Waldo
  • Date de parution 20/06/2019
  • Nombre de pages 160
  • Poids de l’article 162 gr
  • ISBN-13 9782843449529
  • Editeur BELIAL
  • Format 178 x 120 mm
  • Edition Grand format
Science Fiction

Waldo

3.43 / 5 (110 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Atteint d'une maladie neuromusculaire chronique, Waldo Farthingwaite-Jones vit retiré du monde au sein de son petit paradis privé, un habitat orbital automatisé conçu par ses soins qui le soustrait à l'insoutenable gravité terrestre martyrisant son corps... Obèse, solitaire et misanthrope, Waldo est un être détestable. Mais c'est aussi, sans doute, l'un des plus remarquables esprits que l'humanité ait jamais connu. De fait, quand les moteurs des appareils de la North American Power-Air se mettent à dérailler sans la moindre explication, menaçant l'ensemble du trafic aérien, les ingénieurs de la compagnie n'ont d'autre choix que de se tourner vers un Waldo peu enclin à les aider. Sauf à y trouver son propre intérêt, et envisager la plus stupéfiante des découvertes... « Ce n'est pas juste le plus important romancier américain dans le registre de la fiction spéculative. C'est le plus grand auteur de ce type de récits au monde. » Stephen King

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  • Date de parution 20/06/2019
  • Nombre de pages 160
  • Poids de l’article 162 gr
  • ISBN-13 9782843449529
  • Editeur BELIAL
  • Format 178 x 120 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Avis flash

Voilà un titre vers lequel je ne serais pas allée d’abord, mais je l’ai pris au festival Etonnants voyageurs sur les bons conseils d’Etienne Vincent qui me l’a bien vendu. Et comme je voulais commencer par un texte court pour aborder l’auteur, c’était l’occasion parfaite.

Ce qui m’a plu en tout premier lieu, c’est le délai entre le début du texte, qui porte le nom du personnage principal, et l’entrée en scène de celui-ci. Un bon tiers de la novella pendant lequel les autres personnages nous dressent le portrait de ce misanthrope de première classe. Alors quand Waldo arrive, on a déjà notre opinion de faite sur lui. C’est comme rencontrer quelqu’un qu’on connait depuis longtemps mais qu’on n’a encore jamais vu. J’ai trouvé ça très bien joué. Et tout l’enjeu du texte (enfin, une partie) est de montrer qu’en fait, Waldo n’est pas si horrible que ça.

La SF en place est assez visionnaire, Heinlein écrit ce texte en 1942 et pourtant sa technologie en jeu ici est étonnamment d’actualité. Il se fait pédagogue, explique beaucoup (peut-être un peu trop, le ton professoral parfois casse le rythme), rendant le texte aisément compréhensible malgré quelques détails pas forcément bien décrits.

L’écriture est très américaine : brute de décoffrage, pas enjolivée du tout, avec des dialogues qu’on pourrait croire sortis de nos bouches, avec le naturel qui va avec. Difficile pour moi, comme toujours avec beaucoup d’écrivains américains, de m’attacher émotionnellement, tant aux personnages qu’à l’écrit. L’auteur n’embellit rien dans sa prose, réduit celle-ci au strict nécessaire, sans artifice romanesque. C’est un style à part entière.

Ce qui m’a surtout surprise en fait dans ce texte c’est le dernier tiers. Ou l’alliance magie-SF. Qui n’est absolument pas farfelue, au contraire. Expliquée, théorisée amenée avec une méthode bien scientifique, et démontrée de la même façon. Ce mélange est très convaincant, et amène un renversement des valeurs communément admises et du regard que l’on porte sur le monde. Assez dingue d’avoir, dans ce si petit texte, autant de choses qui mettent la tête à l’envers et apportent un déboussolement complet.

J’ai le défaut de caractère de ne pas aimer être dans la minorité. Je lutte de mon mieux, je fais des efforts de rationalisation pour ne pas me laisser piéger à changer d’avis en fonction de mes interlocuteurices ; je reste fidèle à mes convictions autant que possible. Mais il demeure que je doute, toujours, je n’aime pas être celui qui s’aveugle quand tout le monde a vu la lumière.

J’avais déjà lu Waldo il y a quelques années, pendant mon apprentissage, à la faveur d’un SP généreusement proposé par Le Bélial’, démarrant ainsi une merveilleuse amitié, et j’avais beaucoup aimé. Plein de raisons à ça : un de mes premiers UHL, l’attachement sentimental à ce que j’avais vécu comme un cadeau, et Robert Heinlein, que j’avais déjà appris à apprécier.

Mais voilà qu’il y a quelques temps, je vois des gens le lire à leur tour et en faire des retours nettement moins positifs que dans mon souvenir. Mon défaut de caractère refait donc surface, et je me demande si je n’ai pas raté quelque chose, quand même, parce que je me sens globalement seul. Et comme en ce moment j’attends des colis de bouquins, je n’ai pas très envie de me lancer dans de trop gros travaux de lecture et que je me suis promis de chroniquer tous les UHL sur ce blog, à terme ; je me suis dit que l’occasion était trop belle, qu’il était temps d’en avoir le cœur net.

Je comprends mieux pourquoi pourquoi les gens qui n’aiment pas ce texte ne l’aiment pas. Mais si j’ai pu y déceler des défauts que j’avais ratés ou minimisés la première fois, j’aime toujours beaucoup ce texte ; surtout pour une qualité que j’apprécie tout particulièrement chez Heinlein. Et, comme toujours, je m’en vais essayer de décortiquer exactement pourquoi.

Accrochez-vous.

Il est un paradoxe de la Science-Fiction que j’aime tout particulièrement. Pour un genre aussi jeune de la Littérature, il vieillit terriblement vite. Développant des concepts pointus s’appuyant très régulièrement sur des intuitions ou des projections de ce qui est déjà, il prend toujours le risque de se tromper, de bien des manières, d’autant plus lourdement que le temps entre la conception et la lecture se passe. C’est aussi pour ça que j’aime beaucoup, de temps en temps, me plonger dans les textes moins récents de la SF, ce que je peux perdre en crédibilité ou en cohérence, je le gagne souvent en émerveillement ; je trouve utile de me confronter à de vieilles idées pour voir comment elles ont vieilli, précisément. Car selon comment un texte s’agence, je pourrais autant trouver mon plaisir dans les concepts seuls que dans l’effort de construction ou de solidification de l’ensemble. Et c’est là que j’apprécie tout particulièrement Robert Heinlein ; parce que si très souvent, ses textes souffrent du passage du temps à bien des égards, j’ai systématiquement le sentiment de pouvoir tout de même y trouver de quoi me réjouir.

La force d’Heinlein, pour moi, c’est de toujours pousser ses concepts dans leurs retranchements avec une rigueur totale, et de les expliquer au mieux ; il est autant dans l’écriture que dans la démonstration. Or, l’idée de Waldo, c’est, à mes yeux, de montrer qu’on est jamais réellement sûr de rien, y compris au niveau scientifique. De ce fait, toute la novella se construit autour de l’idée d’un bouleversement si majeur qu’il en est presque ridicule et déteint sur ses acteurs dans des proportions épiques. L’auteur construit un système technique entier pour mieux le déconstruire et ainsi en bâtir un nouveau sur ses cendres. Et je comprends sincèrement que l’idée qu’il conceptualise et déploie à cette occasion paraisse aussi datée qu’absurde ; dans un contexte de science-fiction contemporain, son côté new age est complètement ringard, pour être honnête.

Et pour autant, cette idée, elle me séduit. Pas en tant que telle, à proprement parler, mais pour ce qu’elle implique, ce qu’elle représente. L’idée d’une altérité encore invisible à nos yeux, parce qu’on refuserait de la voir, trop habitué au confort de nos certitudes, c’est quelque chose qui malgré mes tendances à ne croire que ce que je vois – pour aller vite – ça me parle. Ceci étant dit, pour quelqu’un qui aime autant chercher les schémas de pensées et les mots cachés entre les lignes, ç’a le mérite d’être cohérent, je trouve. Je pense que le récit qu’Heinlein concocte dans cette novella, à cet égard, n’est qu’un outil pour appuyer un propos autre qui ne se veut pas forcément frontal ; à l’instar du personnage de Waldo au sein dudit récit. C’est un peu déconcertant, et sans doute contre-productif, mais ça symbolise assez bien la démarche, je trouve ; je ne pensais pas arriver à cette conclusion en amorçant cette relecture.

Alors évidemment, le personnage de Waldo est caricatural et parfois problématique, de même que sa progression au sein du récit, mais en replaçant l’ouvrage dans son contexte, il est assez aisé de faire fi de ces écarts qui demeurent mineurs à mes yeux, à l’échelle de l’ensemble. De même qu’une partie des concepts scientifiques utilisés par Heinlein sont vieillots, il n’y a rien d’étonnant à ce que la psychologie naïve de ses personnages et leurs conceptions soient elles aussi balayées d’un revers de main par notre vision moderne. Et pour autant, de la même manière, selon moi, il perce sous la couche de poussière une brillance intemporelle, par exemple avec l’environnement spécifique construit autour de Waldo et de ses animaux de compagnie. Alors oui, ça ne brille pas toujours aussi fort ou aussi longuement que d’autres choses croisées ailleurs, je l’accorde bien volontiers. Mais quand même, il y a quelques bonnes questions et des réponses à l’avenant qui devraient pousser à la réflexion, je trouve. J’aime Heinlein – du moins ce que j’en ai lu – parce qu’il tentait des choses que je n’ai lu personne d’autre tenter, ou en tout cas toujours avec une capacité de décalage unique, créant des espaces de cohérences uniques, des singularités littéraires. Il n’était évidemment pas parfait, de même que tout·e·s les auteurices (ou presque) de son époque de toute façon, mais c’est un acquis avec lequel il faudra toujours composer, désormais, je crois.

La cohérence d’ensemble d’un ouvrage, à mes yeux, se fait par incréments, on ne peut pas honnêtement la concevoir en un seul bloc. Je conçois complètement que plusieurs idées utilisées par Robert Heinlein dans cette novella aient été suffisantes à ces lecteurices décu·e·s pour émettre leur jugement négatif ; pour tout dire, je le comprends aisément. Cependant, je crois que cet auteur déploie à cette occasion une pensée complexe qui va bien au-delà du texte écrit à cette occasion ; et moi, les textes qui s’auto-transcendent (même un peu petit peu), je les aime beaucoup. Evidemment que le concept développé dans Waldo encaisse méchamment ses 70 ans. Mais l’idée qui le sous-tend, elle, n’a pas pris une ride ; c’est sur elle que je choisis de me concentrer. On trouve tou·te·s nos équilibres différemment, surtout quand il s’agit d’objets aussi complexes que les livres, a fortiori de Science-Fiction.

En bref, j’ai bien aimé Waldo, pour ce qu’il me proposait d’une vision certes âgée mais néanmoins maline du progrès scientifique et des implications de potentielles découvertes inattendues dans le champ de la technologie et des sciences. Heinlein est avant tout un romancier conceptuel à mes yeux, et c’est sur ceux qu’il a décidé de développer que je préfère porter mon attention quand je le lis. Si la réalisation pouvait par moments laisser à désirer par moment, j’ai été séduit par les intentions, dirons-nous.


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