Là où vivent les loups
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Le pitch
Priam Monet, flic misanthrope, presque deux mètres pour un quintal et demi, a été muté à son corps défendant à l’IGPN (la police des polices). Il a pour mission d’inspecter un poste de la police aux frontières, situé à Thyanne, petite ville industrielle sise dans une vallée alpine près la frontière franco-italienne, où arrivent de nombreux migrants. Peu enchanté de ce boulot ingrat qu’il prend comme une pénitence, il n’a qu’une idée : se tirer de là au plus vite. La découverte d’un cadavre va quelque peu changer la donne.
Pourquoi je vous le conseille ?
Car on se réjouit du plaisir évident que Laurent Guillaume, ancien flic de son état et savoyard d’origine, a eu d’inventer ce flic misanthrope et finement méchant qui a fort affaire avec les combines locales et autres arrangements politiques qui sévissent dans certaines zones reculées de France, qu’il a lui-même pu observer. Pour les autres personnages tout aussi bien pensés qui gravitent autour de Priam, faux méchant mais vrai bon flic. Parce qu’au-delà de l’intrigue pas forcément ultra originale ni surprenante mais de veine réaliste, le plaisir indéniable de lecture tient à tout autre chose : le second degré, la fantaisie, le ton facétieux. Car c’est un polar léger aux faux airs de western, d’une joyeuse ironie, qui offre un délicieux moment de lecture. Pour toutes ces raisons, soyons clair, on reprendrait bien à l’avenir une petite dose de Priam Monet.
POUR PRIAM MONET. Un prénom improbable, cadeau empoisonné de sa mère, une helléniste distinguée. Un personnage aux petits oignons, résolument hors normes. Grand, gros et misanthrope. Un colosse mal embouché qui rappelle de prime abord le Vertigo Kulbertus de Franz Bartelt et sa mauvaise habitude de toujours dire ce qu’il pense, sans filtre, au grand dam de tous ceux qui croisent sa route. Mal sapé, puant le tabac froid, il est clairement sur la pente descendante ce commandant dont la carrière au sein de la brigade criminelle et des stups à Paris n’est plus qu’une histoire ancienne, lui qui est désormais affecté à l’IGPN, la police des polices. Cantonné à des tâches ingrates. Parigot allergique à l’air pur qui se sent mal dès qu’il sort des limites de son 11ème arrondissement, il va prendre un malin plaisir à jouer au nouveau shérif qui débarque dans cette vallée perdue où les règles du Far West ont remplacé celles du droit. À y bien réfléchir, si Priam nous séduit en dépit de tout, c’est qu’on décèle en lui cette part d’humanité qui le rend franchement attachant. Et que l’on aura grand plaisir à retrouver.
UN AIR DE WESTERN. L’arrivée en train, le héros solitaire, les cuites au whisky, la petite ville perdue et ses habitants hostiles, le riche homme d’affaires qui règne sans partage sur la région, dirige la ville et semble tenir tout le monde, police comprise, à sa botte. Vous décèlerez comme moi quelques influences du genre, amplifiées par des décors improbables comme le Route 66, un ersatz de saloon perdu au cœur d’une zone industrielle en friche perdue dans un décor spectaculaire de contreforts montagneux et de forêts millénaires. Car il ne faut pas s’y tromper, on se trouve bien au fin fond d’une vallée perdue de la Haute-Savoie, toute proche de la frontière avec l’Italie. Dans une ville décrépite qui endure les affres de la désindustrialisation alors que la faune locale subit la tyrannie d’un riche propriétaire terrien, tout en dissimulant d’obscurs secrets que le vieux briscard de Priam se fera un plaisir de déterrer.
POUR LA TRUCULENCE DES PERSONNAGES SECONDAIRES. Flics moustachus, cossards, bavards ou tournés en dérision lorsqu’affublés d’un accent méridional qu’on ne peut décidément pas prendre aux sérieux. Hôteliers presque trop hospitaliers. Coéquipière qui pète les plombs à force de perdre ses repères dans une ville qui lui semblait pourtant familière et sans surprise. Laurent Guillaume a l’art de faire vivre des personnages bourrés de charme et de fantaisie. Dans les situations tendues qui finissent par toujours légèrement déraper vers un certain comique (mais pas trop), l’auteur s’appuie ainsi sur cette galerie de personnages secondaires tout à fait amusante– le vieux Roc, Claire, adjointe forcée de Monet – et un certain contexte – la question des migrants mais aussi les ravages de la désindustrialisation et du capitalisme (paternaliste puis sauvage) – pour finalement donner à l’ensemble assez d’épaisseur pour tenir la distance.
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