Paperboy
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Années 60. Thurmond Call, shérif du Comté de Moat, dans le nord de la Floride, meurt assassiné. Pas vraiment une grande perte, que celle de ce gardien de la loi qui l’appliquait selon des principes bien personnels basés sur la haine des nègres, des hippies ou des juges fédéraux, et comptant à l’actif de sa longue carrière quelques dizaines de morts suspectes (majoritairement de noirs), pour lesquelles il n’a néanmoins jamais été inquiété. La ville érigera même, après sa mort, une statue à son effigie. Les soupçons se portent d’ailleurs sur la famille du dernier quidam (un blanc, pour une fois) à qui la gâchette facile du shérif fut fatale : Jérôme Van Wetter, membre d’un vaste clan composé d’hommes brutaux et méprisants des lois, vivant en marge de la civilisation. C’est son cousin Hillary Van Wetter qui est inculpé, puis condamné à mort, sur la base de preuves opportunément égarées et de la négligence manifeste de son avocat.
Le narrateur avait quinze ans au moment des faits. S’il revient quelques années plus tard sur cette histoire, c’est qu’il s’y retrouve impliqué. Jake Hansen est le plus jeune fils du propriétaire du journal local qui, s’il a longtemps défié l’opinion publique de cette région rurale de l’Etat par ses idées libérales, y a depuis mis un bémol, les déclinant dorénavant sur un mode lénifiant et inoffensif destiné à ne froisser aucune sensibilité. En 1969, Jake perd sa bourse en natation à l’Université de Floride, dont il est exclu quelques semaines plus tard pour vandalisme. De retour dans la demeure familiale, il distribue les journaux de son père. Déçu par le manque d’ambition de son cadet, ce dernier reporte ses espoirs sur son aîné, Ward, qui après des études de journalisme, a intégré la rédaction du Miami Times, où son récent article sur un crash aérien lui a valu une célébrité soudaine. Son nouveau sujet, l'affaire Thurmond Call/Hillary Van Wetter, le ramène lui aussi à Moat en compagnie de son binôme Yardley Acheman.
Charlotte Bless, affriolante et peu farouche quadragénaire s’est prise d’une obsession pour Hillary, avec lequel elle entretient une correspondance régulière. Convaincue de son innocence, elle a pour projet à long terme de l’épouser. Ayant regroupé une imposante documentation composée d’éléments du dossier, de considérations personnelles ou de ses échanges épistolaires (souvent cochons) avec le condamné, elle demande à Ward et Yardley de mener l’enquête pour rétablir la vérité. Jake fait office de coursier et de chauffeur pour le duo de journalistes, occupe Charlotte -objet de ses fantasmes- afin de leur épargner ses visites lassantes et répétitives. L’enquête les mène du parloir de la prison où croupit le détestable et répugnant Hillary, au fin fond des marais détrempés et dangereux que constitue le territoire du clan Van Wetter.
Baigné d’une ambiance poisseuse, vénéneuse, "Paperboy" est un roman noir et protéiforme, dont l’enquête policière ne semble finalement être qu’un prétexte, ou disons plutôt un contexte à partir duquel Pete Dexter lie à la prégnante et mélancolique narration de son héros l’évocation de diverses thématiques. L’éthique journalistique en est une des principales (l’auteur a lui-même été journaliste d’investigation avant de se consacrer à la fiction). Les divergences opposant Ward et Yardley dans leur pratique du journalisme lui permet d’illustrer clairement son propos. Le premier, très sérieux, va au bout de ses projets avec un entêtement et une indifférence effrayante aux risques et aux dangers. Son sens aigu de l’éthique l’amène à dédaigner l’excitation que provoque d’emblée l’enquête journalistique pour se bagarrer avec les détails, « mettre les mains dans la merde » ; dans sa quête absolue de la vérité, il ne lâche rien, vérifie tout, ne s’interdit d’interroger aucun témoin. Yardley, moins consciencieux, est davantage attaché au style de ses articles qu’à leur véracité, et se plait à endosser le rôle de qui dénonce l’hypocrisie partout où il la débusque, quitte à travestir quelque peu les faits pour parvenir à ses fins.
Une autre des forces du roman réside dans la complexité du duo fraternel que composent Jake et Ward, dont les personnalités respectives et torturées sont difficiles à cerner, tous deux entretenant un lien taiseux mais solide, fait de complicité tacite et d’inaltérable fidélité.
Et il y aurait encore à dire… à lire.
Daedwood, Far West, fin du XIX°. Train, Los Angeles, années 50. Et là Paperboy, Floride, 1965. Les trois romans de Pete Dexter que j’ai lu. Trois lieux, trois époques, trois réussites éclatantes.
1965, Comté de Moat, au nord de la Floride. Une cambrouse moite et glauque bien éloignée de l’image glamour de Miami et de ses plages. Le shérif Thurmond Call n’est pas un exemple de justice et de tolérance. Mais ses électeurs lui pardonnent ses bavures, après tout, ses 16 premières victimes étaient noires. C’est la 17° fait tâche. C’est un blanc, et même s’il appartient à la famille Van Wetter, crapules consanguines qui vivent, craints et isolés de tous, dans les marais, cela ne se fait pas.
Quand le bon shérif se fait ouvrir le ventre de part en part, la police a vite fait d’arrêter Hillary Van Wetter, un des membres les plus violents de la tribu. Il est tout aussi rapidement condamné et parqué dans le couloir de la mort en attente de son exécution. C’est compter sans Charlotte Bless, la quarantaine sexy, qui tombe amoureuse d’Hillary en voyant ses photos, et fait des pieds et des mains pour convaincre deux journalistes du Miami Times d’enquêter.
Quel bouquin ! On transpire avec les personnages, on sent l’odeur de pourriture des eaux stagnantes, on ressent la glace fondue poisser les doigts … La Floride telle que vous voyez rarement, loin des plages ensoleillées de Miami, les deux pieds dans la vase, à se battre contre les moustiques.
Et quels personnages ! Le duo de journalistes, l’un laborieux mais implacable, l’autre arriviste, m’as-tu-vu mais brillant ; Charlotte, l’égérie des tueurs, complètement allumée ; et surtout la terrible famille Van Wetter, sortie tout droit de Delivrance, d’un roman de Caldwell ou d’un recueil de nouvelles d’Offut. Personnages effarants, hors du temps et de la société, comme on n’imagine pas qu’il puisse en exister dans un pays « civilisé », et pourtant, que le roman noir américain nous dépeint, de temps à autre.
Puis il y a l’histoire étouffante comme l’atmosphère de la petite ville renfermée, raciste, intolérante. Mais n’allez pas croire que le brillant journaliste, qui va dénoncer cette atmosphère vaille mieux que ses victimes : superficiel, arrogant, égoïste, il n’est jamais qu’une autre facette de la médiocrité humaine, la facette brillante et citadine.
Et ce n’est pas tout. C’est également la peinture sans concession du milieu de la presse en même temps qu’un hommage vibrant à ceux, parmi les journalistes, qui croient en leur métier. A ce titre le personnage de Ward, mal dans sa peau mais implacable et inébranlable dans sa recherche de la vérité, force le respect, voire l’admiration et vous hantera longtemps.
Tout cela décrit de façon sèche, impeccable, sans un mot de trop, sans un jugement de valeur. Du grand art. Il faut absolument que je trouve le temps de lire les autres romans de Pete Dexter !
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