de vue.

Car selon moi, ça marche très bien. Parce qu’on renoue, d’une part, avec l’essence des romans didactiques et l’esprit est bien là. J’ai trouvé les échanges parfois badins, avec ce Roland-17 qui maîtrise à la perfection les nuances entre conviction et persuasion. De parfaits petits numéros bien exécutés – et personnellement, j’ai trouvé cela très savoureux, cocasse et franchement malin.

Ensuite, hé bien on ne s’ennuie pas. Personnellement, les grands textes conceptuels des Anciens et des Lumières me semblent difficiles à avaler (c’est comme manger des pois cassés nature sans une petite crème légère pour les accompagner). Or, Le monde de Julia apporte cette rondeur manquante aux propos, un dynamisme dans l’échange d’idées, et un rythme dans la pensée qui se forge. Et que ça donne presque envie de retourner à la source pour lire enfin ces grands noms. Et puis c’est passionnant, jamais ronflant, ni juste théorique. Il y a des questions que l’on se pose chaque jour et qui sont fondamentales : qu’est-ce qui fait société ? Peut-on garantir la liberté sans égalité ? Dans les crises (politiques, sociales, des institutions…), que nous traversons, remettre à plat ces points est loin d’être inutile.

Enfin, j’ai trouvé que la construction du roman permettait au propos plus didactique de bien s’intégrer au reste. Il se compose de deux trames, l’une avec Julia et l’autre avec un chef de clan qui tente de trouver des solutions pour dépasser cette logique fragmentaire, et de mettre en place une société fondée sur le vivre-ensemble. Ce faisant, j’ai remarqué que les chapitres, qui alternent les points de vue, se répondent. Comme si le chapitre centré autour de Julia était la leçon, et le chapitre suivant la mise en pratique. De ce fait, il y a un liant bien présent qui redonne une fluidité à l’ensemble.

Du droit par l’angle de la SF ?

Le choix du conte

J’ai écouté, au cours de ma lecture, le podcast d’un numéro de La science, CQFD d’avril. Natacha Triou y recevait les deux auteurs pour échanger sur ce roman atypique. Parmi les nombreuses questions posées, il y avait celle-ci : « pourquoi faire le choix de la SF pour évoquer des questions de droit ? »

Il est vrai que le mariage des deux peut paraître atypique. D’abord, les auteurs ont choisi le conte pour raconter leur histoire. On ne sait pas trop où l’on est ni quand, même si quelques indices épars nous permettent de nous en faire une idée. Le conte a une portée universelle. Julia est une enfant lambda, qui a perdu ses parents et est élevée par un tuteur dans un monde qui ne semble pas très doux. En somme, voilà un cadre qui semble bien familier. Peu importe que le monde décrit ne soit pas exactement le nôtre, car Julia est proche de nous et va vivre des expériences qui nous parlent. Et puis quoi de mieux qu’un conte pour instruire ?

D’autre part, et les auteurs l’ont bien expliqué, le droit est une fiction. C’est un voile qui recouvre le monde naturel pour qu’on puisse faire société, qui est aussi un artifice. Elle repose en effet sur des règles que l’on s’impose pour gommer les différences de force et de puissance, établir une égalité et garantir la liberté de chacun. Il paraissait alors évident pour les auteurs d’intégrer leur propos dans un genre fictionnel. La SF décrivant les sociétés et leur évolution comme des êtres organiques et vivants, il semblait alors logique que ce soit la SF qui s’empare de cette question, d’autant qu’il n’y a pas de société sans droit.

Un roman de SF d’abord

Je parle de droit depuis le début, mais Le monde de Julia est un roman de SF d’abord. Le monde qui nous est présenté est dystopique. On l’approche par le regard de Julia, jeune fille éprouvée par les expériences de la vie. Son monde est dépeuplé, la « civilisation » lointaine, dangereuse, et de ce que l’on comprend, il n’en reste pas grand-chose. Le second regard est celui de Darius et d’Artaban, en tout cas pendant un temps. Leur monde à eux est constitué de clans, qui répondent chacun à des règles issues de bouquins de SF. C’est assez rigolo de deviner de quel bouquin telles règles sortent. Je me souviens surtout de Terra Ignota, mais ce n’est pas la seule référence, les auteurs puisant aussi allègrement dans le cinéma. Le roman s’ancre donc dans une culture pop culture et SF bien établie.

J’ai parlé tout à l’heure des deux trames qui se relient formellement, entre théorie et mise en pratique. Mais au-delà de cela, il y a un vrai dialogue entre ces deux trames, qui évidemment vont finir par se rejoindre à un moment. Si le lien entre les deux peut paraître obscur pendant un bon moment, on voit le ciel s’éclairer peu à peu, et les connexions se font petit à petit. C’est très bien amené, et quand on comprend alors, on considère différemment ce qu’on vient de lire. Je trouve les deux fils fort bien menés, imbriqués, comme le parfait reflet du travail à 4 mains qu’ont réalisé les deux auteurs.

Ainsi, je dois dire que le dénouement m’a énormément surprise, parce que je n’ai rien vu venir. Plus que ça : je l’ai trouvé brillant. Si on doutait qu’on était dans de la SF depuis le début, là on est servis. On retrouve là plusieurs concepts bien connus de la SF, utilisés à fort bon escient. Je dois néanmoins avouer que je n’ai absolument rien capté à l’épilogue. Mais ça ne m’a pas chagrinée, puisque pour moi le final se suffit à lui-même. Fichtre, ça décoiffe. Bien pensé, inattendu, vertigineux. Et ce final provoque aussi pas mal d’émotions, ce qui pouvait peut-être manquer jusque-là.

Voilà donc un petit roman que je relirai volontiers une fois, deux fois, même plusieurs fois. Son propos ne périme pas, c’est même tout à fait le contraire. Je pense que Le monde de Julia est tout à fait d’actualité. J’aurai plaisir à y retourner dans plusieurs mois, quand j’aurai lu les références qu’il mentionne, pour les confronter de nouveau. Un roman bien atypique et réussi que nous proposent là Ugo Bellagamba et Jean Baret. Alors oui, il casse les codes du genre romanesque, oui il peut paraître un peu trop érudit. Mais prout, des bouquins différents, bien ficelés, à la fois cocasses et diablement intelligents, il n’y en a pas tant que ça.

Le Monde de Julia est un roman écrit à 4 mains par Ugo Bellagamba et Jean Baret, et publié par Mnémos label Mü. Dans les remerciements, Ugo Bellagamba, également enseignant en Histoire du droit, explique que ce roman s’est edifié en lui pendant de nombreuses années. Jean Baret, avocat et écrivain, l’a rejoint plus tard dans l’écriture de ce roman initiatique et fable philosophique.

À une époque indéterminée dans le futur, dans une terre post-apocalyptique, divers clans se partagent le monde. Chacun a sa conception bien à lui de la manière de recréer les fondements de la société en lien avec des principes issus d’œuvres de la pop culture, allant de Fight Club à Terra Ignota en passant par Brazil. En parallèle, la petite Julia vit loin de tout, dans une montagne en compagnie de Roland 17, un robot qui lui sert de précepteur auquel ses parents l’ont confiée avant de disparaître. Roland lui sert d’enseignant, la protège et est sa seule compagnie dans ce monde étrange que Julia ne connaît pas vraiment. Malheureusement, les batterie de robot ne sont pas éternelles et quand celle de Roland rend l’âme, Julia se retrouve seule. Elle va alors partir explorer le monde.

L’idée du monde composé de tribus aux règles Geek et Pop Culture est originale et apporte de l’humour dans un contexte général qui n’est pas vraiment drôle. Les différents clans s’affrontent autour de leurs idées, persuadés de pouvoir reconstruire ainsi une société parfaite. Le lecteur s’amuse à essayer de retrouver les divers références à notre culture tout en réfléchissant sur la justice, les lois, et le monde. Le roman est court, se lit vite grâce à la plume poétique, décalée, fluide et mordante des deux auteurs. Pour ceux qui ont déjà lu des œuvres des deux écrivains, on reconnaît assez vite leurs différents styles. L’univers proposé est haut en couleurs et décalé. Chacun y cherche sa place, et veut le comprendre. Le roman parle de droit, de l’identité individuelle dans la société, de philosophie.

Toutes ces thématiques sont très intéressantes mais elles sont également pointues. Elles ne parlent pas forcément à beaucoup de monde et le récit prend par moments des airs de démonstration didactique plutôt que de roman. La narration suit deux fils séparés, celui de Julia et celui d’un groupe de personnages s’intéressant aux lois des clans. Le problème est que ces deux fils ne s’imbriquent pas entre eux, sauf à la toute fin du roman. C’est dommage tant on a l’impression de lire deux histoires séparées. La partie consacrée à Julia a un sens, elle se conclu de très belle manière. L’autre partie ne change rien à ce qui est narré. Elle apporte humour et second degré ainsi qu’un cadre à l’univers, mais l’accumulation de références devient un peu « too much ». Il aurait été mieux d’imbriquer les deux fils narratifs plus tôt, de donner une véritable dimension romanesque au roman.

Le Monde de Julia est ainsi une fable philosophique dystopique. C’est aussi un roman amusant et poussant à la réflexion. Les références à la pop culture sont nombreuses et apportent humour et fraîcheur. Mais les thématiques sont pointues et risquent de ne pas attirer beaucoup de lecteurs, d’autant plus que les auteurs semblent avoir mis de côté la dimension romanesque du livre.

Dans un avenir post-apocalyptique, la petite Julia est protégée et élevée par un robot, Roland17 ; tous deux vivent isolés dans la montagne. Loin de là, Darius, un adulte, appartient à un clan qui en côtoie d’autres dans les ruines de la civilisation, clans qui représentent des modèles de sociétés différents dans un environnement dystopique où les confrontations sont possibles.


Ce court roman est un conte de philosophie juridique, sur le modèle du monde de Sophie. La jeune Julia grandit et, sous la houlette de Roland 17, elle explore les concepts de liberté ou d’égalité, ainsi que des principes juridiques de base comme le droit naturel, en prenant référence sur la mythologie antique ou l’histoire des idées. Darius, quant à lui, doit traverser les autres clans qui se réfèrent à des livres anciens (nos livres de science-fiction d’aujourd’hui) et qui ont fondé des communautés d’après des préceptes inspirés de romans, préceptes qu’ils ne comprennent pas toujours, voire dont ils ignorent que ce ne sont que des inventions d’écrivains ou de réalisateurs de films.


Construit sur des chapitres courts alternants les aventures de Julia et de Darius, le principe du roman est séduisant, même si parfois il n’échappe pas à l’écueil du catalogue (notamment les clans et leurs modèles de société que cite Darius). L’arc narratif de Julia est attrayant, car il est souvent empreint de poésie et de simplicité, ce qui n’empêche pas de décrire quelques concepts juridiques fondamentaux. Des grands penseurs y font une apparition dans ce qui prend l’allure d’une fable.


L’histoire de Darius, quant à elle, ne manque pas d’ironie, notamment grâce aux références culturelles SF détournées, mais elle n’évite pas, quelquefois, l’artificialité : on comprend qu’elle n’est qu’un outil pour présenter certains concepts, au détriment du scénario lui-même dont on ne sait pas où il va ni pourquoi.


La conclusion utilise des fondamentaux de la SF avec intelligence, si on oublie Robespierre qui plaide en sa faveur sans être contredit.


Un court roman intéressant par son concept, dont les défauts sont visibles, mais qui s’évertue à présenter les grands principes juridiques pas toujours connus du grand public.

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