Lorsque tous trahiront

Lorsque tous trahiront de Pierre Olivier a gagné un prix du roman d’espionnage. Pour ma part je suis moyennement convaincu.

Février 1945. Le narrateur se trouve proche du lac de Constance, avec la crème des collabos. Blessé sur le front russe où il a combattu avec la Légion des Volontaires Français, il va se retrouver à enquêter sur la mort de Jacques Doriot dont la voiture a été mitraillée par un avion allié. Dans une ambiance délétère où chacun tente de sauver sa peau, difficile de savoir qui trahira le plus vite.

Une première remarque, l’auteur devrait un peu plus faire confiance à son lecteur. Avant le début du roman il écrit : « Le personnage principal de ce livre est un ultra de la collaboration, un fasciste. Les opinions exprimées dans ce roman sont les siennes, et non pas celles de l’auteur. » Oui, on s’en doutait, et on a déjà lu bien pire, on n’est pas lecteur de polar si on n’a jamais été plongé, par la faute d’un auteur, dans la tête d’une pourriture, pas la peine de préciser.

Ceci étant dit, la thématique est intéressante, la période mal connue (au moins de moi), et le nid de vermines puantes rassemblées du côté du lac de Constance assez répugnant.

Et c’est là qu’à mon goût le roman pêche. Il reste très intellectuel et informatif, assez froid, et je n’ai pas ressenti les émotions que j’attendais, les personnages manquent de chair et d’épaisseur, le roman manque de souffle. Pour être à mon goût, il aurait fallu que le lecteur ressente soit une fascination horrifiée pour le narrateur et/ou certains personnages, soit une vraie rage ou un vrai dégoût. Là je reste très extérieur. Je lis, je m’intéresse, mais au final je me fiche de ce qui peut arriver au narrateur, et même de ce qu’il peut être amené à découvrir.

Avis très personnel et subjectif, comme toujours.