Le Troisième Secret

C’était le dernier livre de Steve Berry qu’il me restait à lire. Il n’appartient pas à la série des aventures de Coton Malone, même si le héros du livre, Monseigneur Michener apparaît parfois comme personnage secondaire dans quelques épisodes mettant en scène Malone.

Colin Michener est un évêque américain, secrétaire et ami du pape Clément XV, dont il partage la carrière depuis vingt cinq ans.. Clément, de son vrai nom Jakob Volkner est un pape bavarois progressiste dont la santé décline rapidement. Depuis quelques temps il se rend sans cesse dans la réserve secrète des archives et s’intéresse tout particulièrement au troisième secret de Fatima. Ce comportement inquiète Michener qui voit son vieil ami s’affaiblir de plus en plus, il ne comprend pas en quoi ce vieux secret rendu public en 2000 peut tant l’intéresser. Le secrétaire d’Etat le cardinal Valendrea est le chef de file des conservateurs et l’ennemi intime de Clément et Michener, c’est un homme ambitieux prêt à tout pour devenir le prochain pape, il n’a pas hésité à truffer le palais papal de micros afin d’espionner les autres princes de l’Eglise avec son ami et complice le Père Ambrosi qui ressemble plus à un mafieux qu’à un saint homme. Valendrea est aussi contrarié au plus haut point de l’intérêt porté par Clément à ce fameux secret sur lequel il en sait bien plus long qu’il ne veut bien le reconnaître.

Colin croise brièvement Katerina, une journaliste avec qui il a eu une liaison douze ans auparavant. Il l’a quittée pour préserver sa carrière ecclésisastique, ce qu’elle n’a pas accepté. Colin se sent coupable d’avoir rompu son voeu de chasteté et tous les deux en sont encore blessés. Les retrouvailles sont plutôt fraîches. Ambrosi assiste à la scène de loin et lit la conversation sur leurs lèvres en se promettant d’en tirer profit.

Clément envoie Colin en Roumanie pour transmettre un message au Père Tibor, le traducteur du troisième secret. Valendrea l’apprend immédiatement grâce à ses micros et demande à Katerina de suivre Michener, d’utiliser ses charmes pour l’espionner et de lui transmettre les information recueillies par le secrétaire du pape. Katerina est encore amoureuse de Colin et accepte pour pouvoir renouer avec lui avec l’intention de trahir le cardinal. Celui-ci s’attend à un double jeu et s’empresse de partir aussi en Roumanie pour filer Colin et Katerina.

A partir de ce moment-là tout s’enchaîne, y compris des meurtres et on assiste à une lutte sans merci entre progressistes et conservateurs au sein de la curie, jusqu’à un dénouement et une vengeance vraiment diaboliques.

La partie thriller est vraiment passionnante et très réussie jusqu’au retournement de situation final. Comme dans tout bon polar ésotérique, la lumière et les ténèbres s’affrontent sans merci et le lecteur est pris dans une intrigue surprenante.

Par contre l’aspect théologique est plutôt raté. Certes, je suis protestante et peu versée dans la mariolâtrie, mais rien n’est vraisemblable dans cette dimension de l’intrigue. Non seulement les méchants sont des monstres de cynisme, ce qui les fait ressembler davantage à des mafieux qu’à des hommes d’église, mais même les bons ont perdu la foi. Il désobéissent sans cesse aux commandement divins et la vierge Marie descend du ciel pour les châtier. Quant à la Vierge, bien loin de son image traditionnelle, elle est une féministe enragée, avec des revendications dignes de mai 68, et elle n’hésite pas non plus à tuer. Cet aspect du livre frise le comique tant c’est ridicule.A en croire l’auteur, Marie délivrerait un message féministe et revendicateur depuis ses apparitions à Lourdes. Je doute que les lecteurs acceptent de suivre Steve Berry sur ce chemin tortueux.

Les deux aspects sont imbriqués et indissociables l’un de l’autre. Ce livre est palpitant et sans temps mort. Même si l’on ne saurait abonder dans le sens de l’auteur sur le plan théologique, ce thriller est tout à fait passionnant.