Saturne
  • Date de parution 19/08/2021
  • Nombre de pages 192
  • Poids de l’article 112 gr
  • ISBN-13 9782757888452
  • Editeur POINTS
  • Format 179 x 109 mm
  • Edition Livre de poche
Biographies, Mémoires

Saturne

3.52 / 5 (376 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

« Sarah Chiche livre un roman poignant sur le deuil et sur sa vocation d’écrivain. »LireSa fille est encore un bébé quand Harry meurt à 34 ans dans des circonstances tragiques. Il est issu d’une grande lignée de médecins contraints à l’exil au moment de l’indépendance de l’Algérie, et qui ont rebâti un empire médical en France. L’aîné, Armand, mettra ses pas dans ceux de sa famille. Mais la passion de Harry pour une femme à la beauté incendiaire fera voler en éclats les reliques d’un royaume où l’argent coule à flots. Saturne dépeint le crépuscule d’un monde et de ses dieux. C’est aussi un roman sur l’épreuve de nos deuils, et une grande histoire d’amour : celle d’une enfant guettée par la folie et la mort, mais qui est devenue écrivain parce que, une nuit, elle en avait fait la promesse au fantôme de son père. Sarah Chiche est l’auteure de plusieurs romans et essais. Son quatrième roman, Saturne, sélectionné par les prix littéraires les plus prestigieux, a rencontré un grand succès public et critique.

livré en 5 jours

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  • Date de parution 19/08/2021
  • Nombre de pages 192
  • Poids de l’article 112 gr
  • ISBN-13 9782757888452
  • Editeur POINTS
  • Format 179 x 109 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Automne 1977 : Harry, trente-quatre ans, meurt dans des circonstances tragiques, laissant derrière lui sa fille de quinze mois.

Avril 2019 : celle-ci rencontre une femme qui a connu Harry enfant, pendant la guerre d’Algérie.

Se déploie alors le roman de ce père amoureux des étoiles, issu d’une grande lignée de médecins. Exilés d’Algérie au moment de l’indépendance, ils rebâtissent un empire médical en France. Mais les prémices du désastre se nichent au cœur même de la gloire. Harry croise la route d’une femme à la beauté incendiaire. Leur passion fera voler en éclats les reliques d’un royaume où l’argent coule à flots.

À l’autre bout de cette légende noire, la personne qui a écrit ce livre raconte avec férocité et drôlerie une enfance hantée par le deuil, et dévoile comment, à l’image de son père, elle faillit être engloutie à son tour.

Roman du crépuscule d’un monde, de l’épreuve de nos deuils et d’une maladie qui fut une damnation avant d’être une chance, Saturne est aussi une grande histoire d’amour : celle d’une enfant qui aurait dû mourir, mais qui est devenue écrivain parce que, une nuit, elle en avait fait la promesse au fantôme de son père.

Ma lecture

Mais quand je songe aux monstres que nous avons été, à la façon dont un certain nombre d’événements se sont morbidement engrenés les uns dans les autres, et à ma responsabilité dans cette tragédie, ces vies perdues reviennent me hanter. (p27)

Voilà une lecture qui va rester graver dans ma mémoire. Quelle écriture, quelle profondeur et quelle des sentiments éprouvés par la narratrice et tout cela sur un thème difficile : le deuil ou plutôt l’absence car l’auteure, dès son prologue, situe son récit. 1979 – Le père de la narratrice, l’auteure donc mais en grand partie autobiographique malgré sa catégorie « roman », est sur le point de mourir, elle n’a que quinze mois et ne conservera donc aucun souvenir de Harry, cet homme de 34 ans, entouré de sa famille dans ses derniers instants.

2019 – La rencontre fortuite lors d’une signature de livres, avec une femme ayant connu son grand-père et son père enfant en Algérie, fait remonter en elle une promesse faite devant une tombe…. Parler de sa famille, une famille de médecins, aisée mais dont son père, enfreindra toutes les règles, qu’elles soient professionnelles ou familiales en épousant Eve, une femme tellement éloignée des critères attendus. Mais parler également d’elle, de cette femme orpheline de père, de ce séisme engendré inconsciemment par ce fantôme dans sa vie jusqu’au jour où elle retrouvera les traces de celui qu’elle aurait voulu peut-être voulu rejoindre.

Mais pour comprendre il faut remonter le temps, revenir aux racines, à cette famille qui a bâti sa fortune grâce à des cliniques privées d’abord en Algérie puis en France. Une famille bourgeoise, installée, ayant ses règles et ses codes, où l’argent et le pouvoir règnent, où le frère aîné, Armand, correspond aux attentes alors qu’Harry s’en éloigne, avant de rencontrer celle qui chamboulera son cœur et son existence.

L’auteure, psychologue et psychanalyste, dans une écriture d’une beauté extrême, concise, se penche et analyse pourquoi, à un moment de sa vie, la répercussion de la mort de son père à tant influée sur la sienne, la poussant même au bord du précipice, dans une sorte de non-vie, d’oubli d’elle-même alors qu’elle n’a aucun souvenir de l’homme qu’il était et que ceux qui l’ont connu disparaissent peu à peu.

Les morts ne sont pas avalés, ni par l’eau ni même par la terre. Ils continuent de marcher parmi les vivants. Quand nos souvenirs avec nos proches s’effacent dans le lointain de chambres, d’écoles, de fêtes d’anniversaire, de champs, de sentiers de montages ou de plaques, que nous n’arpentons même plus dans nos songes, restent les récits que nous tenons des autres. Puis un jour, ces autres ‘évaporent eux aussi. La dernière personne qui pouvait nous parler de la personne que nous avons perdue meurt à son tour ; et dans cette césure fatale, le temps devient, dit-on, irréversible. (p27-28)

Un travail de mémoire nécessaire et il faut du temps, le chemin est semé d’embûches car il touche à ce qu’il y a de plus intime à la personne, ce qui l’a constituée, avec des questions parfois à jamais sans réponse, ou alors des brides, recollées les unes aux autres. Tout est palpable comme dans les lieux qu’elle traverse, les objets, les odeurs, tout est prétexte à sa recherche, à son travail de deuil plus de 30 ans plus tard.

Tel Saturne dévorant son propre fils, tel le cancer dévorant son père, l’auteure se retrouvera pendant trois ans dévorée par une dépression profonde, enfermée dans un espace sans repères jusqu’à la délivrance par quelques images et la révélation paternelle qu’elle n’espérait plus.

Ce roman est d’une maîtrise totale que ce soit dans le thème traité, celui du deuil sans traces de l’absent que celles laissées ou tues par les autres, de la compréhension des origines familiales et du rôle joué dans sa propre vie, du fonctionnement de cette famille où il ne fait pas bon ne pas correspondre à la lignée décidée par les patriarches. L’écriture résonne de mélancolie, parfois de colère mais aussi de nostalgie, du temps qui passe, des présents qui disparaissent et des disparus qui laissent leurs empreintes, elle est d’une réelle beauté à la fois dans sa simplicité mais aussi dans sa force.

J’avais déjà entendu parlé de Sarah Chiche lors de la sortie Des enténébrés, son précédent roman, que je n’ai pas lu (mais que je vais me procurer dès aujourd’hui à la bibliothèque) mais ce roman très personnel, très introspectif m’a profondément touchée par ce qu’il soulève en nous de sentiments. Elle réussit à faire de son histoire personnelle, un roman d’une grande intensité et je vous avoue qu’une fois terminé, j’ai relu les premières pages pour reprendre, comme elle, l’origine du récit, la mort de ce père, qu’elle décrit en quelques pages avec une charge émotionnelle puissante, nous faisant témoin du drame de son existence.

Pour nous, le temps du deuil ne cesse jamais.(…) Nous n’aimons pas être consolés, séparés de la chose perdue. Nous vivons en permanence, dans et avec nos morts, dans le sombre rayonnement de nos mondes engloutis ; et c’est cela qui nous rend heureux. De Saturne, astre immobile, froid, très éloigné du Soleil, on dit que c’est la planète de l’automne et de la mélancolie. Mais Saturne est peut-être aussi l’autre nom du lieu de l’écriture – le seul lieu où je puisse habiter. C’est seulement quand j’écris que rien ne fait obstacle à mes pas dans le silence de l’atone et que je peux tout à la fois perdre mon père, attendre, comme autrefois, qu’il revienne, et, enfin le rejoindre. Et je ne connais pas de joie plus forte. (p204)

Une très belle restitution, d’une rare intensité à la fois dans la simplicité apparente de la narration alors que tout est pesé, par son humilité face à des événements qui ont influé consciemment ou inconsciemment sur sa vie, dont elle refusait jusqu’à ce jour d’Avril 2019, d’en voir toute la portée mais que sa formation de psychanalyste lui a sûrement servi pour mieux le comprendre. Un travail de mémoire, d’analyse dans une écriture sensible que ce soit pas le sujet mais également par la façon de nous la transmettre.

Mon père, ce héros

En retraçant l’histoire d’un père qu’elle n’a quasiment pas connu, Sarah Chiche a réussi un bouleversant roman. Et en mettant en lumière le passé familial, c’est elle qui se met à nu. Dans un style éblouissant.

J’ai découvert Sarah Chiche l’an passé avec Les enténébrés (qui vient de paraître chez Points poche), un roman qui explorait les failles de l’intime et celles du monde et qui m’avait fasciné par son écriture. Je me suis donc précipité sur Saturne et je n’ai pas été déçu. Bien au contraire! Ici les failles de l’intime sont bien plus profondes et celles du monde plongent davantage vers le passé pour se rejoindre dans l’universalité des émotions qu’elles engendrent.

Tout commence par la mort tragique de Harry, le père de la narratrice, emporté par une leucémie. «Le cœur lâcha à midi. Il venait de fêter ses trente-quatre ans. Il mourut dans les bras de son père qui, trois ans plus tard, mourut à son tour de chagrin. Ils avaient tous en eux l’espoir que ce ne serait qu’un mauvais rêve, mais en fait, tout cela, ce n’est pas un rêve, tout cela c’est pareil pour tout le monde, tout cela, ce n’est pas grand-chose, tout cela ce n’est que la vie, et, finalement, la mort. On lui ferma la bouche après les yeux. On le déshabilla. On le lava. Puis le corps fut ramené à son domicile. On le recouvrit et on recouvrit tous les miroirs ainsi que tous les portraits d’un drap blanc. On me tint éloignée de la chambre funéraire. On déchira un pan de ma chemise de nuit à hauteur du cœur. Mais personne ne me dit que mon père était mort.»

Elle n’avait que quinze mois.

Le chapitre suivant se déroule le 4 mai 2019. Une femme s’approche de la narratrice, en déplacement à Genève – une ville où elle a vécu «l’année la plus opaque» de son enfance et qu’elle retrouve avec appréhension – et lui révèle qu’elle a bien connu ses grands-parents, son père et son oncle à Alger. C’est sans doute cette rencontre qui a déclenché son envie d’explorer son passé, de retrouver son histoire et celle de sa famille.

Retour dans les années 1950 en Algérie. C’est en effet de l’autre côté de la Méditerranée que son grand-père fait fortune et lance la dynastie des médecins qui vont développer un réseau de cliniques. Une prospérité qu’ils réussiront à maintenir après la fin de l’Algérie française et leur retour en métropole.

Une retour que Harry et Armand vont anticiper. Au vue de la sécurité qui se dégrade, les garçons sont envoyés en Normandie dès 1956. Le premier est victime de moqueries, d’humiliations et d’agressions. Il se réfugie alors dans les livres, tandis que son aîné ne tarde pas à s’imposer et à devenir l’un des meilleurs élèves du pensionnat.

On l’aura compris, Sarah Chiche a pris l’habitude de construire ses romans sans considération de la chronologie, mais bien plutôt en fonction de la thématique, des émotions engendrées par les épisodes qu’elle explore, «car ainsi voguons-nous disloqués dans la tempête des années, otages de la mer sombre où l’exil des uns n’efface jamais celui des autres, coupables et victimes du passé».

On retrouve les deux frères lors de leurs études de médecine – brillantes pour l’un, médiocres pour l’autre. Harry préfère explorer le sexe féminin en multipliant les aventures plutôt que s’intéresser aux planches d’anatomie et aux cours de gynécologie. Sur un coup de tête, il décide de mettre un terme à cette mascarade et part pour Paris dépenser toute sa fortune au jeu. «On ne l’arrête pas. Il ne s’arrêtera plus. L’aube vient. Il sort du casino enfumé comme une bouche de l’enfer, les poches vides. Il a vingt-six ans.»

L’heure est venue de vivre une grande histoire d’amour, une passion brûlante, un corps à corps dans lequel, il se laisse happer. Elle s’appelle Ève et il est fou d’elle.

Le 19 juin 1975, Armand intervient à ce «serpent peinturluré en biche»: «Je suis le frère de Harry. Et au nom des miens, au nom de l’état dans lequel vous avez mis mon frère, je vous le jure: vous ne ferez jamais partie de notre famille. Nous ne vous recevrons plus: ni demain, ni les autres jours.»

On imagine la tension, on voit poindre le drame et le traumatisme pour l’enfant à naître. Si la vie est un roman, alors certains de ces romans sont plus noirs, plus forts, plus intenses que d’autres. Si Saturne brille aujourd’hui d’un éclat tout particulier, c’est qu’après un profond désespoir, une chute aux enfers, une nouvelle vie s’est construite, transcendant le malheur par la grâce de l’écriture. Une écriture à laquelle je prends le pari que les jurés des Prix littéraires ne seront pas insensibles.

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