
L.G.M.
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Je ne sais plus, à force, si j’ai déjà eu l’occasion d’en parler ici, mais je ne suis vraiment pas client des préfaces, postfaces et autres exercices d’exégèse d’un texte, et ce, peu importe leur niveau de profondeur. Pas que je n’y trouve aucun intérêt ou que leurs lumières ne puissent pas apporter un éclairage complémentaire ou supplémentaire aux textes auxquels iels s’adjoignent, non. Au contraire, même, dans une optique d’étude ou de compréhension profonde, exhaustive, de ces textes, tous ces ajouts ultérieurs ou préventifs sont souvent indispensables.
Seulement voilà, mes lectures comme les partages de ces dernières sur ce blog n’ont pas cette prétention. Je ne suis guère qu’un vulgaire curateur auquel vous trouvez ou non de l’intérêt ; mon plaisir de lecteur ne réside que dans le texte, et le texte seul ; toute autre source d’analyse se doit d’être fortuite ou issue d’une discussion passionnée ultérieure à ma découverte initiale. Je fais en effet partie de cette espèce de lecteur qui considère – à tort ou à raison, peu importe – que c’est le texte qui toujours doit primer, en dépit des intentions primaires de l’auteurice. Si le message ou l’ambition voulu·e·s ne passent pas par le texte lui-même et nécessitent l’appui d’un autre texte complémentaire pour être vraiment clair·e·s, alors j’estime que ce premier texte a forcément échoué, d’une manière ou d’une autre.
Ceci étant dit, estimant que les dédicaces et autres exergues faisant expressément partie du texte en lui-même, j’ai tendance à considérer ces dernières comme des indices, des micro-notes d’intention, dans lesquelles il est régulièrement possible et souhaitable de trouver des clés d’interprétation. Tout comme il est possible de trouver dans l’intertextualité, avec les connaissances suffisantes ou la chance d’un parcours de lecture adéquat, les ressources nécessaires à la compréhension complète des ambitions de l’auteurice. Je ne prétends pas révolutionner quoi que ce soit, bien entendu, mais c’est ma démarche, il me semble important de le préciser.
Parce que concernant le texte dont il est question aujourd’hui, il m’aura suffi d’une dédicace et de quelques pages pour comprendre exactement de quoi il était question. L.G.M. n’est, à mes yeux de fan de Roland C. Wagner, certainement pas un de ses meilleurs romans. Sans doute même que ce roman est le moins bon que j’ai lu de sa part depuis que je l’ai découvert, tout en considérant que son standard en fait quand même un roman tout à fait correct.
Le fait est que j’y ai surtout trouvé une intention très rare, que j’ai eu le privilège, je crois, de complètement appréhender, à la fois parce que Roland C. Wagner était un auteur foutrement malin, mais aussi et surtout parce que je suis un lecteur aux accointances douteuses.
Je vais vous expliquer tout ça, promis. Suivez-moi.
C’est l’histoire d’une uchronie. D’un monde bouleversé dans les années 60 par le premier contact avec une vie extra-terrestre. D’un agent secret qui a été missionné, des décennies plus tard, pour retrouver le premier ambassadeur martien, enlevé lors de son arrivée sur Terre, selon toutes les apparences par un groupe de hippies adorateurs de la vie martienne et de ses promesses. Sauf que ce n’est évidemment pas aussi simple que ça. Entre les influences croisées d’une Union Soviétique culturellement dominatrice et celle d’une CIA aux ordres d’un gouvernement américain fasciste et rétrograde, sans parler des intentions curieuses de cet ambassadeur étrangement détaché de ce qui se passe autour de lui, difficile de démêler le vrai du faux.
Le texte, et rien que le texte, donc. Concentrons nous d’abord là dessus. Force est de constater qu’on y retrouve pas mal des obsessions habituelles de Roland C. Wagner, créant de fait un certain effet de contraste avec ce que j’ai déjà lu de lui, et pas forcément pour le meilleur. Pris tout seul, je pense que ce texte rentrerait tranquillement dans la catégorie des récits sans grande prétention ni ambition, surfant nonchalamment sur le talent de leur auteur pour arriver à un résultat tout à fait honorable mais certainement pas renversant. On y retrouve tous les marqueurs du style Wagnerien ; entre le ton volontiers narquois mais somme toute tendre, les jalons politiques habituels, l’usage de l’uchronie et la recherche constante d’altérité dans le world-building par la multiplication des détails, on est à la maison.
Sauf que ce roman ne peut pas être pris tout seul ; aucun texte ne peut réellement l’être. Déjà parce qu’en terme d’uchronie ou de récit gouailleur et rigolo, venant de Roland C. Wagner, je ne suis pas à mon coup d’essai, Rêves de Gloire ou La Sinsé Gravite au 21 m’en soient témoins. Et bien que L.G.M. soit objectivement plutôt bien construit et efficace dans son déroulé, il faut bien dire que je l’ai trouvé un brin inefficace, par moment, un peu perdu dans son éclatement chronologique et son découpage singulier. Parce que malgré leur apport humoristique et leur utilité à la compréhension de l’ensemble, les éléments de contexte sont balancés un peu à la va-comme-je-te-pousse et n’aident pas à suivre l’intrigue de la manière la plus fluide qui soit. L’ensemble fonctionne, et on finit par capter l’ensemble sans trop de problème, d’autant plus que ce n’est fondamentalement pas compliqué, mais on peut se demander pourquoi Roland C. Wagner a fait aussi dense quand il aurait pu faire plus sobre.
Et la réponse, pour moi, elle tient en une seule phrase. Une seule phrase, en tout début d’ouvrage, qui explique tous les errements structurels un peu étranges du roman, tout ce qui déborde des marqueurs personnels habituels de l’auteur, comme sa conclusion abrupte et un peu stupide, malgré son caractère clairement assumé. Et cette phrase, c’est la dédicace : « Celui-là, il est pour Jimmy.« . C’est là que je me répète : si on prend ce roman tout seul, il peut paraître déséquilibré, un peu foutraque, voire même par moments complètement con (le bon genre de con, hein, attention). Mais à cause de cette dédicace, on ne peut pas le prendre tout seul, dès lors qu’on sait qui est ce Jimmy, et l’importance qu’il revêt dans la carrière de Roland C. Wagner.
Et si vous me connaissez, si vous connaissez mon blog et ses dérives exploratoires, vous savez qui est Jimmy, et alors vous pouvez commencer à comprendre. Ce roman entier n’est rien d’autre qu’un hommage grandeur-roman à cet auteur fantasque et singulier qui avec des ouvrages comme La Force Noire, a mis le pied à l’étrier de jeunes auteurs en devenir, en tant que ghost-writers. Et si Jimmy Guieu – puisqu’il s’agit évidemment de lui – avait des obsessions, des valeurs et des thèmes à l’opposé ou du moins bien lointain·e·s de cielles de Roland C. Wagner tel que je le perçois, ce genre de lien crée une filiation et un attachement dont il est probablement impossible de totalement se défaire.
Et ce L.G.M. n’est à mes yeux rien d’autre qu’un témoin de cet attachement inoxydable. Le texte est rempli à ras-bord d’allusions, d’hommages à peine déguisés, de toutes ces petites choses qui faisaient de Jimmy Guieu l’auteur si singulier qu’il était, et que Roland C. Wagner avait identifiées. Alors évidemment, tout n’y est pas, à commencer par l’obsession libidineuse de l’ufologue, sans doute parce que les temps avaient déjà trop changé pour faire un tel outrage au bon goût ; mais l’essentiel est préservé, et la frénésie des clins d’œil s’apparente très vite à du code morse. Je dirais presque que ce roman a été conçu comme un roman de Jimmy Guieu à l’envers, reprenant la majorité de ses tropes avec juste ce qu’il faut de maîtrise et de malice pour aboutir à un roman très honnête, rattachable sans mal à l’univers personnel de l’auteur, mais avec les coutures visibles pour qui saura les voir.
On retrouve ainsi cette douce obsession du complot, des aliens – des petits verts aux petits gris – et de leur influence « subtile » sur le monde, cette intrigue sans temps mort remplie de raccourcis douteux, jusqu’à une conclusion complètement pétée et farcie de technobabble pour remplir les trous, tout comme on retrouve aussi cette candeur, cette absolue sincérité dans le propos qui laisse comprendre que rien là-dedans ne vise à la moindre malveillance. On est là pour s’amuser, avec le récit et ce qu’il contient. Et c’est d’autant plus amusant qu’ici il suffit de gratter un peu le vernis de crasse pour comprendre qu’il n’est là que pour l’apparence, dans l’optique de jouer le jeu de l’hommage pastiche à fond. Roland C. Wagner m’a donné l’impression qu’il aurait pu faire infiniment mieux avec ce roman et ses idées de base, mais ça n’aurait sans doute pas été aussi rigolo pour lui, ce qui paradoxalement, rend le roman meilleur, dans une étrange dimension méta bien à part. Ce qui, quelque part, est tout à fait logique.
Alors voilà. On ne peut pas dire que ce roman, à sa seule lecture, m’ait absolument renversé. Mais en y réfléchissant bien, un peu, quand même. Si j’ai bien compris son intention et sa démarche, alors je peux dire qu’il m’a un peu touché, à sa manière. Parce qu’un roman écrit par un auteur si singulier pour moi en la personne de Roland C. Wagner, ayant commis un des mes si ce n’est mon roman favori de tous les temps, écrivant un bouquin-hommage entier à destination d’un autre auteur ayant lui écrit parmi les pires romans qu’il m’ait été donné de lire, il faut bien admettre que c’est pas banal.
Et à un niveau complètement personnel, je dois bien dire que ça me rend un peu fier. Je ne peux pas m’empêcher de voir ça comme une sorte de récompense karmique pour mon envie permanente d’exploration littéraire, aussi sacrificielle soit-elle. Si je ne m’étais pas plongé tête la première dans les œuvres de Jimmy « YOLO » Guieu, aurais-je aussi bien compris ou apprécié ce roman de Roland C. Wagner que je le crois ? Probablement pas. En tout cas je n’y aurais pas vu aussi clairement les rappels clairs d’une œuvre à l’autre, pas plus que je n’aurais compris la prime intention de pastiche donnant beaucoup de sa saveur au roman. Sans ça, je crois que j’aurais été vraiment déçu.
C’est rigolo, l’intertextualité, un peu. Tout comme les hasards de parcours qui deviennent des liens.
C’est cool, de découvrir des choses sans trop de pression en suivant ses envies bizarres.
C’est très cool de se faire ses propres bagages.
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