L'arbre du pays Toraja
  • Date de parution 01/02/2017
  • Nombre de pages 224
  • Poids de l’article 138 gr
  • ISBN-13 9782253069331
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Biographies, Mémoires

L'arbre du pays Toraja

3.67 / 5 (604 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

« Qu'est-ce que c'est les vivants ? À première vue, tout n'est qu'évidence. Être avec les vivants. Être dans la vie. Mais qu'est-ce que cela signifie, profondément, être vivant ? » Un cinéaste au mitan de sa vie perd son meilleur ami. Cette disparition l'amène à plonger en lui-même, à méditer et à réfléchir sur la mort et sur la part que les morts occupent dans notre existence. Il choisit d’aller au-delà du désarroi et du chagrin.Entre présent et passé, dans la mémoire des visages aimés et la lumière des rencontres inattendues, L’Arbre du pays Toraja célèbre les promesses de la vie. Un roman fort, remarquablement écrit et que l’on ferme à regret. Anne Michelet, Version Femina. Ce livre est une beauté, une délicatesse. Marine de Tilly, Le Point. Un chef-d’œuvre. Pierre Vavasseur, Le Parisien. Un récit terriblement vivant.Pascale Frey, Elle.

livré en 5 jours

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  • Date de parution 01/02/2017
  • Nombre de pages 224
  • Poids de l’article 138 gr
  • ISBN-13 9782253069331
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Où?

Le roman se déroule sur l’île de Sulawesi où vivent les Toraja, mais Paris, Nancy, Gretz-Tournan, l’île d’Oléron et Samoëns sont également évoquées, tout comme New York, Pittsburgh, São Paulo, Venise, Lampedusa, un port de pêche de la baie d’Along et Pula en Croatie

Quand?

L’action se situe de nos jours.

Ce que j’en pense

****

Il y a sans doute de multiples manières d’aborder la mort. Il y a aussi de multiples manières de lire le nouveau roman de Philippe Claudel. Pour certains, ce texte traite d’abord des défunts, du chagrin et du deuil, pour d’autres il éclaire les incroyables capacités des humains à surmonter le chagrin, à transcender la mort. Boris Cyrulnik y verra par exemple une nouvelle illustration de la résilience. Et je pense qu’il aura raison, à l’image de la belle idée qui donne son titre à l’ouvrage.

L’arbre du pays Toraja sert de sépulture aux enfants de l’île de Sulawesi, en Indonésie. Les petits cadavres sont déposés dans les anfractuosités de son tronc lors de cérémonies qui rassemblent tous les membres de la communauté. « Au fil des ans, lentement, la chair de l’arbre se referme, gardant le corps de l’enfant dans son grand corps à lui, sous son écorce ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait monter vers les cieux, au rythme patient de la naissance de l’arbre. »

Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’une tombe, mais d’une vie qui continue à se développer, dont l’arbre se nourrit. S’il porte les stigmates de ce «cadeau», il fait surtout office de «grand cicatriseur». Un chemin qui est en quelque sorte une proposition de guérison pour les parents. Une démonstration que la vie continue…

Pour l’écrivain-cinéaste qui perd Eugène, son producteur, ami et aussi inspirateur, le choc est rude. Car ce décès fait suite à l’annonce d’un cancer, une année plus tôt, et du combat contre ce destin qui devient peu à peu inexorable. Quelle injustice pour cet homme qui « avait le talent de me mettre sur des pistes, par livres interposés, quand je travaillais sur un sujet, même si les récits et romans qu’il m’indiquait ne me paraissaient pas, après la première lecture, avoir de rapports directs avec le film que j’essayais d’écrire. »

Avant cela, il y avait eu la mort d’Agathe. « Un enfant mort-né. Mort-né, c’est une des formules les plus abruptes de la langue. Définitive. Là encore affaire de distance. Une distance infiniment petite, dont la petitesse signe l’absence puisque les deux extrêmes, naissance, mort, se confondent. Naître mort. Le plus effroyable des oxymores. » Le couple qu’il formait avec Florence n’a pas résisté à l’épreuve, même s’ils sont restés très proches. En ira-t-il autrement avant la voisine du 6e qu’il observe depuis sa table de travail ? La jeune Elena sera-t-elle autre chose qu’un dérivatif ?

Car les douloureuses et difficiles questions restent en suspens : comment surmonter sa peine, comment rendre hommage au disparu et surtout comment continuer à vivre.

Les superbes pages que nous propose Philippe Claudel apportent en quelque sorte la plus belle des réponses à ses interrogations.

À partir de leurs expériences, de leurs souvenirs communs, il imagine une voie qui lui permet d’associer l’absent à son projet, de recomposer un univers. Comme le ferait un réalisateur, un écrivain, un musicien. Aussi n’est-il pas étonnant que l’on croise au fil des pages quelques uns de ces créateurs, de Borges aux Rolling Stones.

Au fil du récit, on comprend qu’Eugène vient prendre place aux côtés d’autres disparus qui, à des degrés divers, accompagnent l’auteur dans sa quête, inspirent son œuvre – «Nous autres vivants sommes emplis par les rumeurs de nos fantômes». À l’image des enfants de l’arbre du pays Toraja, ces disparus continuent de croître avec lui.

Si le récit est très libre dans sa forme, cette suite de réflexions conduit avec beaucoup de poésie et de finesse à cette magnifique leçon qui nous apprend qu’après sur-vivre, on peut re-vivre.

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