Lady Astronaute
  • Date de parution 06/10/2022
  • Nombre de pages 576
  • Poids de l’article 296 gr
  • ISBN-13 9782072971853
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Dystopie et Uchronie Post Apocalyptique Ouvrage de référence de l'auteur Space Opéra et Planet Opéra

Lady Astronaute Tome 1 vers les étoiles

3.76 / 5 (343 notes des lecteurs Babelio)
AVIS DOLPO Très bon livre, une référence

Résumé éditeur

1952. Une météorite s'écrase au large de Washington, dévastant une grande partie de la côte Est des États-Unis et tuant la plupart des habitants dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Par chance, Elma York et son mari, Nathaniel, en congé dans les Poconos, échappent au cataclysme et parviennent à rejoindre une base militaire.Elma, génie mathématique et pilote pendant la Seconde Guerre mondiale, et Nathaniel, ingénieur spatial, tentent de convaincre les militaires que la météorite n'a pu être dirigée par les Russes. Mais, ce faisant, ils découvrent que la catastrophe va dérégler le climat de manière irréversible et entraîner, à terme, l'extinction de l'humanité.Seule issue : l'espace. Une coalition internationale lance un programme spatial de grande envergure... inaccessible aux femmes. Elma compte pourtant bien y prendre part et devenir la première Lady Astronaute.Récit d'une conquête spatiale digne de L'étoffe des héros, Vers les étoiles a reçu les prix les plus prestigieux de la science-fiction : prix Hugo, prix Locus, prix Nebula, prix Sidewise, prix Julia Verlanger.

En stock

En stock

  • Date de parution 06/10/2022
  • Nombre de pages 576
  • Poids de l’article 296 gr
  • ISBN-13 9782072971853
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Entre science-fiction, uchronie, et récit post apocalyptique, Vers les étoiles monte en puissance durant tout le récit. A l’image d’une fusée, la tension se consolide et s’accélère, tandis que les personnages se construisent peu à peu. En toile de fond, se lit le combat d’une héroïne qui cherche sa place dans une Amérique alternative mais réaliste. Vers les étoiles est un récit imaginaire mais d’une vraisemblance incroyable.

Un roman plusieurs fois primé

Vers les étoiles est paru en 2018 aux USA, et a été traduit en français en 2020, aux éditions Denoël (collection Lunes d’encre). Le roman a été primé 4 fois :

  • Prix Locus du meilleur roman de SF en 2019 (prix des lecteurs du magazine américain du même nom)
  • Prix Sidewise de la meilleure uchronie de format long en 2018
  • Prix Nebula du meilleur roman de SF en 2018. Ce prix est décerné par la Science Fiction and Fantasy Writers of America, organisation à but non lucratif qui rassemble des écrivains, d’auteurs, d’artistes… de SF et de fantasy. Le prix récompense l’œuvre jugée la plus novatrice. La 1ère œuvre primée était Dune en 1966
  • Et enfin le prix Hugo du meilleur roman de SF en 2018 (récompense décernée par la WorldCon ou world science-fiction society, qui est la plus ancienne convention de SF. Le prix a été créé en 1953, en référence à Hugo Gernsback, créateur du Pulp de SF Amazing stories en 1926.

Vers les étoiles : structure du récit

Un texte qui s’élève vers les étoiles

De manière mimétique, le roman Vers les étoiles possède un mouvement similaire à celui d’une fusée s’élevant dans le ciel. En d’autres termes, la structure du roman mime le récit. Celui-ci se divise en deux parties :

  • la première partie se concentre sur la chute de la météorite, et ses conséquences directes (survie des personnages, compréhension de la catastrophe, dénombrement des pertes humaines et matérielles, réorganisation de la société, recherche des origines de cette chute)
  • la seconde partie s’attache à l’après, à l’exploration spatiale qui s’accélère en vue de coloniser l’espace.

Le texte se compose ainsi d’une longue protase, qui débute dès le début du texte avec la chute de la météorite. La tension créée progresse ensuite tout au long des pages pour atteindre son acmé avec le décollage de la fusée en fin de récit. La structure narrative épouse donc parfaitement le rythme du récit. Finalement, à l’image de l’exploration spatiale et des fusées qui s’élèvent et quittent l’attraction terrestre, le texte s’étoffe, se déroule, jusqu’à laisser le lecteur en apesanteur, imaginer la suite.

Des personnages romanesques ?

J’ai été prise au dépourvu au début, et j’avais du mal à accrocher : le début du récit est très factuel. Pourtant, Elma raconte l’histoire, et le point de vue interne est plutôt propice au développement des ressentis, pensées, sentiments etc. Or le début du récit tranche complètement avec cet attendu. Lors de la chute de la météorite par exemple, les calculs d’Elma sur l’épicentre potentiel du phénomène prennent le pas sur ses ressentis, ses peurs, ses sentiments. Or, derrière elle, sa maison est en ruines, et sa vie en lambeaux…

D’autre part, les personnages ne sont pas des personnages romanesques traditionnels. Ils ne font pas l’objet de portraits détaillés, ce qui rend difficile leur représentation mentale. D’un autre côté, ils diffèrent du personnage romanesque et réaliste, ancré dans le réel par un certain nombre de qualifications (psychologie, portrait, nature, caractère…) qui ne sont pas livrées ici. Le point de vue interne est donc complètement pris à contrepied, et les personnages déconcertent.

Un récit de faits

Si j’ai pu être déroutée, la suite de la lecture a révélé toute la cohérence de ce parti pris. En effet, le texte se base lui-même sur des faits. Par exemple, une ellipse de 4 ans sépare les deux parties. Il n’y a pas de développement sur l’adaptation des personnages après la catastrophe. On ne sait absolument pas ce qu’ils ont vécu pendant ce laps de temps, comment ils se sont remis de la catastrophe, comment ils se sont adaptés. Par ailleurs, un chapeau introductif, sorte de dépêche AFP, introduit également chaque chapitre, et présente le contexte immédiat du chapitre.

Enfin, le récit se donne à voir, plus qu’il ne se raconte. L’importance des dialogues, le découpage des chapitres en événements datés et la pratique du cliffhanger dans certains chapitres cruciaux… donnent au récit un aspect théâtral. Le récit se compose en fait de scènes qui se suivent. La narratrice ne raconte que très peu, finalement. Or la fonction de récit est la fonction première du narrateur. Cette fonction du narrateur ramenée au minimum accroît l’effet de réel. L’absence du narrateur comme intermédiaire génère une impression d’immédiateté. Si elle interpelle le narrataire par des commentaires extradiégétiques, le prenant à témoin (supposant par là que le narrataire a vécu la catastrophe), Elma reste distante. Elle rapporte les dialogues tels quels, ne procède à aucun portrait, et l’organisation du récit (ellipses, datation des événements…) n’est pas de son fait.

Il y a donc une cohérence d’ensemble dans le roman, le trio narration-mise en texte-personnages est construit de manière mimétique.

En toile de fond, un décor réel

Récit uchronique mais…

Vers les étoiles est un roman uchronique. En effet, le début du récit, en 1952, suit le cadre historique que l’on connaît. La chute de la météorite est l’événement à partir duquel la réalité qui va suivre va être alternative.

Le récit démarre en 1952. Par la suite, les événements racontés et les exploits astrophysiques réalisés sont en avance sur leur temps. Le vol de Parker dans l’espace a lieu en 1956 dans le récit. Or dans la réalité que l’on connaît, le vol habité par un humain dans l’espace se produit pas avant 1961. En cela, ce roman peut être qualifié de science-fiction. Il développe aussi toute une série de thématiques propres au genre (exploration et colonisation de l’espace, prouesses scientifiques). Mais M.R Kowal joue aussi avec ces codes. Elle introduit un événement typique d’un potentiel environnement post-apocalyptique (la chute de la météorite), typique du genre. Mais c’est pour mieux s’en détourner ensuite : non seulement ce n’est pas l’objet du récit, mais en plus cet environnement n’est pas détaillé, et visiblement encore habitable quelques temps. Elle joue donc avec les codes, comme pour brouiller les pistes.

En revanche, certaines données, sociales et culturelles, restent ancrées dans une réalité bien réelle. C’est par exemple le cas de la ségrégation raciale, très présente dans le texte. De la même façon, le sort des femmes dans la science et l’économie, est au centre du roman. C’est le second récit qui se lit en creux de l’exploration spatiale. Si le récit est un cheminement vers le ciel, c’est aussi le cheminement d’Elma dans un monde d’hommes, vers ses droits et sa reconnaissance.

Enfin, le roman anticipe à tel point que sa réalité rejoint et dépasse celle d’aujourd’hui. C’est par exemple le cas de l’effet de serre qui rend inhabitable la planète. Il est question de réchauffement climatique, enjeu que l’on connait bien aujourd’hui. Le roman parvient aussi à mettre en relief les questionnements actuels (la planète qui pourrait être habitable si les émissions à effet de serre étaient limitées… ).

Elma vers les étoiles, et vers son destin

Je disais plus haut que les personnages dans ce roman ne se construisaient pas sur le modèle romanesque habituel. Ici, et c’est ce qui est très réussi à mon sens, c’est le texte qui construit Elma.

Ce récit est aussi celui du cheminement d’Elma vers sa place de scientifique, reconnue, au même titre que ses collègues masculins. Au fur et à mesure du récit, on découvre les failles d’Elma, qu’elle cache volontairement derrière ses calculs (elle récite Pi, la suite des chiffres premiers, la suite Fibonacci pour calmer son stress et taire ses sentiments qui la ravagent)Elma se découvre en creux, et dévoile ses angoisses, son agoraphobie… et sa maladie. Plus elle stresse, plus elle vomit, plus elle mincit. Or, paradoxalement, son personnage s’étoffe au fur et à mesure qu’elle s’enfonce dans ses angoisses qui la minent. La redécouverte de membres de sa famille durant le récit apporte aussi de l’épaisseur aux personnages. Ceux-ci regagnent une famille, un passé, une culture partagée.

De la même façon, ce sont les silences et les non-dits qui révèlent l’ampleur du choc psychologique ressenti par les personnages. Face à une telle catastrophe, que dire ? et comment dire ? Plusieurs passages sont révélateurs. Par exemple, Elma dans sa cabine d’essayage pour se trouver des habits, pendant que la télé passe en boucle les images de la côte Ouest ravagéeDans un autre passage, Elma qui mange son sandwich aux cornichons sans savoir quoi dire à son hôte, à part des banalités d’usage…

Enfin, derrière le récit de la colonisation spatiale, il y a celui de la construction de Lady AstronauteVers les étoiles est aussi l’histoire d’Elma York qui construit son personnage. La couverture du roman le montre bien.

Vers les étoiles, un roman féministe ?

Ce roman est à mettre en lien avec la publication des Figures de l’ombre, par Margot Lee Shetterly (2017), qui ont fait l’objet d’un film du même nom. Ces œuvres remettent en lumière le rôle de toutes ces femmes de l’ombre de la NASA. Mary Robinette Kowal a procédé à une enquête approfondie sur les sujets scientifiques mais aussi sur les aspects sociaux de cette course à l’espace.

Elle évoque notamment l’engagement des femmes pilote pendant la guerre (les WASP), la présence des femmes à la NASA, en tant que « calculatrices » (tandis que leurs homologues masculins bénéficiaient du titre d’astronaute)… Sont également mis en lumière tous les surnoms gratifiants dont elles ont fait l’objet, le harcèlement quotidien et la misogynie ambiante dont elles ont été victimes, et le silence de plomb de la communauté scientifique face à ces comportements (jugés normaux)… Ces faits sont relatés au travers d’épisodes très parlants (l’épisode du bikini lors des tests d’aptitude, les remarques sur « la beauté » des astronautes femmes, les questions des journalistes sur leurs compétences en cuisine, les réponses embarrassées des scientifiques masculins quant à l’absence de femmes dans le programme de colonisation).

On s’identifie ainsi au personnage d’Elma, pétrifiée devant une assemblée masculine détestable, on comprend (et on se remémore ?) la panique qu’elle éprouve à l’idée d’être jugée, mais qu’est ce qu’on aime aussi la voir combattante, et clouer le bec à Parker… ! Par petites touches toujours bien placées, M.R Kowal dit ce qu’elle a à dire, et ça tombe toujours à pic. Sans forcer, sans chercher non plus de coupable, elle évite le piège du tableau homme/femme stéréotypé. Le sujet des femmes de la NASA est donc abordé avec beaucoup de justesse, sans que cela n’occulte le récit de SF. C’est très habile.

MR Kowal présente un récit de SF qui interroge des aspects sociaux des années 50. Vers les étoiles mêle anticipation scientifique et réflexion sur des questions historiques et d’actualité (réchauffement climatique, statut des femmes dans la communauté scientifique, ségrégation raciale…). Si le roman peut surprendre par son apparent détachement, son écriture et ses choix narratifs offrent un incroyable effet de réel. Enfin, le roman propose deux récits en un, qui s’entremêlent de manière très habile. Le lecteur est alors amené jusqu’au point d’orgue final, par une montée en tension savamment maîtrisée.

Vers les étoiles est un roman de science-fiction de Mary Robinette Kowal paru en 2018 sous le titre The Calculating Stars. Il a été traduit en français par Patrick Imbert et publié par Denoël dans la collection Lunes d’encre en octobre 2020. Le livre a obtenu de nombreux prix : le prix Hugo du meilleur roman en 2019, le prix Nebula du meilleur roman en 2018, le prix Locus du meilleur roman de science-fiction en 2019 et le prix Sidewise 2018. Il est le premier roman de la série Lady Astronaut dont deux autres romans sont parus aux États-Unis. Cependant, il peut se lire indépendamment.

Une uchronie

Le roman appartient au genre de l’uchronie avec un point de divergence facilement identifiable: la chute d’une météorite, le 3 mars 1952 en plein océan Atlantique. L’impact ayant eu lieu près des côtes américaines, les États-Unis sont très durement touchés, des villes entières de la côte Est sont détruites et le gouvernement américain détruit. Seul le ministre de l’agriculture se trouvait loin de la côte Est et il devient le nouveau président américain dans une situation plus que critique. En effet, le météore a des conséquences très graves, bouleversant irrémédiablement le climat de la Terre vers un réchauffement qui rendra la planète inhabitable. Les hommes tournent alors le regard vers les étoiles, une coalition internationale est créée dans le but d’aller le plus tôt possible dans l’espace.

Le roman est raconté à la première personne par Elma York, docteur en physique, surdouée en mathématiques, capable de tout calculer en une fraction de seconde. Elma est l’épouse de Nathaniel, ingénieur spatial. Elle a été pilote pendant la seconde guerre mondiale au sein des WASP. Elle rêve d’aller dans l’espace mais nous sommes dans les années 50, et le statut des femmes est loin d’être enviable. Même si elle possède toutes les capacités nécessaires, le parcours d’Elma pour aller vers les étoiles va s’annoncer très difficile. Le récit va suivre Elma pendant plusieurs années en parallèle de ce qui se passe dans le monde suite à la chute de la météorite.

Des thématiques fortes

Vers les étoiles est un roman qui mine de rien aborde plusieurs thématiques fortes comme le rôle des femmes, le racisme, le féminisme, le réchauffement climatique. L’autrice aborde le sujet des discriminations, qu’elles soient liées à l’âge, au sexe, ou à la couleur de peau. Les compétences des femmes sont toujours minorées et on privilégie toujours les hommes blancs dans tous les métiers. Elle aborde également le problème du terrorisme et des sceptiques face aux bouleversements climatiques entrainés par la météorite. Des thématiques très actuelles qui reflètent malheureusement ce que l’on vit à notre époque. Mary Robinette Kowal le fait intelligemment, sans y aller avec de gros sabots. Elle fait passer les messages importants de manière subtile. Elle détaille par exemple le rôle de tous ceux qui entourent les astronautes, des ingénieurs aux calculatrices qui font tout pour que les vols se passent sans problèmes. Cela permet de mieux comprendre le fonctionnement des missions vers l’espace.

La galerie de personnages proposés est assez impressionnante, Mary Robinette Kowal évitant tout manichéisme dans la construction de ses protagonistes. Ils sont tous très bien écrits et construits, qu’il s’agisse des amies d’Elma ou des personnages masculins. L’écriture de l’autrice est particulièrement fluide et agréable, et rend le roman très immersif. On prend beaucoup de plaisir à suivre cette histoire qui n’est pas la notre mais y ressemble par de nombreux points. Les aspects scientifique et mathématiques sont traités également avec justesse sans que cela soit incompréhensible. J’aurai juste aimé un peu plus d’infos sur ce qui se passe dans le reste du monde hors États-Unis, infos relativement peu détaillée dans le livre.

Vers les Etoiles est ainsi un roman intelligent, bien écrit et construit. Le roman relate la course à l’espace dans un monde obligé de quitter la Terre à long terme. Il le fait avec brio et en faisant réfléchir son lecteur à toutes sortes de discriminations. Un roman qui nous fait rêver aux étoiles et à la conquête spatiale.

Je vais me répéter encore une fois, sans la moindre vergogne : ce blog est l’une des meilleures idées que j’ai jamais eues. Parce que plus j’avance dans sa perpétuelle construction, et plus je me rends compte qu’au fil des verbalisations de mes sentiments littéraires via mes chroniques, mieux je me comprends. Ça peut paraître un peu évident, comme ça, mais le fait est qu’à force de devoir creuser dans mes ressentis pour en extraire une substantifique et intime moëlle dépourvue de la moindre mauvaise foi, je me connais de mieux en mieux. Sans doute parce qu’à force de graver certaines de mes impressions dans le marbre binaire d’internet, j’en garde des traces en moi, qui parfois reviennent me sauter au visage pendant d’autres de mes lectures ; pour me hurler (gentiment) de nouvelles évidences que je n’avais pas su voir jusque là.

Si le texte d’aujourd’hui me rend particulièrement content de rédiger cette chronique, c’est parce qu’au delà de ses qualités et défauts propres sur lesquels je reviendrai évidemment, il m’a surtout permis de me rendre compte de quelque chose. En résonnant d’une façon bien particulière avec un autre texte que j’ai lu il y a quelques temps, il m’a permis d’appréhender avec précision un ressenti qui jusque là était nébuleux ; j’adore ce sentiment d’épiphanie. Et donc, ce dont je me suis rendu compte, ce que j’ai enfin compris avec Vers les étoiles, c’est pourquoi je n’avais pas réussi à accrocher à Mes vrais enfants.

Et donc pourquoi, fort logiquement à mes yeux, je n’ai pas trop accroché non plus avec le roman qui nous concerne aujourd’hui, même si je l’ai plus marginalement apprécié, tout de même. Et je m’en vais expliquer tout ça tout de suite, si vous le voulez bien.

1952. Un météore s’écrase aux Etats-Unis, causant des dommages humains et matériels terribles, bouleversant profondément le cours de l’histoire. Elma et son mari Nathaniel, respectivement mathématicienne et ancienne pilote et ingénieur spatial, réchappent de peu à la catastrophe. Mettant leurs capacités au service du gouvernement, iels se rendent très vite compte que ce météore va causer bien plus de dégâts que ceux constatés dans l’immédiat : les habitants de la Terre sont condamnés. La seule solution pour l’humanité est partir dans l’espace. Ainsi est lancé un vaste programme de conquête spatial, auquel Elma est bien résolue à participer aux première loges.

Alors si j’ai si subitement et si fort pensé à l’œuvre sus-citée de Jo Walton, c’est sans doute parce qu’à l’évidence, les deux romans partagent beaucoup de points communs, sur la forme comme sur le fond. On a d’abord l’uchronie que j’oserais qualifier de soft, permettant de modifier à l’envie des points clés de notre réalité sans avoir à trop la bouleverser ; une manière assez maline d’écrire dans notre monde avec une liberté totale sans risquer le hors-sujet. On a bien sûr une trajectoire héroïque féminine et clairement féministe, revendicatrice et éclairée, ce qui n’est pas pour me déplaire, comme on a une superbe écriture des émotions, organique et pudique sans être superficielle. On a de beaux romans humains, en somme, la principale différence entre les deux (ou trois, *wink wink*) étant à mes yeux la nature des trajectoires exposées.

Bien entendu, malgré ce rapprochement un peu grossier de ma part, les deux ouvrages sont bel et bien différents, mais ils ont créé en moi un tel écho que je me devais de citer le premier pour parler du second. Malgré toutes les indéniables qualités que je pourrais leur trouver, et il y en a un sacré paquet, avec Vers les étoiles, j’ai enfin compris qu’en dépit de tous mes vœux concernant la lumière que je voulais trouver dans mes lectures, j’avais une certaine limite.

J’ai en effet pu, à maintes reprises je crois, dire que j’en avais un peu assez des récits trop sombres, où tout le monde est méchant, où les trahisons sont légions, où la crasse règne dans les esprits et les mœurs. Comme j’ai pu affirmer ça et là que j’aimais pouvoir suivre des héro·ine·s aux valeurs positives, des personnages auxquels je peux m’attacher, que j’ai envie de voir aller jusqu’au bout de leurs rêves et de leurs ambitions malgré les obstacles, que j’ai envie d’aimer. C’est toujours vrai, dans l’absolu, mais je me suis rendu compte que d’une certaine manière, il demeurait des exceptions.

J’ai compris que malgré mon amour assumé des happy ends, je ne suis pas friand de leur inéluctabilité. Ce que je veux dire par là, c’est qu’en lisant Vers les étoiles, je n’ai pas tant trouvé de plaisir que ça, parce que je n’ai jamais eu le sentiment de pouvoir douter de la réussite de son héroïne. Je me doute que cela peut paraitre paradoxal, mais le fait de la voir réussir tout ce qu’elle entreprend, encore et encore, malgré tous les semblants d’obstacles que Mary Robinette Kowal pouvait mettre sur son chemin, ç’avait quelque chose d’étrangement lassant. Comme si ces obstacles ne semblaient jamais vraiment en être ; plutôt des mirages sans réelle consistance ou importance, perdant dès lors le moindre goût.

C’est assez inexplicable, au final, mais j’ai très vite eu le sentiment, en quelque sorte, que le roman entier n’était conçu que pour narrer la gloire absolue de son héroïne, invincible et irréprochable malgré quelques errements qui semblent ne pas vraiment compter, parce que c’est elle notre héroïne. Et de fait, malgré tous les efforts un peu trop évidents de l’autrice pour lui donner des choses à surmonter, qu’ils soient externes ou internes, on a l’impression à chaque fois que le combat est gagné d’avance, dans un motif quasi-messianique qui efface la moindre ombre. Et c’est dommage, parce que ça lasse, à force. Je ne dis pas que j’aurais voulu que ce récit se termine mal ou qu’il s’y passe des catastrophes, mais à force de voir que les mauvaises nouvelles ne comptent pas vraiment dès lors qu’elles concernent Elma, elles ne comptent pas vraiment pour le lectorat non plus.

En fait, d’une certaine manière, le récit a manqué de crédibilité pour moi parce qu’il est trop positif. Quelque part, il est trop beau pour être vrai. Je me déteste presque de dire ça, mais j’avais l’impression de lire un bingo des bons sentiments, par moments. Alors que j’adore ça, les bons sentiments, vraiment ; mais il faut leur opposer un minimum d’adversité pour leur donner du pep’s, à mes yeux. Ou du moins équilibrer leur rapport au réel au sein du récit. Pas se contenter de les aligner sagement au fil du récit et de péripéties sans suspense réel autre que leur déroulé propre. Tous les partis pris par Mary Robinette Kowal sont bons, par ailleurs, indéniablement, et les échos qu’elle provoque entre son récit uchronique et notre réalité actuelle sonnent juste, forcément ; mais pour autant, je trouvais que l’ensemble avait un arrière-goût d’artifice. Comme si quelque part, il y avait eu une check-list remplie pour donner à ce récit toutes les caractéristiques d’un roman parfait selon un cahier des charges bien précis, manquant au final de la petite touche d’imperfection ou d’audace qui aurait rendu le tout plus humain à mes yeux. Ma frustration nait sans doute du fait que, d’une part, le roman avec moi prêchait un converti, et que de l’autre, il manquait de force évocatrice par des aspects bien trop lisses : j’ai manqué de grain intellectuel à moudre et d’effet de surprise, tout simplement.

Alors voilà. Aussi mesquin que ça puisse paraître, je dirais que la principale qualité de Vers les étoiles a été de me faire comprendre pourquoi je n’avais pas tant aimé Mes vrais enfants que ça, malgré ses qualités évidentes. Ces romans ne sont pas mauvais, non, surtout pas. J’ai même clairement préféré mon expérience avec le roman qui nous concerne aujourd’hui qu’avec celui qu’il m’a évoqué, même si la marge est assez légère. Il faut juste savoir accepter et comprendre que parfois, les ouvrages que nous rencontrons ne sont pas fondamentalement faits pour nous. C’est le cas aujourd’hui, avec un roman qui malgré ses nombreuses forces, était simplement trop lisse pour mes goûts et mes attentes, versant trop du côté des bons sentiments et pas assez de la vision de la science-fiction que j’affectionne le plus.

J’aurais préféré plus d’antagonisme, plus de coups du destin, des personnages plus affirmés et humains, moins gentils, moins purs, peut-être ; j’aurais sans doute préféré un peu de sang de larmes et de sueur, ou en tout cas l’impression que ce que je pouvais croiser de similaire dans ma lecture n’était pas là parce qu’une autrice s’est dit que ça ferait mieux pour son histoire. J’aurais préféré quelque chose de moins calibré, de plus imparfait. De plus sincère, peut-être, oserais-je, si j’avais cette audace.

Mais comme toujours, demeure que je suis content d’avoir lu ce roman, parce qu’il m’a permis de comprendre encore plus précisément quel lecteur je suis en projetant une lumière nouvelle sur un roman qui me faisait encore m’interroger ; c’est une certaine chance, et un réel luxe.

La question maintenant étant : est-ce que j’ai envie de lire la suite de la série Lady Astronaut.

Meh.

Au plaisir de vous recroiser.

En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles. 😉

Une uchronie bien documentée et très sensible, qui ré-écrit l’histoire de la conquête spatiale dans un contexte différent du notre.

1952, la catastrophe arriva : Un météore tome sur Terre. Il détruit toute la coté est des Etat -Unis, mais plus que ça, il plonge la Terre entière dans la nuit et dans un hiver qui va durer des années. A tel point qu’on réalise assez rapidement que la Terre ne sera sans doute plus habitable dans quelques années.

Tout cela débloque des fonds de partout dans le but de coloniser l’espace d’urgence. L’International Aerospace Coalition voit le jour. Un de ses premières objectif est d’envoyer l’homme sur la Lune, le second trouver un moyen de faire survivre l’humain ailleurs.

Elma York est la femme du chef de programme de la NACA, l’ancêtre de la NASA. ou plutôt le Docteur York car elle a un doctorat en physique et est un génie des mathématiques.

Elle débute sa participation en tant que « computer » des personnes (femmes en général) chargées d’effectuer les calculs nécessaires au programme spatial dans cette époque sans ordinateur et ou les machines à calculs sont encore un beau rêve pour la plupart.

Mais Elma rêve d’aller dans l’espace. Elle veut plus que ce boulot de bureau, elle, ancienne pilote des Women Air Force Pilotes (le programme de soutien de l’aviation américaine pendant les deux guerres) et fille d’un général de l’US Air force.

Elle va devoir se confronter au sexisme (et au racisme) ambiant pour tenter de réaliser son rêve, devenir Astronaute …

« I breathed out. The launch sequence was familiar and terrifying by this point. But no matter how many things we’d launched, this was the first one carrying a human life. You couldn’t help but think about the rockets that had exploded on the pad, or the ones that had made it into space carrying a monkey only to return a dead creature to the ground.
I didn’t like Parker, but by God, he was brave.
And I was deeply, intensely jealous of him.« 


S’envoler loin de la Terre devient rapidement le seul espoir pour l’humanité. On assiste à une course à l’espace bien différente de la notre car déjà elle est internationale, tout les pays participants à son financement en commun. Bien plus rapide aussi parce que quelques années après la catastrophe (1955) l’homme est déjà dans l’espace.


On traite de plein de thèmes d’époque typique des années 50 : le racisme, la place de la femme, et un coté rétro bien assumé dans les façon de penser de quasiment tout les personnages.

J’ai vraiment bien apprécié ce roman.

Au final, on n’est pas vraiment dans une ambiance « roman de science fiction », mais plus dans un livre « sociétal » des années 50 marié à l’histoire de la course à l’espace. Car en fait cette course à l’espace n’est pas différente technologiquement de celle qui a eu lieux dans notre monde, elle est juste accélérée et dans des circonstances différentes.

Ce n’est pas un roman d’action. On est plus proche du film historique Les figures de l’ombre qu’autre chose.

Ce premier tome est le tome d’un combat, celui d’une femme pour qu’on la reconnaisse à sa juste valeur et pas comme une poupée pour la publicité de l’opération ou juste pour la femme de son mari.

On nous parle de sa vie, des débuts de l’exploration spatiale, du fort racisme de ces époques ci, … plein de thèmes très intéressants.

J’ai dévoré finalement une fois que j’ai eu le temps de vraiment lire.

Je ne peux que vous le recommander quand il sortira en VF (normalement dans l’année) parce que j’ai passé un excellent moment !

Vu la fin le second tome aura surement un peu une image différente, j’ai hâte de pouvoir le lire !


Tout d’abord, un grand merci à Netgalley et Audiolib pour cette belle découverte, je ne lis pas beaucoup de science fiction et sans ce format audio, je serais passée à côté de ce roman. J’aime tous les livres audio, comme je le dis souvent, ils me permettent de découvrir des ouvrages que je n’aurais pas forcément choisis en format papier et ça enrichit grandement mon univers littéraire. Ce roman a bénéficié d’un grand éclairage médiatique et de plusieurs prix prestigieux, mais je n’en avais pas entendu parler avant de le découvrir sur le catalogue Netgalley, et j’aurais manqué un très beau livre. Il est lu de manière très agréable par Clémentine Domptail, qui sait nous transmettre les émotions et les ressentis des deux héros principaux, Elma York et son mari Nathaniel. L’enregistrement dure plus de quinze heures, mais je ne me suis pas ennuyée une seconde lors de l’écoute de ce roman.

Il s’agit d’une dystopie très réussie : En mars 1952, Elma et son mari sont en week end dans le chalet familial, ils voient une lumière aveuglante et vu le contexte de la guerre froide, imaginent immédiatement que les Russes ont envoyé une bombe atomique sur les USA, mais il s’agit en réalité d’un gros météore qui s’est écrasé dans l’océan, près de Washington. Ils ont un petit avion et arrivent à échapper à la catastrophe, mais il y a des milliers de morts sur la côte Est, la capitale est rasée dans un rayon de quatre vingt kilomètres. Ils sont ingénieur spatial et mathématicienne, ils arrivent à se réfugier sur une base militaire du nord est où il feront la connaissance de Myrtel et Eugène, un couple de Noirs qui deviendront vite leurs amis. Tandis qu’Elma participe à l’accueil des réfugiés avec Myrtel, Nathaniel participe aux réunions des responsables de la base. Tout d’abord, les autorités sont certaines que les Russes sont à l’origine de l’accident et désirent se venger à grand coup de bombe atomique. Nathaniel a la plus grande peine à leur faire comprendre qu’il s’agit d’une catastrophe naturelle. Mais Elma est une scientifique surdouée, elle calcule que la chute du météore dans l’océan va entraîner un changement climatique, tout d’abord un long hiver de quelques années, puis un réchauffement sous l’effet de serre, si grave qu’il rendra la terre inhabitable. Il faut organiser la colonisation des autres planètes alors qu’on en a encore le temps et les moyens, mais les autorités ont bien de la peine à la croire. D’ailleurs, elle passe toujours par son mari pour s’exprimer, elle est calculatrice dans le programme spatial, mais on ne laisse qu’un rôle secondaire aux femmes, si l’on peut dire, car les ordinateurs et les calculatrices mécaniques de l’époque n’étaient pas performants du tout, c’était donc des femmes qui calculaient les orbites et toutes les équations nécessaires à la conquête de l’espace. Les hommes dominent tout et considèrent les femmes comme des être faibles et trop émotives pour devenir astronaute, même si nombre d’entre elles ont démontré leur talent de pilote durant la guerre. Elma rêve d’aller dans l’espace, tout comme ses amies, son mari la soutient et elle se bat pour obtenir ce droit.

Ce livre est une grande réussite et mérite les prix reçus. C’est une dystopie très convaincante. En dehors du fait qu’aucun météore ne s’est écrasé sur la planète en 1952, tout ce qui est raconté est parfaitement plausible. L’auteure s’est admirablement renseignée sur le contexte de ces années d’après guerre, tout sonne juste et c’est un magnifique roman historique. La conquête spatiale est habituellement un sujet qui ne m’intéresse guère, ni la SF scientifique. Et pourtant j’ai été passionnée par ce récit, les aspects scientifiques sont très nombreux, mais bien vulgarisés, on ne s’y perd pas du tout, et même mieux, on a envie d’en savoir plus sur le travail d’Elma et de ses collègues, hommes ou femmes. On suit les progrès du programme spatial. Lorsque les York rencontrent leurs anciens voisins par hasard à Chicago, on voit que comme aujourd’hui, certains remettent en cause les rapports des experts sur le climat…. ce qui est d’autant plus excusable qu’on est en plein hiver longue durée, alors comment croire que la planète va se réchauffer au point de devenir incompatible avec la vie !

Elma est un personnage passionnant, elle est une femme de son époque, qui n’ose pas s’exprimer, est facilement angoissée, toujours attentive à bien se tenir, comme sa mère le lui a appris, et en même temps, elle se bat pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes, pour autant elle n’a rien d’une super woman. L’époque est très bien dépeinte, en particulier la discrimination que subit le communauté noire, être une femme noire c’est subir une double peine. Durant la guerre on a interdit aux femmes non blanches de piloter et on refuse encore plus de leur laisser une place équitable dans la société, malgré tous les bouleversements et le combat de Martin Luther King, dont on parle souvent.

Ce roman est vraiment bluffant, une réussite totale et je suis impatiente de lire la suite des aventures de cette Lady astronaute, comme la presse l’a surnommée. La relation entre Elma et son mari est pleine de tendresse et adoucit les combats de l’héroïne. Ils sont juifs et l’auteure souligne le fait que l’antisémitisme est encore bien présent dans les années 1950 /60 malgré la fin de la guerre et la victoire sur les nazis. De manière générale, elle montre bien les discriminations envers les minorités, qui semblent toujours actuelles dans la société américaine des décennies plus tard.

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