Jour de ressac
  • Date de parution 14/08/2024
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 1 gr
  • ISBN-13 9782073054975
  • Editeur VERTICALES
  • Format 205 x 139 mm
  • Edition Grand format
Romans français Romans policiers Moins d'1 an

Jour de ressac

3.38 / 5 (1104 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l'Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j'ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L'étrange puanteur s'engouffrait dans la voiture, mélange d'hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m'a intimé de refermer, avant de m'interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C'est que vous y avez repensé, c'est que quelque chose a dû vous revenir. Oui, j'y avais repensé. Qu'est-ce qu'il s'imaginait. Je n'avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d'une ville, d'un premier amour, la forme d'un porte-conteneurs.

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  • Date de parution 14/08/2024
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 1 gr
  • ISBN-13 9782073054975
  • Editeur VERTICALES
  • Format 205 x 139 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Son corps a été retrouvé sur une plage du Havre, dans un coin ou les dealers passent souvent. Sa mort est-elle liée à un quelconque trafic ? Cet homme n’a aucun papier sur lui, à part un ticket de cinéma au dos duquel est griffonné un numéro de téléphone. Alors la police appelle. Au bout du fil, une femme, doubleuse au cinéma et donneuse de voix. Elle a un conjoint, une fille, une vie tranquille.

Une demande : « Madame, venez au Havre pour une affaire qui vous concerne, un homme décédé, non identifié ». C’est le choc, les questions puis le lendemain, le départ vers cette ville où elle a vécu quand elle était jeune.

Elle ne voit pas ce qu’elle va faire là-bas, un aller-retour rapide, hop le train pour rentrer et on n’en parle plus. Mais une fois sur place, après avoir vu les photos du cadavre, elle décide de rester quelques heures de plus pour essayer de comprendre ce que son numéro faisant dans la poche où il a été retrouvé. Peut-être le connaissait-elle … autrefois ?

Le lecteur peut penser que la narratrice (dont on ne saura jamais le nom) va se lancer dans une enquête policière. Mais pas du tout. Elle déambule dans cette ville au gré de ses recherches, de ses pas, de ce qui lui revient en mémoire. C’est son histoire personnelle qui la porte et on chemine avec elle, dans son passé, son présent, ses pensées. On est dans son intimité, au plus profond de son esprit, de ses émotions, de ses ressentis. Finalement sa venue dans cette cité est prétexte à refaire le chemin de sa vie et telle la vague brutale apportée par le ressac, les souvenirs affluent, se heurtent, vont et viennent ….

Comme toujours, avec Maylis de Kerangal, le vocabulaire est choisi avec soin, parfaitement adapté au contexte, ici un bord de mer tumultueux (le vent, la pluie, la drogue…) qui a même connu la guerre. Les dialogues sont en style indirect, insérés au texte et pourtant ça n’alourdit pas la lecture. Les phrases sont longues, elles éveillent tous nos sens car l’auteur parle de sons, de météo, de pierres qui écorchent et salissent les mains etc … Et puis quand le présent surgit, au milieu des pensées, le style se fait plus vif.

« Pâles coïncidences, perturbations sensorielles, associations fugaces et discutables, ces divagations se côtoyaient en moi comme piégées dans le maillage translucide et serré d’un filet de tulle : je les voyais qui voletaient, se posaient, battaient des ailes comme des papillons, je les rapprochais les unes des autres. »

On s’attache aux pas de cette femme, on visite le Havre à ses côtés, elle nous offre une approche de cette ville et au final, on irait bien passer quelques jours là-bas ou encore quelques pages avec l’auteur pour le plaisir de la musicalité du phrasé empli de poésie, de sens et qui déclenche chez le lecteur un coup de cœur !

On l'aura compris, il faut quitter "l'ornière" de la littérature noire pour accéder au graal des grands prix de la rentrée comme l'ont fait avec succès Pierre Lemaître et Nicolas Mathieu pour n'en citer que quelques-uns qui ont emprunté ce parcours. Sans doute pour bien d'autres raisons, Sandrine Collette a longtemps figuré dans la collection Sueurs froides chez Denoël en obtenant deux des grandes récompenses célébrant le polar, avant d'intégrer, depuis plusieurs années, la maison d'éditions Jean-Claude Lattès lui permettant de rejoindre avec son dernier livre, la prestigieuse liste des nominés pour le prix Goncourt 2024. Dans un registre similaire, on constate que trois grandes figures du roman noir et du roman policier quittent le mauvais genre en présentant des ouvrages dans la collection "générale" du catalogue de leurs éditeurs respectifs. En effectuant cette démarche qui n’est ni anodine ni désintéressée, l‘un d’entre eux est lui aussi en lice pour le fameux prix Goncourt tout en étant également nommé pour l'obtention du Renaudot et du prix Jean Giono. Paradoxalement, on ne compte plus les ouvrages qui se frottent aux codes de la littérature noire sans être estampillés dans cette catégorie, en abordant les travers de la société par le prisme du crime et plus particulièrement du fait divers en disant d’eux qu’ils sont bien plus que des polars. Et dans cette veine aussi inepte qu’hypocrite, voilà qu’un journaliste affuté qualifie Jour De Ressac, nouveau roman de Maylis De Kerangal, comme un anti-polar pour une intrigue s’articulant autour de l’errance d’une femme devant identifier le corps d’un homme, découvert sur une plage du Havre, qu’elle pourrait avoir connu. Romancière multi primée, figurant également sur la liste du Goncourt, il importait donc de se pencher sur ce texte évocateur, tout en nuance, où Maylis De Kerangal nous permet de parcourir les rues de la ville de son enfance, pour découvrir finalement ce qu’est la définition d'un anti-polar.

Dans le train qui l’emmène vers Le Havre, elle se demande ce qui peut bien la relier à l'homme que l'on a découvert sans vie sur la plage de la ville de son enfance. C'est le lieutenant de police Zambra qui l'a contactée en l'informant qu'il devait l'entendre pour une affaire la concernant où la victime pourrait avoir un lien avec les narcotrafiquants qui ont investi les docks de la localité. Un événement peu commun pour cette femme à la vie rangée, travaillant comme doubleuse voix et qui replonge dans ses souvenirs à mesure qu'elle arpente les rues rectilignes de cette ville portuaire lui offrant l'occasion de revoir quelques visages d'autrefois au gré de pérégrinations hasardeuses. Et si les photos de la victime qu'on lui présente au commissariat de police la plonge dans la perplexité, elle poursuit sa promenade urbaine tout en ayant peu à peu la certitude qu'il lui faudra voir le corps entreposé à la morgue de Rouen pour savoir s'il ne s'agit pas d'un amour lointain, lorsqu'elle était adolescente, et dont elle n'a plus jamais entendu parler.

Finalement, à la lecture de Jour De Ressac, on se désintéressera très rapidement de la définition de ce que peut être un anti-polar tout comme de savoir si cette intrigue prend plus ou moins l'allure d’un roman noir, alors que l'on perçoit quelques vagues allusions aux narcotrafiquants sévissant dans les environs du port du Havre tandis qu'un officier de police s'efforce d'identifier le corps d'un homme que l'on a retrouvé échoué sur la plage. L'air de rien, Jour De Ressac porte bien son nom avec ce parcours d'une journée où l'on suit cette femme de la cinquantaine, dont on ignore le nom, qui se heurte brutalement aux méandres urbains d'une ville l'entrainant dans les circonvolutions de ses souvenirs de jeunesse, similaire à ce mouvement de vague qui va d'ailleurs la frapper lorsqu'elle se promène sur la digue nord du phare, non loin de l'endroit où l'on a retrouvé le corps qu'elle doit identifier. A partir de là, si l’enjeu de définir l’identité de la victime reste essentiel, on s’aperçoit bien vite que l’intrigue se construit autour de la personnalité de cette femme, de ses souvenir et de ses rapports au Havre que Maylis de Kerangal décline au détour d’une narration habile restituant cette atmosphère envoutante et cette lumière si particulière d’une localité dont on découvre l'histoire urbaine peu commune, bâtie sur les ruines d’une ville ravagée par les bombardements des alliés durant la seconde guerre mondiale. Et c’est bien autour des différents lieux de la ville que le récit se construit au gré des déambulations d’une femme qui tente de se prêter au jeu de l’enquêtrice amateure, avec une certaine maladresse, tout en se remémorant, dans un flux subtil entre le passé et le présent, quelques instants de sa jeunesse au Havre mais aussi les affres de sa profession en concurrence avec l’intelligence artificielle lui soufflant quelques contrats ainsi que ses rapports avec son mari imprimeur, passionné par son métier et ses enfants qui grandissent. Il y a également les rencontres comme l’employé communal qui a découvert la victime, la tenancière du café des Sirènes ou ces deux ukrainiennes en attente de leur visa pour l’Angleterre et bien évidemment ce lieutenant de police Zambra à l’origine de ce retour au Havre. Tout cela se décline au gré d’un texte intense aux longues phrases sinueuses et pourtant maîtrisées de bout en bout, dépourvues de la moindre afféterie, nous entrainant dans cette superbe aventure introspective au charme éthéré qui font de Jour De Ressac un roman magnétique nous plongeant dans cette incertitude latente qui nous marquera jusqu’au terme d’un épilogue parfait.

Vraiment bon livre

« Corps d’un homme, voie publique, Le Havre »

Maylis de Kerangal, entre Simenon et Modiano, nous entraîne au Havre dans cet éblouissant roman. La narratrice, convoquée par la police après la découverte de son numéro de téléphone sur un cadavre, retrouve la ville de sa jeunesse et ses souvenirs. Une quête intime davantage qu’une enquête et mon favori pour le Goncourt.

Le coup de téléphone est inattendu. La narratrice, dont on ne connaîtra jamais le nom, est appelée par un policier qui souhaite l’entendre au sujet d’un corps retrouvé aux abords de la digue nord du port du Havre. Si elle a bien vécu dans la cité portuaire jusqu’à son adolescence, elle n’y a plus remis les pieds depuis, faisant carrière comme doubleuse de films. Mais elle répond à la demande de l’enquêteur et quitte son domicile parisien, son mari et sa fille et se rend au commissariat où on lui explique qu’on a retrouvé sur le cadavre un billet de cinéma sur lequel son numéro de téléphone était griffonné. S’agissant vraisemblablement d’un règlement de compte lié au trafic de drogue, elle ne peut expliquer la chose et se pose mille questions. Aussi décide-t-elle de mener sa propre enquête, va interroger l’employé du cinéma où l’inconnu a vu le film, se rendre jusqu’à la digue nord où elle va rencontrer l’ouvrier municipal qui a découvert le corps, se prendre un paquet de mer sur le corps quand elle se perd dans ses réflexions, puis croiser une amie d’enfance qui aide les réfugiés ukrainiens.

On l’aura compris, sous couvert de polar, c’est à une quête plus qu’à une enquête que nous convie Maylis de Kerangal. Et si le mystère est bien levé dans les dernières pages du roman, l’essentiel est ailleurs.

Il se situe tout au long d’une promenade mélancolique dans une ville qui, bien plus qu’un simple décor, devient un personnage à part entière, complexe et énigmatique. Ville industrielle et maritime, elle est marquée par une histoire tumultueuse, par les cicatrices de la guerre – le récit des bombardements alliés qui ont détruit la ville à près de 90% est glaçant – et les transformations urbaines qui ont suivi avec la reconstruction en béton gris. Mais cette nouvelle architecture n’a pas éradiqué les fantômes du passé qui reviennent sans cesse hanter le présent. Confrontée à ses souvenirs d’enfance, à ses amours perdus, la narratrice va essayer de retrouver une cohérence à tout ce tumulte intérieur.

Maylis de Kerangal est tout entière au service de cette exploration intime. Son style, à la fois précis et poétique, nous plonge dans les sensations dans la texture des choses, dans le rythme de la ville. On y sent les odeurs de la mer, le bruit du vent, la dureté du béton. Chaque détail compte, chaque mot est pesé, pour créer une atmosphère dense et envoûtante. En nous invitant ainsi dans les méandres de la mémoire et de l’imaginaire, la romancière retrouve cette ville fascinante, ouverte sur le monde mais aussi sur les trafics, qui servait déjà de décor à Réparer les vivants.

Alors Le Havre devient notre ville à tous, avec nos joies, nos peines, nos espoirs et nos désillusions. Alors ce magnifique roman devient mon favori pour le prix Goncourt 2024 !

TTT - Très Bien "Se déployant sur fond de trafics interlopes et parsemé d’échos aux violences d’hier et d’aujourd’hui, si ce méditatif et entêtant Jour de ressac est une enquête, un roman noir, sa résolution est avant tout sensuelle et existentielle."

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