L'herbe des nuits
  • Date de parution 13/05/2014
  • Nombre de pages 176
  • Poids de l’article 113 gr
  • ISBN-13 9782070456963
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Romans policiers

L'herbe des nuits

3.44 / 5 (506 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Qu'est-ce que tu dirais si j'avais tué quelqu'un ?" J'ai cru qu'elle plaisantait ou qu'elle m'avait posé cette question à cause des romans policiers qu'elle avait l'habitude de lire. C'était d'ailleurs sa seule lecture. Peut-être que dans l'un de ces romans une femme posait la même question à son fiancé. "Ce que je dirais ? Rien.

livré en 4 jours

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  • Date de parution 13/05/2014
  • Nombre de pages 176
  • Poids de l’article 113 gr
  • ISBN-13 9782070456963
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Ayant lu la chronique très négative d’une copinaute sur ce livre, je voulais me faire mon propre avis et il s’avère que je ne le partage pas du tout, même si je comprends tout à fait son point de vue, Modiano est un auteur qu’on adore ou qu’on déteste, il ne laisse personne indifférent. Son univers est très particulier et peut sembler énervant, ou donner l’impression qu’il réécrit toujours le même livre.

Je l’ai découvert il y a longtemps avec Rue des boutiques obscures et j’ai succombé à son charme désuet et assez étrange. Ici comme dans d’autres de ses romans, l’enquête est juste un prétexte à une quête d’identité et à des balades mélancoliques dans Paris, y voir un polar expose à passer à côté de l’objectif. Jean, écrivain, se souvient de quelques mois de sa jeunesse en 1966 alors qu’il se promène « par hasard » dans le quartier de Montparnasse où il n’est pas revenu depuis longtemps. Il a un carnet noir dans lequel il a pris des notes à cette époque. Il était amoureux de Dannie, une femme très mystérieuse qui fréquentait des personnages louches à l’Unic Hôtel, un petit établissement du quartier. Peu à peu à travers des souvenirs disparates, le portrait de la jeune femme s’ébauche, de manière floue. Elle se fait envoyer son courrier en poste restante, fréquente clandestinement des appartements parisiens ou une maison de campagne à cent kilomètres de la capitale, un des habitués de l’hôtel révèle à Jean qu’elle vit sous une fausse identité, elle semble être d’ailleurs toujours sur le qui-vive et finit par disparaître pour de bon en laissant une lettre à Jean. Celui-ci sera interrogé par un policier, mais il ne sait rien.

Il y a peu d’action, on ne saura jamais ce qu’est devenue Dannie, son lien avec un meurtre aussi mystérieux que le reste, mais ce n’est pas grave, vu que l’intrigue est surtout un prétexte à une quête d’identité et à des rêveries mêlant passé et présent, comme dans tous les romans de l’auteur que je connais (je n’ai pas tout lu!). Les époques se chevauchent, le présent, les années 1960 et aussi le dix-neuvième siècle, puisque Jean écrit un livre sur la maîtresse de Baudelaire, on entend le bruit des sabots des chevaux tandis que les voitures roulent devant la gare Montparnasse, il croisera même cette femme dans une librairie. C’est surtout une recherche du Paris des années soixante et de son évolution. L’auteur se souvient des bâtiments de cette époque où aucun gratte-ciel ne défigurait le paysage. Il nous entraîne dans ses rêveries, les nôtres se superposent aux siennes, comme en écho. Il y a très longtemps que je ne suis pas retournée à Paris, mais je raffole de ces évocations d’une ville disparue depuis tant de décennies.

Habituellement Modiano nous entraîne dans les années quarante ou l’immédiat après-guerre, mais cette promenade vingt ans plus tard m’a également enchantée, on y trouve quelques allusions à cette triste période avec l’assassinat de la patronne d’un petit bistrot, ainsi qu’à son roman phare. Là aussi, le narrateur entend des voix perdues dans le temps en composant un numéro de téléphone de l’époque qui n’existe évidemment plus. Le tout compose une sorte de tableau impressionniste, on peut y voir une image sublime comme les Nymphéas, ou juste des taches de couleur qui ne font pas sens et sont très vite dérangeantes . Personnellement j’aime être entraînée dans ce tourbillon de rêveries et de saisons conjuguant passé et présent, mais je comprends aussi les lecteurs qui ont l’impression de lire toujours le même livre. Il ne faut pas y chercher une réalité mais un rêve dans lequel l’auteur se cherche et nous interroge, car Jean, c’est bien lui, son « vrai » prénom étant Jean Patrick, il reconnaît l’avoir modifié dans ce roman, mais je crois qu’il est toujours le héros de ses romans qui forment une étrange et envoûtante musique.

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