Ce qu'il faut de nuit
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Ses enfants après lui
Premier roman et première révélation de cette rentrée! Laurent Petitmangin inscrit ses pas dans ceux de Nicolas Mathieu et nous offre un roman d’hommes, âpre et douloureux au cœur d’une Lorraine meurtrie.
Après trois années à l’hôpital Bon-Secours et une chimio qui l’affaiblissait de plus en plus, la moman a fini par mourir. Son mari, le narrateur, s’est alors retrouvé seul avec ses deux fils, Frédéric – que tout le monde avait décidé d’appeler Fus comme ça à cause du fussball – et Gillou.
Leur quotidien tourne désormais autour de rituels qui peuvent sembler désuets, mais qui leur permettent de tenir debout, de tenir ensemble. Pour faire bouillir la marmite, le père travaille à la SNCF, à l’entretien des caténaires. Puis il passe des soirées à la Section, le local du parti socialiste où il y a de moins en moins de monde, les grands combats pour le charbon et l’acier ayant disparu avec les fermetures des sites et décourageant les militants les uns après les autres. L’union de la gauche était loin et on ne pouvait guère se réjouir d’être resté à la maison le soir des présidentielles. On n’avait pas voté Macron, pas plus que l’autre. Les jeunes ne rêvent plus de lendemains qui chantent. Ils sont résignés. Seuls une poignée d’entre eux acceptent de suivre les anciens, plutôt par affection que par conviction.
Le trio passe des vacances au camping de Grevenmacher sur les bords de la Moselle, une parenthèse enchantée avant de revenir à la dure réalité.
Fus, après avoir lâché les études, au rythme de l’aggravation de l’état de santé de sa mère, avait fini par décrocher une place dans un IUT et continuait sa carrière de footballeur, sous les yeux de son père qui l’accompagnait au stade tous les dimanches.
Gillou a suivi un parcours scolaire moins cahotique et, sur les conseils de Jeremy, le beau parleur de la section, envisage de faire l’ENA. Mais aura-t-il les moyens de ses ambitions?
Et comment leur belle entente survivra-t-elle à une séparation? Car déjà un gros coup de canif a déchiré leur contrat tacite. On a vu Fus coller des affiches avec l’équipe du FN. «Fus avait vingt-deux ans, ce n‘était plus un gosse. Que fabriquait-il avec ces fachos? Quand je lui avais demandé le soir, il n’en savait rien. Il accompagnait juste des potes, c’était la première fois qu’ils allaient coller, il voulait voir ce que ça faisait. J’avais eu beau penser à cette soirée, ruminer ce que j’allais faire, le gifler, aller à la bagarre avec lui, il n’y eut finalement rien. Rien du tout. Rien de ce que j’avais pu imaginer. Je n’étais plus d’attaque pour me le coltiner. Ce soir-là je m’étais senti infiniment lâche. Très vieux aussi.»
Avec l’incompréhension et la colère rentrée, un modus vivendi s’installe, même si la fêlure est là, doublée de honte et de culpabilité. «Désormais on allait devoir vivre avec ça, c’était ce qui me gênait le plus. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on veuille, c‘était fait: mon fils avait fricoté avec des fachos. Et d’après ce que j’en avais compris, il y prenait plaisir. On était dans un sacré chantier.»
Tandis que Gillou prend la direction de Paris avec Jeremy, Fus poursuit ses activités avec ses nouveaux amis. Jusqu’à ce jour funeste où tout va basculer.
Laurent Petitmangin a construit ce roman d’hommes sur le même terreau que celui de Nicolas Mathieu. Ce qu’il faut de nuit aurait du reste aussi pu s’appeler Leurs enfants après eux. L’analyse est la même, la plume tout aussi acérée, peut être trempée dans une encre un peu plus noire chez Laurent Petitmangin. Cette tragédie est construite dans un style sec, dans une langue épurée qui vous prend aux tripes. Le livre de poche et une dizaine pays ont déjà acquis les droits de ce premier roman dont j’imagine que nous n’avons fini d’entendre parler.
Nous avons là un cadre digne d’un roman de Nicolas Mathieu : une bourgade de Lorraine -Villerupt- dont l’unique usine, qui en s’y installant quinze ans auparavant a attiré du sang neuf et des promesses de prospérité, n’a même eu le temps de lancer sa production. Une histoire de mauvais timing, de fonds bloqués par la crise de 2008.
C’est là que vivent le narrateur et ses fils, cellule familiale depuis peu amputée d’une mère morte d’un long et douloureux cancer, qui tente de surmonter ce drame.
Le père s’exprime par phrases brèves, sèches, dans une langue aux accents populos. Il désigne autrui en accolant un pronom défini devant son prénom -"le" Mohammed- ou par un surnom si c’est un proche : son fils aîné c’est Fus, le plus jeune Guillou, et la mère n’est jamais évoquée que comme "la moman". C’est un brave homme, qui ne manquerait pour rien au monde les matchs de foot de son grand. Employé à la SNCF, c’est aussi un homme de convictions, fidèle à la section locale du parti socialiste dont les rangs se sont sérieusement amenuisés depuis qu’on n’y sert plus l’apéro avant les réunions.
Mais sans doute sa bonne volonté n’a-t-elle pas suffi. Il faut dire que la longue agonie de la mère a pompé son énergie. Il a gardé le peu qui lui restait pour continuer à travailler en faisant bonne figure, trop crevé pour soutenir Fus que l’endossement précoce de nombreuses responsabilités -s’occuper de son cadet, faire le ménage- a précipité vers l’échec scolaire. Pour autant, c’est un adolescent facile, toujours de bonne humeur, qui ne rechigne jamais à la tâche. Aussi, quand il commence à fréquenter des jeunes d’extrême-droite dont il semble par ailleurs partager les convictions, le choc de l’incompréhension, de la trahison même, face à ce fils qui n’aurait pu renier plus cruellement les valeurs qu’il pensait lui avoir inculquées, pousse le père au rejet. Leur cohabitation devient froidement polie, même si pour Fus, cette divergence d’opinions ne change rien. Pour Guillou non plus d’ailleurs, qui a emprunté l’ascenseur social et suit à Paris des études dans une grande école, mais reste irrémédiablement attaché à ce frère toujours serviable et gentil.
J’attendais beaucoup de ce titre qui a cristallisé l’enthousiasme lors de sa sortie. Voilà en effet un sujet intéressant et propice à la réflexion.
J’ai repensé en le lisant au film inspiré du récit de Didier Eribon "Retour à Reims" (que je n’ai pas encore lu), où était évoquée la bascule dans l’extrême-droite d’un prolétariat plombé par un sentiment croissant de délaissement, pour qui elle a pris la place que l’obsolescence de la lutte des classes a laissé vacante. Les divergences de valeurs entre le narrateur et son fils illustrent cette rupture générationnelle dans la manière de réagir face aux injustices sociales, et le remplacement de l’engagement solidaire et politique par la peur et la quête d’un bouc-émissaire, avec toute la dimension émotionnelle et irréfléchie qu’elle suppose.
Au-delà de cette question des mécanismes qui engendre une sensibilité aux idées d’extrême-droite, il y a celle, non moins passionnante, du déchirement que cette situation provoque chez le père. Comment concilier l’idée de ce jeune facho au souvenir de l’amour d’enfant qu’il a été, et que, par certains aspects, il est toujours ? Peut-il être ici question de pardon, et si oui, dans quelles limites ?
Malheureusement, le traitement qu’apporte Laurent Petitmangin à son sujet n’a pas été à la hauteur de mes attentes. Les thèmes qu’aborde son roman n’y sont finalement qu’effleurés, peut-être en raison de sa brièveté, et parce qu’en faisant le choix de ne se placer que du côté du père, il se prive d’une profondeur d’analyse qu’aurait permis le point de vue du fils. Par ailleurs, l’évocation des relations entre le héros et ses enfants manque également d’une densité qui me les aurait sans doute rendus plus attachants et plus marquants.
Les blogs polar en ont déjà parlé, c’est une des découvertes de la rentrée : Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin. C’est mon tour.
En Lorraine, aujourd’hui. Le narrateur, qui travaille à la SNCF élève seul ses deux fils depuis la mort de « moman » après une agonie de trois ans, cancer. Il fait ce qu’il peut. Se débrouille pour qu’il y ait à manger, essaie, autant que possible de les pousser à l’école.
Ca a été difficile pour Fus, l’ainé, 13 ans au moment de la mort de sa mère. Alors il va le voir quand il joue au foot, et espère qu’il s’en sortira. Il y arrive mieux avec Gillou qui ira à Science Po, à Paris. Et puis Fus commence à fréquenter des infréquentables, proches du FN, alors que papa est encarté au PS et a toujours été syndiqué. Les relations se tendent. Reste le foot, les matchs de Metz, le lien indestructible entre les frangins. Jusqu’au drame.
Sacré découverte et sacré claque. Dans un style d’une fausse simplicité admirable, qui colle à la voix off du narrateur l’auteur déroule une vie qui mène au drame. C’est à la fois pudique et bouleversant. Comme dans Les feuilles mortes (sur un autre registre) du grand Thomas Cook on ne peut pas s’empêcher de gamberger et de se demander comment on aurait réagi à la place du père.
Sobre, sans éclats de voix chez ces gens qui parlent peu (on est loin des engueulades homériques de Marius et Jeannette, et c’est une partie du problème), tout en retenu, on ne juge jamais, on arrive à ressentir la gêne, la douleur d’une distance qui se crée alors que le père et le fils s’aiment toujours, la capacité des deux frères à passer outre …
On est happé par ce quotidien par la force de l’écriture, de l’évocation, des sentiments. Et la fin vous balance une très grosse claque. Magistral.
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