
La maison des jeux, l'intégrale
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l’avis des lecteurs
Al’occasion de la sortie du dernier volume de la trilogie de La maison des jeux, Le Maître, le 19 janvier dernier, je me suis procuré toute la série en numérique. Parue chez Le Bélial et traduite par Michel Pagel, cette série a passionné les foules, et il était temps que j’y mette mon nez. Une maison de plus à mon actif, mais une maison davantage concept que murs. Une trilogie que j’ai dévorée d’une traite, et que j’ai trouvée assez géniale.
La maison des jeux : composition de la trilogie
Le Serpent
VENISE, 1610.La Maison des Jeux accueille des joueurs de tous horizons. Dans sa Basse Loge, les fortunes se font et se défont autour de tables de jeux divers. Très rarement, certains joueurs talentueux sont invités à franchir les portes dorées de la Haute Loge. Les enjeux de ce lieu secret sont tout autre : pouvoir et politique à l’échelle des Etats, souvenirs, dons et capacités, années de vie… Tout le monde n’est pas digne de concourir dans la Haute Loge. Mais pour Thene, jeune femme bafouée par un mari aigri et falot ayant englouti sa fortune, il n’y a aucune alternative…
Le voleur
Bangkok, 1938. Remy Burke, membre de la haute loge, reprend conscience après une nuit trop arrosée et se souvient qu’il a parié avec Abhik Lee, joueur redoutable, un bien précieux : sa mémoire.
Une partie de cache-cache commence, Lee ayant un mois pour trouver Burke ; après quoi les rôles seront inversés. Le plateau de jeu ? La Thaïlande toute entière.
Burke doit donc se cacher comme il le peut… ce qui n’est pas chose aisée quand on est un Européen à la forte carrure. D’autant que Lee dispose de tous les moyens possibles pour traquer sa proie…
Le maître
De nos jours. Le joueur Argent a défié la Maîtresse de Jeu elle-même. C’est désormais le Grand Jeu, à côté duquel les jeux précédents semblent dérisoire. Le globe terrestre est désormais réduit aux dimensions d’un échiquier, à travers lequel Argent doit tracer sa voie s’il veut vaincre son adversaire. Ici, les deux protagonistes jouent pour le contrôle de la Maison des Jeux, et ont pour pièces non des personnes mais des armées entières, des factions, des organisations, des nations même. Le résultat de cette partie déterminera l’orientation du monde ; plus rien ne sera désormais comme avant…
Une trilogie : trois univers, trois jeux, trois joueurs
Une somme de trois ?
J’ai pris l’habitude de rédiger une chronique d’ensemble quand je lis une série d’affilée. Mon analyse est alors moins fine forcément, mais je parviens mieux à capter la dynamique de la série que j’appréhende davantage comme telle, plutôt que comme une somme de tomes isolés. Et il se trouve que La maison des jeux se prête particulièrement à ce regard d’ensemble. Je ne regrette d’ailleurs pas d’avoir tout lu en une seule traite, j’ai pu ainsi apprécier les échos entre les volumes et la manière dont ceux-ci fonctionnent ensemble.
La maison des jeux est une trilogie, dont chaque tome est une novella (format assez court donc, aux alentours de 120-140 pages) centrée sur une intrigue à part et un jeu spécifique. Chaque tome développe également ses propres personnages.
Un plus un plus un
Le Serpent nous emmène à Venise au XVIIème siècle, dans une vaste partie de rois à la veille de la nomination d’un nouveau Doge. Complots politiques et diplomatiques, ruse et tactique sont au programme de ce volume haletant, aux décors presque scéniques. Thene, personnage central, se révèle particulièrement fine, froide et excellente joueuse, comme si le jeu dévoilait sa véritable personnalité muselée par sa vie médiocre aux côtés de son mari tout aussi médiocre.
Le voleur change de décor pour nous plonger dans la jungle thaïlandaise, dans les années 40. Cette fois, c’est une partie de cache-cache qui se joue à l’échelle d’un pays entier. L’échelle n’est plus la même, on voyage davantage dans cette novella. D’ailleurs, le rythme est beaucoup plus rapide : Rémy joue à la fois contre la montre et contre son adversaire. Il n’est plus question de tactique mais de rapidité, de flair, d’instinct. Une manière de décompresser après Le serpent, quoiqu’il offre tout de même suffisamment de suspense pour créer de la tension. L’opposé du premier volume, une autre facette des jeux qui se déroulent dans cette Maison des jeux.
Enfin, Le maître se déroule sur un tout autre plan : ce n’est plus un jeu mais LE jeu. Le défi ultime, sur un plateau d’échecs qui n’est autre que le monde entier, dans notre période contemporaine. Les personnages ne font plus dans la dentelle, sortent l’artillerie lourde et nous offrent du grand spectacle. Une sorte de synthèse des deux premiers volumes, alliant ruse, tactique, stratégie d’un côté, et flair, instinct et… autre chose de l’autre. C’est parfois digne d’un film américain où ça pète de partout, mais c’est fichtrement prenant, jusqu’au dernier quart très blablateux mais pas moins passionnant.
On a donc dans cette trilogie trois jeux différents, et l’on pourrait penser que ça s’arrête là. Pourtant, il y a bien plusieurs fils rouges qui relient ces trois textes et créent un ensemble harmonieux.
Trois jeux en un
En effet, ces trois novellas, si elles peuvent se lire isolément (enfin, moins vrai pour la dernière), fonctionnent davantage ensemble. D’abord parce qu’elles sont reliées à un fil rouge principal qui est La maison des jeux. Un établissement étrange, dont on ne sait pas grand-chose dans Le serpent ; tout au plus qu’une basse-loge et une haute-loge réunissent des joueurs de talent et que la seconde n’en sélectionne que la crème pour jouer à un tout autre niveau. Chaque volume va alors apporter un éclairage sur cette Maison des jeux, son fonctionnement, ses règles, et son histoire aussi.
Mais c’est véritablement le dernier volume, Le Maître, qui va nous apporter le plus d’informations sur la Maison, sa Maîtresse en titre, et tous les enjeux qui en découlent. En cela, Le maître est à la fois une sorte de synthèse des deux premiers volumes, un prolongement et un aboutissement de la trilogie. Ce dernier tome apporte également, en plus du recul et de la hauteur de vue sur ce plateau de jeu géant, une ouverture qui dépasse même la raison d’être de la Maison.
D’autre part, cette construction narrative de la Maison s’accompagne d’une construction des personnages. Dans la trilogie, ceux-ci sont tour à tour joueurs, ou pièces. Ils sont davantage des rôles et des types que des psychologies fines : le serpent, le voleur, le maître. On retrouve d’ailleurs une unité dans les titres. De plus, si chaque tome se concentre sur des personnages spécifiques, ceux-ci reviennent par moments dans les tomes suivants. Et leur apparition n’est pas liée au hasard, puisque tout, dans La maison des jeux, est calculé. Jeux d’échos, réminiscences et souvenirs, promesses et pactes ponctuent alors les novellas, jusqu’au dernier tome, sorte de point d’orgue de la trilogie.
On a donc une construction brique par brique de la Maison, qui prend forme volume après volume. Chaque tome est lié aux autres, leur place dans la trilogie liée à un sens qui se découvre dans Le Maître. Tout s’emboîte parfaitement bien, avec un très bel équilibre global.
Claire North s’amuse
Plusieurs sentiments et questionnements m’ont alors traversée après avoir tourné la dernière page du Maître.
Une construction narrative brillante
D’abord, il me semble que Claire North propose une réflexion sur le personnage de fiction et son rôle. Et elle le fait de manière très fine et originale. C’est l’illusion romanesque qui nous fait croire que ces êtres de papier sont actifs et réels. Souvent, l’on dit qu’ « on s’attache » à eux. Mais ils ne sont rien que des pions dans l’imaginaire de l’auteur, engagés dans une histoire dédiée. Rares sont les personnages qui figurent dans un bouquin pour faire beau. En effet, en général, chacun a son rôle dans l’intrigue qui s’y déroule.
Et je trouve qu’ici, on s’en rend particulièrement bien compte, parce que les personnages, tous, « servent », au sens propre du terme. Ils sont ramenés à leur rôle premier de personnage de fiction. Qu’ils soient joueurs, pièces, défiés, perdants… ils servent tous dans la construction de l’intrigue et pour la maison des jeux. Sans ce rôle de pion, ces personnages ne sont rien. Claire North pousse à l’extrême cette vision du personnage au service de l’intrigue.
D’ailleurs, le dernier volume m’a fait réaliser la manière avec laquelle tout était calculé d’avance. Par les personnages, certes; Argent étant particulièrement brillant dans sa capacité à envisager et calculer sur le long terme. Mais par l’autrice surtout, notamment pour construire tout ceci sur trois volumes et nous sortir de son chapeau de magicienne un Oiseau qui relance le jeu quand on pense que c’est fini.
La vie est un jeu
Alors je me suis demandé si La maison des jeux était une sorte de transposition du proverbe « La vie est un jeu ». D’ailleurs, la manière dont le narrateur nous invite dans les deux premiers volumes à regarder ce jeu en train de se dérouler m’a donné cette impression. Nous sommes alors spectateurs, et un dialogue narrateur-narrataire se noue tout au long du Serpent et du Voleur, en parallèle d’une narration omnisciente et au présent. Comme si nous assistions en temps réel à ces défis. Cela crée un suspense et une immédiateté nous tenant en haleine durant ces parties de jeu. J’ai senti que ce narrateur s’amusait lui-même de ce qu’il se déroulait, qu’il en connaissait d’ailleurs l’issue, lui aussi bon joueur devinant à l’avance le coup suivant. Etais-je dans la peau d’une lectrice en train d’être jouée ?
En effet, la vie est un jeu, mais les dés dans La maison des jeux ne sont-ils pas un peu pipés dès le départ ? La trilogie nous interroge sur les notions de libre-arbitre, liberté d’action et de choix. Les ficelles sont-elles tirées, comme l’écrivain démiurge sur son œuvre, par des puissances annexes et qui nous dépassent, qui nous sont inconnues ? Le maître est particulièrement perturbant pour cela, et formidablement bien réalisé, car il transforme notre quotidien en un jeu… et on tend, parfois, à se demander si ceux qui nous dirigent, ne considèrent pas tout cela comme un jeu également. Le rapprochement des deux est assez glaçant tant la vision ludique du Maître paraît presque crédible…
Le jeu suprême : cœur vs raison
Enfin, j’ai particulièrement aimé ce questionnement posé dans le dernier volume. La vie n’est-elle qu’un jeu de calculs, de statistiques, de raisonnement logique, ou répond-elle à des instincts plus primaires ? De quoi est fait l’être humain, et vers quel côté l’humanité doit-elle pencher pour subsister ? Faut-il d’ailleurs qu’elle penche, ou est-elle plutôt un jeu d’équilibre entre ces deux forces contraires ?
On comprend alors toute la raison de la création de La maison des jeux, mais aussi cela offre, a posteriori, un autre regard sur Le serpent et Le voleur. On parlait plus haut de la manière dont jouaient Thene et Rémy, de leurs différences, des jeux dans lesquels ils sont engagés. Cela m’a donc interrogée sur leur appartenance à un camp ou à un autre. Ces deux premiers volumes sont-ils déjà des pièces dans ce jeu plus vaste auquel Argent et la Maîtresse jouent, et auquel nous jouons avec l’autrice ? Le Grand Jeu a-t-il en fait démarré dès les premières lignes du Serpent ?
Autant de questions auxquelles le lecteur répondra seul, au gré des indices posés ici et là.
La maison des jeux est une trilogie de novellas de Claire North. Je pourrais dire que c’est ma première excellente lecture de l’année. J’ai trouvé le tout assez génial, prenant et captivant, original, bourré de réflexions bien menées. Une superbe construction narrative avec des personnages réduits à leur rôle premier mais paradoxalement d’une force assez palpable. Je me suis prêtée au jeu avec une grande facilité et un enthousiasme non feint. J’ai essayé de ne pas trop dévoiler de choses dans cette chronique, mais il y a beaucoup à dire sur cette excellente trilogie. Je lui ai trouvé un petit côté très nolanien, et le denier m’a fait penser à cette toupie, qui tourne, qui tourne, qui…
J’ai déjà exprimé mon enthousiasme pour les deux premiers volumes de la trilogie de La maison des jeux de Claire North. Une trilogie brillamment conclue par Le maître.
Finit de jouer. Non, c’est faux, place au grand jeu. Argent, le meilleur joueur de la maison met au défi La Maîtresse des lieux toute de blanc vêtue. S’il perd, il sera éternellement l’esclave de la maison. S’il gagne il en sera le nouveau maître. Le défi se jouera aux échec, avec pour plateau la Terre entière, pour pièces des ministres, des milliardaires, des services d’espionnages au complet, des hackeurs … plus quelques joueurs secondaires qui seront utilisés, par l’un ou par l’autre. Argent et La Maîtresse de la maison sont les deux rois qu’ils faudra mettre échec et mat.
150 pages en apnée. 150 pages qui concluent, expliquent certaines choses, posent beaucoup de questions. 150 pages où vous serez attaché aux pas d’Argent, qui s’accroche à son humanité malgré son âge, malgré ce qu’il a déjà gagné et perdu.
Une intrigue magistrale, une conclusion à la hauteur des deux premiers volumes, une réflexion sur le pouvoir, sur la responsabilité, sur le libre arbitre, sur le hasard … c’est extrêmement addictif, c’est resserré, c’est intelligent, c’est passionnant.
On referme ébloui, avec envie de reprendre la trilogie depuis le début pour mieux profiter des détails, des petites graines semées ici et là qui donneront les fruits ultimes dans ce dernier volume.
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