Rue des boutiques obscures
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
Que reste-t-il de la vie d'un homme ? Une photo, au fond de la boîte ou d'un tiroir, des papiers administratifs, quelque fois une fiche de police ou un nom dans un Bottin. Et aussi les souvenirs de ceux qui l'ont connu ou rencontré. Ils seront de moins en moins nombreux et les souvenirs de plus en plus vagues. Ainsi l'écho d'une vie décroît-elle jusqu'à s'éteindre tout à fait.
Mon avis
Ce roman est un livre d’atmosphère. Un homme sans passé, car il a tout oublié, part à la recherche de celui qu’il a été. Des bribes, glanées ici ou là, l’aident parfois, le déstabilisent aussi et lui permettent d’avancer pas à pas. Ce sont des rencontres, des souvenirs que les interlocuteurs partagent avec lui. Mais quelle est la part de vérité, de non-dits dans ce qu’ils évoquent ? Quand on n’a rien à quoi se raccrocher, qui croire, qu’espérer de l’avenir ? Et où se situe la vraie identité de cet inconnu ? Que va-t-il gagner à mieux se connaître ? Sera-t-il plus serein ? Plus perturbé ? Déçu ? Heureux et fier ? Paris et les années de la seconde guerre mondiale servent de contexte principal à ce recueil. Période trouble et troublée qui ne rend pas les choses plus faciles. Bien au contraire…..
Patrick Modiano, avec une écriture dépouillée, un style laconique, invite chacun se poser des questions sur la destinée, sur le chemin que l’on suit pour être soi. La construction de la personnalité de chaque être humain est liée aux rapports qu’il crée avec les autres, aux événements qui jalonnent sa vie et qui ne dépendent pas toujours de lui.
J’ai apprécié cette lecture. Je crois pouvoir dire que c’est surtout l’ambiance décrite en peu de mots qui m’a le plus intéressée. On ressent une espèce d’errance à laquelle on participe en se demandant bien où tout cela va nous entraîner…
On le sait, pour Patrick Modiano, le chemin compte plus que la destination, la quête davantage que son résultat. "Rue des boutiques obscures" en est un parfait exemple.
C’est l’histoire d’un homme qui part à la recherche de lui-même. Bon, j’admets : dit comme ça, ça sent l’imposture à plein nez, le récit pseudo-métaphysique alambiqué et prise de tête… Mais c’est à Modiano que nous avons affaire : le fond, s’il peut sembler complexe, est servi par une écriture limpide et une intrigue linéaire dans laquelle il nous embarque sans peine. Et si énigme il y a, on finit par considérer sa résolution comme accessoire.
Guy Roland quitte l’Agence où il exerçait comme enquêteur privé depuis dix ans, son employeur et ami Hutte prenant sa retraite. Cette nouvelle disponibilité va lui permettre de consacrer ses compétences d’investigateur à une quête plus personnelle, afin de tenter de retrouver la mémoire d’un passé dont il a tout oublié, y compris son identité (Guy Roland étant le patronyme dont l’a gratifié Hutte lors de son embauche). Dans quelles circonstances ? Nous ne le saurons pas.
Avec pour seul matériau une photographie sur laquelle il pense se reconnaître aux côtés d’une jeune femme russe, il remonte peu à peu un fil fragile car fluctuant, oscillant d’espoirs en fausses pistes. Au gré des rencontres qu’occasionne sa quête, cette dernière s’enrichit de clichés à la netteté variable, de numéros de téléphones et d’adresses parisiennes qui mènent le héros dans des errances parfois marquées d’un sentiment de déjà-vu, de déclics faisant ressurgir des bribes de souvenirs.
Et ce sont ces errances qui font tout l’intérêt du roman, déambulations dans le milieu de la nuit ou les bistros et restaurants parisiens où l’on croise des personnages -pianiste sur le retour, anciennes reines de beauté, gigolos…- souvent plombés d’une profonde mélancolie, mais qui tous suscitent un intérêt curieux par leur singularité et les histoires qu’ils ont à raconter. Le narrateur, auditeur attentif et silencieux, éveille confidences et souvenirs.
Porté par un sentiment permanent de trouble, il ressent parfois aussi une peur indéfinissable à la vue de certains lieux, peur éveillée par la mémoire inconsciente mais poreuse à certaine atmosphère des échos laissées par des événements ou des êtres du passé, qui bientôt dessinent les contours des temps sombres de l’occupation, de la nécessité de la fuite, de la disparition.
On retrouve ainsi dans ce beau texte l’obsession de Patrick Modiano pour ceux dont les traces se perdent, et en même temps cette conviction qu’il est possible, en traquant le souvenir de l’intangible -le vestige d’une qualité particulière d’air ou de lumière…- autant que celui du palpable, d’en retrouver parfois des bribes.
Hutte, un baron balte ferme son agence de détectives privés à Paris et part pour Nice pour y passer sa retraite. Il laisse ses clés à son employé Guy Roland avec qui il travaille depuis dix ans et lui dit qu’il peut continuer à utiliser le local s’il le désire. En fait Guy ne s’appelle pas Guy, il est amnésique depuis plus de dix ans et c’est Hutte qui lui a fourni cette nouvelle identité. Il ne sait pas du tout qui il est et enquête sur son passé. Il dispose pour cela de quelques indices, des annuaires et botins de France et de l’aide de Bernardy, un autre détective privé, ami des deux autres.
Guy rencontre différentes personnes issues de son passé… ou pas. Un patron de restaurant le reconnaît vaguement et lui dit qu’il venait souvent autrefois avec un émigré russe prénommé Stioppa. Guy arrive à le retrouver, celui-ci ne le reconnait pas mais lui parle de sa famille et de la communauté émigrée, en particulier de Gay Orlow, une jeune fille émigrée aux USA puis en France. Il lui donne une boite de photos. Guy remontera ainsi les traces de nombreux personnages aux noms et passeports compliqués. Il cherche en particulier Denise Coudreuse et Freddie Howard de Luz.
Finalement on ne sait pas si Guy est vraiment ce Pedro – ou Jimmy- auquel il finit par s’identifier après avoir cru être tous les personnages évoqués. Est-ce vraiment lui ou une identité suggéré par le hasard de ses rencontres ? On le saura pas et ça n’a pas vraiment d’importance. Freddie lui échappe au moment où il allait enfin le retrouver.
Les scènes narratives alternent avec les fiches de renseignements brutes fournies par Bernardy. C’est seulement à la fin qu’on sait que le roman se passe en 1965, mais il évoque les années sombres de l’occupation à Paris. On visite un Paris disparu et en même temps toujours présent. Il se dégage une grande magie de l’écriture de Patrick Modiano. J’aime en particulier le passage où un homme effrayé écoute les voix du passé sur une ligne téléphonique non attribuées depuis cette époque lointaine et effrayante, il entend notamment la voix de l’assassin de son mailleur ami, jamais arrêté.
Comme c’est une enquête menée par un détective privé sur son propre passé, on peut aussi le ranger dans la catégorie des thrillers, mais complètement atypique et vraiment envoûtant. Ce n’est pas le premier livre de Modiano que je lis, mais j’ai eu grand plaisir à redécouvrir l’univers nostalgique de cet auteur et je vais en lire d’autres.
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