Un monde à portée de main
  • Date de parution 05/03/2020
  • Nombre de pages 336
  • Poids de l’article 170 gr
  • ISBN-13 9782072874406
  • Editeur FOLIO
  • Format 177 x 107 mm
  • Edition Livre de poche
Romans français Amitiés

Un monde à portée de main

3.46 / 5 (882 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Paula se souvient de la grande verrière de la rue du Métal, de la luminosité particulière de l'atelier et alors, Jonas apparaît, la gueule de Rembrandt, le regard clandestin, la peau d'iguane, la prunelle d'un noir bleuté, le blanc de l'oeil aux reflets de perle, les cernes de cendre." À vingt ans, Paula entre dans le prestigieux Institut de peinture de Bruxelles. Elle y apprend à copier les surfaces qui composent le monde, à donner l'illusion des matières vivantes. Les nuits blanches s'enchaînent, les sentiments tournoient. Des studios de cinéma de Cinecittà, à Rome, au fac-similé de la grotte de Lascaux, elle s'immerge dans le travail. Sous son pinceau, les images enchevêtrent le passé et le présent, le loin et le proche, la fiction et la vie. Si Paula veut comprendre le monde qu'elle peint, il lui faudra d'abord le saisir de ses mains.

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  • Date de parution 05/03/2020
  • Nombre de pages 336
  • Poids de l’article 170 gr
  • ISBN-13 9782072874406
  • Editeur FOLIO
  • Format 177 x 107 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Paula s’avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c’est le grain de la peinture qu’elle éprouve. Elle s’approche tout près, regarde : c’est bien une image. Étonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait à faire disparaître puis à faire revenir l’illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu’elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête à se pencher au-dehors, certaine qu’un autre monde se tient là, juste derrière, à portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture. Une fois parvenue devant la mésange arrêtée sur sa branche, elle s’immobilise, allonge le bras dans l’aube rose, glisse ses doigts entre les plumes de l’oiseau, et tend l’oreille dans le feuillage.

Ma lecture

Je n’avais jamais rien lu de Maylis de Kerangal avant ce roman. J’avais vu au cinéma Réparer les vivants que j’avais beaucoup aimé mais j’ai eu l’occasion de rencontrer l’auteure lors du Fête du Livre et également lu un article qui lui était consacré dans le magazine Lire de Septembre dans lequel elle parle de son travail d’écriture mais également du lieu dans lequel elle écrit.

Quand j’ai la chance de rencontrer un(e) auteur(e) celui-ci me donne l’envie ou pas de le lire et ce fut le cas pour Maylis de Kerangal. Elle a à la fois une fougue mais une douceur qui me séduisait, la recherche du bon mot pour parle de son travail, mais aussi une simplicité et parler du trompe-l’œil cela m’interpellait car dans une autre vie j’ai eu l’occasion d’être en contact avec des personnes qui exerçaient ce travail.

Le trompe-l’œil vous connaissez ?

Le trompe-l’œil est la rencontre d’une peinture et d’un regard, il est conçu pour un point de vue particulier et se définit par l’effet qu’il est censé produire. (p36)

Ne vous est-il pas arrivé de passer la main sur un mur pensant ressentir le contact du bois, du marbre et vous apercevoir que ce n’est finalement qu’une reproduction picturale, n’avez-vous pas vu dans une ville, sur un mur une peinture donnant l’illusion d’un escalier, d’une rue, de fenêtres etc…. alors qu’il ne s’agit finalement qu’au départ d’un mur aveugle ? Voilà c’est cela (entre autre) le trompe-l’œil.

Donc je connais un peu ce domaine mais je ne connais rien de l’écriture de Maylis de Kerangal, de son univers et je rentre dans ce récit sans aucun a priori.

Le roman se divise en trois parties :

  • Imbricata : flash-back sur le passé de Paula, ses errances en attendant de trouver enfin sa voix et d’entrer dans l’école de la dame au pull à coll roulé noir à Bruxelles, rue de Parme…
  • Le temps revient : après son diplôme, l’attente, l’espoir des jobs, souvent de courte durée mais qui l’emmènent un peu partout, à Moscou pour un décor pour une puis Rome
  • Dans le rayonnement fossile : son arrivée et son travail à Lascaut pour réaliser les peintures rupestres dans le Lascaut bis.
Il y a des formes d’absences aussi intenses que des présences, c’est ce qu’elle a éprouvé en pressant son front sur le grillage, tendue vers ce monde qui s’ouvrait là, occulte, à moins de dix mètres, une grotte où l’on avait situé rien de moins que la naissance de l’art. (p246)

Cette dernière partie est une belle mise en parallèle des premiers signes d’art, des premières représentations par l’homme avec le travail de ces copistes qui devront se glisser dans l’esprit et le corps des premiers artistes. Ayant visité une grotte de peintures rupestres, je vous assure que l’on est saisi par l’ambiance, les sentiments que dégagent ces fresques vieilles de milliers d’années.

C’est un roman mais presque un documentaire sur la formation et le travail de Paula, l’héroïne et narratrice de ce récit tellement il contient d’éléments, d’indications sur les matières, les peintures, les couleurs etc…. mais à travers ceux-ci on se rend compte de la minutie dont doivent faire preuve ces artistes, car il s’agit bien d’artistes, tant leurs réalisations doivent tromper ceux qui les regardent. J’ai particulièrement été impressionné par cette jeune femme qui au-delà des composants qu’elle doit utiliser, doit s’imprégner de l’atmosphère, l’époque, l’environnement et des conditions de réalisation de l’œuvre première afin de pouvoir la restituer parfaitement.

Nous vivons au rythme de Paule, de ses co-locataires et amis : Jonas, le génie, l’instinctif, le troublant Jonas vers lequel Paula se sent irrésistiblement attirée, dont les vies vont se trouver mêler comme un mélange de teintes et Kate, la flamboyante, qui apparaîtra et disparaîtra au gré de ses jobs.

C’est un récit sur l’apparence, la copie aussi vraie que le réel, les matières, les odeurs, les couleurs sont omniprésentes. D’ailleurs nombreuses sont les références aux couleurs : rue du Métal, rue de Parme, la femme au pull à col roulé noir, la femme aux cheveux acajou…. encore plus identifiables que par un prénom.

J’ai cherché sur Internet et l’école dont parle Maylis de Kerangal est l’Atelier Van Der Kelen, qui est bien rue du Métal à Bruxelles et que je vous invite à découvrir.

L’écriture de Maylis de Kerangal est très particulière : de longues phrases qui donnent un rythme à la lecture, constituées de petits éléments entre virgules qui permettent d’éviter l’essoufflement, comme un flux de paroles, de pensées qui se succèdent.

Je n’ai eu aucune difficulté dans ma lecture, peut-être parce que certains mots m’étaient plus ou mois familiers, je n’ai pas eu de longueurs, on découvre tout un univers : les marbres, les roches, les bois, les techniques pour parvenir à la perfection. Et d’ailleurs qu’importe si on ne comprend pas tous les mots, ils sont là principalement pour faire comprendre la complexité du travail.

J’ai particulièrement aimé la partie où Paula est à Rome, dans les studios de la Cinecittà, qui est truffée de petites anecdotes sur les décors de certains films, du temps de l’âge d’or du cinéma italien, mais aussi la partie sur la vie des trois étudiants, leurs trois façons différentes d’aborder leur formation, l’instinctif (Jonas), la persévérante (Paula) et la dilettante (Kate).

Paula dans laquelle l’auteure s’est investie, je pense, tellement la restitution de ses sentiments, de ses sens (odeur, toucher) sont présents, dans son ardeur à apprendre, à ne pas choisir la facilité pour obtenir son diplôme en choisissant un thème ardu (réaliser une carapace de tortue), malgré un petit handicap (strabisme de naissance), elle dont le regard n’est pas parfait mais qui lui donne encore plus de volonté à restituer une image parfaite, non déformée de ce qu’elle voit m’a beaucoup plu.

Elle a une volonté farouche, c’est une battante, elle se donne les moyens malgré les sacrifices qu’elle doit faire, les douleurs physiques d’un métier exigeant, demandant patience, minutie, observation, mais aussi faire preuve d’humilité car ils ne sont finalement que des copistes derrière la réalité dans une profession élitiste.

Je suis particulièrement admirative quand un auteur met la lumière sur un domaine peu connu. Apprendre en passant un bon moment de lecture, c’est la meilleure façon d’apprendre.

Je lirai autre chose de Maylis de Kerangal, peut être un peu moins documenté, pour y trouver le même plaisir d’écriture, de rythme, de souffle et confirmer mon intérêt. Elle a choisi de complètement s’immerger dans un monde et on ne peut que la féliciter de son travail de recherches mais je n’irai malgré tout pas jusqu’à dire que j’ai beaucoup aimé. Peut-être un peu trop, justement technique, documenté, et qui étouffe, efface les personnages qui auraient mérité d’être un peu plus mis en avant.

Mais quelle écriture ! Un style à elle, un phrasé, un rythme que j’ai beaucoup aimé.

Je vous mets quelques exemples de trompe-l’œil (marbre, décor à la Cinécittà)

L’enfance de l’art

Une fois encore, Maylis de Kerangal réussit le tour de force de nous faire découvrir un univers très particulier. Avec Paula Karst, elle nous invite à peindre des trompe-l’œil. Fascinant!

Pour les inconditionnels de la romancière, deux lignes suffiront: Si vous avez aimé les précédents romans de Maylis de Kerangal, vous aimerez celui-ci. Celle que Grégoire Leménager, dans L’Obs, appelle «la star du roman choral documentaire» réussit à nouveau son pari, nous faire découvrir un univers particulier. Cette fois nous partageons le quotidien d’une artiste – même si la responsable de son école lui préfère le terme d’artisan – avec tous ces détails qui «font vrai» et qui donnent au récit sa densité, sa profondeur.

Au moment où s’ouvre le roman, Paula Karst s’apprête à rejoindre des camarades de promotion dans un restaurant parisien. Des retrouvailles qui la réjouissent, car cela fait de longs mois qu’elle n’a pas revu Kate l’Écossaise et Jonas le rebelle. Et même si son corps réclame un pei de repos, elle va aller jusqu’au bout de la nuit pour se rappeler le temps passé à l’Institut supérieur de peinture de Bruxelles et découvrir quels sont les chantiers qui les occupent désormais.

Nous voici donc à l’automne 2007 rue du Métal, à Bruxelles. Pour Paula, c’est un peu la formation de la dernière chance, car elle cherche encore sa voie. Et après quelques jours, elle a du reste bien envie de laisser tomber. Car ce n’est pas tant l’inconfort de sa colocation – dans un appartement difficile à chauffer – qui la dérange que l’énorme charge de travail. La prof au col roulé noir a vite fait de leur expliquer qu’ils ne pourront réussir qu’à force de travail, d’imprégnation, de reproduction sans cesse recommencée, de méticulosité et de connaissance sur les matériaux, les textures, les techniques.

Finie l’image de l’artiste devant son chevalet se laissant guider par l’inspiration. Ici le travail est d’abord physique. Éreintant. Absolu. Pour pouvoir devenir une bonne peintre en décor, il faut qu’elle connaisse la nomenclature des différents marbres, qu’elle sache distinguer les essences d’arbres, qu’elle comprenne comment se forment et se déplacent les nuages. Mais aussi de quoi sont faits les différents spigments, comment réagissent les peintures sur différents supports, quel pinceau, quelle brosse, quel instrument provoque quel effet. Les journées de travail font jusqu’à dix-huit heures.

Tous les élèves qui choisissent de poursuivre la formation vont se rapprocher, sentant bien que la solidarité et l’entraide sont aussi la clé du succès.

Pour Paula qui est fille unique, la formation au trompe-l’œil est d’abord une formation à regarder, à se regarder, à regarder les autres. Il n’est du reste pas anodin qu’elle soit affectée d’un léger strabisme.

Elle va voir autrement, autrement dit s’émanciper, se rendre compte qu’il y a là Un monde à portée de main. Sa conquête commence à la sortie de l’école lorsqu’une voisine lui demande de peindre un ciel au plafond de la chambre de son enfant. Un premier contrat qui va en entraîner un autre jusqu’au jour où elle est appelée en Italie pour un décor imitant le marbre qui va forcer l’admiration. De Turin elle partira pour Rome où les studios de Cinecittà l’attendent. De là on va faire appel à alle pour les décors d’une adaptation d’Anna Karénine à Moscou.

Maylis de Kerangal choisit de ne pas lui laisser la bride sur le cou. Elle enchaîne les contrats, détaille le travail et nous offre par la même occasion une leçon magistrale et minutieuse qui va faire appel à tous nos sens.

Mais le clou du spectacle reste à venir, si je puis dire. On recherche une équipe capable de relever le défi artisitque et scientifique du projet Lascaux 4 : reproduire avec précision les desssins des célèbres grottes pour pouvoir offrir au public l’illusion de se promener dans la «chapelle Sixtine de l’art pariétal».

Voilà Paula confrontée aux premières œuvres d’art. Et nous voilà, heureux lecteurs, témoins d’une histoire pluri-millénaire aussi vertigineuse que l’amour fou. C’est tout simplement magnifique!

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