
Le reflet brisé
Résumé éditeur
Imprimé sur demande
l’avis des lecteurs
Voici mon premier service de presse en tant qu’agente du Miroir ! Je remercie infiniment la maison pour l’envoi du livre 🙂 Le reflet brisé est le troisième titre de Nina Gorlier paru chez Magic Mirror, après La bête du bois perdu et La mélodie des limbes, qui m’avait beaucoup touchée. J’étais donc très enthousiaste à l’idée de lire ce nouveau titre, qui revisite le conte de Blanche-Neige. Le livre figure dans la collection Bad Wolf : le roman se place donc du côté de l’antagoniste, la marâtre.
Une réécriture fidèle mais aussi surprenante
Le reflet brisé : un roman fidèle au conte des Grimm
Nina Gorlier reprend les éléments constitutifs du conte dans son roman. On y retrouve les personnages clef et leurs relations (nain, chasseur, relation filiale indirecte, sorcière), et les symboles du conte (le miroir, la pomme).
L’autrice imagine les raisons pour lesquelles la Reine est aussi aigrie, méchante et dangereuse. Le conte n’esquisse qu’un portrait assez sommaire, peu nuancé. En effet, la Reine est méchante car jalouse de ne pas être la plus belle. Bon, on est dans un conte qui date du début du XIXème, alors on ne va pas le taxer de sexisme, cela n’aurait pas de sens. D’autre part, ce n’est pas le rôle du conte de faire dans la finesse ou la nuance. Mais disons qu’il est en tout cas le reflet de l’époque. Il y a la gentille Blanche-Neige qui se caractérise par sa beauté et sa douceur candide (et boniche de service chez les nains), et la méchante aigrie, sans morale, terrible et jalouse. Caricatural, à peine.
Bref, c’est en cela que les réécritures de contes sont intéressantes. Car ceux-ci laissent plein de trous dans lesquels les auteurices peuvent s’engouffrer pour broder. Nina Gorlier invente donc un passé à la Reine, et redéfinit l’histoire du conte dans une sorte de trame parallèle. Elle redonne ainsi une consistance spectaculaire à ce personnage antagoniste.
Fidèle mais différent
C’est un jeu d’équilibriste une réécriture de contes. Il faut y retrouver le sens, la morale de l’histoire, les symboles chargés de sens, et les grandes figures. C’est ce qu’on a ici.
Mais il faut aussi imaginer un autre chose, une autre vision, un préquelle, un séquelle, ou rester dans le conte et donner plus d’épaisseur à des personnages ou événements. Tout en gardant en vue le conte en lui-même, qui doit pouvoir être identifié !
Nina Gorlier réussit ce travail avec brio. Pourtant, pas évident. En effet, elle invente une relation belle-mère/beau-fils, très différente du conte d’origine. Elle imagine également d’autres relations entre les personnages secondaires, qui ne coulaient pas forcément de source mais qui fonctionnent bien. Enfin, elle apporte à son personnage principal, Kirsten donc, la Reine, un visage protéiforme qui est absolument génial. Crédible, complexe, nuancé. En cela, elle détruit un peu l’étiquette « antagoniste » accolée à ce personnage.
Et engagé
Et ça marche bien. Très très bien, même, car cela tombe sous le sens. Nina Gorlier fait de sa Reine une victime d’une époque, d’une société dans laquelle la femme n’est rien. Il y a des revendications derrière, évidentes. Elles sonnent juste à nos oreilles de femmes du XXIème siècle, mais étonnamment, je n’ai pas trouvé cet engagement anachronique. Car l’autrice réussit à rester dans le siècle de l’histoire et à conserver une cohérence dans le propos.
Un roman baroque et théâtral
Que le spectacle commence…
Plusieurs fois je me suis dit que ce roman aurait pu être mis en scène. Nina Gorlier a encore affûté sa plume. Percutante, précise. Des mots choisis avec soin, des tournures qui tapent dans le mille par leur concision. Quelques mots pour planter un décor. J’ai eu la sensation que le tout était parfaitement maîtrisé, au millimètre. Je n’ai trouvé aucune fausse note, tant dans la forme que dans le fond. Une pièce savamment répétée et présentée au public.
Car c’est une pièce qui se joue, ici. La couverture, de Mina M toute de rouge et noir, en donne déjà une bonne idée. Elle est comme le rideau qui s’apprête à se lever. On imagine un texte tranchant comme une lame. D’autre part, certaines scènes sont très visuelles, notamment celles des meurtres (j’avoue sans honte avoir applaudi la Reine par moments, j’aurais aimé faire pareil –> je suis un monstre). D’autre part, le roman apporte des retournements de situation assez chouettes, car je n’ai rien vu venir.
J’ai beaucoup aimé aussi la représentation de la vie de Cour, qui fonctionne ici comme un huis-clos. On évolue dans ce château avec les personnages pris au piège de leur propre fausseté, de leurs intrigues et complots. Là encore, il y a quelque chose de très scénique.
Des thématiques propres au théâtre baroque
Evidemment, outre l’aspect théâtral du roman, il y a toute une série de thématiques qui m’ont fait penser au baroque : le miroir, forcément, la voilette de la Reine qui agit comme un masque pour cacher son visage (qui évolue d’ailleurs dans le récit, nous faisant nous demander s’il n’est pas un reflet direct de son âme), et la figure du double.
Cette thématique est liée à la métamorphose de la Reine. Car c’est cela qui se lit dans Le reflet brisé : le dialogue sournois de la Reine avec son doppelgänger, et la métamorphose de la Reine en conséquence, plongeant dans une sorte de folie. Ce glissement est sans à-coups, assez fluide; d’ailleurs j’aimais beaucoup Kirsten au début. Jusqu’au moment où elle dépasse les limites. Mais en y réfléchissant, j’ai du mal à déterminer avec exactitude le moment où elle le fait.
Il y a vraiment tout un travail sur l’illusion, le glissement du réel à l’irrationnel dans l’esprit de Kirsten qui est superbement bien maîtrisé et qui donne au texte une esthétique très baroque que j’ai beaucoup aimée et qu’on retrouve dans le superbe travestissement final, typique de ce mouvement théâtral.
Le reflet brisé est un roman surprenant et à mon sens réussi. J’ai passé un très bon moment de lecture. D’ailleurs, j’ai avalé le livre en deux petits jours. Cette histoire de pouvoir était captivante, et les personnages convaincants. Nina Gorlier livre ici un roman moins personnel que La mélodie des limbes, raison pour laquelle celui-ci reste mon favori. J’avais aimé l’émotion qui se dégageait du texte, émotion qui m’a parfois manqué ici. Mais j’ai eu la sensation que la plume était beaucoup plus sûre, percutante, et que tout était parfaitement maitrisé. Le reflet brisé est une réécriture pertinente, qui fonctionne bien, et j’ai particulièrement aimé la mise en scène théâtrale du roman, que je garderai en tête. Je recommande 🙂
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