Ravage
  • Date de parution 27/09/1972
  • Nombre de pages 320
  • Poids de l’article 172 gr
  • ISBN-13 9782070362387
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 112 mm
  • Edition Livre de poche
Dystopie et Uchronie Anticipation Post Apocalyptique Ouvrage de référence de l'auteur Très bon livre, référence

Ravage

3.93 / 5 (8115 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points : - Vie littéraire : Un roman publié sous l'Occupation - L'écrivain à sa table de travail : Vers la science-fiction - Groupement de textes thématique : Romans apocalyptiques - Groupement de textes stylistique : Entrer dans le monde de demain - Chronologie : René Barjavel et son temps - Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture Recommandé pour les classes de collège.

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  • Date de parution 27/09/1972
  • Nombre de pages 320
  • Poids de l’article 172 gr
  • ISBN-13 9782070362387
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 112 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Ravage est un roman de René Barjavel, paru en 1943, d’abord chez Denoël, puis plusieurs fois réédité depuis. Considéré comme le roman ouvrant la voie à la SF française, Ravage décrit un monde post-apo particulièrement visionnaire. Il est vrai qu’on semble loin ici des romans de Jules Verne ou du merveilleux scientifique. Mais Ravage est aussi un roman qui traduit son époque, avec de multiples références à la politique de Vichy ainsi qu’aux événements contemporains de la seconde guerre mondiale. Un grand merci à Anouchka de m’avoir offert ce livre aux dernières Imaginales <3


Structure du roman

Ravage est un texte structuré en 4 parties. Les deux premières sont assez longues et les deux suivantes beaucoup plus courtes.

Dans la première partie, Les temps nouveaux, Barjavel plante son décor avant le cataclysme. On suit François, jeune homme venant de province à Paris, car reçu, pense t-il, dans son école de chimie agricole. Il y retrouve également une amie d’enfance, Blanche, qui entame une carrière de danseuse et d’actrice. Mais elle s’amourache d’un type assez peu recommandable, Jérôme Seita. En arrière-plan, des relations diplomatiques difficiles entre l’Amérique du Nord et l’Empire Sud-Américain semblent se situer sur un point de non-retour.

La seconde partie expose le cataclysme. La chute des villes met en scène les Parisiens face à une panne totale de l’électricité, base de toutes les technologies sur lesquels ils s’appuyaient juste là. En découlent la famine et la mort. C’est le chacun pour soi qui commence, s’ajoutant à la violence des explosions et catastrophes simultanées qui surviennent. François fédère autour de lui un petit groupe de personnes pour fuir la ville, sous le feu.

La troisième partie est beaucoup plus courte. Intitulée Le chemin de cendres, elle suit la petite compagnie créée par François sur le chemin du renouveau, après avoir traversé la France et les épreuves.

Enfin, Le patriarche, dernière partie également très courte du roman, montre l’après cataclysme, et comment les personnages sont parvenus à survivre et recommencer à bâtir une nouvelle société.


Un roman SF post-apo

Du tout technologique…

Barjavel met en scène un univers futuriste, urbain, basé sur des technologies hyper avancées. La manière dont il dépeint certaines technologies (les OGM, l’agriculture intensive, le nouveau matériau miracle, le plastec, les trains à très haute vitesse…) est un régal à lire et est parfois visionnaire. De ce fait, ce roman est par moments très contemporain.

Mais l’on sent bien, en creux, la critique assez forte de l’évolution du progrès. On se rend compte que l’imaginaire futuriste de l’auteur sert à démontrer que le tout technologique est néfaste, anéantit l’Homme et sa capacité à agir sur la Nature. D’ailleurs, le cataclysme va annihiler tous les effets du plastec et couper l’électricité, source de toute les technologies sur lesquelles se reposent les Hommes. Non seulement La chute des villes expose un monde dévasté, en proie aux épidémies, à la famine, à la soif, aux catastrophes en tout genre, mais en plus elle expose une société qui ne sait plus rien faire, désarmée, déboussolée, complètement inapte de ses dix doigts et incapable de survivre, faute de ne plus savoir rien faire par elle-même.

Il y a donc là une charge assez virulente contre le progrès, qui va également de pair, pour l’auteur, avec une certaine dissolution des mœurs et une perte de repères. C’est particulièrement flagrant quand on pense au traitement des morts dans le récit. Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler, mais cette thématique m’a fait froid dans le dos. Toujours est-il que cette charge de l’auteur contre le progrès est très en phase avec certaines idées de son temps.


… Aux cataclysmes

Là encore, les pages relatant les catastrophes successives sont absolument incroyables à lire. C’est un florilège d’horreurs, décrites de manière très visuelle. Un véritable feu d’artifice de catastrophes, de morts par paquets, d’explosions, tout allant crescendo.

A aucun moment, on ne saura vraiment l’origine du cataclysme, et dans le fond, Barjavel ne s’étend pas vraiment là-dessus. Car ce qui importe, ce sont les conséquences, et surtout la manière dont les humains vont pouvoir s’en sortir – ou pas. L’auteur ne fait pas de quartier. Certaines pages sont de véritables morceaux d’anthologie.


D’un roman ancré dans son temps…

Echos vichystes

Le parallèle entre la thèse du roman et la politique pétainiste a déjà été fait. Le texte regorge de clins d’œil. Mais il n’hésite pas non plus à se moquer parfois de certaines choses (comme les intitulés de certains ministères par exemple).

Par exemple, le périple de François à travers la France peut se lire comme un témoignage évident de l’exode. En revanche, comme par hasard, c’est en Provence (terre vichyste) que parvient François, véritable Terre Promise étrangement moins marquée par le cataclysme. De la même façon, le final du roman prône un retour à la Nature, à la Terre, à la simplicité, à la fécondité; on pourrait presque dire une sorte d’état de nature (d’ailleurs François s’appelle Deschamps !). Une illustration évidente du « travail, famille, patrie »

Donc oui, Ravage est un roman de son temps. Si Barjavel décrit par le biais de son cataclysme celui que vivent les européens en pleine guerre mondiale, il intègre dans son romans des thèses pétainistes, mais se fait aussi le porte-parole d’un état de pensée de l’époque. On a donc un roman patriarcal, c’est évident. Mais aussi particulièrement raciste. L’ennemi est « L’empereur noir », qui veut se venger de siècles de domination blancheEt vous croiserez des « moricauds » plusieurs fois dans le roman.

D’où l’importance de remettre ce roman dans son contexte.


Petites pépites savoureuses

Dans tout ce gloubi boulga, il y a néanmoins des passages vraiment très drôles, qui mettent en lumière le côté complètement absurde de ce monde décrit. Et certains sonnent encore très justes aujourd’hui.

 » C’est le bureau du suringénieur-conducteur, dit-il. Il est tout seul pour faire fonctionner la machine. Et il a vraiment pas grand-chose à faire. En principe, il y a toute une série de manœuvres, qui sont commandées par des sons dérivés de la lettre D : da, di, do, du, dou, dé. J’aurais jamais cru, mais il paraît que ça fait plusieurs milliers de combinaisons. Mais il se sert toujours des mêmes, une pour mettre la machine en route…

– Laquelle ?

– Dada ! … et une autre pour l’arrêter.

– C’est ?

– Dodo ! 

– Et s’il se trompe ?

– La machine s’arrête et se met à siffler. Mais depuis que je travaille là, j’ai jamais entendu le sifflet. Il peut pas se tromper, il a un tableau devant les yeux. Et la plupart du temps il n’a que deux mots à dire : c’est une bonne place, bien payée, dada le matin, dodo le soir, mais il faut être bien instruit…

François sourit en pensant qu’il lui aurait fallu encore près de dix ans d’études pour obtenir le diplôme de suringénieur, et le droit de dire dodo et dada… »

… A une lecture plus biblique

Ravage : un roman visionnaire, roman de son temps… Au-delà de ces temporalités, j’ai également eu une lecture très biblique de certains passages. Les références religieuses sont nombreuses, et certaines scènes m’ont vraiment fait penser à des moments clé de la Bible.

Ainsi ce monde apocalyptique m’a t-il fait penser à l’ouverture des sept sceaux de l’Apocalypse, aux sept anges qui jouent de la trompette et provoquent grêle, feu, changement de la mer en sang, arrivée des sauterelles (l’épisode rêvé des chauve-souris), tremblement de terre, épidémies etc. D’ailleurs, c’est un paragraphe de l’Apocalypse de Saint-Jean qui figure en chapeau du chapitre La chute des villes. On pourrait alors lire cette partie comme la chute de Babylone, symbole de la ville dissolue, lieu de tous les vices. J’ai également pensé à l’exode des Juifs d’Egypte. On y retrouve des épisodes similaires : les dix plaies, puis l’exode, vers la Terre Promise. François est alors Moïse, guide et patriarche.

Par ailleurs, le retour prôné à la Terre se lit dans cette phrase du Patriarche : « Il ordonna à tous les hommes, veufs ou célibataires, de choisir une femme et leur conseilla de faire rapidement des enfants. Il fallait des bras pour remuer toute la terre abandonnée ». Comment ne pas penser alors à Adam et Eve, quand Dieu leur dit :  » Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre » ? 

Ces rapprochements ne sont à mon avis pas anecdotiques. Cela sert les thèses de l’auteur, mais également à replacer le roman dans une sorte d’universalité. En effet, que le cataclysme soit réel (Seconde guerre mondiale) ou imaginaire comme dans le livre, tous les fléaux se ressemblent et mettent les Hommes face aux mêmes choix, conséquences et impasses. C’est une éternelle chanson qui recommence… On peut alors lire Ravage comme une sorte de conte.


Ravage est un roman de René Barjavel, écrit en 1943. Il est très important, selon moi, de bien remettre l’œuvre dans son contexte. S’offusquer de la place des femmes dans ce roman n’a pas vraiment de sens… Et fait surtout passer à côté du texte, particulièrement intéressant sur deux points : l’aspect cataclysmique, d’abord. Je me souviendrai longtemps de ces pages d’anthologie. Et puis l’ancrage de ce texte dans son temps, comme un témoignage d’un état de pensée mais également d’une époque elle aussi cataclysmique. Je retiens aussi que l’auteur a su se projeter assez finement dans l’avenir, en tout cas dans son aspect technologique (on est d’accord, il s’est planté sur l’aspect sociétal). Finalement, ca a été une très bonne lecture, que j’ai faite de manière plus analytique. Et c’est une lecture que je recommande, également, car vraiment il y a des morceaux qui valent le détour.


« Vous ne savez pas ce qui est arrivé ? Tous les moteurs d’avions se sont arrêtés hier à la même heure, juste au moment où le courant flanchait partout. Tous ceux qui s’étaient mis en descente pour atterrir sur la terrasse sont tombés comme une grêle. Vous n’avez rien entendu, là-dessous ? Moi, dans mon petit appartement près du garage, c’est bien un miracle si je n’ai pas été aplati. Quand le bus de la ligne 2 est tombé, j’ai sauté au plafond comme une crêpe… Allez donc jeter un coup d’œil dehors, vous verrez le beau travail ! »

De l’autre côté de la Seine une coulée de quintessence enflammée atteint, dans les sous-sols de la caserne de Chaillot, ancien Trocadéro, le dépôt de munitions et le laboratoire de recherches des poudres.

Une formidable explosion entrouvre la colline.

Des pans de murs, des colonnes, des rochers, des tonnes de débris montent au-dessus du fleuve, retombent sur la foule agenouillée qui râle son adoration et sa peur, fendent les crânes, arrachent les membres, brisent les os.

Un énorme bloc de terre et de ciment aplatit d’un seul coup la moitié des fidèles de la paroisse du Gros-Caillou.

En haut de la Tour, un jet de flammes arrache l’ostensoir des mains du prêtre épouvanté.

Ma lecture

Science-fiction, dystopie, ce roman est un des classiques de la littérature française que je voyais régulièrement passé ici ou là et je l’avais mis au programme de mes lectures en cette période où notre monde a été bouleversé. Je ne suis pas amatrice de lectures de science-fiction mais ce roman a une telle renommée qu’il me semblait important de le découvrir.

L’action se situe dans un Paris de 2052 dans lequel j’ai retrouvé beaucoup de notre époque actuelle (René Barjavel est un visionnaire mais dans certains domaines nous avons pris de l’avance sur ce qu’il avait imaginé) envahit de plastec la matière ayant pris le dessus sur toutes les matières « nobles ».

Quatre parties pour ce roman et quatre univers très différents. Tout commence par la rencontre avec François, le personnage principal, et Blanche. Ils sont jeunes, ils sont venus de Provence remplis d’espoir à Paris et éprouvent l’un pour l’autre une amitié amoureuse encore non avouée. 

Lorsque dans la deuxième partie une sorte de guerre des énergies s’abat sur le pays provoquée par le continent africain en représailles de toutes les humiliations et abus subis, le ton change. Plus d’électricité, plus d’eau, plus de lait, les villes se vident, les gens fuient, se battent pour se nourrir. L’exode commence et dans la troisième partie le couple, rejoint par d’autres fuyards, part rejoindre leur région d’origine, espérant y trouver eau, paix et nourriture. C’est un long chemin de croix, parsemés de tueries, d’incendies et de pertes en tout genre.

Dans la dernière partie ….. Et bien là je ne vais rien vous en dire…..

C’est à la fois un roman, un conte philosophique, une odyssée apocalyptique, un voyage dans le futur qui ressemble presque à notre présent. Cela se lit presque comme un thriller des temps modernes car comment ne pas voir les similitudes avec les modes de vie, les réactions humaines de notre époque et l’idée (voire envie) de revenir à la vie simple, avec moins de technologie, à repenser sa manière de vivre afin de ne plus dépendre de quiconque…..

Une lecture intéressante, agréable mais qui m’a un peu gênée sur la fin par l’image faite des femmes, de leur rôle ramené uniquement à la procréation (cela m’a beaucoup fait penser au roman de Margaret Atwood La servante écarlate, ces femmes habillées de rouge, ne s’en est-elle pas inspirées ?), la position de l’homme dominant, polygame…. 

Je m’attendais à une lecture plus difficile dans son écriture. Ce qui est le plus surprenant ce sont les différents tons et ambiances utilisés, allant d’une sorte de badinage à des scènes assez insoutenables, où humanité et nature se trouvent réduites à rien et où la prise de conscience d’un monde artificiel et superficiel transpire.

Ce n’est pas un coup de cœur mais j’ai beaucoup aimé et comprend mieux pourquoi ce roman fait partie des romans précurseurs de la science-fiction et combien il colle de plus en plus à notre actualité. Tout y est : amour, road-movie, survie et idéologie.

Ils comparaient leur propre misère à cette horreur. Nus, mais debout, maigres, affamés, las, mais décidés à la lutte, ils étaient loin de cette déchéance atroce. Ils n’avaient pas renoncé. Ils étaient encore des hommes. (p247)


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